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LIZZY

Je me réveille en sursaut, des goutelettes de sueur dégoulinant de mon front. Mes mains agrippent ma tête, et je souffle.

Tout va bien, Lizzy, ce n'est qu'un cauchemar.

Pourtant, j'ai bien peur que ce ne soit réel. La soirée d'hier a été désastreuse. Vraiment. Des épisodes de la veille me reviennent en mémoire, et je culpabilise de nouveau. Plus personne ne voudra me voir après ça.

Un verre de plus et je manque de m'écrouler sur le bar. Tony me maintient entre ses jambes comme il peut, et je tente de le repousser. Ce qu'il peut être lourd à jouer les papas.

--- Tu sais que t'es chiant ?

--- Ça fait une dizaine de fois que tu me le répètes, Lizzy, souffle-t-il agacé.

Un profond rire m'échappe et ma tête bascule sur son épaule. Des perles salées dévalent mes joues, je pleure de rire. La vue brouillée, je remarque tout de même le regard inquiet d'Erwan. Il est beau, vêtu de sa cape de diable. Je rêve de passer mes mains dans ses cheveux aussi doux que mon doudou. Enfin, je ne sais pas s'ils le sont mais ils en ont tout l'air.

Maladroitement, j'essuie toutes traces humides et me détache de Tony.

--- Que fais-tu ?

--- Il faut que je me dégourdisse les jambes.

Enfin libérée du lourdeau, je cours jusqu'à la piste de danse. Le DJ lance la musique la plus sensuelle que je ne connaisse, et je change subitement d'attitude. D'une manière féline, je commence par passer ma main dans mes cheveux, et finis par suivre mes courbes du bout des doigts. Mes yeux vagabondent entre les silhouettes d'Erwan et Tony. Mes hanches suivent chaque mouvement, et j'ondule langoureusement le bassin. J'ai atrocement chaud.

Erwan se lève de son siège, et s'avance vers moi. Une douce chaleur se loge au creux de mon ventre, et je continue à jouer de mes charmes. Les yeux océan du blond deviennent plus sombres au fur et à mesure qu'il arpente la pièce, et je souris telle une aguicheuse.

Il s'arrête à quelques mètres de moi, me surplombant de son mètre quatre-vingt.

--- Arrête de te donner en spectacle, dit-il autoritaire.

--- Pourquoi ? Tu n'aimes pas ça ?

Erwan se pince l'arête du nez, et je m'approche doucement de lui, jusqu'à ce que nous soyons pratiquement collés. Cette proximité fait naître en moi des milliers de papillons, et je me sens vivre.

--- Tu n'aimes pas ? répété-je, attendant sa réaction.

Une douloureuse bataille semble se jouer au plus profond de son être, puisqu'il fuit mon regard. Je ne sais pas à quoi je joue exactement, et je sens bien que je vais me brûler les ailes.

Alors qu'Erwan s'apprête à parler, il est violemment propulsé sur le côté. Choquée, je ne comprends pas ce qui arrive. C'est comme si j'étais étrangère à l'environnement dans lequel je me trouve. Cela a peut-être duré plusieurs minutes, je n'en sais fichtrement rien. C'est la douce voix d'Emy qui me sort de ma transe.

--- Lizzy !

Mes yeux s'accrochent à ceux de ma meilleure amie, qui reflètent de l'incompréhension totale. Puis, je regarde sur le côté, et j'ai un mouvement de recul.

Un vrai combat de coqs se déroule à mes côtés, et j'y assiste sans rien faire. Erwan se fait rouer de coups, et du sang colore la moquette du salon. Tout ça est de ma faute. Strictement de ma faute.

Sacha tente de les séparer, mais Tony n'est pas maîtrisable. Impuissante, je fonds en larmes. J'ai tout fait foirer.

--- Lizzy, ça ne sert à rien de pleurer, gronde Emy. T'as fait n'importe quoi, il faut que tu assumes !

Ses paroles ont l'effet d'un coup de massue. Pourquoi ai-je agi ainsi ? C'est complètement idiot. Je ne suis même pas capable de me tenir correctement. Alors, c'est ça, d'être une salo-. Je n'arrive même pas à prononcer ce mot ; je me dégoûte.

--- Agis, Lizzy ! Tu ne peux pas le laisser comme ça ! me secoue mon amie.

--- Tu veux que je fasse quoi ? Je ne suis qu'une pauvre miette à côté de Tony ! craqué-je.

--- Erwan !

Un cri horrifié vient d'être prononcé, et je reconnais parfaitement sa voix. Elea accourt jusqu'à nous, se jetant sur le métisse qui la repousse. Elle retombe sur les fesses, en pleurs. Bastien prend la relève, et tire sur les bras du brun. Pendant ce temps, Sacha s'empresse de faire barrage devant Erwan, qui est salement amoché.

Mes pleurs reprennent de plus belle, je m'en veux tellement.

--- Il faut appeler les pompiers ! crie Elea.

Erwan respire difficilement et crache du sang. Ses pommettes sont recouvertes d'hématomes et d'une couleur rougeâtre. C'est moi qui ai causé ça ?

Apeurée, je me précipite vers lui afin de tenir sa main. Mais, Elea m'en empêche.

--- Dégage, Lizzy ! Tu as déjà fait assez de problèmes comme ça !

--- El', lai-laisse-la, réplique doucement Erwan.

--- Non !

--- Les secours arrivent, nous coupe Sacha.

Ni une ni deux, une alarme se fait entendre en bruit de fond. Ils ne vont pas tarder. Tout le monde observe la scène, certains d'entre eux font même des messes basses. J'ai envie de hurler, de crier tout ce que j'ai sur le cœur, mais je ne pipe pas un mot. Il est conseillé que je fasse profil bas pendant quelques temps, en attendant que la situation s'apaise. Il ne me reste plus qu'une chose à faire : quitter Tony.

Je renifle, essuyant par la même occasion les larmes que j'ai versées. Rapidement, je saisis mon cellulaire, espérant sincèrement avoir des nouvelles. Mais, rien. Personne ne m'a laissé ne serait-ce qu'un mot afin de me rassurer. Mon cœur est brisé en mille morceaux. Littéralement. Mes meilleurs amis ne m'ont pas adressé la parole tout le long du trajet, ne parlons pas des regards remplis de dégoût que m'ont lancés le reste de la bande. Et puis, Tony. Ce dernier m'a craché les pires horreurs au visage, m'apprenant qu'il avait couché entre temps avec Erin. Je ne m'étais pas préparée à cette nouvelle aussi brutale, c'est vrai. Mais, je l'ai bien mérité.

Ma tête retombe lourdement sur mon coussin, et je laisse évacuer toute ma peine. J'ai peut-être perdu tous les êtres qui me sont chers, et je me sens vide. Mon organe vital ne bat plus aussi vite qu'avant, il s'affaiblit petit à petit. Alors, c'est ça le chagrin ? C'est ne plus rien ressentir et se considérer comme un pauvre légume ? J'ai l'impression que je ne suis plus maître dans ma propre maison, mon propre corps.

Je ne saurais même pas expliquer ce qu'il se passe au fond de moi. Peut-être que la marée m'emporte avec elle ? J'ai mal. Mal d'amour.

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Coucou !

Avant toute chose, ne me tuez pas 😇
Je suis innocente, je ne vous veux aucun mal.

Maintenant que c'est dit, pleurons ensemble 😭

J'espère que vous allez tout de même bien. Qu'en avez-vous pensé ?
Vous vous y attendez ?

Un petit mot pour réconforter notre Lizzy ?

Je vous fais plein de bisous,
♡thecatsy

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