chapitre un
MARANELLO.
Terres mythiques de la Scuderia Ferrari, écurie de formule un historique.
L'Italie, jouxtant la France et la principauté monégasque. Les paysages époustouflant, petit coin de paradis qui permet de se ressourcer après quelques jours mouvementés. Un regard dérive sur la beauté de ce lieu, qui semble si pur, si doux, empli de détermination et de professionnalisme. La verdure contraste parfaitement au bâtiment rouge sang. Endroit que l'on ne veut guère quitter une fois que nous y avons mis les pieds.
Sous un soleil brillant en ce mois d'avril, un jeune brun, déterminé, rêve de voir son nom apparaître en tant qu'avenue à l'image de bien des pilotes de l'écurie rouge, bien que cela soit compromis.
Deux-mille vingt-trois a débuté depuis trois grands prix et les attentes sont loin d'être remplies. Les adversaires directs ont construit une monoplace extraordinaire, pour dire le moins. Mercedes et Redbull sont devant, et les souvenirs des deux années compliquées refont surface. L'ombre les suit et les hante.
Effrayé de ne jamais atteindre son rêve, pour lequel il a tant sacrifié... effrayé de tout gâcher, de faire les mauvais choix.
Il s'est juré de se donner à mille pourcent.
Pas seulement pour lui, non.
Pour son parrain, Jules Bianchi. Pour son père, décédé il y a quelques années. Pour son ami, Anthoine Hubert, qui a perdu la vie sur les circuits. Pour toutes ces étoiles qui brillent dans le ciel plus que de raison. Ce n'est que la troisième course et le voilà aussi épuisé que durant la seconde partie de la dernière saison. Tiendra-t-il jusqu'au bout, ou bien est-ce que sa passion aura raison de sa perdition ?
Charles Leclerc est l'étoile de la Scuderia. Ce statut si difficile à porter, cette pression constante sur ses épaules afin d'offrir les meilleures performances possibles. Pourtant, à Maranello, il ne revient qu'avec le trophée de la troisième position de Melbourne. Un an auparavant, il décrochait son premier grand chelem.
Le temps passe, les scenari diffèrent et le résultat est inchangé. Déception à la clef.
Néanmoins, le monégasque salue ceux qui le soutiennent, et prend le temps. Un bain de foule mérité avant d'entrer dans les locaux de son écurie préférée. Une vague de soutien immense qui ne suffit pas à calmer ses tourments.
Moments infimes d'accalmie aussi rares soient-ils.
Charles parcourt les couloirs sans grande conviction, à la recherche de son Team Principal et d'ingénieurs afin de faire part de sa présence en Italie. Au détour d'un couloir, il tombe sur le français fraîchement arrivé à la tête de la Scuderia. Cela ne le rassure pas, bien qu'ils aient partagé la même écurie lors de ses débuts en formule un. Frédéric Vasseur est strict, professionnel, et concis, sûrement ce qui fait sourciller le francophone.
— Charles ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Je venais voir si le simulateur était libre, il arbore un sourire forcé.
— É-évidemment, il balbutie, mais tu n'étais pas censé en faire uniquement la semaine prochaine ?
— Si, mais j'étais de passage alors j'en ai profité.
Charles ment comme il respire. Conséquence néfaste d'un manque de confiance envers lui-même.
Frédéric Vasseur retient un soupir et le laisse se diriger vers la salle du simulateur, se promettant de ne pas laisser son pilote sombrer dans des travers malsains.
Charles ne sait guère combien de temps il passe dans ce simulateur. Lorsque ce qu'il entreprend est lié à sa passion, le temps s'arrête. Il y reste jusqu'à connaître chaque millimètre du circuit sur lequel il s'entraîne. Si la monoplace ne lui permet pas d'atteindre son rêve ultime, alors ses efforts doivent être doublés afin de connaître la consécration.
Le monégasque sort du simulateur et évite toute discussion avec des ingénieurs ou mécanos présents dans la pièce. Il sort de son sac à dos un casque, afin d'être tranquille et que personne ne vienne le déranger. Son carnet sorti, endroit où il note tout ce qu'il doit améliorer personnellement concernant sa conduite, il se concentre sur la lecture.
Freiner plus fort à tel virage. Maintenir son volant d'une telle manière en ligne droite, sur tel circuit. Se permettre de ne pas prendre le point de corde à tel virage à Barcelone. Tout est appris. Revu en coupe. Jusqu'à ce qu'il connaisse chaque défaut à la lettre.
Le décalage horaire entre l'Italie et l'Australie a raison de lui.
Charles tombe de fatigue au-dessus de son carnet entrouvert. Il ne sait combien de temps il reste ainsi, alternant entre sommeil profond et somnolence.
Rêvant d'un titre mondial qui lui semble lointain en ces temps révolus.
— Charles, une voix lointaine parvient à ses oreilles.
Dans un sursaut, le monégasque se réveille, tombe sur son coéquipier, s'affaissant sur la chaise inoccupée à ses côtés. Le brun se frotte les yeux et s'excuse, sans savoir pour quoi, ou pour qui, ces excuses s'adressent.
— Pendant la trêve hivernale nous nous étions mis d'accord sur le partage du simulateur, soupire l'espagnol, pas agacé d'être venu en Italie pour rien, mais plutôt inquiet pour son ami.
— Excuse-moi, j'avais rien à faire alors...
— Pourquoi tu ne rentres pas à Monaco, voir ta famille, et Chloé ? La saison est longue, il faut que tu prennes le temps de retourner chez toi.
Son corps tout entier se tend à l'entente du prénom de sa compagne. L'envie de rentrer à la maison est lointaine. S'enfermer à Maranello pour ce début de saison va attiser sa haine.
Il sait que ces luttes sont vaines.
La culpabilité coule dans ses veines.
— Je vais rentrer, je te promets.
— Il est vingt heures, va te reposer Charles. Je m'occupe du simulateur cette semaine, comme on s'était dit.
Le monégasque remercie Carlos d'un signe de tête et ramasse précipitamment ses affaires dans l'objectif de ne pas croiser son Team Principal, au risque de se faire remonter les bretelles.
Charles ne pourra pas éviter Monaco.
Tout le ramène à ce fardeau.
Charles rentre à son appartement, qu'il possède depuis deux ans afin que les séjours en Italie soient simplifiés, les jambes engourdies par le surplus d'efforts demandé au cours de cette journée. Son souhait le plus cher est de retrouver son lit et d'y plonger dans un profond sommeil le plus rapidement et le plus longtemps possible. Pour qu'enfin, ses songes cessent. Pour qu'enfin, ses pensées néfastes ne l'assaillent.
Pourtant, il le sait pertinemment, le sommeil ne viendra pas.
Il ne vient plus.
Le brun se contente de se coucher dans son lit, à fixer le plafond bien que la chambre soit plongée dans l'obscurité profonde, aussi profonde est l'obscurité émanant de son cœur. En fait, il ne sait pas s'il ressent l'envie de rentrer sur la principauté. Il en est tout bonnement effrayé.
Deux heures du matin, le sommeil n'accompagne que ses défunts.
Insomnie, impératrice de ses nuits.
Le monégasque sort de son lit, enfile un short de sport et un t-shirt, marche au travers de son appartement et retrouve le tapis de course, seul moyen de se dépenser dans cet immense appartement qui occupe sa solitude.
Affamer son corps de tous ses besoins, afin de se sentir vivant. En l'occurrence, cette nuit, ce besoin ultime de courir jusqu'à épuisement.
Charles ne s'arrête qu'en trébuchant.
Signe qu'il tombe, même physiquement. Même mentalement.
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premier chapitre de cette nouvelle aventure, plutôt calme, afin de poser le contexte. les chapitres suivant seront à peu près similaires :) j'espère que vous allez apprécier cette histoire, ces personnages autant que moi j'aime ce nouvel univers !
passez un merveilleux week-end, prenez soin de vous et rendez-vous dimanche <3
-alcools
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