chapitre trois

ÉPUISEMENT.

Mental, comme physique. Sterenn n'a pas forcément la bonne méthode afin d'arriver à ses fins. Pourtant c'est ainsi qu'elle fonctionne. À coup de post-it tapissant les murs de son appartement.

Se persuadant que cet effort n'est guère une perte de temps.

Sterenn travaille dur pour accomplir son rêve ultime. Peut-être même trop. À s'en rendre malade. À ne plus pouvoir avaler grand chose parfois, par culpabilité de ne pas connaître par cœur un certain détail du petit A du chapitre numéro deux.

La boule au ventre chaque matin lui rappelle que les dates de partiels approchent, qu'encore une fois cela sera crucial. Un pas de travers et ses rêves s'envolent. Dure est la loi de l'enseignement supérieur. Dure est la loi d'un métier prisé par des milliers d'autres rêveurs.

Rêver trop grand. Voilà ce que fait Sterenn depuis qu'elle est enfant.

Rêver de décrocher le travail de son enfance. Jamais elle n'a songé se rapprocher d'un quelconque univers s'éloignant de son objectif suprême. La médecine, la kinésithérapie. Après une longue année harassante en PASS, lors de laquelle elle a brillamment empoché une place pour la kinésithérapie et ainsi poursuivi ses études dans ce cursus. Néanmoins, elle ne se sent pas légitime de ces sacrifices.

Syndrome de l'imposteur, sans doute. Effectivement, c'est une chose complexe d'accepter sa propre réussite, et de penser mériter tout ce que l'on entreprend, et Sterenn n'y parvient pas encore même si elle tente de laisser paraître le contraire. Un travail sur elle-même qu'elle effectue jours après jours. Exercice difficile.

Sterenn vit habituellement à Monaco. Enfin, ses parents sont résidents monégasques depuis qu'elle a dix ans. Elle, vit à Nice pour ses études. Originaires de la Bretagne, ils ont déménagé dans la principauté quand l'entreprise de ses parents s'est importée en plein milieu de Monte-Carlo. La jeune femme aux cheveux de jais n'est pas à plaindre financièrement. Pourtant, ce qui l'intéresse n'est pas le salaire promis à la suite de ses études.

C'est exercer qui l'anime. La kinésithérapie dans le sport. Intégrer un staff, dans n'importe quelle équipe de sport collectif, n'importe quel pays, elle saurait se débrouiller. Exercer dans le milieu du sport est son souhait le plus cher et la bretonne pense que ce n'est qu'avec des notes élevées que l'on parvient à décrocher le graal.

C'est pour cela que Sterenn se réveille à cinq heures du matin aujourd'hui. Après une douche brûlante afin de l'apaiser et la réconforter, et un petit-déjeuner à peine englouti due à la boule se formant dans le creux de son ventre à chaque lever de soleil, sa journée débute par quatre heures non-stop de révisions.

Elle s'accorde en toute générosité un quart d'heure de pause avant de travailler encore et encore jusque treize heures, afin de se nourrir légèrement. Grignotant plus qu'autre chose. L'angoisse de l'échec pèse sur son estomac, pèse sur son moral. Impossible d'avaler quoi que ce soit. L'après-midi ressemble vulgairement à la matinée éreintante de la jeune femme, qui range son matériel de révisions à vingt heures.

Une fois toutes ses feuilles, tous ses classeurs hors de son champ de vision, Sterenn souffle. Parvient à manger un repas complet, à répondre à quelques messages d'amis -ou plutôt connaissances- qui demandent de ses nouvelles. Un seul attire son attention : celui de son unique, réel, ami.

Qu'elle a rencontrée lors de son année de PASS. Ils se sont rapprochés puisque celui-ci a résidé à Monaco également. En fait, Elio, de son prénom, est purement monégasque. A un train de vie bien différent de celui de son ami, lui qui est difficilement parvenu à se détacher de l'emprise de la jeunesse dorée, remplie de luxure et de secrets renfermés.

- si madame a terminé son hibernation, que dirais-tu de sortir ce week-end ?

- comment tu sais que je rentre à monaco ce week-end ? je ne sortirai pas, pas à trois semaines des examens.

- j'ai mes contacts. déconnecte un peu sterenn, tu es brillante et tu as besoin de te changer les idées !

- non

- je ne veux pas te retrouver dans une nouvelle déprime, donc c'est un ordre. on ne rentrera pas tard je te le jure !

- toi et tes plans foireux ? laisse-moi rire. juste pour cette fois. et on ne va pas au jimmy'z !

- oui maman

Sterenn soupire en voyant que la conversation se termine ainsi. Voici ses peu nombreuses interactions sociales lorsqu'elle est en période de révisions ; c'est-à-dire tous les jours de l'année, de septembre à mai.

Sterenn s'allonge dans le lit de son appartement niçois, qu'elle voit plus que sa propre famille. Sterenn s'éloigne de tout. Sterenn n'est que solitude. Sterenn recherche cette plénitude qui la fait tomber dans l'incertitude de l'instant.

La solitude est cette prison dorée qui te persuade n'être que positivité, mais lorsqu'elle s'empare de toi et t'emprisonne dans ses toiles piégeuses, il est trop tard et cette ombre planant au-dessus se jette sur toi et te hante. Esseulée mentalement, esseulée physiquement.

La jeune femme se consume, consume ses peines et consomme les médicaments contre l'anxiété, développée depuis le lycée. Sterenn nie les faits pourtant réels, non imaginaires. Santé mentale en suspend.

Tout sacrifier pour décrocher la lune, perdre ceux qu'elle aime au prix de ce qu'elle aime, c'est sa mentalité. Sterenn n'en a rien à faire des relations humaines. Elle veut juste devenir celle qu'elle a toujours rêvé d'être et maintenant qu'il lui reste un peu plus d'un an, elle ne peut se permettre de trop dévier de sa trajectoire.

Sterenn regrette déjà amèrement avoir accepté la proposition d'Elio. Mais si son cerveau lui jure qu'elle n'a besoin de personne à part elle-même, son cœur pense autrement et revoir son seul ami serait certainement le dernier coup de boost avant un long moment, dernier coup de boost avant les échéances importantes.

De toute manière Sterenn ne doit pas rester en inaction trop longtemps. Sinon ses pensées reviennent sous forme de brûlure. S'infiltrent dans tout son être et la font hurler de douleur à l'intérieur. Peut-être que ces retrouvailles avec Elio sont un réel besoin. Pour ne pas qu'elle sombre si proche de l'objectif. Pourtant elle est sur une pente descendante depuis des années. Ne sait pas ce que cela fait d'être dans le côté joyeux de la vie.

Sterenn n'a connu qu'anxiété, angoisse, culpabilité depuis qu'elle est en âge de comprendre ses émotions.

Mais tout va bien, se dit-elle.

Elle a appris à vivre accompagnée de ses plus fidèles amies. D'une toxicité sans nom mais qui pourtant la maintiennent en vie. Elle a appris à vivre dans l'obscurité sans jamais apercevoir le bout du tunnel. Alors pourquoi chercher la lumière si le noir réconforte autant ?

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coucou, je débarque tardivement puisque les cours ont repris ! d'ailleurs j'ai eu un 7 à un de mes partiels, pas mal non ?

plus sérieusement, comme les cours ont repris, il se peut que les chapitres soient tardifs le mercredi, encore + qu'à cette heure-ci (20h30).

j'espère que pour vous, tout va bien, et que pour mes terminales tout se passe pour le mieux. si vous stressez pour parcoursup, venez dans les dm <3
venez dans les dm tout court, j'adore parler avec les gens

à vendredi !

-alcools

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