| DAY 7 | SCARS
Et nous voici donc arrivés au dernier chapitre du livre de cette... Douloureuse RPW ! Comme vous commencez à me connaître, je pense que vous vous doutez que je vous laisse sur du Yosanpo ~
Sachant qu'aujourd'hui est un jour sans thème, j'ai décidé de prendre le prompt le plus générique du monde et d'écrire ce qui me venait : Scars, autrement dit Cicatrices. Je ne suis ni particulièrement fière ni particulièrement honteuse vis à vis de ce dernier texte, honnêtement à vous de me dire si vous l'avez aimé ou non parce que je peine vraiment à le juger :3
Encore une fois j'ai résisté à l'appel de l'UA sachant que j'aurais encore fini par pleurer sur un pavé de dix mille mots, et je suis restée sage en utilisant l'univers du canon. Avec le principe d'une relation déjà établie, parce que le domestic fluff est un de mes gros points faibles :)
Comme d'ordinaire, en partant du principe que j'ai dû relire 34 pages de texte en une journée je confesse que la correction ne doit pas non plus être formidable. Faites donc attention aux fautes sauvages qui passent par là !
Bonne lecture, et merci à tous les membres de la FluffSoukokuAgency pour m'avoir remonté le moral et supportée pendant l'écriture, ce désespoir commun fut ma foi fort encourageant ! D'ailleurs allez checker notre compte, en toute objectivité c'est de la qualité ~
✧٩(•́⌄•́๑)
Ces derniers temps, les journées à l'Agence se ressemblaient toutes. Remplies de paperasse, des quotidiennes crises de nerfs de Kunikida provoquées par un Dazai au meilleur de sa forme pour ce qui était du retard, et de résolutions-éclair des rares enquêtes qu'ont leur confiait. Etrangement, la Mafia Portuaire ne faisait plus trop parler d'elle, ou du moins ne rentrait plus en conflit direct avec les membres de l'ADA.
Même Atsushi n'avait pas reçu de menace de mort depuis au moins deux mois, un record mémorable.
Pendant ses huit ans à traverser ces bureaux devenant de plus en plus remplis au fil des années, Yosano se souvenait à peine de jours aussi paisibles que ceux qu'ils vivaient en ce moment. Cette absence d'agitation la laissait étrangement fatiguée, elle qui aurait plutôt pensé accueillir un tel répit comme une grâce divine. Il fallait dire que lorsqu'un Dazai agonisant ou un Atsushi aux membres coupés n'atterrissaient pas dans son cabinet toutes les semaines, la vie devenait moins palpitante et surtout bien plus solitaire. Si elle n'avait pas eu la bonté de s'offrir comme rédactrice de rapports pour le pauvre Kunikida qui semblait comme toujours -au moins une chose immuable- au bord du burn-out, la jeune femme aurait presque commencé à se sentir inutile.
Ce n'était cependant pas le cas, et elle s'interrogeait en conséquence sur son mal-être récent qui persistait à lui peser sur l'esprit, lui ôtant régulièrement l'envie de se tirer des couvertures lorsque le réveil sonnait.
L'autre soir alors qu'elle sortait de la douche, Ranpo, tournant nonchalamment les pages de son livre, avait jugé bon de l'informer qu'elle pensait trop ces derniers temps. Selon lui, Yosano utilisait inconsciemment ce manque de temps causé par le rythme effréné de leurs vies à l'Agence pour mettre en sommeil toutes ses pensées noires, tous les mauvais souvenirs qui remontaient parfois à la simple vue d'une veste à imprimé militaire, et à présent ces traumatismes ressortaient, impossibles à endormir de nouveau. N'ayant pas appris à gérer toute cette négativité, préférant de loin l'ignorer, la reléguer très profondément dans un coin isolé de son esprit avec pour justification que le temps lui manquait pour s'apitoyer sur elle même, ou qu'elle avait sur le moment d'autres priorités comme Atsushi qui se vidait de son sang sur sa table d'opération, Yosano se retrouvait donc dans cet étrange état d'esprit, entre soudains pics de bonne humeur et profonde tristesse le tout le plus souvent en seulement vingt-quatre heures. De quoi épuiser le plus solide des hommes, ça allait de soi.
Ce fut une des raisons pour lesquelles, bien que Yosano ne se considère pas d'ordinaire comme quelqu'un de très tactile, ce soir là elle s'effondra sous les couvertures plus qu'elle ne s'y glissa et sans un mot posa la tête sur l'épaule de Ranpo, qui en réponse posa le Sherlock Holmes qu'il lisait jusqu'alors.
Il glissa une main légère dans ses cheveux, doucement, ayant appris au fil du temps que ce genre de mouvements étaient particulièrement efficaces pour l'aider à se détendre. Plusieurs secondes -ou alors étaient-ce des minutes ?- passèrent dans le silence le plus complet, tandis qu'elle fermait les yeux et se contentait d'apprécier le paisible instant qui lui était offert. Là où d'autres auraient parlé, tenté de percer sa carapace, Ranpo ne dit rien. Il n'en avait pas vraiment besoin pour comprendre ce qui lui passait par la tête, après tout c'était lui qui lui avait fait prendre conscience de son état. Rien de trop surprenant au vu de l'intellect du jeune homme, on finissait par s'y habituer après plusieurs années de vie commune.
Ce fut le médecin qui brisa le silence, dans un grand effort sur elle même. Elle ne se considérait pas non plus d'un naturel très loquace ou plaintif, mettre des mots sur ses sentiments ne lui était pas naturel, mais voila, des fois il fallait que ça sorte. C'était lui qui avait réussi à lui entrer ça dans le crâne suite à trop de soirées passées à lui assurer que personne à l'Agence ne lui en voulait pour les soigner, que ce n'était pas comme si elle avait pu choisir sa capacité, et qu'elle n'était pas une horrible personne.
- Pourquoi est-ce que ça ne s'efface pas avec le temps ? demanda t-elle, murmura t-elle, sans fioritures, comme si elle cherchait une explication scientifique.
Rien que ces quelques mots lui coûtaient beaucoup à prononcer. Tout au fond d'elle subsistait cette peur insidieuse de déranger, de sembler faible, comme si se montrer vulnérable et humaine allait la faire paraître pitoyable aux yeux du monde, indigne peut être de côtoyer des personnes aussi incroyables que l'étaient ses collègues. Ce n'était pas vraiment un complexe d'infériorité, plus une peur panique de l'abandon et un besoin de sans cesse se prouver.
Si elle avait trouvé la force de s'ouvrir, c'était seulement après avoir contemplé Ranpo souffrir des mêmes phobies qu'elle, se battre avec son passé et essayer de garder tout ce qui ne le faisait pas paraître fort et fiable pour lui. Contempler ainsi l'être aimé souffrir, s'enfermer, sans pouvoir y remédier, était un des sentiments les plus douloureux qu'elle n'ait jamais ressenti. Elle ne voulait pas lui faire subir cette impuissance à son tour.
Ils progressaient à un rythme lent, mais ensemble, et chaque mot de plus osé semblait comme un pas de géant.
- Quoi donc ? Les souvenirs ? demanda le jeune homme, bien que connaissant parfaitement la réponse, rien que pour l'inciter justement à continuer de parler, à s'ouvrir.
- Oui... Tout le monde dit que ça passe avec le temps, comme quand on perd un proche. La douleur s'efface et il ne reste que les bons moments teintés de nostalgie, ou je ne sais quoi, expliqua t-elle avec un petit rire mi-désenchanté mi-amusé.
Quelques secondes de silence passèrent de nouveau, le temps sûrement que Ranpo réfléchisse à la meilleure manière de lui répondre. Sa main était descendue de sa nuque à son épaule pour y tracer des cercles apaisants au travers de sa chemise de nuit. Il ne le montrait pas, caché derrière une façade d'arrogance presque enfantine, mais il était doté d'une grande empathie et d'une grande compréhension de l'âme humaine, bien que le révéler trop souvent paraisse l'embarrasser. Lorsqu'ils étaient seuls, cependant, ils s'efforçaient tous deux de faire tomber les masques qu'être les aînés de l'Agence et une vie de traumatisme avaient fini par leur faire endosser.
Il n'y avait guère que Fukuzawa et peut-être Dazai, qui mettait un point d'honneur à savoir tout sur tout, pouvant se vanter d'avoir eu accès à cette facette d'eux mêmes.
- Je suppose que quand il n'y a pas de bons souvenirs auxquels se raccrocher, l'esprit fait avec ce qu'il a. On dit aussi que notre inconscient à tendance à retenir le négatif, les souvenirs douloureux restent bien plus fermement ancrés, se décida t-il finalement à lui répondre, très factuellement car il savait qu'elle ne voulait pas entendre de vaines phrases de confort.
Yosano restait quelqu'un de très rationnel, qui aurait eu de la peine à croire à la magie si elle n'avait pas elle même possédé une capacité. Devenir médecin n'avait fait que renforcer ce trait de sa personnalité, et elle avait besoin de connaître les raisons logiques du problème pour s'atteler à l'éradiquer méthodiquement. Les mots mécaniques qu'on répétait comme "il faut laisser le temps au temps" censés apporter réconfort ne fonctionnaient pas sur son esprit.
Comme elle restait silencieuse, yeux ouverts, à jouer distraitement avec un fil qui dépassait du couvre-lit, il ajouta en soulevant un pan de son pyjama pour dévoiler une épaisse cicatrice blanchâtre qui serpentait sur sa hanche droite.
- Considère-les comme des cicatrices. Ce genre de choses ne partent jamais, elles cessent juste de faire mal, tu verras, assura Ranpo en souriant.
Il ne lui avait jamais dit ce qui lui était arrivé. La seule certitude restait que ces blessures lui avaient été infligées bien avant qu'ils ne se connaissent, peut-être même avant qu'il ne rencontre Fukuzawa.
Yosano hocha la tête pour marquer son assentiment, passant un bras autour de lui pour le serrer contre elle, mue peut-être par son instinct protecteur.
Elle avait les cicatrices en horreur, ce qui était plutôt embêtant dans son corps de métier, mais pour une raison quelconque celles qui sillonnaient le corps de Ranpo ne l'effrayaient pas tant qu'elle réveillaient en elle un sentiment confus de souffrance. Savoir que sa moitié avait souffert n'était en même temps jamais reconnu pour apporter paix intérieure et bien-être.
Elle se promit cependant qu'ils iraient tous les deux mieux, et que rien ne viendrait plus jamais marquer la peau du jeune homme.
Du moins pas tant qu'elle faisait encore partie de l'Agence des Détectives Armés, elle se le jurait.
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