Chapitre 2

Point de vue Gabriel

Le supplice du déjeuner passé, je sortis une excuse bidon à mes amis pour appeler Colin, lui seul pouvait calmer la rage intérieure qui me consumait de plus en plus et surtout penser rationnellement.
Ils m'avaient menti, ils m'avaient menti et je ne savais pas pourquoi, tout ce que je savais c'était que Colin était le seul à qui je pouvais me fier, c'était mon frère, jamais il ne me trahirait.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive? dit-il sans prendre la peine de me saluer.

- Tu es seul?

- Oui, qu'est-ce qu'il y a Gabe?

- Je crois qu'Eva est vivante, lâchai-je.

Silence. Je le connaissais par coeur et ça voulait dire qu'il savait quelque chose à ce propos.

- Je le pense aussi, elle est scolarisée à St John's?

Il le pensait aussi? Est-ce que ça voulait dire que la conversation que nous avions entendu la concernait?

- Ouais, elle est arrivée aujourd'hui et je pense qu'elle m'a reconnu aussi...

Oui, elle m'avait reconnu, je l'avais compris lorsque nos regards s'étaient croisés. Notre lien, même s'il avait été coupé depuis dix ans, n'avait jamais cessé d'exister et notre connexion s'était immédiatement recrée, même si j'avais été odieux avec elle, en l'espace de quelques minutes, j'avais retrouvé une partie de moi.

- Ecoutes, il ne faut pas qu'elle y croit, pas avant que nous ayons le fin mot de cette histoire. Fait en sorte qu'elle ne t'approche plus, moi je vais intégrer le lycée, gagner sa confiance et voir ce qu'elle sait. En attendant on garde ça pour nous Gabe, tu sais que s'ils apprennent son existence, ils risquent de lui faire du mal, surtout s'ils ont des doutes, même s'ils ne devraient pas tarder à le savoir.

Je raccrochai sans lui répondre, je savais que c'était Eva, ma soeur jumelle soi disant morte dans l'incendie qui avait tué mes parents et mes frères Adam et Isaac. J'étais censé avoir tout oublié, et c'était ce qu'ils croyaient, mais mes souvenirs étaient là, enfouis mais clairs, et celui d'Eva était le plus fort.

Colin avait raison, elle ne devait en aucun cas croire que j'étais Dani, et j'allais faire en sorte qu'elle ne veuille pas en savoir en plus sur moi, pas avant de savoir pourquoi ils m'avaient menti...

                     *****************

Point de vue Eva

Ma première journée fut éprouvante, j'avais préféré ne pas passer plus de temps avec le groupe d'amis de Clarissa, ayant beaucoup de mal à supporter la présence de Gabriel qui me montrait clairement son rejet avec cette haine dans le regard à chaque fois qu'il m'avait surpris en train de le dévisager. J'avais attendu la fin de la journée avec impatience, il fallait que je m'aère l'esprit, même si mon instinct me criait que c'était Dani il fallait que je me rende à l'évidence. C'était impossible, j'avais assisté à l'enterrement de toute ma famille, enfin de ce qu'il restait de leurs corps, c'est à dire pas grand chose.

À la dernière sonnerie je rassemblai mes affaires précipitamment, faisant semblant de ne pas entendre Aisha m'appeler. Je courrai presque vers la sortie, et je ne fus soulagée que lorsque je fus devant ma voiture. J'avais repéré un parc pas loin de la maison, et un footing me serait plus que bénéfique.

- Eva.

Je retins mon souffle et me retournai pour lui faire face sans lever les yeux.

- Il faut que tu arrêtes de me regarder comme ça, commença t-il. Tu viens d'arriver et tu ne me connais pas, alors je vais être sympa avec toi et t'expliquer les choses tranquillement. Ne me regardes pas, ne me parles pas, ne pose pas de questions sur moi à mes amis. J'ai eu ma dose de fille folle et obsédée, je veux plus avoir à faire à ce genre de personne tu as compris?

Il avait dit ça d'une voix glaciale, et je pouvais à peine distinguer le bleu de ses yeux tellement ils étaient remplis de colère. J'étais blessée, je devais l'admettre, je me serais habituée au fait qu'il ressemblait à Dani et j'aurais voulu apprendre à le connaître, voir même à devenir son amie. Mon frère était la gentillesse incarnée, même s'il passait son temps à me faire des blagues je savais qu'il m'aimait, il me faisait toujours passer en premier, toujours. Et le regard que Gabriel me lançait n'avait rien de Dani, rien du tout.

- T'as compris où t'es une de ces groupies sans cervelles à qui il faut expliquer les choses plusieurs fois? cracha t-il.

Rien du tout. Ce mec était juste un connard qui se prenait pour le roi du lycée, le comparer à Dani était une insulte à sa mémoire. Je le dévisageai une dernière fois avant de monter dans ma voiture sans lui répondre, même si mon rythme cardiaque menaçait d'exploser. J'arrivai rapidement à la maison et montai enfiler mon maillot de bain pour faire quelques longueurs, la chaleur m'ayant dissuadée d'aller courir.

La seule chose que j'avais demandé à David et Suzanne lorsqu'il m'avait annoncé qu'on quittait Washington pour Houston et son climat torride, était que notre maison soit dotée d'une piscine. Le seul endroit où je me sentais libre c'était dans l'eau, je pouvais hurler sans que personne ne m'entende, je pouvais pleurer sans que personne ne s'en aperçoive, je pouvais m'échapper et surtout, ma peau ne me brûlait plus, j'étais libre.

Papa était un fan de natation, nous allions nager dés que son emploi du temps le permettait et on s'amusait comme des fous. Il était ingénieur et durant ses derniers mois, il passait son temps sur le projet qu'on avait appelé: " Poséidon". On adorait donner des noms à ses projets et ça avait toujours un rapport avec l'univers marin. Je me souvenais qu'il était préoccupé, il me disait qu'il pensait avoir trouvé quelque chose mais qu'il fallait être sur avant d'avancer quoi que ce soit.

Adam et Isaac étaient mes grands frères, ils avaient quinze et treize ans et étaient très proches, comme Dani et moi. Ils adoraient m'embêter et m'appeler Evil au lieu d'Eva soi disant parce que j'étais une véritable peste et que je faisais de leurs vies un enfer. Malgré tout ça, ils étaient aux petits soins avec moi, mes souvenirs n'étaient pas aussi clairs qu'avec Dani, mais je ressentais toujours leur tendresse envers moi.

Je restais sous l'eau assez de temps pour sentir mes poumons me brûler, parfois je voulais juste me sentir partir, c'était comme si je pouvais être plus proche de papa en agissant de la sorte, comme s'il était là.

Maman elle était une adepte de la course à pied, et j'avais suivi son rythme en courant cinq fois par semaine une heure. Au début, lorsque je rentrais d'une course, un souvenir me revenais et je m'empressais de l'écrire pour ne pas oublier, mais depuis plus d'un an, je ne me souvenais plus de rien et même ce que j'avais pu écrire était flou dans mon esprit.

- Eva?

Suzanne venait de rentrer, David avait surement dû lui dire que j'étais au courant du fait qu'ils aient parlé de ma situation au lycée. D'habitude elle rentrait toujours bien après David, autant dire que je passais souvent mes soirées seules et ça ne me dérangeait pas en soit. Je restais dans la piscine sans lui répondre et elle arriva quelques minutes plus tard.

- Eva, tu ne m'as pas entendu t'appeler?

- Si, répondis-je.

Elle soupira et s'installa sur une chaise longue avant de croiser les bras, signe qu'elle était agacée par mon attitude mais qu'elle ne voulait pas me contrarier.

- Tu es intelligente ma chérie, tu sais qu'il y a eu plusieurs incidents dans ton précèdent lycée et nous devions avertir le proviseur pour qu'il sache à quoi s'attendre, éventuellement, ajouta t-elle.

Effectivement je comprenais, mais je ne cautionnais pas. Certains élèves trouvaient drôles de me harceler de questions sur ma famille alors qu'ils savaient parfaitement que je n'avais plus personne, alors oui j'ai eu quelques crises de colères, mais je savais me contrôler maintenant.

- Très bien, mais si jamais tout le lycée l'apprend, ne viens pas te plaindre de mon attitude.

- Eva, personne ne l'apprendra, le proviseur nous l'a assuré. Peut être même que tu le diras toi même à tes futurs amis, d'ailleurs comment c'est passé ta première journée, tu as fais des rencontres?

- Non je suis arrivée dans un lycée désert Suzanne, il n'y avait que moi!

- Tu as le même humour que ton père tu le sais? Il rendait David fou avec ses réflexions désagréables mais ils s'adoraient, dit-elle nostalgique.

Elle adorait faire ça, me dire que ce trait de ma personnalité ou alors cette mimique me venait de mes parents, elle faisait ça gentiment mais ça me blessait plus qu'autre chose, parce que je savais que jamais je ne pourrai le constater par moi même.

- Demain, on m'a invité à passer la soirée au bowling, est-ce que tu es d'accord?

Elle ne cacha même pas sa surprise, elle me sondait pour voir si j'étais sérieuse ou non.

- Mais c'est génial! Bien sur que tu peux y aller, je ne pensais pas que tu ferais des efforts aussi vite lorsque tu nous as promis d'essayer.

Bon, c'était vrai que je n'avais pas fais de sorties avec d'autres jeunes depuis le lycée, mais de là à s'extasier comme si j'avais découvert un remède miracle... Je me remis à nager pour mettre fin à notre discussion, je savais qu'elle allait me poser des questions sur les élèves que j'avais rencontré et je savais de tout mon être, que je ne devais pas mentionner Gabriel. Pourquoi? J'étais incapable de le dire, je le savais c'est tout.

                                                     * ******************

Je me réveillai en sursaut une nouvelle fois, jetant un œil à mon portable pour constater qu'il était quatre heure et demi du matin. Toujours le même cauchemar, mais cette fois ci, je hurlais le nom de Dani et je voyais son corps brûler sous mes yeux, sans que je ne puisse réagir. Je ne pouvais pas bouger, c'était comme si mes pieds étaient collés au sol, comme si j'étais paralysée.

Je descendis doucement et Alfred était déjà là, il préparait des muffins et des cookies.

- Vous êtes bien matinale Mlle Blake, dit-il avec un sourire.

- Vous pouvez m'appeler Eva? J'ai à peine dix sept ans.

- Je peux vous appeler Eva, par contre vous pouvez m'appeler Freddy, répondit-il avec un clin d'œil.

Il me servit un verre de jus d'orange

- Vous voulez goûter un muffin?

- Non merci, comment avez-vous atterri ici? En général Suzanne fait passer des dizaines d'entretiens avant de laisser quelqu'un travailler dans sa maison.

- Je connais Suzie depuis qu'elle est enfant, j'ai travaillé pour ses parents à Washington et je me suis installé il y a cinq ans ici pour être proche de mes enfants. On va dire que nous avons trouvé un arrangement, je travaille quelques heures le matin ici, je m'occupe de la cuisine essentiellement et l'après midi je peux prendre soin de mes petits enfants.

Papa et Suzanne étaient amis d'enfances, alors peut être qu'il connaissait mon père.

- Vous connaissiez mes parents?

- Oui, Victor et Diana étaient adorables, ils s'aimaient tellement, tout le monde admirait leur couple, et pourtant leur union n'était pas gagné d'avance! dit-il avec un sourire.

- Pourquoi? dis-je curieuse.

- Les parents de Victor étaient très attachés au rang social et Diana était une simple roturière, pourtant il s'est beaucoup battu pour qu'elle soit acceptée, il n'a jamais lâché et...

Il s'arrêta de parler, David était en train de descendre les escaliers, déjà habillé et prêt à partir travailler.

- Eva? Tu es déjà debout?

Je lançai un regard à Alfred qui était retourné à ses fourneaux, me faisant comprendre que notre discussion se poursuivrait plus tard.

- Oui, je vais aller courir surement, s'il ne fait pas trop chaud, sinon j'irai demain.

- Très bien, passe une bonne journée et surtout une bonne soirée avec tes camarades! lança t-il en prenant son thermos de café.

Il s'en alla et Alfred ne semblait plus disposé à parler, peut être qu'il n'était pas censé le faire? Je ne voulais pas insister au risque de le braquer et de détruire toutes mes chances d'en apprendre plus sur l'histoire d'amour de mes parents. Mes grands parents paternels étaient décédés et les parents de ma mère je ne les avais jamais connu, elle disait qu'ils vivaient en Europe et qu'elle n'avait plus de contact avec eux depuis qu'elle les avait quitté.

Je me préparai pour le lycée une boule au ventre, j'appréhendais beaucoup de revoir Gabriel, je ne savais pas comment il allait réagir après ce qu'il m'avait dit hier. Si ça avait été n'importe quel autre garçon je l'aurai remis à sa place mais là, je ne savais pas, je ne voulais pas être méchante, même s'il avait été un vrai con, je ne pouvais pas et je ne pourrais pas.

La journée fut plus agréable que je ne le pensais, la bonne humeur de Clarissa était vraiment communicative et je n'avais même pas besoin de me forcer pour sourire. Peut être que David et Suzanne avaient raison, peut être qu'un nouveau départ était ce dont j'avais besoin, une nouvelle ville pour une nouvelle vie. La fin de la journée arriva très vite et Clarissa et Aisha m'attendaient:

- Eva! Tu peux passer prendre tes affaires chez toi et on se préparera chez moi? Je te donne mon adresse et tu viens pour 18h? On mangera directement là bas!

- D'accord, mais vous habitez où?

- De l'autre côté de la ville, dit Clarissa en rougissant.

- Vous voulez que je vous dépose? proposai-je.

- On voudrait pas te déranger, tu sais on habite pas dans un quartier super comme le tien, ça te fera un détour...

- Et alors? On s'en fiche, je vous dépose et si vous voulez on peut aller chez moi, le bowling n'est pas très loin, ce sera plus simple.

Aisha semblait agacée par ma proposition, j'avais l'impression qu'elle pensait que j'avais pitié d'elle.

- Enfin c'est vous qui voyez, ajoutai-je.

Finalement elles acceptèrent et je fus soulagée, c'était la première fois que je me rapprochais de filles de mon âge et je ne voulais pas créer de tension, j'avais juste goûté à deux jours de socialisation et j'avais apprécié. Nous passâmes chez elles et elles prirent quelques affaires en me présentant à leur famille présente et nous allâmes chez moi.

- Waw! lâcha Clarissa en regardant la villa. Ta maison est géniale!

Je ne répondis pas, je n'aimais pas trop la villa, elle était beaucoup trop voyante à mon goût, trop luxueuse, personne n'avait besoin de tout ça, même si j'appréciais certains côtés comme la piscine, je devais l'admettre.

- Vous vivez à combien là dedans? demanda Aisha.

- Juste trois, je vis avec David et Suzanne, c'est leur maison.

Aucune des deux n'osa poser la question, et je ne fis pas l'effort d'aborder le sujet. Je leur fis visiter rapidement et nous montâmes dans ma chambre pour nous préparer. Aisha était tout en retenue contrairement à Clarissa qui montrait son émerveillement sans gêne, pourtant je pensais que je serais plus proche d'Aisha, elle était beaucoup plus discrète et j'aimais sa retenue. Nous arrivâmes au bowling et tout le groupe était déjà présent y compris Gabriel qui riait aux éclats devant un de ses amis qui faisait le pitre, pourtant lorsqu'il croisa mon regard son visage se ferma et son sourire disparu. Je saluai tout le monde en plaquant un sourire forcé sur mon visage et même lui qui ne prit pas la peine de me répondre. La soirée était vraiment amusante et je découvrais que j'étais une joueuse de bowling hors pair, la dernière fois remontant à mon enfance. Tout le monde était sympa avec moi, ils faisaient en sorte de m'intégrer aux discussions même s'ils avaient remarqué que Gabriel ne m'adressait pas la parole et je ne rentrai qu'après avoir été boire un dernier milkshake et déposé Aisha et Clarissa chez elles. Pour la première fois depuis aussi loin que je m'en souvienne, je m'endormis très vite...

*****************

Le cours de littérature fut interrompu par le proviseur qui entra dans la classe de Mr Robins suivi d'un garçon.

- Bonjour, je vous présente Colin Cooper, accueillez-le comme il se doit et comme le requiert St John's.

Il avait la même phrase pour chaque nouvel élève? Incroyable...

- Bonjour Colin, je suis Mr Robins, parlez nous un peu de vous.

Colin regarda la salle avant de parler.

- Je m'appelle Colin, j'ai dix-sept ans et je viens de Washington.

- Tiens donc comme Eva! Elle est arrivée lundi, d'ailleurs vous allez vous installer près d'elle, il y a une place de libre. Je vais éviter de poser plus de questions, j'ai eu l'impression que c'était agaçant pour certaines personnes..., ajouta t-il en me souriant.

Colin me chercha du regard et me sourit chaleureusement avant de venir s'installer près de moi.

- Salut, enchanté Eva, chuchota t-il.

Je lui souris brièvement et me concentrai sur le cours. Je sentais le regard de Colin de temps en temps, mais n'y prêtais pas attention mal à l'aise. La sonnerie retentit annonçant la pause déjeuner et il se tourna vers moi toujours avec ce sourire agaçant.

- Excuse moi, est-ce que tu penses que tu pourrais me dire où se trouve le self? J'espère que ce qu'on dit sur le Texas est faux, et qu'on ne va pas se retrouver à manger des burritos tous les jours!

Il se croyait drôle?

- Tu sais que c'est limite ce que tu dis? T'insinue quoi en disant que les texans mangent des burritos tous les jours? Et en quoi ce serait dérangeant si c'était le cas, t'as un problème avec la cuisine mexicaine?

- Eh redescends! C'était une blague, et je suis latino par ma mère alors respire!

Je ne répondis pas et me dirigeai vers le self pour rejoindre Clarissa et les autres. Je m'installai avec mon plateau lorsque j'entendis la voix de Clarissa exactement comme ça avait été le cas il y a deux jours pour moi.

- Bonjour! Tu es Colin Cooper, je m'appelle Clarissa et je te souhaite la bienvenue! Tu viens manger avec nous?

Non mais je rêvais! Elle était comme ça avec tout le monde? C'était pas possible, à moins qu'il y ait très peu de nouveaux élèves ici, je ne pouvais pas croire qu'elle faisait tout le temps ça. Bien sur Colin accepta et suivit Clarissa dans la file pour se servir.

- C'est ma place.

Je levai les yeux et croisai le regard noir de Gabriel.

- Gabriel! Arrêtes, viens t'asseoir ici! le réprimanda Aisha comme si c'était sa mère.

Il ne bougea pas et se contenta de me regarder, pensant surement que j'allais être intimidée, ce qui n'était pas du tout le cas. Je ne bougeai pas et continuai de manger en l'ignorant.

- Quoi t'es sourde en plus d'être idiote? continua t-il.

- Eh mec, arrêtes il y a plusieurs place libre juste choisis en une, intervint Colin qui venait d'arriver.

Il se dévisagèrent quelques secondes.

- T'es qui toi? cracha Gabriel

- Colin Cooper.

Gabriel l'ignora et me regarda de nouveau.

- Ecoutes je sais pas comment tes parents t'ont éduqué, ils ont dû rater certaines choses à ce niveau, mais quand une place est attribuée à quelqu'un, on a la décence de s'installer ailleurs!

Je sentis littéralement mon sang bouillir, je me levai brusquement pour lui faire face et lui lancer un regard assassin les poings serrés, il n'avait pas le droit. Le silence à la table me permettait presque d'entendre les battements de mon coeur, j'étais capable de me maîtriser, j'en étais capable. Il ne fallait pas que je devienne violente, pas maintenant que je savais que je pouvais trouver ma place quelque part. Je lui balançai mon verre d'eau au visage, et sortis du self en le bousculant violemment. Respire Eva, respire, il fallait que je respire, mes pas me dirigèrent sur le terrain de sport et je m'installai sur les gradins.

Inspirer pendant trois secondes, expirer.

Inspirer pendant trois secondes, expirer.

Je n'arrivais pas à ralentir les battements de mon coeur.

- Eva?

Colin Cooper se tenait face à moi et me regardait sans que je ne perçoive de pitié dans ses yeux, c'était la première personne qui me regardait normalement pendant un moment pareil.

- Je peux m'asseoir.

Je ne répondis pas et il s'installa à côté de moi en veillant à ne pas me toucher.

Inspirer pendant trois secondes, expirer.

- C'est vraiment un sale con ce mec, il ne mérite même pas que tu accordes de l'importance à ce qui sort de sa bouche!

Il ne dit plus rien et se contenta de rester à côté de moi en silence, et je me surpris à apprécier cette présence silencieuse, la solitude que je ressentais me semblant moins douloureuse...

          *********

Hello,

Voilà la deuxième partie avec un peu de retard, j'ai eu beaucoup de boulot cette semaine.

Alors qu'est-ce que vous en pensez? Des avis svp, c'est vraiment une histoire qui me tiens à coeur, alors j'essaye de la travailler au mieux.

Merci ❤❤

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