Sam lui expliqua que ça ne servait à rien d'y courir car ils (les intrus) n'étaient sûrement pas encore dans le bon appart ou qu'ils avaient peut‑être déjà tout retourné. Mieux valait s'économiser selon lui.

« T'as combien d'adresses ?

– Ici ? Pas tant que ça, deux en centre‑ville et un hangar avec Calvin.

– Wow. Et t'as précisé ici. Genre, t'en as plus ?»

Sam ne répondit pas, parce qu'il voulait qu'il l'aime pour ce qu'il est et pas ce qu'il a ! Il se fit rire tout seul car c'est complétement faux. Le mercenaire est juste modeste, il n'a pas besoin de se venter.

Évidemment.

Il en avait plusieurs dispersées près de la mer Égée, en Australie et en Amérique du Sud. Des biens tous obtenus de manière illégale : billets teintés de sang, blanchissements et diverses évasions fiscales.

Ava, Calvin et lui en avaient même achetés ensemble dans l'idée de monter une agence de tourisme en poussant leurs propriétés comme Air BnB. C'était au cas‑où le mercenariat se cassait la gueule car on ne sait jamais...

Heureusement, ce n'était pas prêt d'arriver car tant que l'Homme est l'Homme, il aura toujours besoin d'un autre pour « régler » ses affaires.

Bref.

Arrivés à destination, Sam lui fit signe de ne pas parler. La porte avait été forcée. Le mercenaire entra à pas feutrés, l'arme au poing.

 Lev écarquilla les yeux à la vue du pistolet. Pas qu'il n'en avait jamais vu mais ça ne le rassurait pas qu'un malade pareil en possédât un.

Un silence de mort les accueillit, des hommes gisaient près du canapé et de la table basse cassée, ils respiraient à peine. Vu qu'ils étaient loin de se réveiller, Sam continua son inspection et ne put que constater que ses affaires avaient été complétement retournées.

Une angoisse aiguë perça ses intestins jusqu'à lui remonter la gorge. Il croisa le regard de Lev à qui il communiqua son inquiétude :

« Ils... ils l'ont pris ? Putain, les raclures ! », jura Sam en courant vers la chambre.

Pendant qu'il cherchait sûrement l'artéfact, Lev croisa les bras en espérant qu'il retrouvât le précieux McGuffin de cette histoire. Puis, il vit les hommes au sol. Bizarre, s'ils cherchaient l'artéfact eux aussi, pourquoi étaient‑ils dans cet état ?

Sam revint en exultant :

« Ah ouf ! Je l'ai trouvé. Oh putain ! Je te dis pas ce que j'aurais fait s'ils l'avaient pris !

– Quoi ? Super ! »

Mais Lev déchanta vite lorsque qu'il vit que le mercenaire ne brandissait pas la capsule d'essence magique mais un cadre photo.

« C'est ma photo dédicacée par Andrew Garfield. Phiou, je te dis pas ce que j'aurais fait s'ils l'avaient pris !

– Attends ! T'es en train de me dire que c'est ça l'objet précieux que tu tenais à récupérer ? »

Sam mit le cadre dans la poche intérieure de sa veste.

« Bah oui. Tu pensais à quoi ?

– À l'artéfact ! L'artéfact !

– Ah... ça...

– Tu pensais que je suis venu avec toi pourquoi ?!

– Je sens que tu recommences à t'énerver. C'est pas bon Lev, tu ne vas pas vivre vieux... »

Ils commencèrent à se disputer, enfin « disputer », c'était plutôt Lev qui disputait Sam. À raison selon le jeune homme car il le faisait sortir de ses gonds et avait l'impression qu'il se foutait de sa gueule.

« Hum... Lev...

– Tu me suis, puis tu me fais venir avec toi ! Sur le trajet tu me forces à écouter une playlist d'un boys band à la con !

– Mais non... c'est très bien les Backstreet Boys...

– Des mecs armés sont comateux, là, juste à côté ! Et l'artéfact est on ne sait où ! J'ai envie de te frapper ! Tu sais quoi, je vais te frapper ! Je vais vraiment te FRAPPER !

– Pas que ça me déplairait... mais tu devrais regarder derrière toi.

– Quoi ENCORE ? »

Sam pointa du doigt derrière lui et quand il se retourna vers le salon et la cuisine, Lev vit les objets environnants se mettre à trembler. Il réalisa immédiatement ce qui était en train de se passer.

Soudainement et malgré leurs différences de gabarit, il obligea Sam à se jeter sur le sol. Un bout de canapé vint sa fracasser là où était positionné le grand homme blond.

On aurait dit que la gravité avait été modifiée. Lev en était sûr : un Mancien en était la cause. Ça expliquerait aussi comment deux hommes entraînés s'étaient faits surprendre...

Il se tourna vers Sam et écarquilla les yeux lorsqu'il le vit s'apprêter à tirer.