| DAY 4 | KEEPSAKE

Et voici le quatrième jour ! Le thème est « souvenir » et bien que le mot « keepsake » veuille plutôt dire « souvenir matériel » dans le sens truc ramené de vacances, ce genre de choses, je me suis permis de jouer un peu sur les nuances qu'offrent le terme français ~

Au programme, du fluff à 99%, du Ranaki (ou Yosanpo, il y a trop de noms pour ce ship), et, tenez vous bien, l'univers du canon ! Incroyable, n'est-ce pas ? XD

Sinon, ça m'a sauté au visage en écrivant ce texte, mais Ranpo et Yosano sont actuellement les membres les plus âgés de l'ADA (respectivement 26 et 25 ans) si on exclue Fukuzawa. Tout ce potentiel de backstory pour eux a réveillé mes instincts de shippeuse héhé *^*

Pour ceux qui ont lu les scans, vous trouverez dans ce texte des allusions au passé de Yosano, mais pour ceux qui ne les ont pas lus, lesdites allusions sont suffisamment subtiles pour que vous ne remarquiez rien et ne soyez pas spoilés.

Comme d'ordinaire, faites moi remarquer les fautes si elles vous font pleurer (j'ai cette mauvaise habitude d'écrire et de me relire pendant mes insomnies alors vous imaginez le peu d'efficacité des relectures en question) et je vous souhaite une bonne lecture ! :3

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Comme toujours, le soleil n'avait pas même encore commencé à se lever. Yosano se força cependant à sortir de son lit, rejetant les couvertures en grognant, plus endormie qu'éveillée alors qu'elle trouvait après maints tâtonnements sa robe de chambre. Un bâillement lui échappa tandis qu'elle se frayait un chemin jusqu'à la porte de sa chambre dans l'obscurité complète, n'ayant pas encore le courage d'affronter la brûlure des lumières artificielles sur ses yeux encore sensibles.

Elle avait toujours eu l'habitude de mettre son réveil aux aurores. Quand elle travaillait sur le front déjà elle avait à peine assez de sommeil, et bien des années après c'étaient les cauchemars qui avaient décidé de venir l'empêcher de fermer l'oeil trop longtemps. Bien qu'elle se sente bien mieux depuis quelques temps, elle était désormais rompue à ce genre d'horaires peu communs et changer l'heure de son réveil lui donnait l'impression d'être affreusement en retard.

Tout lui sembla arriver comme dans un rêve, spectatrice de son propre corps effectuant les actions mécaniques de préparer le petit-déjeuner, prendre sa douche et s'habiller. Elle ne se sentit enfin maîtresse de ses actions qu'une fois plantée devant le grand miroir de sa salle de bain, fraîchement lavée, le chemisier seulement à moitié boutonné et sa cravate sur une épaule.

Elle attrapa son peigne pour s'affairer à démêler la crinière mauve qui lui servait de cheveux, avec précaution, chaque mèche étant brossée et rebrossée pour s'assurer de sa tenue parfaite dans son carré long. Yosano avait toujours aimé porter un soin particulier à sa chevelure, c'était peut-être le seul point de coquetterie qu'elle s'autorisait. La jeune femme observa un moment la barrette en forme de papillon qui reposait dans ses mains, et traça le contour des ailes d'un doigt presque craintif, comme si elle avait peur de l'abîmer.

Yosano ne se considérait pas comme quelqu'un de très matérialiste. A plusieurs étapes de sa vie, elle avait eu besoin d'un changement radical et s'était donc affairée à jeter toutes ses possessions, hormis celles dont elle avait besoin pour vivre. Peu de choses chez elle restaient plus de quelques années.

Mais ce papillon safran était sans aucun doute l'objet le plus précieux qu'elle n'ait jamais possédé. Plus qu'un ornement, c'était un souvenir, un précieux souvenir.

Le fixant entre ses mèches sombres, la jeune femme sifflota joyeusement. C'était un étrange sentiment que celui qui l'habitait à chaque fois qu'elle posait les yeux sur le bijou, ou qu'elle sentait son poids rassurant sur le côté de sa tête. Une chaleur bienveillante qui l'enveloppait doucement, venue du plus profond de ses entrailles, comme si elle revivait encore et encore le jour où le concept de liberté lui avait enfin été présenté. Où, pour la première fois de sa vie elle avait senti qu'elle pouvait s'en sortir, s'échapper de ce cauchemar sans fin. Avoir le choix et la maîtrise de sa vie, de ses actions.

Fermant les yeux, elle pouvait encore voir le sourire de Ranpo, ses yeux verts sur elle, si confiants, et ses mains qui lui tendaient la barrette alors qu'elle avait abandonné jusqu'à l'idée même de la regarder, oublié sa signification dans une tentative de s'épargner une souffrance supplémentaire. 

Ce papillon, quand elle l'attachait ainsi à son corps, était une manière d'emporter partout cet espoir qui l'avait ce jour là saisie. Officieusement, et sans se l'avouer, avec la barette à ses côtés, elle avait aussi l'impression d'emporter un peu de la positivité de Ranpo avec elle en tout lieu pour se donner du courage.

C'était une qualité qu'elle avait toujours admirée chez le jeune homme. Peu importe à quel point il pouvait sembler égocentrique ou même rude à ceux qui le rencontraient pour la première fois, derrière toute cette bravade, cette audace, se cachait un cœur d'or et surtout une véritable compassion envers les autres.

Yosano ne savait pas vraiment d'où venait Ranpo, ce qu'il avait traversé, ce qu'était exactement son histoire et pourquoi il s'entêtait à afficher cette abilité de façade pour cacher son intelligence hors du commun, alors qu'il savait qu'il n'avait pas de pouvoirs; mais elle en avait entendu assez dans les intonations de sa voix quand il essayait d'éviter ses questions en plaisantant, pour deviner que ce qui l'avait amené près de Fukuzawa n'était pas joyeux.

Pourtant il semblait toujours si optimiste, d'une innocence presque candide parfois même si ses yeux émeraudes véhiculaient une toute autre intention. Ranpo était une forteresse impénétrable, au même titre que Dazai. Peut-être était-ce là une habitude de génies ?

Dévoiler juste ce qu'il fallait pour mettre les autres en confiance, mais ne jamais Ô grand jamais se mettre à nu. On pensait les connaître, mais on s'aperçevait vite qu'on ne savait rien d'eux.

Cependant cela avait-il vraiment une si grande importance ? Yosano avait décidé que non. Elle avait confiance en cette partie de Ranpo qu'elle connaissait par cœur, en cet homme qu'elle côtoyait depuis des années maintenant et dont le sourire lumineux resterait toujours pour elle synonyme de liberté.

S'observant dans le miroir une dernière fois, elle redressa sa cravate qu'elle jugeait un peu de travers, et s'assura que son chemisier ne dépassait pas de sa jupe. Un coup d'oeil sur l'horloge lui indiqua qu'il était juste temps pour elle de rejoindre Kunikida, Fukuzawa et Ranpo aux portes de l'Agence pour une autre matinée calme de remplissage de raports, jusqu'à ce que leurs plus jeunes recrues décident de débarquer, et que Dazai ne s'amuse à se pointer seulement à midi.

Elle laissa dans son petit appartement toutes ses angoisses et ferma la porte sur ses inquiétudes. Elle verrouilla ses frayeurs, puis redressa la tête en passant le hall de son immeuble.

Le papillon safran ne battait pas encore des ailes, mais un jour, elle se le promettait, il apprendrait à voler.

En voyant le sourire de Ranpo qui l'accueillit ce matin là, tandis que le jeune homme tournait sur sa chaise de bureau, elle se prit à penser que ce moment était peut-être même plus proche qu'elle ne le croyait.

Après tout, si les souvenirs pouvaient parfois lui peser, ses souvenirs de lui, eux, étaient tous source de courage.

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