Dani était parti en colère et j'étais rentrée chez moi après plusieurs minutes à rester seule. Suzanne était chez eux, mais je ne savais même pas où il habitait ni ce qu'il y faisait exactement. Il m'avait dit que c'était un foyer pour ceux qui avaient des capacités particulières, mais je n'en savais pas plus et vu comment il était parti, il risquait de réfléchir à deux fois avant de me dire des choses.

Suzanne n'était pas rentrée mais David lui était installé dans le salon, le regard rivé sur l'écran de télévision, chose que je n'avais jamais vu auparavant.

- Eva tu es là, j'ai à te parler, dit-il en m'invitant à m'asseoir.

Je posai mes affaires et m'installai en face de lui.

- Alors cette sélection?

- J'ai été prise dans l'équipe, je m'entraînerai trois fois par semaine.

- C'est super! Ton père aurait été fier de toi tu sais? Il a toujours aimé nager, il disait que ça l'aidait à réfléchir.

Je ne dis rien ne comprenant pas où il voulait en venir. Il me parlait très peu de papa, il savait que ça me mettait dans tout mes états alors il évitait.

- Je sais que tu n'aimes pas parler de ta famille, mais il y a quelque chose que je dois te donner Eva.

Il marque un temps d'arrêt et croisa les doigts, signe chez David d'une grande nervosité.

- Tu sais lorsque l'incendie a eu lieu, avec Suzie, nous avons fais suivre votre courrier à la maison, commença t-il. Ton père avait l'habitude de faire parvenir un bouquet de douze rose blanches à ta mère chaque semaine je ne sais pas si tu te souviens, mais tu adorais rester devant le bouquet, c'était le seul moment où tu étais calme alors j'ai continué à payer jusqu'au jour ou tu as jeter le vase contre le mur et fais une des plus grosses colères que j'ai vu de ma vie, ajouta t-il avec un petit sourire.

A croire que ce souvenir le faisait rire... Je me souvenais vaguement des fleurs mais pas de la crise de colère que j'avais eu. Je ne l'interrompis pas, pressée de savoir où il voulait en venir mais surtout ce qu'il allait me donner.

- Depuis ce jour là j'ai arrêté la livraison de fleurs de ton père. Tu as eu une période très difficile, remplie de cauchemars nocturnes, de bagarres à l'école, tu refusais de parler et même de t'alimenter. Tu disais que ta peau te brûlait et tu te plongeais dans la baignoire ou sous la douche glacée pour t'apaiser. Le Dr Jones, tu te souviens le psy? Il nous expliquait que c'était lié à ce que tu avais vu, que c'était une réaction normale, que c'était lié au traumatisme que tu as vécu, mais Eva on avait vraiment l'impression que ta peau te brûlait, on a eu très peur avec Suzanne. Je sais que ça t'arrive encore même si tu ne nous dis rien, je te vois te précipiter dans la piscine parfois en pleine nuit.

Il s'arrêta et me lança un regard doux et compréhensif.

- Tu lui ressembles tellement tu sais, ton père serait si fier! Lorsqu'il a su que ta mère attendait un garçon et une fille, il était comme un fou, il me disait toujours: "Dave, je vais enfin avoir ma petite princesse, tu te rends compte? Elle sera belle, intelligente comme son père et elle nagera comme un poisson! Le premier mec qui l'approche je lui injecte de la toxine botulique et il disparaît de la circulation!" Je t'assure qu'il était sérieux en plus, dit-il en riant.

Je souris aussi, papa m'appelait toujours sa petite sirène et on passait du temps ensemble lorsqu'il était à la maison. Il me laissait même rester dans son bureau et observer son travail en m'expliquant chaque étape de ce qu'il faisait.

- Le jour de seize ans, nous avons reçu un paquet de la part de ton père.

Quoi? Je le regardai ne comprenant pas, j'avais eu seize ans l'année dernière et il ne m'avait jamais parlé de ce paquet! Je préférai garder mon calme, je voulais l'avoir et si je m'énervais, je risquais de le contrarier.

- Au début, on a cru à une blague, mais c'était son écriture et je me suis dis qu'il avait prévu depuis très longtemps de t'offrir ce cadeau. Je sais ce que tu es en train de te dire, qu'on aurait du te le donner et tu as raison, mais ton état était si inquiétant, qu'avec Suzanne, nous avons décidé d'attendre le bon moment.

Ce qui voulait clairement dire que c'était Suzanne qui refusait de me le donner, c'était toujours elle qui prenait les décisions, elle qui m'avait fait suivre par tout ces thérapeutes, elle qui avait décidé que je devais aller aux groupes de soutien, elle qui avait décidé de déménager ici, c'était elle qui commandait et Davis était si amoureux qu'il ne voyait rien. Comme quoi l'amour rendait vraiment aveugle, lui qui était la raison même, il se retrouvait complètement démuni face à sa femme.

- Il est temps que je te le donne maintenant, je pense que tu es prête. Ton arrivée ici a l'air de te faire beaucoup de bien, tu t'es fais des amis et tu t'es même inscrite au club de natation de ton lycée. SI j'avais su que ça te ferait autant de bien, j'aurai fais en sorte de partir plus tôt.

Il se leva et alla dans son bureau avant de revenir avec un paquet emballé dans du papier bleu roi et fermé avec un sceau qui datait de la mythologie. Papa l'avait trouvé dans une brocante et il me disait qu'il était magique et depuis, chaque cadeau qu'il me faisait était refermé par ce sceau. Vu la forme, c'était surement un livre, mais je ne voulais pas l'ouvrir devant David, je le pris donc et ramassai mes affaires avant de me diriger vers ma chambre.

- Eva, ne m'en veux pas s'il te plait. Suzanne ne sait pas que je t'ai donné ce cadeau, c'est moi qui l'avait depuis tout ce temps, ajouta t-il.

Je hochai la tête vaguement et m'enfermai dans ma chambre. Comment papa avait pu m'envoyer un cadeau l'année dernière alors qu'il était mort? Est-ce que ça voulait dire qu'il y avait un espoir? Est-ce qu'il pouvait être en vie quelque part? Est-ce que c'était ce que je devais comprendre? Je voulais tellement appeler Dani, mais au fond de moi, une petite voix me disait de ne pas le faire.

Je m'installai sur mon lit et ouvris délicatement le paquet, en prenant soin de ne pas trop abimer le sceau. David avait raison, c'était un livre, " La vie du Dieu Njörd" C'était un dieu de la mythologie nordique, de l'abondance, du vent et surtout de la mer. J'ouvris la première page pensant trouver un mot mais il n'y avait rien, juste le titre. Ce n'était pas dans les habitudes de mon père, il écrivait toujours un mot avec ses cadeaux, et je me souvins brusquement de ce qu'il avait l'habitude de faire.

Je pris une feuille et regardai a quel numéro de lettre de l'alphabet correspondait mon prénom: E: cinq V: vingt deux A: un, le total m'emmena à la page vingt huit et je trouvai un mot qui remplaçait une des pages du livre, le cœur battant à tout rompre.

" Eva ma petite sirène,

Si tu lis ce mot c'est que je ne suis plus là, et que très certainement ta mère non plus. Il y a tant de choses que j'aurais voulu te dire, tant de choses que j'aurais voulu t'apprendre, mais malheureusement je n'en ai pas eu le temps. Tu te souviens de notre projet secret? Il est la cause de ce message...

Tu te souviens du temps que nous avons passé ensemble dans mon bureau? Tu adorais rester avec moi, tu me posais des milliers de questions et j'adorais être celui qui avait une réponse à tout, ton vieux père était le héros de sa princesse et rien ne pouvait plus me combler.

Je ne sais pas ce qu'il se passe pour toi en ce moment, j'espère que tu es en sécurité. Dans ce livre tu trouveras les réponses, mais pour ça il faut que tu te souviennes, souviens toi de ce que je t'ai appris dur le décryptage, souviens toi de toute les fois où nous nous sommes amusés, souviens-toi Eva.

Ne garde pas ce mot, où que tu sois et surtout avec qui que tu sois, ne le garde pas. Je suis sure que tu trouveras, je le sais, tu es tellement intelligente...

Sache que je t'aime, j'ai tout fait pour vous protéger mais j'ai échoué. Ne fais confiance qu'à ton instinct et écoutes ton coeur, ta famille de sang Eva, juste ta famille de sang.

Tu dois être une jeune fille magnifique, tu auras la vie que tu mérite, et tu sauras tout...

Je t'aime et je veille sur toi, n'abandonne jamais et surtout souviens toi.

Ton père qui t'aime"

Je relus la page un nombre incalculable de fois dans un état second. Mon père savait qu'il allait mourrir... Il le savait, il savait aussi pourquoi, il savait que nous étions en danger et il avait préparé tout ça? C'était absurde. Comment pouvait-il savoir que je serai avec David et Suzanne? La seule réponse était que quelqu'un savait que nous étions en danger et cette personne était encore vivante. Je relus la lettre une nouvelle fois en enregistrant toutes les informations qu'il m'avait laissé avant de me débarrasser de cette page.

La première réponse que j'avais et qui, étrangement, me soulageait, était que l'incendie de la maison n'était pas un accident, si Dani était vivant, Adam et Isaac l'étaient peut être et si c'était à moi de trouver une partie des réponses, ils avaient les autres.

Je devais me souvenir, il fallait que je me souvienne et Dani était le seul à pouvoir m'aider. Malgré le fait que nous avions été séparé dix ans, je savais que je pouvais lui faire confiance, c'était mon frère, c'était mon sang.

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Hello,

Voici la suite, publié avec la suite d'Action ou Vérité.

Pour ceux qui attendaient la suite de l'Emprise, je n'ai pas eu le temps de l'écrire alors je la posterai demain ou mardi.

N'hésitez pas à laisser vos avis,

Bisous.