Ep3: Le McGuffin de la discorde - P1/P2
Pour redescendre la pression, il connaissait un moyen parfait pour ça : retrouver sa vie d'excès en tous genres. Et en matière d'excès en tous genres, il savait y faire car il brûlait littéralement la vie par les deux bouts.
Ava lui avait demandé, pour des raisons d'agendas, de lui rapporter le McGuffin (l'objet simili‑lampe‑à‑lave volé dans le chapitre 1) plus tard. Il ne lui restait plus qu'à se reposer et laisser passer le temps. Ce qui consistait, dans son langage, à claquer des sommes affolantes en soirées, fast‑food, sapes et jeux mobile à la con, tout en acceptant un autre contrat dans la foulée.
Quelques jours plus tard, la date butoir fixée approchait. Il avait donc pris l'avion et son arrivée trop tardive le décida à jeter ses affaires dans une chambre d'hôtel payée cash.
Des amis (fêtards également) allaient le rejoindre, ils projetaient de se rendre dans un nightclub réputé pour ni... faire des rencontres. Et il aimait ça, les... rencontres.
Une dernière retouche devant le miroir et il se décida à sortir. Il s'était rendu un minimum présentable : chemise près du corps, une veste pour le préserver de l'air frais des 3H du mat, un pantalon slim qui moulait ce qu'on voulait voir d'une relation d'un soir.
Il était de la chair fraîche qui n'attendait que les bonnes dents avides pour être saisie.
Il suffisait d'un regard, un « feeling » pour que Sam accepte une invitation. Il attendait que ça vînt à lui. C'était plus simple. Ça le déculpabilisait de ne pas pouvoir maintenir de relations stables car il avait trop de tentations et plein d'applications faîtes pour y céder...
Et n'allait pas le juger, comme ces rabat-joie d'Ava et Calvin, parce qu'il aimait sa vie telle qu'elle était. Ce n'était absolument pas une manière d'enfouir des traumatismes émotionnels profonds qui l'empêchaient de se projeter dans une relation longue. Non ! Pas du tout !
Assis près du bar, il sourit en buvant une gorgée de son verre. Si Carlie le voyait comme ça... elle dirait : « tu n'es qu'une manwhore » avec cet air un peu méprisant et sexy qu'il aimait chez elle.
Mais elle n'était pas là.
Et là maintenant, il était en train de prendre en levrette une nana au prénom type Emma ou Chloé... Elle n'était pas mieux non plus niveau mémoire des prénoms : elle l'avait appelé alternativement « Tom » ou « Sean » durant toute leur partie de jambes en l'air.
Ce qui faillit le faire sortir du truc (littéralement) plusieurs fois mais heureusement, sa libido était plus forte.
Une fois les deux parties satisfaites, Sam ouvrit une bouteille de coca qu'il partagea avec Emma, appelons la Emma.
La belle brune, dont le khôl dégoulinait un peu, alluma une clope. Elle lui en proposa une qu'il refusa et elle l'observa. Il était allongé, un drap le couvrant à moitié, une main nonchalante caressant ses cheveux blonds, ses yeux bleus fatigués mais séduisants scrutant le vague. La lumière nimbée embrassait sa peau halée, peau qui laissait se dessiner le relief de ses muscles à chacun de ses mouvements.
Wow. Il était sculptural. Elle avait passé une mauvaise journée et avait eu besoin de se défouler, se décharger. Elle ne pouvait pas demander à son mec, elle n'en avait pas. Ou, en avait « des potentiels » qui n'étaient malheureusement pas à la hauteur de ses critères. Pas grave, la providence avait mis sur son chemin cette occasion, qu'elle saisit.
Bref, elle rassembla ses pensées et le mata de nouveau. Un détail de son partenaire du soir attira son attention. Il avait des cicatrices, pleins de cicatrices.
Elle pointa sa crête iliaque droite où il avait pris une balle.
« C'est rien. Un petit bobo.
– Je ne sais pas, ça a l'air récent ? soupira‑t‑elle en s'allongeant de nouveau. En tout cas c'était vachement bien, Liam.
– Sam, rectifia‑t‑il.
– Ouais, sourit‑elle. Ce n'est pas comme si on allait s'en souvenir demain, de nos prénoms. »
Ils se regardèrent très sérieusement puis finirent par éclater de rire, euphoriques. Puis elle expliqua alors qu'elle devait y aller, rejoindre des copines qui lui proposaient un after de 5H du matin. Elle ne pouvait pas se dérober car elle les avait lâchées pour lui mais s'il se sentait seul, il pouvait toujours la rappeler.
Sam lui promit que oui alors qu'à aucun moment ce n'était possible car à part échanger des fluides corporels, ils n'avaient pas échangé leurs numéros...
Il se leva alors et lui proposa par politesse de la raccompagner. Emma, scrollant sur son portable, lui expliqua que son Uber l'attendait. Elle lui dit au revoir et elle partit. Il ferma la porte et alla se doucher puis il dormit deux petites heures.
08H05, il devait y aller et rejoindre l'une de ses safehouses (ou planques pour les allergiques aux anglicismes).
Son sac, qu'il avait jeté sans ménagement en dessous du lit, attira enfin son attention. Il l'ouvrit, l'inspecta, fut très content qu'il lui reste quelques barres de C4. Puis il prit la capsule en verre.
Matt avait raison, le contenu ressemblait à une lampe à lave ou du slime luminescent. Il y avait aussi autre chose dans cette matière liquide (pas vraiment liquide), un truc, un sentiment de malaise qui lui était familier lorsqu'il plissait les yeux et concentrait son attention dessus.
Ce qui pouvait se confondre avec du mercure liquide dégageait quelque chose qui le faisait frémir. Son sang, ses molécules, sa peau réagissaient chimiquement à son contact. Un mélange de mystique et d'étrangeté, qui ne pouvait s'apparenter qu'à une matière extraordinaire qu'il savait déjà avoir confrontée, le parcourait.
Il devait passer chez Niño pour le déposer, or Sam était désormais intrigué. Il avait une intuition qui lui demandait d'en savoir plus et son carnet d'adresses était assez fourni pour qu'il sût qui interroger dans ce cas précis. Il pourrait demander à Ava des renseignements mais il la connaissait assez pour savoir qu'elle se foutait de ce type de détails puisque ses seules préoccupations étaient le montant des primes.
Au dernier moment, Sam décida de modifier son itinéraire.
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