Ep20 : La fin d'une intrigue, le début d'une amitié P2/P2
Sa voix suave, son attitude, sa posture, sa classe la sublimaient.
Son pas était caractérisé par le bruit de sa canne surmontée d'un paon en argent, tenue par une main à la peau diaphane, marquée par le temps.
Ava fit un geste pressé vers Sam afin qu'il se joignît à l'entretien qui dura une bonne demi‑heure. Il était question de trouver un accord sur le montant des pénalités pour le retard « de livraison ».
À la fin de la concertation, Roderika se leva et demanda un instant pour aller vers Lev. Ava questionna Sam du regard mais il ne savait pas de quoi il en retournait.
Lev se tourna vers elle. Même s'il gardait une oreille attentive près du comptoir, Niño s'éloigna pour les laisser parler.
« Un pyromancien, ici...
– Madame d'Arcy, la salua‑t‑il solennellement.
– C'est donc toi qui a interféré avec mon sort antigravité chez ce charmant mercenaire ?
– Vous aviez lié l'artéfact à un sort ? Je pensais que vous n'aviez plus votre magie.
– Bien évidement que je ne l'ai plus. Le sort antigravité était antérieur à la perte de mes pouvoirs.
– Je devrais le signaler au Manoir des Arcades.
– Tu devrais. », lui conseilla‑t‑elle malicieusement
Lev fronça les sourcils, il serra le poing. Un sourire amusé tira les traits de Roderika.
« Et peu importe, je n'ai pas de plan machiavélique. J'ai récupéré ce qui était mien.
– Comment vous a‑t‑elle été volée ? Elle était ensorcelée... à moins que ?
– J'ai voulu mettre dans le secret une personne qui ne le méritait pas.
– L'un d'entre‑nous ?
– Un humain. Malheureusement, ton maître et moi‑même en avons payé le prix fort. »
Roderika se perdit dans des pensées lointaines puis sourit de nouveau, un sourire mélancolique cette fois. La tension redescendit. Elle se leva difficilement à l'aide de sa canne, Lev voulut se lever également mais Niño le retint par le bras (à la demande de Sam qui lui avait lancé un signe de détresse).
« Salue Sadi pour moi. Il aura bientôt de mes nouvelles. Maintenant que j'ai de quoi enfin lui rendre visite. »
Là‑dessus, elle partit, accompagnée par Ava qui lui tenait la mallette contenant l'artéfact. Niño lâcha le verre qu'il astiquait depuis que Roderika d'Arcy était entrée. Sam était là aussi.
« Wow ça avait l'air tendu, commenta le mercenaire.
– Hey, garçon, l'interpella sérieusement le barman. Elle a parlé de maître... Tu traînes pas dans des baux sombres au moins ? »
Sam dévisagea le jeune homme intensément, visiblement choqué et intrigué. Niño remplit un verre de whisky et le posa sur le comptoir.
« Des b... Mais non ! Qu'est‑ce que vous allez chercher ! s'offusqua Lev devenu rouge. Elle parle de mon enseignant, mon supérieur !
– Ahhh, OK. Putain, j'étais inquiet pendant un moment, souffla Sam. En tout cas s'il s'avère que la MILF veut être ma Sugar Mommy, je n'y serais pas opposé.
– T'es insortable, y a pas idée de parler des femmes comme ça.
– Sois pas jaloux Niño, je peux t'appeler mon Papito si tu le souhaites.
– Bordel, je vais aux chiottes, gerber. »
Lev plissa les lèvres pour ne pas rire puis demanda comment se conclurent leurs délibérations.
« Pas très bien. J'ai fait du bénévolat et je vais devoir annoncer à Calvin qu'Ava retient les pénalités sur les primes qu'il espérait obtenir. Il va chier des briques. Chier des briques et me tuer.
– Heureusement que tu as neuf vie alors. »
Sam était dépité, Ava l'avait admonesté comme s'il décevait sa mère une deuxième fois... Le jeune homme semblait compatir, néanmoins quelque chose le préoccupait.
Le mercenaire crevait d'envie de demander de quoi il avait parlé avec la cliente... Il avait envoyé Niño à la rescousse pour éviter qu'ils se fissent remarquer et surtout que Lev se blessât car il n'était pas un naïf... Il avait beau en savoir peu sur leur univers, il savait d'instinct que cette Roderika d'Arcy était dangereuse, d'autant plus qu'elle possédait l'artéfact désormais. Qu'il lui a obtenu. À titre gracieux, en plus...
« Tiens, pour y noyer ta peine, le consola Lev en lui donnant le verre devant lui.
– Aw, c'est de ta part ?
– Non, Niño l'a sûrement servi pour toi. Il savait que tu aurais besoin d'un remontant.
– Et moi qui étais si content de recevoir enfin de la réciprocité dans notre relation. »
Lev leva les yeux au ciel sans répondre à la pique. Oui il avait claqué 60 balles de bouffes la dernière fois et non il ne s'en voulait pas vu le nombre de billets de 100 qu'il avait vu dans son portefeuilles. En parlant de ça ...
« Et du coup ton appart ? Et les mecs évanouis, tu crois qu'ils sont morts ?
– Complétement détruit et les gars comateux, l'intrigue n'a pas prévu de donner une résolution à ces personnages. Après, vu que tout a cramé, on ne peut pas remonter jusqu'à moi, moi...façon de parler. »
Sam avait acheté l'appart sous un faux nom. Bonne chance pour retrouver Aaron Applebaum. C'est un autre sujet. Bref, il s'éclaircit la voix, regarda dans la direction opposée et se tourna vers Lev qui le voyait faire son manège.
« Bon vas-y Sam, pose-la ta question.
– C'était quoi cet échange bizarre ? Tu la connais ? Vous alliez vous battre ?
– Pas moi directement. Elle connaît mon père et mon maî... professeur. Merde vous m'avez pollué avec vos histoires tordues.
– Ton prof ? Celui qui t'a enseigné la voie du Flammenwerfer ?
– Pas qu'à moi, à d'autres aussi. Il avait une histoire personnelle avec Roderika qui s'est retirée de la communauté. À ce qui se dit, mon professeur est à l'origine de sa décision.
– Ah là! là! Lovers to enemies to lovers. L'un de mes tropes favoris. J'ai connu ça avec la plupart de mes relations, sauf qu'on est jamais passé au stade où... on redevient lovers.
– Je ne veux pas en savoir plus Sam. Je sens que ça va être gênant.»
Lev était sérieux, il appréciait Sam car c'était cool de côtoyer quelqu'un d'humain (à la base) qui savait pour eux... Mais d'un autre côté, au‑delà de son champ d'activités, Sam était dingue et embarrassant car expansif. Deux éléments qui mettaient à rude épreuve les batteries sociales du pyromancien.
Du coup, n'ayant plus d'intérêt à rester ici, il se leva en regardant son portable pour contacter quelqu'un. Sam se redressa également et frappa dans ses mains pour annoncer :
« Bon ! Je vais peut‑être manger mon dernier repas avant de confronter la colère de Calvin. Et ne le répète pas à Niño, la bouffe est infecte ici !
– Je connais un bouiboui qui est pas loin. Il paye pas de mine mais c'est vraiment bon. Ça te dit ? lui proposa Lev nonchalamment.
– Oh, je pourrais crever de joie. Serait‑ce une invitation ? »
Lev se tourna alors vers lui, un sourire en coin aux lèvres et une malice que Sam ne lui connaissait pas jusque‑là. Il s'approcha pour lui dire :
« Non. Ce sera à tes frais, Daddy.»
Sam mit les mains devant sa bouche pour cacher sa stupéfaction.
Il pouvait se sentir rougir, est‑ce qu'il se rendait compte qu'il venait de déverrouiller en lui un nouveau kink ?
Non car à vrai dire, le jeune homme pensait à d'autres choses. Il était songeur et espérait que Roderika n'avait aucune velléité de vengeance envers Sadegh, son enseignant. Il se disait qu'également ses amis lui manquaient et qu'il fallait les revoir.
Il sortit du bar.
Et Sam, loin de se douterde ses préoccupations, lui emboîta le pas en le suppliant de l'attendre.
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