| DAY 2 | "The weird smile he wore [...]"
"The weird smile he wore, shiny like brass, his smile that didn't look like someone living."
-Nakahara Chuuya
Yep, comme vous l'aurez remarqué, le prompt d'aujourd'hui est une citation, je me suis dis que ça changeait un peu de mes habitudes alors j'ai voulu tenter :3 Voici une traduction approximative faite par mes soins, parce que je me doute que le sens n'est pas forcément évident pour tout le monde :
" L'étrange sourire qu'il avait, brillant comme du laiton, ce sourire qui ne ressemblait pas à celui d'un être vivant. "
Les thèmes de cette année ne sont pas vraiment axés bonheur et joie, hein ? Mais je ne vais pas cracher sur une occasion d'écrire un peu de (très léger) Hurt/Comfort ! Aujourd'hui je vous propose donc un peu de TachiGin (Tachihara x Gin) avec un semblant de SKK en fond, et sans A.U étrange, alors bouclez vos ceintures parce qu'on entre en pleine Mafia Portuaire ! 👀
˙·٠• Ƹ̵̡Ӝ̵̨̄Ʒ •٠·˙
Il devait être aux alentours de quatre heures du matin, un moment privilégié de la nuit où plus personne en Yokohama ne remuait, où même les lampadaires et les véhicules s'éteignaient. L'occasion rêvée pour les organisations illégales de s'adonner à leurs activités sans crainte d'être dérangés ou arrêtés. Si la Mafia Portuaire, du haut de sa toute-puissance, n'avait pas non plus grand chose d'autre à craindre que de se faire déranger par l'Agence des Détectives Armés en plein jour, ce n'était pas pour ça qu'elle dérogeait à la règle implicite suivie par les criminels : la nuit est le meilleur allié d'un homme cherchant à ne pas se faire repérer.
Les Lézards Noirs connaissaient la ville endormie bien mieux que personne, car dépêchés plus souvent que n'importe quelle autre régiment de la Mafia pour agir pendant ces quelques heures de silence absolu. Cette nuit encore n'avait pas fait exception.
Les contrebandiers ayant, malheureusement pour eux, refusé de payer l'Organisation souveraine du monde de la nuit pour ses services de persuasion des forces de l'ordre, avaient soudainement vu, alors que les étoiles brillaient innocemment, leurs quartiers envahis d'hommes en smokings noirs, mitraillettes au poing.
Les cris avaient rempli l'endroit en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et ceux qui avaient tenté de s'enfuir s'étaient vus accueillis par la lame de Gin Akutagawa d'un côté, et le magnum de Michizo Tachihara de l'autre.
Désormais, les membres de la Mafia Portuaire prenaient le chemin du retour après avoir effectué leur sinistre travail, les vêtements éclaboussés de sang qui n'avait pas encore fini de sécher, le bruit des os qui se brisent et des suppliques désespérées bourdonnant encore à leurs oreilles malgré le silence parfait de début de journée. Une fois arrivés sur le territoire de leur organisation, les hommes commencèrent peu à peu à se séparer pour rejoindre leurs logements, certains sans un mots, certains blessés aidés d'amis, d'autres marmonnant avec hésitation des salutations à leurs supérieurs.
Hirotsu bifurqua en silence, sur un simple signe de tête, tirant sur sa cigarette, plus perturbé le moins du monde après des années et des années à répéter le même scénario, nuit après nuit.
Ne restèrent sur le chemin des appartements que les deux chefs de bataillon. Comme à son habitude, Gin ne parlait pas, ses pas si légers sur l'asphalte et sa respiration si peu audible qu'on pouvait se demander si elle était vraiment là. Tachihara, lui, faisait bien plus de bruit. Les chaînes accrochées à son pantalon cliquetaient à chaque pas, et il jouait nerveusement avec la détente de son arme, ses yeux ambrés balayant le paysage pourtant familier, comme s'il craignait d'y trouver un ennemi.
Le stress et l'adrénaline n'étaient visiblement pas encore dissipés.
Trouvant agaçante cette manie qu'il avait de se rendre horriblement peu discret peu importe où il se trouvait, la jeune femme qui marchait à ses côtés lui lança un regard de travers pendant qu'ils entraient dans l'immeuble que la plupart des membres de la Mafia Portuaire un peu gradés partageaient. Même Chuuya Nakahara, exécutif de son état, à la terrifiante puissance que chaque mafioso apprenait à respecter, logeait au dernier étage du bâtiment.
Il changeait cependant souvent d'appartement, et de serrure plus encore, car ces dernières années le seul déserteur de la Mafia Portuaire à s'en être tiré en vie avait apparemment décidé qu'énerver son ancien partenaire en lui rendant visite ou lui volant quelque chose tous les quatre mois était une activité intéressante.
Gin se demandait toujours ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Mori pour autoriser l'ancien prodige à faire comme bon lui semblait. Mais elle avait grandi dans un univers où Dazai faisait encore les quatre cent coups, martyrisait son frère, et où Chuuya ne s'était pas encore pris de passion pour le vin français, alors elle avait appris depuis longtemps à ne plus trop essayer de comprendre le monde au sein duquel elle évoluait. Elle en était rendue à espérer qu'elle ne verrait juste pas encore de canapé tomber du dernier étage, comme c'était arrivé la dernière fois que le rouquin avait découvert que son ancien partenaire s'était décidé à "emprunter" quelques unes de ses précieuses bouteilles. Se réveiller en sentant le plafond trembler n'était pas très agréable.
Les portes de l'ascenseur se refermèrent avec un claquement métallique, et la cabine commença à bouger. Tachihara caressait le pansement sur l'arête de son nez avec un air distrait, perdu dans ses pensées alors que l'usuel sourire sardonique s'était transformé en quelque chose d'autre, de plus doux peut-être ? Gin fronça les sourcils derrière ses mèches de cheveux, un peu perturbée.
Elle passait pour bien connaître le faux-rouquin, elle croyait du moins pouvoir plutôt aisément pouvoir lire en lui, mais cette expression qu'il arborait là, à l'instant, les yeux dans le vide et les lèvres retroussées en un semblant de rictus, lui était totalement étrangère.
Quelle émotion le traversait ? De la joie ? Mais ses yeux ne brillaient pas comme d'ordinaire.
Était-ce donc de l'amusement ? D'habitude des fossettes se formaient au creux de ses joues, et lorsque la pensée qu'il avait était vraiment hilarante, ses paupières se plissaient adorablement sur ses iris couleur ambre, de manière à ne laisser plus entrevoir que le bonheur qui pétillait dans son regard.
La jeune femme fronça le nez, et décida de l'interrompre dans sa réflexion. Ne pas reconnaître l'émotion sur son visage la dérangeait bien plus qu'elle ne voulait l'accepter. Elle se retrouvait frustrée, contredite dans la certitude qu'elle pensait avoir de savoir lire Michizo Tachihara aussi facilement qu'elle lisait la personne la plus proche d'elle, son frère.
Une longue expérience en tant que partenaires au sein des lézards noirs lui donnait pourtant l'avantage, du moins elle l'avait jusque là pensé. Ce simple instant de doute venait d'ébranler tout ce qu'elle pensait acquis. Dans leur corps de métier, il était évidemment essentiel de ne jamais vraiment se dévoiler entièrement, que ce soit au niveau des émotions ou des intentions. Tout ce qui avait trait à la vie privée était bien mieux caché, dévoilé à seulement quelques personnes de confiance. Elle ne le savait que trop bien, elle qui jusqu'à très peu était vue par la quasi-totalité de la mafia comme un homme.
La question du genre lui importait moins qu'à la plupart des gens, alors ça ne l'avait jamais dérangée, elle s'était même rendue compte qu'ainsi elle était plus protégée, évoluant dans un monde comme la Mafia Portuaire.
Il n'y avait guère que quelques naïfs comme Higuchi, qui voyaient encore du bon là où il n'y en avait plus, pour apparaître vulnérable, émotions mises à nues, à la portée de tous.
Montrer toutes ses facettes était un luxe de puissant. Chuuya n'avait jamais cherché à se dissimuler, par exemple, elle le savait car elle l'avait vu intégrer la Mafia Portuaire quand il ne connaissait pas les clés de ce monde particulier. Elle n'était alors qu'une enfant, mais Gin pouvait affirmer que le manipulateur de gravité n'utilisait pas de masque, ne dissimulait rien, et laissait tout éclater au grand jour, comme une provocation. Comme s'il hurlait au monde d'essayer de venir le battre ou le blesser avec toutes ces informations à disposition, pour leur montrer, encore et encore, qu'il en sortait toujours vainqueur.
Le seul à avoir jamais pu faire perdre Chuuya à ce jeu n'était nul autre que le maître de la dissimulation en personne. Dazai, qui, à chaque fois, le faisait sortir de ses gonds, le provoquait, le mettait à nu sans jamais se dévoiler, puis le laissait là, vaincu mais par un étrange effet toujours debout. C'était sûrement un effet de leur passé commun, et de ce lien que la jeune femme n'avait jamais vraiment compris. Et ne voulait pas comprendre, elle savait que ses yeux d'enfant lui avaient épargné tout un pan de leur relation bien trop traumatisant pour elle.
Tout cela pour dire que Gin, étrangement, venait juste de réaliser que comme la quasi-totalité des personnes évoluant dans la sphère du crime organisé, Tachihara portait un filtre. Quelque chose qui protégeait son intimité, ne le laissant dévoiler que quelques parties de lui-même.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent dans un chuchotement étouffé, et le calme du couloir sombre les accueilli. Cependant, pas un des deux chefs de bataillons ne bougea. Le faux-rouquin, sorti de sa transe, ce sourire perturbant effacé de son visage, leva un sourcil interrogateur.
Il s'apprêtait à lui demander ce qu'elle comptait faire exactement quand elle appuya sur le bouton qui referma les battants métalliques. Bras croisés, comme si tout était parfaitement normal, elle regarda l'écran numérique afficher une flèche montante, pendant que son partenaire la regardait elle, plus que confus. Mais avant qu'il ne puisse demander ce qui lui prenait tout à coup, elle parut remarquer son air perdu.
Gin baissa le masque qui lui couvrait le bas du visage, laissant apparaître un sourire presque narquois, et détacha d'un mouvement souple ses cheveux ébènes qui tombèrent, attirés par la gravité, dans le bas de son dos en une vague ondulée, marqués par l'élastique.
- Je ne t'ai pas prévenu ? Je dors chez toi ce soir, lui annonça t-elle en réponse à sa question silencieuse, et bien que les sourcils du jeune homme se soulèvent plus haut encore, ses lèvres s'étirent en autre chose que l'expression incrédule qu'il arborait jusque là.
S'inclinant sous sa volonté sans avoir besoin d'aucun argument convaincant, Tachihara lui ouvrit la porte de son appartement, de taille raisonnable, le même que celui que Mori offrait à tous ses subordonnés.
Gin y entra en s'étirant comme un chat, la fatigue de la nuit la rattrapant soudain. Elle jeta un oeil distrait à son partenaire, qui avait balancé sa veste militaire sur le canapé sans plus de manières pour s'occuper plutôt de faire le lit histoire de donner un semblant d'image présentable à la jeune femme dans l'entrée. Cette dernière sourit doucement.
Elle avait donné son coeur et son corps au mafioso.
Il était temps d'apprendre à connaître l'homme.
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