Sam remit sa casquette et prit les escaliers.

Sauf que, deux cents mètres plus bas, près d'un arrêt de bus, il salua par réflexe un passant :

« Salut Lev.

– Salut. »

Sam s'arrêta net. Par Sainte Mariah Carrey ! Mais qu'il est con ! Qu'est‑ce qui lui a pris ?

« On se connait. T'es le gars d'hier. Tu fais quoi dans le coin ? lui demanda Lev.

– Heum.

– Tu ? Tu m'as... suivi ? », demanda le jeune homme d'une voix haut‑perchée.

C'était surement son air coupable qui l'avait trahi, pensa le mercenaire. Sam soupira dramatiquement et prit Lev par les épaules.

« Pas du tout ! Du tout ! Je crois plutôt que c'est le destin. Nous devions nous... nous revoir. L'horoscope me l'avait annoncé ce matin ! T'es quel signe ? Moi verseau, quoi qu'avec le serpentaire, on ne sait plus vrai... »

Clairement agacé, Lev lui enleva ses mains des épaules. Le débit de paroles de Sam avait été beaucoup trop rapide pour qu'il le comprît.

« Qu'est‑ce qui cloche chez toi ? Mais qu'est‑ce que tu racontes ?

– Dis‑donc, t'es bien sapé. Et tu reviens tôt, elle était pas bien ta soirée ? s'enquit le mercenaire

– Si ça va mais je suis crevé et dem... Voilà que je te réponds, c'est n'importe quoi !

– Ne sois pas énervé. T'es énervé ? Parce que ça va vraiment t'énerver encore plus si je te dis quoi...

– ÉVIDEMENT ! », l'interrompit‑il en haussant le ton.

Des gens qui attendait près de l'arrêt se retournèrent.

Oh, ok, d'accord.

Il éluderait l'épisode où il s'était introduit chez lui alors, parce que Sam en était sûr : ça allait le faire vriller. Pas qu'il avait peur, (Lev était une vraie twink), mais dans sa tête, il les voyait déjà entretenir une amitié à la J.D et Turk. Qu'il se mette en colère contre lui n'était pas un très bon point de départ. Et puis quand on lui criait dessus, c'était un véritable turn...

Il hoqueta de surprise lorsque Lev le prit par le col de son t‑shirt pour le mettre à son niveau. Ses yeux semblaient cracher des flammes.

« C'est quoi ce délire. T'enquêtes sur moi ?

– Pourquoi, tu as des ennemis ? », rétorqua Sam sur le ton de la blague.

Lev ne lui répondit pas, roula des yeux et le bouscula sans peine. Merde. Il avait une sacrée poigne !

Puis, avant de partir, Lev lui dit par‑dessus l'épaule qu'il s'était renseigné, que des Manciens en avaient sûrement après l'essence pure car la rumeur s'était rependue que des artéfacts de ce type se baladaient hors du Manoir des Arcades.

« Attends, comment ça ? »

Mais Sam ne put pousser l'interrogatoire plus loin, il fut contraint au silence par Britney (sa sonnerie de téléphone). C'était Calvin.

« Enfoiré, ça tombe bien ! Comment t'as pu me trahir et me balance à Ava ?

– Putain Samsam, c'est pas le moment ! T'es pas chez toi, je présume ? »

Sam fit un geste vers le jeune homme afin qu'il restât. Celui‑ci montra son exaspération et croisa les bras.

« Où chez moi, près du grill­‑tacos‑kebab ou le deux pièces ?

– Le deux pièces, répondit Calvin. C'est Niño qui m'a prévenu. Des gars se sont pointés chez lui, ils te cherchaient. Vu qu'il a un ancien numéro à toi, je joue tes putains de secrétaires.

– Fait chier. D'acc. »

Sam raccrocha.

« Ils sont chez toi ?

– C'est les mecs à qui on a pris l'artéfact. Faut absolument que j'y aille ! J'ai laissé un truc méga précieux là‑bas en plus !

– T'as laissé l'artéfact ? Mais... tu te doutais pas que ces gars te poursuivraient ? T'es vraiment un professionnel ? le fustigea Lev, clairement abasourdi par la bêtise naturelle de Sam.

– Mais c'est rien, ça va bien se passer !

– Je viens avec toi. L'artéfact doit clairement retourner aux Arcades. C'était une erreur de ne pas te le prendre hier. »

Sam voulut refuser, or, face à l'insistance de son interlocuteur, il céda. Ils ne se pressèrent pas pour autant sur le trajet, qu'ils firent à pied, au prix d'une immense exaspération pour Lev...