Ep15 : Mon Paradis en Flammes - P2/P2
Elle était prête se battre.
L'homme tira sur elle et Alicia fit un geste de la main pour givrer la balle. Mais elle rata son coup et ne réussit qu'à dévier la trajectoire. La balle lui effleura la jambe.
L'homme tira de nouveau trois fois, visant sa tête et ses jambes. La cryomancienne invoqua alors un mur épais de glace pour que les balles s'y logent. Et sans perdre de temps, elle lança une attaque offensive composée de lames de glaces.
Son adversaire les évita en grande partie, sauf une qui pénétra son biceps droit et qu'il enleva sans même un gémissement de douleur.
Comment c'est possible ? Comment c'était possible ?
« Plot armor, ma belle. », lui dit‑il comme s'il pouvait lire dans ses pensées.
Alicia renonça à l'effet de surprise que pouvait provoquer sa cryomancie afin d'opter pour une méthode plus expéditive.
Quand il s'apprêta à tirer, elle gela le pistolet et la main qui le tenait. Et, dans un dernier élan de combativité, elle invoqua de puissantes stalagmites qui trouvèrent leurs bases sur le parquet et percèrent, dans un bruit cru, la chair de son opposant.
Du sang gicla sur le plafond et le sol.
Alicia tomba à terre et reprit son souffle : le contre‑coup de ces sorts était très énergivore. Mais il fallait qu'elle se lève. Marek et elle devaient partir.
Elle passa alors devant l'homme qu'elle ne reconnaissait pas, même sans sa casquette.
« Marek, faut se lever. Allez ! »
Marek était très peu coopératif, les sédatifs l'assommaient. C'était comme si sa conscience avait quitté son corps et ses muscles, il était une poupée désarticulée de plus de 85 kilos. Il était trop lourd pour elle désormais, le stress et ce combat inattendu l'avaient vidée.
Néanmoins, elle prit sur elle. D'autant qu'elle s'aperçut que l'homme qu'elle pensait avoir tué était en vie.
Le choc provoqua une épouvante terrible en elle car les chances qu'ils se sortent de là indemnes devinrent quasi‑inexistantes.
L'urgence était trop forte maintenant pour qu'ils restassent une seconde de plus ici. Péniblement, ils sortirent de la chambre.
Pas d'ascenseurs disponibles, ils prendraient l'escalier de secours.
Le bruit des balles qui ricochaient sur les rampes métalliques ou les murs rendait l'exercice insoutenable. Il lui fallait toute la concentration du monde pour garder la sortie en vue et ne pas faillir.
Elle avait atteint la poignée de la porte et enleva sa main subitement lorsqu'elle la vit tomber au sol. L'individu l'avait brisé en tirant dessus.
Alicia posa Marek pour tenter de forcer la porte pendant que l'homme descendait les escaliers très difficilement.
Leur agresseur respirait par râles gutturaux et boitait, ses vêtements et sa veste en cuir étaient maculés de sang. On aurait dit un mort‑vivant.
Pourquoi pouvait-il encore marcher, pourquoi pouvait-il ne serait‑ce que cligner des yeux ?
« Fin de la course. », déclara‑t‑il de sa voix grave du haut des dizaines de marches qui les séparaient.
Alicia feint de ne pas l'entendre pour essayer d'ouvrir la porte mais elle avait consumé toute son essence.
Lassé par son entêtement, l'homme tira, ce qui l'obligea à se jeter au sol pour l'éviter. Puis dans un calme imperturbable, il rechargea son arme puis allait tirer de nouveau.
Alicia était acculée au mur désormais, aucun moyen de s'enfuir. Marek, dans un sursaut de conscience, la poussa de justesse et se fit blesser à l'épaule.
Elle n'eut pas le temps de retrouver son souffle que leur agresseur tira cette fois sur elle. Elle hurla de douleur, la balle lui transperça la cuisse.
Marek, avec son bras encore valide, rassembla ses dernières forces en lançant ses flammes contre lui. Peine perdue : il les traversa sans même un gémissement de douleur.
Adossée à un mur, le dos trempé de sueurs froides, elle ne savait pas si c'était la sidération ou la souffrance insurmontable de ses blessures qui la faisait halluciner. Elle pouvait voir la chair de leur adversaire se reconstituer en temps réel tandis que ses brûlures gagnaient du terrain.
« Putain, vous m'avez fait courir, je dois le reconnaître. Mais là, c'est terminé. », annonça‑t‑il péremptoire.
Marek essaya de se relever. Le grand homme blond l'y aida et le força à regarder vers elle.
Alicia n'arrivait qu'à battre des paupières pour se maintenir éveillée, espérant d'un autre côté qu'elle finirait par fermer les yeux afin de constater qu'elle était dans un cauchemar tout du long.
Aucun mot n'arrivait à traverser la barrière de sa gorge tant elle était âpre.
Elle l'avait tué, elle en était sûre.
« Qui... qu'est‑ce que tu es ? », finit‑elle par articuler.
À ces mots, il lâcha le col de Marek qui tomba à terre pathétiquement. Puis il fouilla dans son manteau pour y prendre son téléphone et le ralluma.
Il força le déverrouillage en utilisant le doigt apathique du pyromancien.
« Franchement, ça me casse les couilles de vous laisser en vie mais Lev ne voudrait sûrement plus de moi comme bestie si je vous tue. »
Les plaies de l'individu étaient maintenant guéries en surface, seuls ses vêtements portaient encore les stigmates des attaques qu'il avait subies. Alicia sentit les larmes couler sans qu'elle ne puisse rien y faire.
Presque blasé, l'homme se pencha vers elle en lui tendant le téléphone.
« Allez ma grande, tu ne vas pas rester consciente encore longtemps. »
C'était Adelheid, la mère de Marek au bout du fil. Ne pouvant plus retenir ses larmes, Alicia regarda vers Marek et rapporta à contre‑cœur leur localisation.
Le visage fermé, l'homme lui reprit le téléphone et lâcha avec fiel :
« Vous avez entendu ? J'ai tenu parole. Va falloir vous dépêcher, je ne compte pas vous faciliter encore plus la tâche. »
La police, elle, avait déjà été appelée par le gérant de l'hôtel et d'autres résidants lorsqu'ils constatèrent les dégâts qu'ils avaient provoqués dans la chambre que le couple occupait.
Leur agresseur, quant à lui, avait emprunté la sortie qu'elle aurait voulu tant prendre. Il ne donna même pas une explication.
Alicia n'avait rien compris à ce qui venait de se passer. Pourtant, malgré son trouble, elle restait lucide sur ce qui allait advenir de leur futur.
Une mélancholie atroce la saisissait aux tripes, provoquée par la réalisation terrible qu'elle ne pouvait pas surmonter : ils échapperaient aux Censeurs au prix de l'évaporation de tous leurs projets communs, de ces vains espoirs, des rêves qu'elle avait eu pour Marek et elle.
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