Chapitre 11
Je m'apprêtai à ouvrir ma poupée lorsque de légers coups retentirent contre ma vitre, je me retournai vers la fenêtre et vis Colin sur le balcon de ma chambre. Je fus soulagée car j'allais enfin avoir des nouvelles de Dani, je lui fis signe d'entrer et il ouvrit la baie vitrée. Après quelques secondes de silence et son regard rivé sur mes blessures, il passa un appareil un peu partout dans ma chambre et il parla enfin.
- Bonjour Eva, je vérifie si on ne nous surveille pas.
Il pensait que Suzanne était capable de mettre des micros ou des caméras dans ma chambre? Cette probabilité ne m'avait jamais traversé l'esprit.
- Bonjour.
- Comment tu te sens? hasarda t-il sans me regarder.
- Entre se faire renverser par une voiture et se faire étrangler par le meilleur ami de son frère, je crois que les deux situations se valent, mais je me sens bien, dans ce cas précis je ne peux pas avoir peur de quelqu'un que je ne connais pas n'est-ce pas? ne pus-je m'empêcher de répondre avec sarcasme.
Il me lança un regard assassin mais ne fit aucune remarque.
- Comment va Dani?
- Parle moins fort, tu n'es pas seule dans la maison, dit-il calmement.
- Réponds moi, je t'ai appelé une dizaine de fois et tu n'as pas répondu, et David ne montera pas dans ma chambre.
- Je suis venu directement après avoir vu que tu avais décidé de me harceler!
- C'est normal, j'ai passé une semaine à l'hôpital et je n'ai eu aucune nouvelle de lui! Quel autre option j'avais?
Il ne dit rien et regarda les seules photos agrandies de ma famille qui tapissaient un des murs de ma chambre.
- Vous aviez l'air très heureux, fit-il remarquer d'une voix lointaine.
J'avais l'impression qu'il ne me parlait pas vraiment, c'était la première fois que je le voyais sourire avec un air nostalgique.
- Gabriel va bien, tu comprends qu'il ne pouvait pas te contacter ni venir te voir, ils ne sont encore surs que vous vous êtes reconnus. J'ai eu beaucoup de mal à l'empêcher de venir te voir, j'ai dû user de... persuasion, dans votre intérêt à tout les deux.
- Depuis quand mon intérêt t'intéresse? Et qu'est-ce que tu entends par persuasion, tu lui as fais du mal?
- Même si je le voulais, je ne pourrai pas, il est beaucoup plus fort que moi, dit-il en riant. Il m'a demandé de venir te voir, alors je l'ai fais, mais si tu veux que je m'en aille, je peux partir Eva.
Il était sérieux, et malgré l'animosité que je ressentais envers lui, je ne voulais pas qu'il s'en aille.
- Est-ce que tu sais qui est la personne qui m'a renversé? Suzanne dit que la police travaille dessus, mais est-ce que tu penses que ça a un rapport avec ce que j'ai appris? Est-ce que je peux mettre mon frère en danger?
Il me regarda étrangement et s'installa sur le bord de mon lit.
- Non je ne sais pas. Tu penses que Gabe peut être en danger à cause de l'accident que tu as eu? C'est tout ce qui t'inquiètes?
- Je ne veux pas qu'on lui fasse du mal, je ferai tout ce qu'on me demandera si ça peut l'épargner.
- Ne fais jamais ça Eva! Il est capable de se défendre seul, et cette volonté de vouloir se protéger et se sacrifier l'un pour l'autre va finir par vous porter préjudice.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles! Tu n'as pas de frères et soeurs apparement alors tu ne peux pas comprendre!
Il attrapa ma main valide et la serra fortement, le souffle rapide et le regard fou.
- Je sais exactement de quoi je parle, alors ne redis jamais ça!
Je ne pouvais pas bouger les bras alors je lui envoyai un coup de pied avec ma jambe valide dans le ventre.
- Lâche moi!
Il attrapa ma jambe et se mit à califourchon au dessus de moi en me bloquant les bras sans me faire mal pour autant.
- Sors de ma chambre, dis-je calmement malgré les battements de mon coeur qui étaient passés du point mort à la sixième vitesse.
- Ne refais plus jamais ça Eva...
- Tu as le droit d'essayer de me tuer et de me faire mal alors que je suis blessée et je n'ai pas le droit de me défendre? Je le répéte sors de ma chambre, tu m'as donné des nouvelles de Dani tu peux partir maintenant.
Il ne bougea pas d'un millimètre et me força, alors que je ne voulais pas, à le regarder dans les yeux. Ses cheveux étaient bruns, tirant vers le noir et ses yeux étaient noisettes, un beau noisette avec des reflets presque dorés. Pourquoi est-ce que ce sentiment étrange me traversait? J'avais l'impression qu'il voulait à tout prix lire en moi et j'étais de plus en plus mal à l'aise, je manquais d'air lorsque ses yeux dérivèrent vers ma bouche.
- Dina, murmurai-je.
Il cligna des yeux plusieurs fois avant de me regarder de nouveau.
- Quoi?
- Dani veut que je regarde dans ma poupée, c'est le seul message que papa lui a laissé, elle est là, à côté.
Il ne bougea pas pendant un temps qui me parut durer une éternité, et finit par me lâcher doucement et se redresser en évitant de me toucher. Il prit ma poupée et la déchira comme si c'était une feuille de papier, en évitant mon regard. Je dus moi même reprendre mes esprits pendant quelques secondes avant de regarder le contenu de ma poupée.
Comme je le pensais, ce n'était pas un rembourrage acrylique, mais un tissu en coton roulé en boule de sorte à ce qu'on croit que c'était un rembourrage classique. Je pris le tissu des mains de Colin et coupai les coutures pour pouvoir le déplier. Il n'y avait rien dessus, mais je me souvenais des messages invisibles que papa laissaient quand j'étais enfant. Je me souvenais vaguement des différentes façons possibles de faire apparaître ces messages, mais après tout ce temps, je ne savais pas si ça allait donner quelque chose.
- Tu penses aussi qu'il y a un message caché? me demanda t-il.
J'hochai la tête sans le regarder.
- Je vais m'en occuper, je vais trouver le message, Dani ne veut pas que je lui dise ce qu'il y aura, et avec ce qu'il vient de se passer, je préfère l'écouter, dis-je gênée.
- Très bien... Alors je vais y aller, tu devrais cacher ce que tu viens de trouver, on ne sait jamais.
- Je peux pas vraiment me déplacer alors je vais le ranger dans mes vêtements.
- Ce n'est pas sur, il y a peut être ce qu'ils cherchent depuis toujours sur ce bout de tissu Eva... Je peux le garder si tu veux, je te promets que je te laisserai découvrir le message, ajouta t-il.
Je ne le comprenais pas, il y a quelques minutes il me faisait mal, et maintenant il était doux comme un agneau, il était complètement malade. Malheureusement, je n'avais personne d'autre à qui le confier et en qui j'avais confiance, malgré tout, je savais qu'il ne ferait rien qui porterait préjudice à Dani. Etant donné mon état, mieux valait que je lui laisse...
- D'accord, dis-je en lui tendant le tissu.
- Ça ne va pas paraître étrange que tu n'aie plus ta poupée? Tu as l'air d'y tenir...
- Je vais trouver une explication.
Il resta un moment, il semblait vouloir me dire quelque chose et j'avais peur qu'il fasse référence au moment que nous avions eu, j'étais gênée et je voulais juste oublier. Je ne devais pas zapper le fait qu'il avait essayé de me tuer et qu'il était dangereux.
- Quel âge as-tu? demandai-je en pensant à ce qu'il m'avait dit lorsque je l'avais suivi.
" Je ne suis pas un gamin de seize ans"
- J'ai dix huit ans.
- Qu'est-ce que tu fais au lycée alors? Comment tu as pu l'intégrer aussi facilement? continuai-je.
Si je voulais avoir des réponses, il fallait que je les pose tout de suite, tant qu'il était dans de bonnes dispositions.
- Notre organisation est vaste et elle a des membres partout. Au début, j'étais là pour me rapprocher de toi et essayer de savoir ce que tu savais de Gabe, et puis je suis resté pour le surveiller.
Il disait notre comme s'il croyait en ce qu'il faisait, je décidai néanmoins de ne pas faire de remarques.
- Tu avais l'intention de me manipuler?
- J'avais l'intention de tout faire pour protéger l'identité de ton frère.
C'était un oui à peine déguisé.
- Est-ce que c'est toi qui a pris mes carnets?
Il me regarda surpris, puis sembla réfléchir quelques secondes.
- Non, ce n'est pas moi.
J'avais peut être fais une erreur en lui donnant ce que j'avais trouvé, malgré les doutes que j'avais, le fait que Dani lui fasse confiance aveuglement réussit à me dire que j'étais peut être paranoïaque.
- Merci d'avoir répondu à mes questions.
- Il faut que je te dise quelque chose Eva.
Il ne me regardait toujours pas dans les yeux, ce qui ne me rassura pas du tout.
- C'est Dani?
- Non, ça te concerne, enfin toi et moi, ajouta t-il.
- Qu'est-ce qu'il se passe?
- Marc veut que je te séduise et que j'essaye de te soutirer des informations. Il a demandé à Suzanne mais elle n'est pas d'accord apparement... C'est la raison pour laquelle elle a fait en sorte de te présenter Fitzgerald.
Liam? Mais de quoi parlait-il? Il était censé devenir mon petit ami pour essayer d'avoir des informations? C'était hors de question!
- Est-ce que Dani est au courant?
- Non! s'empressa t-il de répondre. Il me tuerait s'il le savait, mais je voulais te le dire... Je pense que ça pourrait te protéger, Marc me fait confiance.
- De quoi il s'agit? Qu'est-ce qu'ils cherchent?
- Je ne sais pas vraiment, tout ce que je sais c'est que c'est quelque chose de militaire et que la formule que ton père a crée et caché est la clé de tout le projet.
- Pourquoi ne pas user de la force alors? Pourquoi tous ces mensonges, cette manipulation, ces meurtres? Je ne comprends pas... Ma famille est morte pour une formule...
Mes larmes coulaient à présents, c'était complètement insensé!
- Pourquoi papa n'a pas donné cette formule au lieu de sacrifier tout le monde pour ça?
- Eva, si ton père n'a pas donné la formule c'est parce qu'elle risque de détruire des milliers de vies. Et tout ce que Marc sait c'est qu'il a laissé à ses enfants, comment on ne sait pas, mais vous êtes la clé.
- Et tu cautionnes ça!
- Je n'ai pas le choix...
- On a toujours le choix! Tu es comme eux, prêt à tuer pour une formule!
- Je ne voulais pas te faire de mal, pardonnes-moi s'il te plait.
- Sors d'ici, dis-je en ne pouvant arrêter mes larmes. Non! Ne m'approche pas et va t-en!
- Eva, si tu acceptes tu auras accès à des documents qui pourront peut être t'aider toi et Gabe...
Je me retournai pour ne plus le voir et pleurer en silence. Je sentis sa main carresser mes cheveux et la baie vitrée s'ouvrir et se refermer.
Tout se résumait à la mort, papa avait crée une formule pour tuer et ça avait valu le sacrifice de toute notre famille, sauf Dani et moi...
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