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J'ajuste la lanière du sac sur mon épaule et souffle un grand coup.

Allez Liz', tu peux le faire, me motivé-je.

J'avance d'un pas mal assuré dans l'enceinte de mon nouveau lycée, les mains moites. Des paires de yeux se posent sur moi, me rendant extrêmement mal à l'aise. J'entends des chuchotements allant probablement à mon égard. Les nouvelles ne vont pas tarder à faire le tour du lycée. Dans moins d'une heure, tout le monde sera au courant de mon arrivée et qu'est-ce que je peux détester ça !

J'essaie de faire abstraction des regards insistants et continue de marcher en direction du secrétariat.

La tête légèrement baissée, je ne remarque pas la personne qui se trouve devant moi et me la prends de plein fouet. Mon fessier rencontre le premier le sol rude du couloir, attirant davantage l'attention des lycéens aux alentours.

Je suis vraiment maladroite, ce n'est pas possible ! m'insulté-je.

Sous le choc, je prends quelques secondes avant de me relever. Mon sac sur l'épaule, je m'aide de mes paumes de mains pour me hisser. J'époussète mon jean clair, constatant par la même occasion, la saleté du carrelage blanc.

Un silence de plomb habite la rangée, si bien que je songe une seconde, qu'il n'y a plus personne. Ma curiosité prenant le dessus, je lève la tête et, rencontre, l'individu responsable de cet accident.

Des yeux pers me scrutent de haut en bas. Le garçon, face à moi, doit bien avoir dix-sept ans, peut-être dix-huit. Ses traits sont fins, contrastant avec la dureté de ses iris envoûtantes. Il a un nez camus et une bouche charnue, relevée d'un côté en un rictus narquois. Des poils blonds se battent sur sa mâchoire contractée. Il semble avoir les cheveux dorés ; je n'en sais rien ; car sa casquette rouge lui colle le crâne. Sa carrure imposante me fait froid dans le dos. Sa glotte descend et remonte tel un ascenseur, me faisant déglutir.

Alors qu'il s'apprête à ouvrir la bouche, mon cerveau se met activement en marche. Celui-ci m'intime de déguerpir au plus vite, ce que je fais sans tarder. Je le regarde une dernière fois avant de me retourner et de partir à grandes enjambées. Avec un peu de chance, il ne se souviendra pas de moi et je ne le recroiserai jamais.

Mes jambes me conduisent naturellement un peu plus loin, à l'abri des regards. Je machouille l'ongle de mon pouce, signe de stress d'après ma grand-mère. Je ne suis absolument pas dans mon élément. Si seulement Emy était là. Sans elle, je n'ai plus aucun repère.

Je repère la porte que je cherche, celle avec inscrit le mot "Secrétariat" sur un écriteau placardé.

Je me précipite vers le sas, puis me permets d'entrer après avoir frappé à la porte faite de bois ancien.

Une femme aux cheveux tirés en arrière de façon stricte me fait face, les yeux rivés sur le dernier numéro d'un magazine people. Je suis également une adepte des potins sur les stars. Après tout, c'est la seule chose qui puisse me divertir un minimum. Après la danse, bien évidemment.

La femme relève son regard vers moi après un raclement de gorge de ma part, posant son magazine sur le clavier de son ordinateur.

— Bonjour, que puis-je pour toi ? dit-elle, en souriant.

— Bonjour, je suis nouvelle ici et je souhaiterais donc avoir mon emploi du temps.

— Pas de soucis, il faut juste que tu me donnes ton prénom et ton nom.

 —Je m'appelle Lizzy Harper.

Elle commence à taper quelque chose sur son clavier à l'aide de ses doigts manucurés à la perfection. Je fais un peu tâche à côté d'elle, avec mon vernis écaillé que je n'ai pas eu la foi d'enlever.

— Alors le voici. Tu es en Senior 2 et tu commences par sciences.

Je hoche simplement la tête et prends connaissance de l'espèce de grille, qui est assez bien fournie.

— Il me semble que tu avais rempli le formulaire concernant les activités extra-scolaires, lors de ton inscription.

— En effet, j'ai opté pour la danse.

La secrétaire cherche quelque chose dans son tiroir. Elle en sort un dossier bleu, avec mon nom et prénom, marqués au crayon indélébile. Elle feuillette les pages une à une et tombe sur la fameuse fiche.

— C'est exact. Vous avez même joint un certificat médical. Je vais juste te demander une petite signature en bas de la feuille.

Je saisis le stylo bille qu'elle me tend et griffonne mes initales, à côté de l'écriture de mes parents.

— Je t'en remercie. As-tu des questions particulières ?

— Je pense que j'ai tout ce qu'il me faut, merci.

Je range les papiers dans la pochette en carton bleu marine, et la salue.

Son téléphone émet une sonnerie et elle décroche en me souriant doucement.

Je déambule dans les couloirs peu éclairés, à la recherche de ma salle de cours. D'après mon emploi du temps, je devrai être en deux cent quinze. Au loin, des jeunes de mon âge je présume, sont agglutinés devant une salle.

Je m'approche alors d'eux et découvre qu'il s'agit de ma classe puisque le numéro y figure, coloré en rouge. Cette couleur est d'ailleurs très présente dans cet établissement. J'ai pu constater que les casiers et certaines issues sont de ce coloris.

Je m'adosse à un mur et sors mon cellulaire de ma poche, ayant senti une vibration. Je le déverrouille et remarque que Lyess, mon grand frère, m'a envoyé un message.

Je lui réponds brièvement puis range mon téléphone à sa place initiale.

Nous avons dû déménager, suite à la mutation de mon père. Malgré le chagrin que cela nous a causé, nous ne pouvons pas laisser papa seul, durant un temps indéterminé.

Peu de temps après, la cloche retentit et on voit débouler dans le couloir un homme dégarni, traînant un sac à roulettes noir avec une ficelle accrochée au poignet, un café de chez Starbucks dans la main et une tonne de papiers dans l'autre. Il nous fait entrer dans la pièce aux murs jaunâtre et pose toute sa paperasse sur le bureau. Il tombe lourdement sur sa chaise et s'éponge le front avec un mouchoir.

Tout le monde le regarde, attendant une quelconque réplique de sa part. C'est lorsqu'il veut parler, que le garçon de ce matin décide de faire son apparition sans même frapper, accompagné d'une fille qui lui ressemble étrangement. Ils sont sûrement frère et sœur.

Le professeur ne prend même pas la peine de les blâmer pour leur retard et les laisse s'installer chacun de leur côté. L'adolescent s'avance directement vers le fond tandis que la fille se place sur la chaise à mes côtés.

Pitié, faites qu'elle ne me fasse pas de réflexions, pensé-je.

Étonnamment, elle sort ses affaires de son sac et range le tout parfaitement sur son pupitre. Elle se retourne ensuite vers moi, sentant sûrement mon regard insistant sur elle.

 —Salut, moi c'est Elea et toi ? me dit-elle, en me lançant un sourire.

— Enchantée, je m'appelle Lizzy mais tu peux m'appeler Liz', répliqué-je dans un sourire.

— Ok pas de problème, Liz', t'es nouvelle ici ?

Je m'apprête à répondre mais la voix grave du professeur me coupe dans ma lancée.

— Mademoiselle Sandoz, veuillez vous taire ou je vous change de place, avertit le professeur.

Elle capitule et le quinquagénaire commence son speech.

— Bonjour à tous et à toutes, je suis votre professeur principal ainsi que votre professeur de sciences. Je me nomme monsieur Edison pour ceux et celles qui ne me connaissent pas. Y a-t-il des nouveaux ici ?

Timidement, je lève la main. Monsieur Edison hoche la tête et déclare :

— Bien, présentez-vous à l'ensemble de vos camarades.

Prise au dépourvu, je ne sais comment réagir. Je recule ma chaise grinçante, afin de me mettre debout et me présente :

— Je m'appelle Lizzy Harper et j'ai dix-sept ans. Je viens tout juste de déménager à Manhattan, mon père ayant été muté ici. J'ai choisi l'option danse. Sport que j'ai pratiqué durant de nombreuses années. J'espère que l'on passera une bonne année ensemble, terminé-je.

Je m'assieds de nouveau sur le dossier en plastique, et le reste de la classe m'applaudit. Je n'ai pourtant, rien dit de sensationnel.

Les joues rosées, je baisse la tête vers la table. Il en faut peu pour me mettre mal à l'aise.

 —Je vous souhaite la bienvenue à Junkyard et espère que vous vous plairez parmi nous, conclut le professeur.

Un brouhaha envahit la pièce, si bien que monsieur Edison peine à trouver un semblant de silence.

Tout à coup, on entend un coup violent retentir. Tout le monde tourne la tête vers l'homme impatient. Celui-ci a claqué un énorme manuel sur le vieux bureau poussiéreux.

— Calmez-vous ! Vous n'allez pas commencer à piailler le jour de la rentrée, gronde-t-il. Vous allez venir chercher une feuille, qui est un questionnaire, afin que je connaisse vos capacités. Je ramasserai toutes les feuilles à la fin de l'heure. C'est parti !

Le papier rêche dans la main, je ne perds pas plus de temps et commence à lire la première question. Problématique qui me paraît déjà impossible à résoudre. Et bien, ça promet...

***

Une heure plus tard, je sors du cours, les joues rosies par tant de réflexion. Je me dirige vers ma prochaine leçon avec Elea, avec qui je fais connaissance. J'apprends que le garçon à la carrure imposante est, en réalité, son jumeau, prénommé Erwan.

***

La sonnerie marque la fin du dernier cours de la matinée. Elea m'accompagne jusqu'à la grille où elle doit attendre son frère, en charmante compagnie.

Mon aîné se trouve non loin de là et je décide de laisser ma nouvelle amie, pour rejoindre Lyess. Une fois à sa hauteur, il pose une bise sur mon front.

On entre tous les deux dans la petite voiture grise de Lyess. Celui-ci s'engage sur la chaussée et conduit jusqu'à la maison.

Une fois arrivés chez nous, je monte directement à l'étage me changer. Il faut dire qu'en ce mois de septembre, il fait assez chaud à Manhattan et je n'aime pas avoir chaud. J'opte pour un short de sport avec un débardeur crop-top et des sandales. J'attache ma longue chevelure bouclée en une queue de cheval haute.

Une odeur alléchante de fromage me conduit jusqu'à la cuisine où je découvre une pizza quatre fromages en train de cuire dans le four. Je me sers un verre d'eau fraîche et prépare la table pour deux, nos parents travaillant et notre petite sœur est chez sa nourrice. Je sors la pizza du four et coupe des parts.

— À table ! m'époumoné-je.

Lyess déboule dans la cuisine tel un prédateur, ce qui me vaut un rire.

— À moi, la pizza ! crie-t-il.

Fatiguée par son comportement, je lève les yeux au ciel, avant de me servir.

Le ventre dodu, nous nous allongeons sur le canapé, n'ayant pas la foi de bouger ne serait-ce qu'un petit orteil.

 —Je vais exploser, lâche mon frangin.

— Je suis sûre que si l'on me pousse en haut d'une colline, je roule, soufflé-je.

Nous rigolons à l'unisson, ce qui provoque une contraction dans le bas de mon ventre. Quelle idée d'avoir autant mangé !

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Bonjour, bonjour !

Je suis ravie de vous poster la nouvelle version de Buddies (and more).

Dites-moi ce que vous en pensez en commentaires, n'hésitez surtout pas ! Tout commentaire est pris en compte par l'auteur qui ne cherche qu'à s'améliorer davantage.

Je vous retrouve très prochainement, alors restez connectés ;)

♡thecatsy

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