12 - Lèvres

Je n'avais passé que très peu de temps avec Jinyoung. Pourtant le départ de la maître de l'eau faillit me tirer un pincement au coeur. Surtout quand je vis Jimin la serrer dans ses bras comme un enfant embrasserait sa mère.

Jimin...
Nous n'avions pas eu le temps de discuter plus en profondeur de ce qui s'était produit devant sa chambre. Les Jung étaient revenus au grand complet pour les derniers préparatifs du départ et nous avions dû nous séparer rapidement.
Pas que nous ayions honte d'être proches devant les autres, mais instinctivement, nous sentions que nous ne pourrions être réellement ensemble qu'après avoir levé les dernières zones d'ombres qui planaient sur nous.
Des choses que je n'avais pas forcément envie d'évoquer, mais que je me sentais tout de même capable de confier au jeune maître.

Jinyoung monta sur le devant de l'attelage et ébouriffa les cheveux de Jimin et de Hoseok avec un grand sourire. Namjoon, Minjee et moi les observions à quelques pas d'écart.
Daejin assista à la scène avec un regard attendri, puis il secoua doucement ses rênes pour indiquer au chevautruche de se mettre en route.
Ils ne devaient pas tarder, l'heure du départ était calculée pour qu'ils arrivent ce soir dans un village intermédiaire où Monsieur Jung connaissait du monde.

Namjoon posa une main sur mon épaule et se pencha vers mon oreille, pas forcément pour cacher ses paroles au reste de la famille, mais surtout pour ne pas détonner au beau milieu de ces au revoirs.

- J'ai parlé à mon père avec Hoseok, il pense pouvoir obtenir une mission du côté de ton ancien village et se renseigner. Rien de dangereux, rassure toi, il ouvrira juste les yeux et les oreilles.

Je hochai la tête, reconnaissant, et lui adressai un petit sourire.
Tant qu'ils ne parlaient pas de m'aider à faire évader Bongsoo, j'étais d'accord pour intégrer les Jung à mes plans.

- C'est au tour de qui ce soir ? Demanda Minjee en se retournant vers les quatre garçons de la maisonnée quand son mari eut disparu au loin, évoquant de toute évidence le repas du jour.

- Namjoon, pouffa Hoseok.

- Alors c'est le jour de la soupe, conclut la matriarche avant d'entraîner son plus jeune fils avec elle en cuisine.

Le jeune maître de la terre la suivit avec une mine résignée.
Tout le monde avait connaissance de ses talents culinaires, la soupe était l'un des seuls plats sans risques dans lequel il pouvait se lancer.
Parfois, je me demandais comment un garçon aussi maladroit pouvait devenir aussi minutieux et précis lorsqu'il s'agissait de sculpture.

Jimin et Hoseok revinrent vers moi, mais ce dernier avait déjà un pied posé en direction du portail et un grand sourire plaqué sur les lèvres.

- Je vous laisse pour une heure ou deux les amis, je suis attendu.

Son cousin laissa échapper un petit rire, me laissant comprendre qu'il était sûrement au courant de la vie mouvementée de son aîné, et je me contentai d'une grimace gênée avant que le grand brun n'ajuste son manteau et ne tourne les talons.

Je le regardai s'éloigner, comme la carriole juste avant lui, mais mon attention fut bientôt détournée de la route par une petite main se glissant timidement dans la mienne.

- Et nous... ? Demanda Jimin en relevant ses yeux en amande vers moi. Qu'est-ce qu'on fait pendant ces deux heures ?

Je réfléchis une seconde mais une idée s'imposa à moi presque immédiatement, me faisant sourire.

- Tu aimes le thé ?

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Jimin regardait tout autour de lui avec grand intérêt, ses yeux semblants vouloir se poser sur chaque détail de la grande salle de l'Épiphanie.

Moi je jouais avec mes mains, mal à l'aise. Oh, pas à cause du maître de l'eau. En tout cas pas de celui-ci...
En venant au salon de thé, j'avais pensé nous éloigner un peu du reste de la famille Jung et discuter dans une ambiance plus calme, quelque part où nous ne risquions pas d'être interrompus.
Mais le fait que Taehyung travaille ici m'était un peu sorti de la tête.

Il nous amena le thé que Jimin avait choisi avec un sourire parfaitement détendu, comme si de rien était.
Je me demandais vraiment ce qui pouvait se passer dans sa tête. Il ne s'était probablement pas tant attaché que ça à Jimin, ils n'avaient pas passé suffisamment de temps ensemble pour ça, mais savoir que j'étais peut être l'une de cause de son chagrin, même minime, me donnait envie de m'enterrer.

Taehyung repartit après nous avoir souhaité une bonne fin d'après midi, et je reportai mon attention sur la magnifique créature devant moi qui s'occupait actuellement de verser la boisson préalablement infusée dans nos tasses.

- C'est ici que j'ai compris, expliqua-t-il doucement en reposant la théière. Je t'ai vu avec Seokjin quand je suis sorti pour te retrouver.

Il m'avait vu la première fois que j'avais tenté de maîtriser le feu.
Je me mis à mordiller l'intérieur de ma joue nerveusement, me demandant ce qu'il avait pu penser de cette révélation plus que soudaine, et il ne tarda pas à m'éclairer en croisant mon regard.

- Je me suis approché à cause d'un éclat de lumière dans la vitrine, je pensais voir Taehyung puisqu'il est le seul à passer dans la boutique le jour de fermeture, mais c'était toi... Je n'ai pas compris sur le coup.

Il pinça légèrement les lèvres, semblant se remémorer la scène afin de mieux choisir ses mots.

- Je t'ai vu fixer cette flamme dans ta main comme si elle allait te dévorer, et puis je suis parti en courant, sans chercher à en voir plus. Je me suis enfermé dans ma chambre et je n'ai plus penser qu'à ça. Je trouvais étonnant de ne pas avoir eu peur face à cette scène. J'ai du mal avec le feu depuis quelques temps. Mais tout ce que j'ai ressenti, c'est un violent coup au coeur, je venais de m'apercevoir que je t'avais tout dit, et que toi tu m'avais caché tellement de choses sur toi... Des choses que tu étais allé montrer à Seokjin...

J'aimais l'entendre parler aussi librement, vraiment, même quand ce qu'il disait n'était pas très plaisant à entendre. Peut être parce qu'il le faisait si peu quand nous nous étions rencontrés.
Mais ses mots me faisaient me sentir coupable aujourd'hui.
Il semblait avoir encore des choses à expliquer, alors je le laissai continuer, n'osant pas encore toucher à mon thé qui fumait doucement devant moi.

- Je ne comprenais pas pourquoi tu avais agis ainsi, mais je comprenais pourquoi je réagissais comme ça. J'étais jaloux au possible et ça m'exaspérait vraiment. En même temps, tu m'avais pratiquement interdit l'accès à ta chambre et je te retrouvais main dans la main avec un type affreusement séduisant dont j'entends Namjoon me dire du bien à longueur de journée, et tu lui montrais tout ce que tu n'avais jamais osé me confier à moi... Et puis j'ai réfléchis, et je crois que j'ai compris certaines choses.

Je déglutis devant ses aveux, essayant de tout remettre en place.
Je comprenais comment Jimin s'était senti tout ce temps, et plus je réalisais comment il avait vécu les choses de son côté, plus je me sentais stupide de n'avoir rien dit et de m'être torturé inutilement.

- Qu'est-ce que tu as compris ? Demandai-je doucement.

Jimin sembla tout à coup mal à l'aise, détournant le regard comme pour s'intéresser aux fleurs et aux autres clients du salon.

- Je me suis dis que vu ce que j'avais vécu et ce qu'on avait dû t'en raconter, tu devais avoir peur de ma réaction face à ta maîtrise. Et puis, j'ai vu la peur dans tes yeux. C'est difficile d'envisager que quelque chose qu'on accepte pas soi même puisse être accepté par quelqu'un d'autre, voir n'être qu'un détail.

- Ce n'est vraiment qu'un détail pour toi... ?

- Tu as aussi peur d'utiliser le feu que j'aurais peur de te voir l'utiliser non ? Tant que tu ne me brûles pas, ça ne me pose pas de problème, et j'ai confiance en toi.

J'ai confiance en toi.
Avant d'arriver à Teiji, je ne crois pas que quelqu'un ait déjà eu confiance en moi.
Ça me donnait envie de l'embrasser à nouveau, mais je me retins. Ce n'était ni l'endroit, ni le moment.

- J'ai peur de l'utiliser, parce que la première fois tout s'est beaucoup trop mal passé...

Ma voix s'étrangla dans ma gorge. J'aurais cru réussir à en parler et tout raconter d'une traite comme je l'avais fait avec Seokjin. Mais c'était différent cette fois.
Si le maître du feu m'avait condamné et rejeté pour ce que j'avais fait, je l'aurais supporté. Mais je ne voulais pas que Jimin me regarde avec dégoût, ou pire, avec peur.

Il leva doucement son bras au dessus de la table et posa sa main sur la mienne.

- Pendant la bataille du pôle Nord, commença-t-il d'une voix fluette et tremblante, j'étais dans les lignes arrières, celles chargées de la protection et des évacuations. Parce que j'ai fait une erreur, je n'ai jamais pu relayer une information importante à temps. La partie de la ville qui s'est écroulée... On aurait peut être pu la faire évacuer à temps, au moins une partie. Ce genre de perte est terrible, mais encore plus quand on a des raisons de se la reprocher.

En quelques mots et un regard, il avait compris ce qui me rendait muet. Peut être l'avait-il déjà compris depuis un moment.
Pas très compliqué de faire le lien entre ma peur de ma maîtrise du feu et mon ancienne maison dévorée par les flammes j'imagine.

Les larmes aux yeux, il reprit sa respiration avant de poursuivre.

- J'ai détesté les gens qui m'ont répété que ça n'était pas de ma faute. Pour moi, la culpabilité et la souffrance qu'elle engendrait étaient méritées, j'étais un monstre, et même mon corps était devenu monstrueux. Les attentions de ma famille me rendaient malades, j'avais l'impression de ne pas les mériter. J'étais anéanti par ma perte mais aussi parce qu'elle faisait de moi.

Je retournai doucement ma main pour serrer la sienne qui avait grand besoin d'être rassurée.
Je ne voulais pas le voir pleurer, mais parfois les choses avaient besoin de sortir.
Alors là, dans le coin tranquille de cette petite salle qui commençait à s'assombrir au rythme du jour déclinant, je le laissai verser quelques larmes en lui caressant le dos de la main.

- Comment c'est allé mieux ?

- Tu poses vraiment la question ? De la même manière que toi j'imagine.

Mon air surpris lui arracha un petit sourire à travers ses larmes qu'il essuya avec l'une des petites serviettes en tissu disposées sur la table.

- Tu étais aussi abîmé que moi quand tu es arrivé à la maison. Tout disloqué et les yeux coupables. Je ne sais pas si c'est parce que j'avais vécu quelque chose de similaire, ou si j'ai eu une illumination quand tu en as parlé à mon oncle, mais j'ai si presque tout de suite que tu te reprochais entièrement la mort de ta mère.

Il fit une petite pause pour jauger ma réaction, mais je n'avais pas flanché, me contentant de déglutir.

- Tu pensais être un monstre toi aussi, pourtant tu étais gentil avec moi. Moi je ne voyais rien de monstrueux chez toi. Et... C'est peut être un peu stupide mais, être aimé aide à aller mieux.

Il rougit légèrement, et j'aurais presque pu trouver ça adorable et me fendre d'un sourire attendri si notre discussion n'avait pas été aussi sérieuse.
J'avais conscience qu'il se livrait beaucoup plus que moi depuis le début, qu'il était toujours celui qui donnait sans attendre en retour. Si j'étais venu ici, c'était pour enfin me confier, même si ce n'était pas quelque chose que je faisais naturellement d'habitude.
Alors je pris une gorgée de thé, le laissant m'imiter avant de raconter.

- J'étais avec ma mère ce jour là. Je ne sais plus exactement comment la discussion a dérapé, mes souvenirs sont assez flous sur tout ce qui précède l'accident en lui même. Elle m'a hurlé qu'elle ne m'avait jamais aimé, que mon père n'était pas mon père, que j'étais l'engeance d'un monstre et qu'elle aurait voulu me tuer quand j'étais venu au monde parce que je lui rappelais chaque jour ce qu'elle avait vécu. Quand elle m'a donné mon véritable nom, celui du démon comme elle l'a dit, j'ai perdu les pédales. J'ai hurlé, je voulais juste extérioriser... Je lui ai hurlé d'arrêter parce que je ne voulais plus entendre les horreurs qu'elle avait à me dire, et puis du feu a jailli absolument partout dans la pièce. Moi j'ai réussi à me traîner jusqu'à une fenêtre, mais elle n'a pas eu cette chance...

Je terminai mon récit avec la sensation des flammes léchant mon visage, comme ce fameux jour.
J'avais espéré jusqu'au dernier moment qu'elle sorte de la maison en flammes en toussant. Mais j'avais fini par entendre des cris provenant de l'intérieur et la maison s'était écroulée sur ses fondations pour les faire taire.
Ces cris là, et ceux de Bongsoo qui m'avait retrouvé juste après, je les entendais dans mes cauchemars, encore et encore.

- Pourquoi tu n'arrives pas à dormir la nuit Jimin ? Qu'est-ce qui te réveille en sursaut toi ?

Le petit maître de l'eau sembla reprendre ses esprits, visiblement perturbé par mon histoire, mais pas apeuré ou dégoûté comme je l'avais crains.

- Souvent c'est la douleur. La nuit mon corps me fait souffrir, comme de vieux rumatismes. Parfois, c'est certaines scènes qui se rejouent dans mes cauchemars, ou d'autres un peu déformées où je me sens brûler.

Je ne pus m'empêcher de serrer les dents quand il évoqua sa douleur physique. Je me sentais complètement impuissant...

- Moi c'est elle que je vois, toujours. Mais depuis quelques temps les cauchemars sont différents.

- Qu'est-ce que tu vois ?

- Je rêve que d'autres personnes brûlent par ma faute. Mon frère, les gens que j'ai rencontrés ici à Teiji, toi... Ça va un peu mieux depuis que Seokjin essaie de m'apprendre à ne plus avoir peur de moi même, mais c'était devenu quelque chose de récurrent.

Jimin hocha doucement la tête et prit une gorgée de thé avant de me lancer un sourire qui se voulait rassurant.

- Tu ne feras de mal à personne Yoongi, je le sais.

- Comment ?

- Parce que peu importe ce qui est arrivé ou ce que tu penses, tu es quelqu'un de bien.

Qu'est-ce qu'il fallait pour être quelqu'un de bien ? Avoir quelques bonnes intentions était-il suffisant ? Est-ce qu'avoir peur de faire le mal était suffisant ?
Les intentions n'étaient pas les seules à peser sur la balance, les actes la faisaient lourdement pencher.
Je ne savais pas de quel côté la mienne basculait. Mes actes devaient être un peu lourds à porter, et mes bonnes actions n'étaient pas très nombreuses. Du moins pour le moment.
J'étais déterminé à devenir une meilleure personne, à devenir ce type bien que voyait Jimin.
Si lui y croyait, alors il existait peut être. Et je parviendrais peut être à mettre de côté cette image de monstre que j'avais de moi même.

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- Je peux... venir cette nuit ?

Je restai un long moment figé dans le couloir, regardant les petites mains du maître de l'eau qui avaient retenu la manche de ma tunique.

Nous avions déjà dormi ensemble, je n'aurais pas dû être gêné mais... après l'avoir embrassé, tout prenait une tournure différente.
Il n'y avait eu qu'un seul baiser, mais cette légère tension entre nous tout le reste de la journée nous avait bien fait comprendre que nous en voulions tous les deux un deuxième.

Seulement c'était une chose de s'allonger dans un lit et dormir avec quelqu'un, mais s'en était une autre de se glisser sous les couvertures avec quelqu'un que vous aviez envie d'embrasser, et qui était prêt à vous laisser faire.
Je ne savais pas ce que j'étais censé faire, ni jusqu'où aller, ni ce qu'il attendait, ni ce que moi même j'attendais.
Il avait quand même perdu quelqu'un qui avait une place énorme dans son coeur. La douceur que je lui apportais lui faisait sûrement du bien, mais je doutais qu'il soit prêt à franchir d'autres étapes de sitôt.
J'étais donc juste stressé et muet devant un Jimin qui choisit de s'amuser de mon manque d'expérience.

- Tu as peur que j'aie les mains baladeuses ? Demanda-t-il avec un petit sourire en coin.

Il me fit presque avaler ma salive de travers.

- Tu peux avoir les mains baladeuses, si c'est ce que tu veux...

- Ne fais pas cette tête, je veux juste dormir avec toi.

Il regagna encore un peu d'assurance, comme si celle que je perdais lui était petit à petit redistribuée, et il passa à côté de moi en déposant brièvement ses lèvres sur ma joue avant de filer vers ma chambre.

Je l'y suivis après l'avoir observé y entrer et je constatai qu'il se tenait déjà près du lit, face à une petite pile de vêtements qu'il devait tenir dans son dos à l'instant.

Il me jeta un petit regard embarrassé par dessus son épaule et je remarquai ses mains posées sur le tissu de sa tunique, comme prêtes à le tirer vers le haut.

- Tu peux te tourner ? Demanda-t-il.

- Je t'ai déjà vu au lac, fis-je remarquer, tu n'as pas à avoir honte de quoi que ce soit.

- Oui mais je dois aussi enlever le bas maintenant.

Mon rythme cardiaque fit une légère embardée pendant que je me tournai, me traitant mentalement d'imbécile.

J'étais à peine en position lorsque je remarquai que je faisais maintenant face à l'un des deux miroirs de la pièce, l'autre se trouvant dans l'alcove de la salle de bain.
J'ouvris la bouche pour le lui faire remarquer mais je fus coupé par son reflet qui venait d'achever de retirer son haut.

Je ne l'avais vu que de face l'autre fois.
Son dos n'était presque pas marqué, les traces noires qui parcouraient son corps léchaient légèrement ses flancs mais le reste de sa peau était pâle comme de la soie.

Ma seconde d'hésitation m'empêcha de dire quoi que ce soit, il aurait été trop gêné. Alors je m'empressai de fermer les yeux lorsqu'il fit tomber le bas, n'apercevant que momentanément le creux de ses reins.

Les frôlements de tissu derrière moi m'indiquaient qu'il venait de se déshabiller entièrement et je me plus à l'imaginer, à défaut de pouvoir ouvrir les yeux.

- Tu peux venir, souffla Jimin au bout d'une minutes.

Je me retournai et posai les yeux sur sa tenue de nuit. Elle était semblable à celle que je portais déjà, l'ayant enfilée avant d'aller dire bonne nuit aux Jung, se composant d'un pantacourt souple et d'un haut à manches courtes.

Il se sentait donc assez à l'aise et en sécurité pour laisser apparaître une partie de sa cicatrice.
Sans que je sache trop pourquoi, cette pensée me réchauffa la poitrine et je me mis à sourire.

- Qu'est-ce qui te rend si heureux ? Demanda le maître de l'eau en se glissant dans mon lit.

- Toi.

- Arrête d'être niais Yoongi, se plaignit-il avec un sourire jusqu'aux oreilles qui démentait son ton exaspéré, et viens te coucher.

Je ne me fis pas prier plus longtemps et vins me blottir sous ma couette, n'osant pas encore le toucher pour le moment.
Il ne semblait attendre que ça pourtant, suivant le moindre de mes faits et gestes du regard, mais quelque chose me tracassait depuis tout à l'heure.
Alors quand il s'avança dangereusement vers moi, je me lançai, prenant le risque de gâcher l'ambiance.

- Il te manque beaucoup ? Younghyun ?

Jimin s'arrêta avant de m'atteindre, mais il ne fronça pas les sourcils comme je m'y attendais. Il eut juste ce sourire triste qui s'épanouissait bien trop souvent sur ses lèvres à mon goût, surtout sachant à quel point un sourire sincère de sa part pouvait illuminer une pièce comme un soleil.

- Il me manque. Ça m'arrive encore souvent de pleurer en pensant à lui, comme tout à l'heure à l'Épiphanie, et de me sentir coupable de penser à quelqu'un d'autre. Mais j'ai accepté le fait que je ne pouvais pas retenir ce que je ressens, et qu'il aurait préféré que je ne reste pas seul trop longtemps.

- Tu me parleras de lui ? Soufflai-je après avoir doucement hoché la tête. Quand ça fera moins mal ?

Je voulais tout savoir de Jimin. Et si je voulais apprendre qui il était avant que la guerre ne ravage sa ville natale, qui avait fait partie de sa vie, Younghyun était un passage essentiel.

Il acquiesça rapidement, semblant chasser du même coup les pensées négatives que j'avais pu ramener avec mes questions, et il acheva son chemin jusqu'à moi, venant se blottir tellement naturellement dans mes bras que je me rendis à peine compte que je venais de l'enlacer.

Je n'avais jamais partagé mon intimité avec personne, je n'avais jamais été aussi proche de quelqu'un, pourtant je n'étais pas aussi gêné que j'aurais pensé l'être.
Mon coeur battait un peu vite j'étais un peu incertain, mais j'étais bien avec son corps réchauffant doucement le mien.

Il captura mon regard juste en battant des cils et me le vola, me rendant incapable de me détacher du sien.
Il me fit frissonner en posant sa main tiède sur mon cou brûlant et en se rapprochant encore de quelques centimètres, semblant attendre que je fasse le premier pas cette fois-ci.

Mes mains dans son dos l'attirèrent à moi encore un peu plus.
J'avais peur de le serrer trop fort mais tout son corps se colla au mien de lui même, entremêlant même nos jambes.

Alors plus rien ne me retins et je vins goûter sa bouche, fasciné par ses yeux se fermant juste avant les miens et de son expression de pure anticipation.

Sa prise sur ma nuque se raffermit sans pour autant devenir pressante, témoignant juste de son envie.
Son autre bras, replié entre nos deux poitrines, bougea légèrement pour permettre à ses doigts de se resserrer sur le tissu de mon haut.

Nos lèvres se cherchaient sans se presser, s'effleurant avant de fondre à nouveau sur celles de l'autre, puis refusant de se lâcher, se mouvant comme si elles ne voulaient faire qu'un.

Quand nos visages se séparèrent une énième fois, manquant de souffle, je vis que Jimin était déjà prêt à recommencer, mais je fus pris d'une envie soudaine et déposai mes lèvres sur sa joue, goûtant à la saveur douce de sa peau.

Il arrêta de bouger, m'observant en semblant se demander ce que j'étais en train de faire. Je me penchai à nouveau sur son visage, embrassant son front, ses paupières désormais closes, le bout de son nez, et tous les endroits que je pouvais atteindre.

Je voulais qu'il se sente aimé et protégé. Je n'étais pas très doué avec les mots, et même s'il me poussait à m'améliorer, je trouvais le message plus clair ainsi.
Je finis par déposer un dernier baiser sur ses lèvres, ce qui sembla le ranimer pendant quelques secondes avant que nous ne nous lâchions définitivement.

Il ouvrit à demi les paupières

- Ça veut dire que tu m'aimes et que tu vas rester avec moi ?

Mes lèvres échappèrent à mon contrôle et s'étirèrent sur un grand sourire qui contamina légèrement les siennes, encore gonflées et entrouvertes.
Pas besoin de mots, il avait parfaitement compris.

Je hochai doucement la tête et il ferma à nouveau les yeux, l'air fatigué, avant de me cacher son visage en l'enfouissant contre ma poitrine.

J'étais heureux.
Aucun de nous deux n'était parfait, nous avions fait des choses regrettables, et notre quotidien restait un peu compliqué entre ma maîtrise, mon frère, le passé récent chaotique de Jimin et ce fond de guerre au loin, qui grondait, menaçante, mais ça m'allait.
Je savais me contenter de peu, et oui, comme ça, j'étais heureux.

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C'était le chapitre cute avant de passer aux choses sérieuses :3

Prochainement, du sang, de la sueur, et des larmes.
Nan je déconne, pas tout d'un coup, on va y aller progressivement ^^

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