chapitre vingt-neuf
SPA-FRANCORCHAMPS passé, Charles a des vacances bien méritées. Le week-end belge a été plutôt compliqué à vivre de l'extérieur de la monoplace. Il avait l'impression de ne pas avoir sa place dans cette écurie de grande classe, en vêtement de civil. Tout autour de lui semble si vile.
Le jeudi après-midi, le monégasque s'est rendu au Raidillon, déposer un bouquet de fleurs blanches pour son ami disparu. Son cœur s'est serré en se rappelant des images du crash datant de quatre années à présent. Il s'en souvient comme si cela datait de la veille.
Le silence dans cette arène historique.
Puis l'horreur. La peine. L'hommage. Le deuil.
Heureusement pour lui, il n'était pas seul durant ce douloureux week-end. Ses amis, sa famille... tous étaient présents exceptée sa mère, retenue à Monaco. Sterenn était évidemment restée à l'écart et le monégasque avait découvert l'envers du décor, les habitudes que prenaient ses proches lors de ses heures de préparation avant de monter dans la monoplace. Il se rendait compte qu'il était réellement plongé dans une bulle de concentration que personne ne parvenait à faire éclater.
À la suite de ce grand prix où Max Verstappen a pris de nombreux points supplémentaires en avance sur le brun, Charles s'est dit qu'il avait réellement besoin de vacances. Quitter cet environnement terrible qui le tourmente, le brûle et le fait tant souffrir. Cap sur Madère, une île portugaise perdue au beau milieu de l'Atlantique.
Cela fait deux jours qu'ils ont atterri dans ce coin de paradis et qu'ils profitent d'une sublime maison que le pilote a loué pour une semaine. Accompagné de Sterenn, Joris et Elio, le monégasque se sent bien entouré et n'a rien besoin de plus que de leur présence. La maison est bien trop grande, elle qui aurait dû accueillir des amis supplémentaires qui s'étaient rangés du côté de Chloé lors de sa plainte au début du mois de juillet.
Néanmoins, cela ne le gêne pas. Il se sait en confiance avec eux.
Charles observe en riant Sterenn, dans la piscine, en train d'essayer de récupérer le ballon passant des mains de Joris à celles d'Elio. De par sa petite taille, il est impossible pour elle de le subtiliser, ce qui la vexe énormément alors que les deux amis ricanent en se moquant gentiment d'elle. Le pilote contourne le transat sur lequel il s'est assis afin de pénétrer dans la maison et de rejoindre le plus rapidement possible la salle de bain du rez-de-chaussée.
Le brun pousse la porte pour plus d'intimité et s'appuie contre le meuble, les doigts crispés contre celui-ci. Sa mâchoire commence à trembler légèrement et par automatisme, il vient mordre ses joues afin d'éviter de laisser la pluie s'abattre de nouveau sur sa peau rougie par le soleil du Portugal. Charles n'ose pas s'amuser, n'ose pas se détendre en compagnie de ses amis. Si lors de ses déplacements, il a un contrôle sur son corps et a conscience de chacun de ses faits et gestes, il craint qu'ici, par inadvertance, ses douloureuses cicatrices ne soient perçues par quiconque faisant attention à lui.
TW : blessures
Doucement, il abaisse légèrement les pans de son maillot de bain, laissant apparaître sur sa hanche des traces de brûlures. Des traces d'usure d'une cigarette consumée lorsqu'il était au pied du mur. Les cicatrices seront éternelles, marquées à vie sur sa peau et il peine à prendre conscience que ces blessures pansées sont vouées à s'ancrer, s'encrer en lui pour faire partie de son passé.
Des dizaines de petites brûlures jonchent son épiderme. Il est soulagé d'y avoir mis un terme, à cette relation conflictuelle. Cela l'a certainement sauvé de nombreuses querelles.
FIN TW : blessures
La porte s'entrouvre dans un brouhaha, et le pilote n'a pas le temps de réagir en apercevant Sterenn pénétrer dans la salle déjà occupée. Leurs regards se croisent et alors que la jeune femme allait s'excuser, croyant que la pièce était libre, ses iris se posent par mégarde sur un énième secret rude à encaisser. Sa bouche s'ouvre et uniquement un pauvre balbutiement parvient à franchir la barrière de ses lèvres.
Sans un mot, le brun ajuste les pans de son short afin de camoufler cette vision à la jeune femme en face de lui. Le regard rempli de peine de Sterenn s'accroche au sien et il ne veut plus lutter. Son corps se retrouve pressé contre celui de l'étudiante, qui effectue de légères caresses dans son dos afin de lui montrer tout le soutien qu'elle lui porte.
— Ça arrivait plus souvent que je ne le pensais, il y en a une grosse dizaine...
— Charles... sa voix n'est qu'un murmure alors que les yeux du pilote se perdent dans le vide. Tu veux en parler ?
— Elle le faisait toujours après avoir abusé de ma confiance, après avoir abusé de moi. Peut-être quand je dormais aussi, quelques fois je me réveillais en ressentant des douleurs à la hanche.
Sterenn ne sait que rajouter face aux yeux larmoyants de Charles. L'orage n'est pas bien loin dans l'ouragan de sa vie. Les moments d'accalmie sont restreints.
— Pourquoi je n'arrive pas à la détester ? Je devrais lui en vouloir, avoir envie de faire tout mon possible pour qu'elle pourrisse en prison mais pourquoi je ne la hais pas ?
— Tu as le droit de ne pas la haïr, Charles. Malgré tous ces mois de souffrance tu as connu de bons moments partagés à ses côtés auxquels tu restes accroché. Elle t'a épaulée lors de nombreuses épreuves et tu ne penses qu'aux instants où elle a été présente pour toi et c'est légitime.
— Je voudrais juste la détester de m'avoir brisé en deux...
— Ce jour-là viendra, sois patient. Pardonne-toi, apprends à vivre sans elle, sans ses mauvaises habitudes et à construire une nouvelle routine. Ça viendra naturellement.
— Je ne sais pas si j'aurais la force de supporter un procès...
— Eh. Regarde-moi, elle pose ses mains sur ses joues afin de le forcer à la regarder dans les yeux. Tu es Charles Leclerc. Au-delà de ton prénom connu par je ne sais qui et je n'en ai rien à faire, il ricane légèrement, ce qui arrache un sourire à la jeune femme, tu es un homme doté d'une force mentale et d'un courage hors du commun. Tu as déjà affronté bien pire et tu t'en sortiras, j'en suis sûre et certaine.
Ses paupières se ferment durant de longues secondes, son cerveau assimile les paroles de la jeune femme qui ne font que trotter dans sa tête. Il se doit d'être fort pour sa famille, ses amis et tous ceux qui croient en lui.
Telle est sa destinée.
Son hochement de tête résonne comme un accord pour Sterenn qui presse son maigre corps contre celui du pilote avant de quitter la pièce, lui demandant de les rejoindre dans la piscine. Ce qu'il fait après avoir essuyé ses dernières larmes face au miroir, dans lequel il parvient un peu mieux à observer son reflet depuis quelques jours.
Quelques instants plus tard, le voici au bord de la piscine, entrant dans l'eau sous les regards rassurés de ses amis.
— Alors, tu t'es perdu en chemin ? Je ne veux pas savoir ce que tu faisais dans la salle de bain, déclare Elio, en faisant des allusions potentiellement salaces à l'égard de son ami.
— T'en as pas marre d'être con ? questionne innocemment Sterenn.
— C'est sa marque de fabrique, rajoute Joris en haussant les épaules.
Sans crier garde, les jurons du blond remplacent ses paroles idiotes avant de n'entendre que des mots incompréhensibles dus à la quantité d'eau s'infiltrant dans ses poumons. Charles a décidé qu'essayer de le noyer serait une bonne solution afin de stopper ses allusions. Au bout de quelques secondes, le pilote le laisse remonter à la surface et ce dernier toussote durant de longs instants, faisant rire les trois amis qui se moquent de lui.
— Vous riez alors qu'il a failli me tuer ?!
— C'était mérité, honnêtement, ajoute Sterenn.
Elio se contente de l'éclabousser en exagérant afin qu'elle ne parvienne plus à voir quoi que ce soit, aveuglée par l'eau chlorée pénétrant dans ses yeux. S'en suit une longue bataille entrecoupée de chamailleries dans laquelle se sont finalement retrouvés impliqués Charles et Joris.
Et en cet instant précis, Charles remercie la vie de les avoir mis sur son chemin. Les remercie de le faire sourire lorsqu'il songe à ne plus rencontrer le lendemain.
Dans ces moments, il pense que, la famille, n'est pas qu'un lien de sang.
□□□
hey hey, on se retrouve encore pour un chapitre calme et mignon, malgré la petite découverte de sterenn... ils se rapprochent de plus en plus nos deux cocos !
j'espère que vous avez passé un bon week-end <3 personnellement, c'est full révisions jusque mes partiels qui débutent dans 1 mois !!
courage à vous <3
-alcools
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