28 - Intrus

Je pensais avoir une grande partie de l'attention de mon père pendant mon séjour ici, mais le Général Hyunseok était visiblement quelqu'un de très occupé.
Durant la première semaine, il m'accorda très peu de temps, m'invitant juste à manger avec lui certains soirs, discutant rapidement de ma journée avec le lieutenant Ahn avant de ressortir.

Il n'avait jamais vraiment brillé de par sa présence, mais j'aurais espéré un tout petit peu plus de temps à ses côtés pour pouvoir me rapprocher de lui. À ce rythme, la guerre risquait de se terminer avant que j'aie atteint mon objectif...
Ou peut être bien que Hwasa aurait ma peau. Elle semblait déterminée.
Si je ne crachais pas mes poumons à la fin d'un entraînement, elle n'était pas satisfaite.

Mais, un mal pour un bien, j'avais fini par comprendre que la lieutenante commandait une unité spéciale dont aucun membre ne maîtrisait le feu. Ils étaient connus pour être de redoutables combattants, mais n'utilisaient que leur corps.
Cela m'évitait de paniquer devant le reste de mes nouveaux "camarades". J'osais à peine imaginer ce qu'aurait donné un combat utilisant la maîtrise avec leur groupe de forcenés.

Hyunseok m'avait dit qu'il m'entraînerait personnellement de ce côté là. Et nous y étions justement... Mon père m'avait réservé sa journée.

- Qu'est-ce que tu sais faire ?

- Pas grand chose, répondis-je, décidant de jouer la carte de l'honnêteté de ce côté là, je n'ai jamais eu de maître du feu autour de moi pour m'apprendre, et j'ai découvert ma maîtrise très tard.

Le général pinça un instant les lèvres avant de sourire avec assurance.

- Ça ne fait rien, ne rien savoir sur tes capacités est toujours mieux qu'avoir la certitude qu'elles sont médiocres.

- Je suppose. Mais je sais déjà chauffer de l'eau, et m'éclairer.

- Je vois, apprentissage autodidacte poussé par la nécessité.

Je hochai doucement la tête, me demandant si je devais parler de l'incendie de ma maison à Okara.
Pas que j'avais peur d'être jugé, au contraire, je craignais plutôt qu'il ne se réjouisse de la mort de ma mère et de la puissance de la déflagration que j'avais produite, ce qui aurait eu du mal à me laisser de marbre.
Je décidai donc de ne pas le faire, tant qu'il ne posait pas de questions à ce sujet.

- Très bien fils. Donne tout ce que tu as, on verra bien.

J'attendis qu'il poursuive, mais il attendait visiblement aussi de son côté.

- Qu'est-ce que je dois faire...? osai-je demander.

- Laisse ta maîtrise s'exprimer, montre moi à quoi ton feu ressemble. Concentre toi sur ce que tu veux, lie toi à tes émotions, et envoie moi une attaque... Sur ce caillou là, tiens.

J'avisai le rocher qui se tenait à peu près au milieu du champ de pierres dans lequel il m'avait entraîné. Il était plus gros que les autres alentours et se trouvait à moins d'une dizaine de pas. Pas facile à manquer.

Hyunseok recula légèrement pour me laisser plus d'espace, mais je doutais de pouvoir l'inquiéter avec ma maîtrise du feu, peu importe où il se trouverait. Ce rocher risquait lui même de se moquer de moi lorsqu'il aurait vu ce que j'étais capable de faire.

À vrai dire, je savais que mes capacités étaient correctes au vu de ce que j'avais fait en découvrant ma maîtrise, mais depuis que j'étais conscient de sa présence, que j'en avais peur (un peu moins depuis ma rencontre avec Jimin), impossible de me laisser aller.

Je laissai la chaleur au creux de ma poitrine se libérer, comme si j'ouvrais une muselière quelque part entre mes côtes.
Je pris une inspiration et laissai cette chaleur voyager jusqu'à mes mains, jusqu'à ce que celles-ci soient brûlantes et me démangent. Le tout ne prit que quelques secondes, et quelques flammèches s'échappèrent de mes deux mains tendues, s'éteignant bien avec d'atteindre la roche.

- Hm.

Ce n'était pas un "Hm" mécontent, plutôt une constatation, pourtant mes oreilles brulèrent. Je n'avais pas vraiment prévu de faire une performance aussi ridicule.
Et dire que tout ce temps j'avais eu peur de ma maîtrise alors que je produisais à peine plus d'étincelles qu'un silex à mon maximum.

- Tu n'utilises pas du tout ta maîtrise correctement.

Ce constat claqua dans l'air, sans appel.
Je frissonnai de dégoût en me rappelant tout à coup comme Lui l'utilisait. Si c'était là la façon correcte de maîtriser le feu pour Hyunseok, je ne voulais même pas essayer...

- Tu sens la source dans ta poitrine mais tu ne t'en sers pas jusqu'au bout. Tu morcèles ton attention et tu finis par te focaliser sur tes mains à la fin. Si tu restes bloqué sur tes mains, tu ne peux pas produire grand chose ici.

Un grand coup dans le dos m'envoya pratiquement en avant et m'indiqua qu'il parlait bien de mon thorax.

- Je vois...

Je serrai légèrement les dents et relevai les mains vers le rocher.
Je ne savais pas plus quoi faire dans le détail, mais je me concentrai uniquement sur la chaleur au creux de mon ventre cette fois.

- Bien, sens le dans tes tripes, sens le dans toutes tes veines. Nos maîtres ont un rapport extrêmement corporel à leur maîtrise, tu produits le feu avec ton énergie, il est toi, nous sommes les seuls à faire ça. Les maîtres du feu les plus puissants sont ceux qui arrivent à sentir le feu dans toutes les fibres de leur corps, jusqu'à la pointe de leurs ongles, qui sentent parfaitement leur énergie circuler et sinuer dans leur corps. Ceux là peuvent la bloquer pour la convertir en électricité ou muer leur respiration et cracher du feu par le visage.

Je repensai immédiatement à Jungkook et à sa posture, poitrine en avant, bras arqués, les mains menaçantes comme des serres. Ses yeux eux-mêmes étaient en flammes quand nous nous étions rencontrés, et son souffle avait balayé les autres soldats.

J'essayai de bomber un peu le torse, de visualiser mon corps tout entier.
Je sentais mon énergie circuler très distinctement, mais cette fois, j'essayai de ne pas suivre uniquement son parcours, comme si je gardais une vision d'ensemble sur moi même.
Elle ne se dirigea alors pas uniquement dans mes mains, se propageant doucement dans tout mon corps jusqu'à ce que ce dernier soit saturé et que, finalement, la chaleur finisse par se concentrer en plus grande quantité dans mes extrémités.

J'observai cette puissance grandir lentement, curieux. Je continuai à travailler sur la source et pas seulement sur mes doigts, créant plus d'énergie au lieu de simplement ressembler celle que j'avais produite pour la diriger dans mes mes mains.
Je fronçai les sourcils, passant à la vitesse supérieure sans pour autant relâcher ma maîtrise.
Mes mains brûlaient, pratiquement littéralement, si j'avais touché de l'herbe sèche, j'aurai probablement allumé un feu.

Mais je continuai.
Pourquoi, je l'ignorais, peut être parce que savoir où était la limite était tentant.
Je ne risquais pas de faire de mal à qui que ce soit ici, à part à cet homme que je haïssais. Dans le pire des cas, si un incendie se déclarait et que nous en perdions le contrôle, je risquais juste de détruire le campement.
Était-ce si grave ? Ne serait-ce pas même une bonne action ?
Je n'avais pas à avoir peur ici, je n'avais pas besoin de me poser de barrières.
Ce constat alluma comme un brasier sous mon plexus et l'air sembla crépiter entre mes mains, se tordant sous le trop plein d'énergie emmagasinée.

- Yoongi !

Je ne compris que trop tard l'origine de la panique du général. Tout à coup, mes deux mains furent comme reliées par un filament lumineux, je venais d'arriver à saturation et c'était comme si le courant d'un côté avait été attiré de l'autre et vice versa.
Pratiquement dans le même temps, un crépitement bel et bien sonore cette fois et un espèce de flash bien plus intense me balayèrent le visage dans un souffle innattendu.
Je crois bien que je laissai échapper un cri de surprise, mais il fut coupé net par le contact brutal de la roche contre mon dos.
La douleur dans ma colonne me fit rejeter les yeux en arrière et j'eus tout juste le temps d'apercevoir un peu de ciel avant que tout ne devienne noir autour de moi.

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Quand j'ouvris à nouveau les yeux, le ciel était toujours là, mais j'avais moins mal au dos.
Un visage apparut dans mon champ de vision et je ne pus m'empêcher complètement de grimacer.

- Tu espérais quelqu'un d'autre ? gromela Hwasa. Désolée, je suis pas ta dulcinée.

Je me redressai, les muscles endoloris comme si je ressortais d'un entraînement de cette bonne vieille Lieutenant Ahn.

- Où est le Général ? demandai-je en massant doucement le bas de mon dos.

- Il t'a sorti du pierrier mais comme tu ne te réveillais pas, il m'a chargé de veiller sur toi. Quand tu as commencé à remuer, j'ai envoyé quelqu'un le prévenir, il ne va pas tarder à revenir.

Revenir ? Pourquoi ne pas m'avoir ramené au campement puisque j'avais perdu connaissance ? Il ne comptait quand même pas poursuivre l'entraînement...?

- Tu sais ce qui s'est passé ?

- Tu as fait un début d'éclair. Ou plutôt, tu t'es envoyé une décharge électrique en pleine poire, ce qui t'a envoyé valdinguer dans les cailloux. C'est à la fois impressionnant et pathétique.

Je n'étais pas enchanté à l'idée d'impressionner Hwasa. Mais tant qu'elle me trouvait aussi pathétique, j'imagine que mon plan fonctionnait encore.

- Merci...?

- Me remercie pas, je suis loin d'avoir dis que tu étais doué pour quelque chose.

Tant mieux.

- Mais on se verra sûrement moins à l'entraînement maintenant. Le Général risque de s'investir beaucoup plus dans ton apprentissage maintenant qu'il a repéré du potentiel chez toi. Tu pourrais même t'avérer être un dragon d'après lui. Mais ne t'enflammes pas, ça a peu de chances d'arriver.

Je hochai distraitement la tête, de multiples pensées se disputant l'attention de mon esprit encore légèrement confus.
Finalement, je parvins à formuler une question correcte :

- Qu'est-ce qu'ils ont de si spécial les dragons ?

Hwasa me jeta un regard presque outré et posa un genoux par terre à côté de moi.

- T'en sais vraiment rien ?

Je secouai la tête.

- Ils sont très rares, c'est une marque de puissance. Personnellement, je n'en ai croisé qu'un, une jeune recrue ici.

Sa remarque éveilla grandement mon intérêt, mais je m'efforçai de rester parfaitement calme.

- Une jeune recrue ? Il est toujours là ?

- Non. Si tu veux tout savoir, on a dû le museler et l'envoyer loin d'ici. Le gosse pouvait plus cracher du feu sans faire chauffer le métal et se brûler le visage. Il mangeait avec une paille après ça, et ses mains et ses pieds étaient entièrement capuchonnées aussi. Les dragons c'est pas du vent, faut faire gaffe.

Je n'avais presque plus de doute, elle était en train de parler de Jungkook.
J'avais compris qu'il était spécial dès que je l'avais rencontré dans cette cellule, mais je ne mesurais pas vraiment à quel point jusqu'à présent.
Je doutais par contre d'être à son niveau.

- Le dragon le plus connu, c'est le Dragon de l'Ouest, un grand général à la retraite, le frère du roi. Ce type là, ça doit être le plus grand maître du Feu encore vivant à ce jour, et pourtant, il a quitté les champs de bataille...

Hwasa semblait presque agacée. Elle s'assit à côté de moi cette fois, plongée dans sa narration et ne prenant pas la peine de faire une pause dans ses explications.

- Son fils unique est mort, alors il s'est retiré. Mais des proches on en perd tous, c'est pas ça qui doit nous empêcher de nous battre. Aujourd'hui il paraît qu'il parcourt le monde avec son neveu le prince déchu. Ils cherchent l'avatar à ce qu'on dit, mais je doute qu'ils le trouvent. Zuko est trop imbu de lui même pour réussir quoi que ce soit...

Des bruits de pas la firent s'interrompre et elle se tourna vers moi brusquement, un index pointé en plein milieu de mon visage, menaçant.

- Si tu racontes à qui que ce soit que j'ai parlé du prince en mal, je nie tout en bloc et je m'arrange pour que tous les soldats te fassent la misère pour le reste de tes entraînements à venir, c'est clair ?

- Limpide.

Hwasa se releva et épousseta son uniforme avant de se redresser, juste avant que mon père et un soldat beaucoup plus jeune n'apparaissent sur le chemin.
Le regard du Général s'éclaira en me voyant assis et il vint rapidement me tendre une main.

- J'ai profité de cette pause pour aller récupérer quelques rouleaux sur la maîtrise dans ma tente. Je veux te faire essayer certaines choses.

Ma pause hein...? Drôle de pause qu'une perte de conscience.
Mais je le laissai tout de même me relever sans difficultés apparente puis le regardai repartir vers le pierrier, déjà.
Je soupirai et hasardai un pas maladroit dans sa direction.
Aussitôt, un bras protégé de cuir entra dans mon champ de vision et je me retournai vers Hwasa qui avait l'air prête à me voir tomber et à m'en empêcher.

- Ça va, j'avais besoin de reprendre mon équilibre, je ne devrais pas m'étaler par terre à nouveau.

- Avec toi on sait jamais. Tu passes plus de temps au sol que sur tes pieds pendant les entraînements.

Elle retira son bras du passage et attendit tout de même que j'aie fait quelques pas pour ordonner à son soldat de la suivre et regagner le campement.

Quant à moi, j'avais apparemment des choses à essayer...

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Le plus perturbant depuis mon arrivée ici, c'était la normalité des gens avec lesquels j'évoluais.
Si je n'avais pas pensé à Jimin à peu près un millier de fois par jour, il aurait été assez facile d'oublier que j'étais en territoire ennemi et que je ne devais faire confiance à personne.
Même Hwasa, qui était une sacrée mégère, n'était pas un monstre.
Pourtant, c'était la seconde du Général, et elle semblait lui vouer une admiration sans bornes. Ne fallait-il pas être un peu monstrueux soi même pour adorer un monstre ?

Le Général, d'ailleurs...
Il n'agissait pas comme un père, plutôt comme un... Un Général justement. Mais je ne l'avais encore jamais vu faire preuve d'une cruauté particulière. Pourtant, je me trouvais là depuis deux semaines, et même s'il se montrait dur et sévère par moment, que je voyais ce côté sans pitié et un peu insensible de sa personnalité, il n'était pas haïssable.
Ce qui m'agaçait profondément.
Je n'aurais pas dû vouloir connaître cet homme, j'aurais dû vouloir le tuer, de toutes mes tripes.

Pourtant, il m'apprenait patiemment à maîtriser mon élément, à utiliser mon énergie à bon escient. J'étais maintenant capable de laisser s'échapper un peu de feu de mes mains et de le diriger. Je savais aussi faire quelques étincelles sans qu'elles m'explosent au visage.
Rien de très exceptionnel, mais je progressais.

J'étais intimement convaincu que ces progrès étaient liés au fait que je n'avais plus peur qu'un incident arrive. Au contraire, j'aurais souhaité qu'il arrive.
Je commençais à entrevoir l'ébauche d'un plan, et l'idée de pouvoir retrouver Jimin et les autres dans un futur proche me réchauffait le cœur bien plus rapidement que n'importe quel exercice de maîtrise.

Mais, parce qu'il y avait un mais, j'étais de plus en plus confus. Et ce n'était vraiment pas bon.
Se pouvait-il que tout ceci ne soit qu'une vaste erreur ? Une erreur de la part de Jungkook peut être...? Mon père était-il vraiment responsable de tout ce dont je l'accusais ?
Il s'agissait peut être d'une autre personne, je n'allais pas jusqu'à dire que tout ce qu'on lui reprochait était inventé mais...

Il n'était peut être pas tendre et aimant avec moi, mais il n'était pas non plus cassant ou injuste, il semblait s'intéresser sincèrement à moi.
Cela commençait à faire dangereusement pencher ma balance vers l'indécision.
Ne serais-je pas le méchant de l'histoire si je tuais cet homme ?

Depuis des jours, ces questions tournaient et retournaient dans ma tête.
Elles s'arrêtèrent à peu près au début de la troisième semaine, quand tous les masques tombèrent brusquement, et que j'eus du mal à faire tenir le mien.

C'était un matin comme les autres. Je m'étais réveillé dans mon lit vide, le cœur serré, et j'avais serré contre moi ma couverture roulée en boule pour me donner l'illusion d'une présence rassurante.

Des éclats de voix et haussements de ton m'avaient arraché à mon songe éveillé et j'étais finalement sorti de ma tente, finissant tout juste de refermer ma tunique rouge et noire sur mon pantalon souple.

Je parcourus le camp des yeux et repérai rapidement l'action. Elle se dirigeait par ici, ou plutôt vers la tente de commandement devant laquelle je me tenais à présent.
Hwasa conduisait la file furieuse de soldats qui criaient et se bousculaient les uns les autres, un air toujours aussi déterminé collé sur le visage, l'air insensible au chaos qu'elle traînait derrière elle.

Mon père se posta à l'entrée de son pavillon, l'air grave et la tenue réglementaire déjà enfilée, attendant qu'on lui explique la situation, les sens probablement en alerte.

Hwasa se planta devant le Général et le silence se fit quelque peu.

- Deux intrus ont tenté de s'introduire dans le camp. Ils ont tué Sanshin.

Maintenant que je la voyais de plus près, elle avait les sourcils plus froncés que d'habitude, la mâchoire plus serrée encore.
Sanshin était le nom d'un des plus jeunes soldats de son unité. Il devait être de garde ce matin-là...

Deux hommes en poussèrent deux autres de chaque côté de la lieutenant. Ils s'écrasèrent à genoux, un sac sur la tête et les épaules voûtées sous des tuniques qui arboraient les couleurs du Royaume de la Terre.
Le Général les observa un moment avant de faire un léger signe de tête à Hwasa et de se tourner vers moi.

- Viens toi aussi.

Il s'engouffra dans la tente et je le suivis en essayant de ne pas fixer les intrus avec trop d'insistance pendant que Hwasa les poussait à l'intérieur après nous.
J'avais très peur qu'elle leur retire leur couvre-chefs et qu'ils me soient tout à coup douloureusement familiers.

Je me retrouvai seul avec les deux hauts gradés et les deux fils de la terre.
Je ne me sentais absolument pas à ma place, mais mon père semblait vouloir me garder à leurs côtés, pour une raison qui m'était encore obscure.

Il ordonna calmement à Hwasa de démasquer les deux individus qu'on avait remis à genoux non loin des torches qui brûlaient toujours au centre de la tente immense.

La jeune femme passa derrière eux et retira les deux sacs sans douceur, révélant des traits marqués par la détermination, et ponctués de quelques bleus et coupures.
Je ne les connaissais pas.

- Vous avez été envoyés ici ? demanda doucement le Général en faisant un pas pour se placer bien devant eux.

Aucun ne répondit, ils se contentèrent de fixer froidement leur ennemi, la tête haute, les bras attachés dans le dos.

- Très bien.

Hwasa recula dès qu'elle entendit Hyunseok conclure et je le vis lever un bras vers l'un des deux intrus.
J'eus tout juste le temps de déglutir avant que des flammes ne jaillissent de sa paume pour venir ceinturer l'homme qu'il visait.
Le feu se concentra sur son abdomen et je sus exactement ce qui allait suivre.

Le fils de la terre essaya de rester de marbre et de défier le Général jusqu'au bout, mais il finit par tomber par terre et hurler sous le regard plus si déterminé de son camarade.
Je me souvenais des mots de Jungkook, de la description de Jimin. Une douleur qui ne faisait qu'empirer, même quand on pensait avoir atteint le point de non retour, une odeur de cochon brûlé, entêtante, insistante, qui s'infiltrait dans vos narines comme un liquide, vous donnant l'impression de vous noyer.
Je savais que je n'oublierai jamais l'odeur, pas plus que les hurlements qui se déchiraient toujours un peu plus, devenant de plus en plus ténus. Je ne pouvais plus me détacher de l'image de mon père, la main tendue et le visage parfaitement impassible, comme s'il observait une pièce particulièrement ennuyeuse.
Je ne pourrais jamais oublier le temps que mettait un homme à mourir de cette façon, le temps qu'il fallait pour que la brûlure consume totalement la peau et attaque un organe vital.

Le fils de la terre finit par se taire et arrêter de se tordre de douleur sur le sol.
J'étais resté pétrifié tout le long, incapable de regarder ailleurs, et encore plus de m'interposer. J'avais envie de vomir, mais même les muscles de ma gorge semblaient figés, comme si j'avais véritablement été transformé en pierre.

Hyunseok se tourna vers le deuxième homme mais mon regard resta fixé sur l'expression figée et choquée du premier. Je devais avoir à peu près la même, les yeux exorbités et la bouche entrouverte sur un cri muet.

- Tu comptes parler maintenant ?

Je sursautai presque puis parvins à m'arracher au spectacle macabre de l'homme étendu sur le sol pour découvrir le visage bien vivant mais tout aussi livide du second.
Il avait peur, mais il ne comptait visiblement pas plus parler que son camarade. S'il avait dû le faire, il aurait sûrement parlé avant que ce dernier soit cruellement mis à mort...

- Je vois. Yoongi ?

Un violent frisson doublé de sueurs froides me parcourus et je sentis enfin la nausée arriver. Mon père se tourna vers moi, le visage impassible.

- Tu t'occupes de celui là.

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Et oui, c'est samedi, et un chapitre arrive comme prévu
Ça fait du bien :')

Je déclare officiellement la fin des mois d'attente entre deux chapitres !
Je peux me le permettre, j'ai fini d'écrire cette fiction x)

Vous n'êtes pas du tout à l'abri de les recevoir à moins d'une semaine d'intervalle d'ailleurs, je ne pense pas pouvoir tenir jusqu'au samedi à chaque fois ^^"

Il y a donc 31 chapitres, je dois encore écrire l'épilogue, mais ça sera fait largement avant que je grille mon avance :3
Dans le pire des cas, l'épilogue se transformera en un chapitre et un épilogue, à voir, j'ai beaucoup de chose à dire dedans x)
Il est possible que la fic finisse par en compter 32 :3

À très bientôt pour la suite donc :D
💜

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