Chapitre 10

J'entendais vaguement ce qu'il se passait autour de moi.

- Dégagez! Ne la touchez pas, Eva? Tu m'entends Eva?!

C'était la voix de Liam, c'était aussi lui que j'avais entendu avant de sentir les deux impacts, le premier contre la voiture, et le second, violent, sur le bitume.

- L'ambulance arrive, tu vas t'en sortir Eva!

Cette voix larmoyante était celle de Clarissa, il me semblait avoir entendu celle d'Aisha également, mais la seule personne que je voulais entendre était Dani. Je me sentis manipuler, une minerve posée, une perfusion puis plus rien.

Je me réveillai de nouveau et cette fois ci sur un lit d'hôpital. Chaque détails de mon accident étaient clairs, et la première question qui me venait à l'esprit était de savoir où était la personne qui m'avait renversé. J'avais mal à l'épaule, au genou, au bras et sur le côté droit de mon visage, qui avait frotté le sol lorsque j'étais retombée. J'avais légèrement mal lorsque je respirais, mais rien d'insupportable, juste bras et la jambe droite dans le plâtre.

La porte de ma chambre s'ouvrit et Suzanne entra, les yeux rougis par les larmes.

- Eva ma chérie... Tu es réveillée, est-ce que tu as mal? Je vais t'examiner! Je n'arrive pas à croire qu'on t'a renversé et que cette personne a pris la fuite! J'ai demandé toutes les vidéos du parking extérieur du lycée, c'est insensé! Oh mon Dieu Eva...

Elle me serra dans ses bras avant de me lâcher presque instantanément.

- Tu as mal, je suis désolée, laisse moi t'examiner...

Elle était complètement dévastée, je ne pensais pas qu'elle serait dans cet état et je fus troublée. Suzanne n'était pas du genre à montrer ses émotions, surtout lorsque ça la montrait aussi faible. David entra quelques minutes après, il me regarda quelques secondes et soupira de soulagement, mais il était en colère et sa colère était dirigée vers Suzanne. J'avais l'impression qu'il voulait lui parler alors je fermai les yeux en feignant de dormir après lui avoir légèrement souri. Je l'entendis s'installer sur le bord de mon lit et prendre délicatement ma main en la caressant.

Le silence dura environ quinze minutes avant que David ne le brise d'un murmure.

- Jamais je ne te le pardonnerai...

- Ce n'est pas de ma faute! siffla Suzanne.

- Une fois qu'elle sera rétablie, je demanderai le divorce et je l'emmènerai avec moi, loin de toi!

Le divorce? C'était impossible, David était fou de Suzanne...

- Tu n'as pas le droit! Tant qu'elle est avec moi, elle est en sécurité, si jamais tu pars, je ne pourrai plus rien faire pour elle, c'est ma fille, je l'aime!

Suzanne était donc réellement impliquée dans toute cette histoire, même si je le savais, l'entendre était différent, pourquoi?

- Ce n'est pas ta fille, c'est la mienne, c'est moi qui aie sa garde légalement pas toi! Je n'aurai jamais du te croire, tu as menti sur toute la ligne, et voilà le résultat, à cause de toi on a essayé de la tuer!

- Parle moins fort, tu vas la réveiller et ne me menace pas, tu sais de quoi je suis capable David...

- Tu oses me menacer? Tu sais aussi que si jamais tu essayes quelque chose contre moi je te nuirai avec plaisir, à toi et à tous les fanatiques qui font partis de ta secte! Maintenant sors d'ici, je voudrais veiller ma fille.

- Ce n'est pas une secte...

- Sors d'ici Suzanne.

Secte, tentative de meurtre, tout ça pour une formule? La porte claqua et David me caressa les cheveux.

- Eva, je suis tellement désolé, si j'avais imaginé une seule seconde...

Il s'arrêta lorsque la sonnerie de son téléphone retentit et il sortit de la pièce. Mon accident avait à voir avec Suzanne et les personnes qui retenaient Dani et Colin...
David en savait beaucoup plus que je ne le pensais et une partie de moi fut soulagée de savoir qu'il n'était pas d'accord avec ce qu'il se passait. Ma vie était menacée et apparement même Suzanne n'avait aucun contrôle dessus, il fallait absolument que je vois Dani et que je lui parle. Les règles, que je ne connaissais pas, avaient changé et si j'étais en danger peut être qu'il l'était aussi. Est-ce qu'il savait que j'avais eu un accident? Est-ce qu'il s'inquiétait? Est-ce qu'il allait bien, si on avait essayé de me faire du mal peut être qu'on avait essayé de lui en faire aussi? Il fallait que je le contacte, il fallait que je le vois.

J'étais restée une semaine à l'hôpital par ordre de Suzanne et j'avais eu la visite de mes amis mais ni Colin, ni Dani n'était venu. L'inquiétude me rongeait, je ne pouvais demander de leurs nouvelles à personne, j'avais trop peur que ça leur nuise.

Le jour de mon retour à la maison, je pus enfin récupérer mon téléphone et malgré ce qu'il m'avait fait et la peur que je ressentais lorsqu'il était près de moi, je n'avais d'autre choix que d'appeler Colin. Après des dizaines de tentatives et au risque de me faire envoyer balader pour harcèlement, je lui envoyai un message en lui demandant de me rappeler.

Ma dernière conversation avec Dani avait été riche  et il m'avait dit que... Ma poupée! Comment avais-je pu oublier de regarder ma poupée, c'était la dernière chose qu'il m'avait dite, il pensait que Dina contenait des réponses. Je ne pouvais pas beaucoup me déplacer avec mes plâtres, mais je devais le faire. David s'occupait de mes repas, il m'avait dit qu'il avait pris quelques jours de congés, pour la première fois depuis des années, afin de rester avec moi.

Ma poupée était au fond de mon placard, dans mon coffre à souvenirs, celui dans lequel j'avais mis mes carnets, mais elle n'avait pas disparu. David frappa à ma porte au moment où je m'apprêtai à essayer de me lever.

- Coucou Eva, je t'apporte un goûter, des cookies et un délicieux chocolat chaud, tu sais celui que tu voulais toujours boire il y a quelques années?

J'avais été tellement injuste avec lui, et la conversation que j'avais entendu à l'hôpital n'aidait pas. Suzanne et lui savait surement qui m'avait renversé... J'étais sure que je pouvais obtenir des réponses de sa part, j'en étais persuadée, s'il voulait divorcer, c'était que la situation était grave. Il fallait que je joue à un jeu que je maîtrisais parfaitement, surtout avec eux, la manipulation.

- Merci David, répondis-je avec un sourire.

- Comment tu te sens? Tu n'as pas de migraine? Les médecins ont dit que ça pouvait arriver, j'ai un traitement pour, ajouta t-il.

- Non ça va pour l'instant... Tu sais que je vais louper ma première compétition de natation? Le coach Rivers est persuadée que je peux battre tous les records.

- Je suis sur que tu le feras, dans quelques semaines tu pourras de nouveau nager, et je serai au premier rang avec une banderole, rit-il.

- Je ne sais pas si je veux nager de nouveau, je pensais que le faire me ferait me sentir plus proche de papa, mais ce n'est pas le cas...

Il s'allongea à mes côtés sur le lit et me prit la main.

- Ton père aurait adoré te voir nager, il disait à qui voulait l'entendre au labo que tu étais la meilleure nageuse de la ville! Ton père était un homme bien et tu lui ressembles beaucoup Eva...

- Est-ce que tu crois qu'il serait fier de moi aujourd'hui? Je n'ai rien fais de ma vie, et pourtant je sais qu'il voulait de grandes choses pour nous tous, mais je me sens tellement seule... Je me demande comment ma vie aurait été si Adam, Isaac et Dani étaient en vie...

- Ton père... Victor a été un homme comblé le jour ou Diana a donné naissance à une petite fille. Les médecins étaient persuadés que c'était des jumeaux, deux petits garçons, alors quelle surprise lorsque tu as pointé le petit bout de ton nez! Tu hurlais plus fort que ton frère Daniel, tu étais plus forte que lui, plus maligne, plus joueuse, mais tu ne faisais rien sans penser à lui. Victor ne jurait que par toi, tu étais sa huitième merveille du monde, Diana le taquinait toujours à ce sujet, elle lui disait que tes frères finiraient pas être jaloux, mais ils t'adoraient aussi, tu étais le rayon de soleil de la famille.

Ses paroles me touchèrent en plein coeur, j'avais commencé à aborder le sujet pour l'attendrir, et préparer le terrain, mais ce qu'il me disait me touchait profondément. J'imaginais une maison pleine de rire, de cris, de pleurs, de danse, de jeu, de petits plats, d'amour, j'imaginais ma famille. Celle qui était morte à cause de Suzanne...

- Tu penses que la police va retrouver la personne qui m'a renversé?

Il soupira longuement et mit quelques secondes à me répondre.

- Avec les caméras devant l'établissement ils ont pu avoir la plaque, on attend de leurs nouvelles. Ils font leur maximum.

Une plainte avait été déposé malgré la situation, je savaisque c'était pou se couvrir aux yeux des gens.

- Pourquoi vous n'avez jamais eu d'enfants Suzanne et toi? demandai-je.

- Suzanne n'a jamais voulu d'enfants, dit-il l'air pensif.

Suzanne n'avait jamais voulu d'enfants, c'est pour cette raison qu'elle n'avait eu aucun scrupule à brûler vif des innocents... David avait dû beaucoup insister pour qu'elle accepte que je vive chez eux, pourquoi avait-elle accepté d'ailleurs si ce n'était pour m'avoir à l'oeil?

- Elle t'aime beaucoup, à sa manière, mais elle t'aime Eva...

Je ne dis rien pendant quelques secondes, quel genre d'amour me portait-elle si ce n'était un amour malsain?

- Est-ce que tu peux aller dans mon dressing, il y a une trappe sur le sol et une boîte à l'intérieur tu veux bien me l'apporter?

Il se leva et m'apporta la boîte quelques secondes après. Je l'ouvris et fut soulagée de voir ma vieille poupée de chiffon, je la posais sur le lit et sortis les photos qu'il y avait.

- Regarde, tu te souviens de ce jour là? C'était nos premières vacances à Hawai, vous étiez venus avec nous, papa avait cet horrible short à fleurs, tu te souviens?

Il prit la photo et sourit en la regardant.

- Oui! Ton père voulait absolument aller à Hawai, c'est la première fois que tu as vu la mer et tu ne voulais plus sortir de l'eau!

- Celle-ci c'était lorsqu'il avait construit la cabane dans le jardin pour Dani et moi.

Nous passâmes quelques minutes à regarder les vieilles photos, légèrement jaunies, en riant. C'était la première fois que nous partagions un moment de complicité et même si c'était de la comédie pour moi, je savais que ça lui faisait plaisir, alors une partie de moi en fut heureuse. Je feignis un bâillement et sortis une autre photo.

- Tu tombes de fatigue Eva, je vais ranger ta boîte et te laisser dormir.

Il rangea les photos et tendit la main pour prendre Dina.

- Non, je vais dormir avec, c'est un de mes derniers souvenirs d'avant l'incendie...

- Très bien Eva, il n'y a pas d'âge pour avoir un doudou, dit-il en me caressant les cheveux.

Il rangea la boîte et sortit de ma chambre en fermant la porte. Je me redressai et regardai ma poupée, je la retournai dans tous les sens avec mon bras valide, regardai chaque coutures, la palpai mais il n'y avait rien. Si c'était tout ce qu'avait trouvé Dani, il y avait forcément quelque chose, il y avait quelque chose et je devais le trouver. C'était une banale poupée de chiffon, le rembourrage était censé être acrylique, mais c'était beaucoup plus rigide, ça ne semblait pas être du coton non plus. Je devais l'ouvrir, si papa avait laissé quelque chose, ça ne pouvait se trouver qu'à l'intérieur...

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