Ep3 : Promesses, pardon et confessions - P1/P3


Depuis quand Mabel n'était pas venue ? Des semaines, des mois ? Au moins un an, pour le voir souffler ses vingt‑deux bougies. Sinon ils n'avaient eu que très peu de contacts.

Et il est en partie fautif néanmoins c'était comme ça, ils étaient occupés et ça a toujours était ainsi, avec Marek inclus. Ils n'avaient pas besoin de se dire souvent qu'ils pensaient les uns aux autres ou qu'ils s'aiment. Mais si demain ça devait changer ?

Lev sortit de la douche et prit une boisson du frigo. Mabel se redressa, ce qui fit grincer le fauteuil fatigué où elle était assise.

Ils étaient sur le même sujet dont ils avaient longtemps discuté la dernière fois. Pourquoi Mabel ne s'installait pas définitivement ici ? En ville, avec le reste de la Communauté ?

« Pourquoi ?, demanda Lev.

– T'es encore là‑dessus ? Ce n'est pas que je ne veux pas ! C'est que... Il n'y a rien pour moi ici Lyovka.

– Tu pourrais prendre un appart, avoir un travail. De l'argent. »

Mabel fouilla dans son sachet de confiseries.

« Tu plaisantes j'espère ? On est des Manciens, je ferais quoi d'un travail ici ? Tu es devenu comme eux. C'est dommage. »

Elle défit l'emballage d'un caramel pour le manger. Piqué, Lev enchaîna :

« Dommage ? Parce que je veux avoir un travail, un appart plus grand et une vie ?

– Ne joue pas les vexés. Tu as grandi ici, bien sûr que tu es imprégné de la logique des gens d'ici. Tes objectifs le prouvent.

– Tu dis ça comme si c'était mal... »

Il soupira et s'assit sur le tapis, devant la table basse et le fauteuil, pour qu'elle fût en face de lui. Mabel rajusta ses lunettes aux verres teintés et reprit :

« Ce n'est pas mal. C'est juste que tu es trop humain maintenant. Et tu as ta passion. Les trucs scientifiques, machin...

– La chimie, rectifia‑t‑il

– Oui, voilà. La table de Mendeleïev d'ici et toutes ces conneries. Moi ma passion c'est notre monde à nous, mes pouvoirs, les autres univers, ce qu'on est en tant que Manciens. Pas de possibilités de vivre ça ici. Non. Et la Mancie est limitée...

– Tu sais que c'est pour ça qu'ici c'est le plus vivable. Nos parents se sont barrés de la dimension miroir à cause de son déclin. Elle ne va pas tarder à s'effondrer. Ils ont fait le bon choix, je vois pas pourquoi on devrait y retourner pour vivre ce qu'ils ont fui.

– Tu sais que c'est faux, rétorqua‑t‑elle en remuant l'index. On le prédit depuis des siècles, je ne vois pas pourquoi ça arriverait de mon vivant.

– Et tu fais quoi de moi ?, tenta‑t‑il désespéré. On pourrait se voir plus si tu vivais ici ?

– Arrête, ce n'est pas comme si tu serais disponible. J'ai pris la peine d'acheter un portable pour toi. Pourquoi ? Pour que tu me dises à chaque fois que je te contacte que tu n'as pas le temps. Et, depuis que je suis arrivée, on ne s'est vu que cinq minutes.

– Je...

– Non, non Lyovka, moi je te connais. Tu veux me faire des promesses pour te sentir mieux et me réconforter ou te réconforter toi, lui dit‑elle en souriant. Ce n'est pas parce que j'habiterais ici, qu'on se verrait plus.

– MJ, Je suis sûr que si c'était avec Marek, tu aurais un autre discours. Et t'aurais pas à avoir peur de la commu d'ici. Pacôme ne te fera rien si mon père lui demande. »

Mabel haussa un sourcil inquisiteur à la mention de l'alchimiste. Puis elle sourit en faisant un geste de la main lui indiquant de passer à autre chose.

Pourtant, Lev ne laissa pas tomber. Une heure après, ils débattaient encore sur le sujet alors qu'en vérité Mabel l'avait déjà conclu déjà bien en amont.

Ça lui crevait le cœur de l'avouer mais la magicienne ne se trompait pas sur lui. Les raisons pour lesquelles Lev voudrait qu'elle soit près de lui sont égoïstes car même si elle habitait ici, ils ne se verraient pas plus pour autant...

Lev se leva pour chercher la télécommande. Il éteignit la télévision et couvrit Mabel qui avait fini par s'endormir sur le fauteuil après avoir descendu une bouteille de Tsarskaya avec lui.

Puis il prit son portable et vérifia avoir activé l'alarme. Marek n'avait toujours pas donné signe de vie.

Alors il essaya tout de même de l'appeler et lui envoya un message auquel il attendait une réponse au moins d'ici quelques heures. Ce qui avait été très difficile, étrangement difficile tandis que lorsqu'il fallut inviter Sam pour qu'il vienne chez lui pour son anniversaire à venir, ça avait été beaucoup plus simple. Et il connait Sam depuis quand ? Même pas un mois ! Alors que Marek...

Merde. Quand est‑ce que c'était devenu aussi compliqué entre lui et ses amis d'enfance ?

Lev s'ébouriffa les cheveux. Il devait dormir lui aussi, sinon, impossible d'assurer le lendemain.



Et spoiler, il n'assura pas du tout le lendemain...

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