13
Essoufflée, je passe les portes battantes des vestiaires. Les joues rougies par ma course folle, je peine à retrouver une respiration normale. Elea me fait signe de la rejoindre, ce que je fais rapidement.
--- Bah alors, poulette, t'étais passée où ?
--- Je me suis réveillée en retard et mon frère prenait tout son temps, réponds-je, en lui faisant la bise.
Je dépose mes affaires sur le banc en bois, tout branlant, et constate que j'ai oublié mon sac de sport dans la voiture de mon aîné.
--- Fais chier ! pesté-je.
--- Qu'est-ce qu'il y a ?
--- J'ai oublié mon sac de sport, dans la voiture de mon frère, soufflé-je, désespérée.
Ça n'arrive qu'à moi, ce genre de choses.
--- Ah, mince. Tu vas devoir mettre les vêtements trouvés, fit Elea, une mine de dégoût peinte sur le visage.
--- Merci de me le rappeler, ironisé-je.
Péniblement, je sors du vestiaire pour rejoindre le bureau des professeurs.
Avant d'entrer, je frappe contre la porte.
--- Oui ?
--- Hum, bonjour. J'ai oublié mon sac de sport. Vous auriez quelque chose pour moi ?
--- Va voir dans le bac, là-bas.
Je fais ce que la professeure me dicte et recherche activement une tenue.
Après maintes et maintes retournements de vêtements, je parviens à trouver un legging et un débardeur, qui n'ont pas trop l'air d'être sales.
--- Merci, lancé-je, avant de partir.
Je passe une nouvelle fois les portes battantes et, remarque qu'Elea est en train de m'attendre.
--- Alors, tu as trouvé ?
--- Malheureusement, dis-je, en brandissant les deux tissus.
Elea patiente, le temps que je finisse de me préparer, puis nous sortons pour rejoindre le gymnase.
Sur le chemin, nous croisons les garçons. Ces derniers sont en t-shirt et short, en plein mois d'octobre. Ils sont malades !
--- Vous n'avez pas froid ? demandé-je, en me frottant les bras, prise d'un frisson.
Tony m'attire contre lui et, frictionne mon bras avec sa main.
--- On est des bonhommes, nous, renchérit Bastien.
Je rigole, ce qu'il peut être bête.
Arrivés dans le gymnase, je suis obligée de me décoller de mon radiateur humain.
--- Merci, Tony ! m'exclamé-je, en lui donnant un baiser sur la joue.
Il me sourit puis nous nous asseyons à même le sol.
Le professeur de sport commence par faire l'appel puis nous explique notre séance d'aujourd'hui.
--- Alors, nous allons entamer le cycle d'acrosport. J'aimerais donc que vous me fassiez des groupes de cinq maximum avec deux voltigeuses au moins. Faites des équipes mixtes s'il vous plaît.
En un seul regard, ma bande et moi étions d'accord.
--- Avez-vous déjà des groupes ?
Je lève la main et cite les personnes de mon groupe au professeur, qui note soigneusement le tout sur son calepin.
Après que les autres personnes se soient concertées, nous commençons par nous échauffer. Nous faisons des tours de tapis en trottinant puis des enchaînements gymniques comme les roulades, la roue, l'ATR...
Nous nous installons sur un tapis, à l'écart des autres, pour ne pas être gênés.
--- Bon, vous avez des idées ?
Bastien m'explique l'idée qu'il a en tête. En clair, Bastien et Erwan font les porteurs tandis qu'Elea et moi, faisons les voltigeuses. Nous serons debout sur les épaules de nos porteurs. Quant à Tony, il serait en quelque sorte la parade.
--- On essaye ? propose Erwan.
Erwan souhaite me porter, ce que je trouve étrange. Il ne m'adresse quasiment jamais la parole, et il veut me porter ? Ne serait-ce pas un mauvais coup, venant de sa part ?
Ma réflexion est coupée lorsque celui-ci m'appelle. Mon bras est tiré en arrière, me faisant presque perdre l'équilibre.
--- Doucement ! me rebellé-je.
Son genou posé sur le fin tapis, il me regarde, impatiemment. Ce garçon est bizarre, vraiment étrange. Si cela se trouve, il veut juste me faire tomber, pour ensuite se moquer de moi.
--- Qu'est-ce que tu attends, Harper ?
--- Je ne te fais pas confiance.
--- Tu n'as pas le choix.
--- Pourquoi tu veux tant être mon porteur ? C'est pour me ridiculiser, c'est ça ?
Ses traits se durcissent, et il se lève, en furie.
--- Tu ne me connais pas, Lizzy. Si j'avais voulu te ridiculiser, je l'aurais fait depuis bien longtemps.
Entre-temps, il s'était approché de moi, me surplombant de sa hauteur. Je n'ose pas le confronter, tellement il me fait peur. Je ne l'avais jamais vu s'énerver ainsi, ce qui me donne la chair de poule.
Il repart s'installer comme si rien ne s'était passé.
--- Tu viens ? ajoute-t-il, plus doucement.
Ce garçon est vraiment bipolaire, ce n'est pas possible autrement !
--- Erwan, j'ai peur, avoué-je.
De nature anxieuse, je stresse pour un rien, ce qui me vaut des crises d'angoisse à foison. D'ailleurs, longtemps j'ai été suivie à l'hôpital pour me faire soigner. J'ai développé une hantise envers les hôpitaux, ayant vécu des moments assez douloureux dans ceux-ci. Rien qu'à cette pensée, une violente douleur vient me comprimer la poitrine, me bloquant la respiration.
Erwan se précipite vers moi, me forçant à m'asseoir.
--- Cale ta respiration sur la mienne.
Je m'exécute, et retrouve un semblant de respiration normale.
--- Voilà, c'est ça, me rassure-t-il.
Mon rythme cardiaque ralentit considérablement et, je me sens nettement mieux.
--- Merci, fis-je, sincèrement.
--- Allez, viens. Je suis là, tu n'as pas à avoir peur. Je ne te ferai pas tomber quoiqu'il arrive.
Je m'installe donc sur ses épaules, d'abord assise puis lorsqu'il se lève, je commence à me mettre sur mes pieds.
--- Prends un point fixe.
Je fais ce que mon porteur me dit et, effectivement, je commence peu à peu à me stabiliser. Je descends de ses épaules et lui saute au cou.
--- J'ai réussi, Erwan !
Il resserre ses bras autour de mon corps et me fait tournoyer dans les airs.
--- Je savais que tu en étais capable, Lizzy.
Un sourire prend place sur mes lèvres, me faisant souffrir aux zygomatiques.
--- On peut savoir pourquoi vous vous prenez dans les bras ? demande Elea.
--- Heu... je suis tellement heureuse d'avoir réussi la figure que je n'ai pas réfléchi et... je lui ai sauté dans les bras.
Mon explication ne semble pas les convaincre mais ils font tout de même abstraction de ce moment.
On essaie des multitudes de figures, changeant sans cesse de partenaire. La dernière figure que nous faisons est l'une des plus complexes. Je dois être sur la main de Tony qui me porte à bout de bras. Ensuite, il va donner une impulsion qui me fera tournoyer et j'atterrirai dans ses bras.
Je ne suis absolument pas rassurée même si j'ai totalement confiance en Tony.
--- Si tu ne veux pas le faire, on ne le fait pas, commence Tony.
--- Non, il faut que je le fasse.
Il opine de la tête et je me prépare mentalement.
Faites que tout se passe bien...
***
Je suis allongée sur un des lits de l'infirmerie. Tony est resté à mes côtés, se sentant coupable de me savoir ici. Je me suis assoupie juste après être retombée sur le tapis. Ce n'était pas ce qui était prévu mais, Tony n'a pas réussi à me récupérer à temps, me faisant tomber au sol.
D'après l'infirmière, je vais avoir des bleus dans le dos à cause du choc mais à priori, rien n'est cassé. Fort heureusement !
Tony me prend la main et s'assoit à mes côtés.
--- Je suis désolé, je m'en veux tellement, Lizzy, s'excuse-t-il.
J'exerce une pression sur sa main, essayant de le rassurer comme je peux.
--- Ce n'est rien, Tony. Il fallait s'y attendre. Cette figure est l'une des plus difficiles. Le principal est que je n'ai rien de grave, tu ne crois pas ?
--- Si bien sûr que si mais cela ne m'empêche pas de me sentir responsable.
Je tire sur sa main pour le faire basculer vers moi, afin de le serrer dans mes bras.
--- Arrête de t'excuser, s'il te plaît, chuchoté-je.
Pour toute réponse, il enroule ses bras autour de ma taille, me serrant davantage contre son torse.
C'est à ce moment que Bastien fait son entrée dans la pièce.
--- Hum hum, toussote mon ami.
Tony relâche ses bras et se lève, droit comme un piquet. Il passe sa main dans ses cheveux, gêné.
--- Tu te sens mieux ? demande Bastien, en lançant un regard vers Tony.
--- Oui, tout va bien. Merci de te préoccuper de moi.
Il me sourit et je l'encourage à s'asseoir sur le petit lit.
--- Je vais vous laisser, dit précipitamment Tony.
--- Déjà ? demandé-je, tristement.
--- Oui j'ai quelque chose à faire. À demain, Liz', reprend-il, en m'embrassant le front.
Je le regarde partir, me demandant pourquoi il agit aussi bizarrement.
--- Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe ?
--- Je n'en sais rien, Bastien. Tu ne trouves pas qu'il est bizarre ?
--- Effectivement, il est bizarre et je pense que tu y es pour quelque chose.
Interloquée, je l'incite à poursuivre.
--- Ce que je veux dire, c'est qu'il n'est pas insensible à ton charme, Liz'.
--- Tu dis n'importe quoi.
--- Ouvre les yeux, bon sang !
Je sursaute, Bastien n'a jamais employé ce ton avec moi. Ce dernier souffle, s'adoucissant quelque peu.
--- Désolé, mais ça m'énerve que tu ne vois pas qu'il en pince pour toi.
Je ne pipe pas un mot, réfléchissant à ce que mon ami me dit. Il est vrai que l'on s'est beaucoup rapproché avec Tony, depuis la fameuse danse. Notre relation a énormément évolué si bien que je ne sais plus où donner de la tête.
Bastien me laisse après que l'infirmière lui ait intimé de retourner en cours. Pour ma part, je suis rentrée chez moi, l'établissement voulant que je ne prenne aucun risque jusqu'à ce que je sois rétablie.
***
Reece est aux petits soins avec moi. Il m'a préparé un plateau garni de petits biscuits, ainsi que d'un chocolat chaud. Il a même glissé un petit mot réconfortant sous ma tasse fumante. Il s'installe à mes côtés et je laisse glisser ma tête sur ses genoux. Il loge sa main dans mes cheveux, caressant mon crâne et me procurant un sentiment de bien-être.
Il me conte ce qu'il s'est passé dans sa vie récemment, évoquant ma famille et mes meilleurs amis.
Reece parle de notre grand-mère, me remémorant des souvenirs enfantins.
Je pourrais écouter Reece parler des heures et des heures.
Je me laisse bercer par sa douce voix et ses caresses et je sombre petit à petit dans les tréfonds de Morphée.
Je me réveille en sursaut. Une main encercle ma taille tandis que je tiens fermement le corps de la personne à côté de moi. Je me penche un peu et découvre un Reece, endormi. Il est trop chou, on dirait un petit bébé avec sa bouille d'ange. Je m'extirpe de son étreinte et vais chercher mon portable pour voir l'heure.
C'est après au moins dix minutes de recherche que je le trouve dans mon sac de cours. J'appuie sur le bouton principal et lis l'heure qui y est affichée, 2:00 am.
Nous dormons depuis un moment, et pourtant je suis encore fatiguée.
Je verrouille mon téléphone et le repose sur ma table de chevet. Je me glisse ensuite sous les couvertures, rejoignant les bras de Reece.
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Hey, comment allez-vous ?
Qu'avez-vous pensé de ce nouveau chapitre ?
Après la lecture de ce chapitre, êtes-vous plutôt team Lian ou team Liony ?
Un petit mot pour Tony ?
Pour Lizzy ?
Pour Erwan ?
Merci d'être de plus en plus nombreux à me lire, vous ne savez pas ô combien cela me fait plaisir.
À mercredi,
♡thecatsy
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