Chapitre 1
(Ice of Phoenix - Audiomachine)
Des gens courent, crient, brandissant toutes sortes d'armes de second choix. Couteaux de cuisine, débris de miroir ou encore des barres de fer récupérés sur les grilles des cellules.
Je cours, suivi de Masana et Martin qui me crient de me dépêcher. Seulement, avec une plaie au ventre – à cause d'un garde qui ne sait pas tirer bien sûr -, je suis à la traine.
Le papier que j'ai récupéré m'a convaincu que quelqu'un nous attendait sur le toit. Que des gens avaient préparé notre sortie, pendant que les autres essayaient de détourner l'attention, en bas de l'immeuble. Je me sens coupable de les laisser là-bas seuls. Je les ai entraînés là-dedans !
_ Stop !, nous murmure fortement Martin.
Il plaque sa main sur la poitrine de Masana. Je suis le mouvement et nous nous retrouvons tous collés au mur. Plus loin, un groupe de quatre gardes passe en courant, armes aux poings. Ils ne nous voient pas. Nous soupirons de soulagement et nous nous précipitons encore quelques mètres plus loin.
_ C'est là, dis-je en vérifiant sur la carte. Grimpez !
Masana et Martin passent en premier à l'échelle. Elle est cachée dans un renfoncement du mur, à l'ombre. Je pose mon pied sur le premier barreau et monte.
Une fois en haut, Masana s'arrête.
_ On ne peut plus monter !
_ C'est une trappe ! Pousse fort !
Masana s'agite puis un fil, qui devient un croissant de l'une déformé, apparait devant mes yeux.
Une nuit étoilée, digne des plus belles fantaisies d'Atorn s'offre à nous. Masana se hisse à l'extérieur et nous la suivons. Quand je pose mes fesses sur la terrasse de l'appartement de mon père, j'ai un vague frisson qui me transperce. Je secoue la tête et referme la trappe.
_ Et maintenant ?, demande Martin.
_ On avance ! Suivez-moi !
Je passe devant Masana et longe le balcon. Plus loin, nous observons une silhouette agenouillée au sol, proche de quatre petits canons. Quand la personne se relève, j'ai un moment d'arrêt.
_ Bonsoir Nam, prononce calmement Jera Schwaps.
_ C'est vous l'oncle de Jared ?
En pensant à lui, je perçois un pincement au cœur au fond de ma poitrine. Jera Schwaps me regarde avec un petit sourire triste et ouvre sa bouche.
_ Il y a beaucoup de choses que tu vas apprendre à partir de ce soir, Nam ! Mais pas maintenant ! Prenez les lances-grappins !
On en choisit tous un et Jera nous montre la marche à suivre. Il le fixe au plafond du balcon et abaisse une poignée en fer, après avoir appuyé sur une détente qui a libéré un grappin au bout d'une corde.
_ Visez l'immeuble au toit illuminé de rouge ! Accrochez-vous bien !, hurle-t-il avant de partir en pliant les jambes pour passer au-dessus de la rambarde.
_ Ne trainons pas !, nous alerte Martin avant d'imiter le sous-directeur de l'Armée.
Masana part et moi, je me retourne sur le plafond. Je fixe le lance-grappin grâce à une ventouse et vise l'immeuble que Jera nous a présenté, il y a quelques secondes. Il est à deux cents mètres en vol d'oiseau. Je tire et fixe le lance-grappin au plafond. J'abaisse la poignée et m'élance au-dessus de la barrière du balcon de mon père. Le vent me force à fermer les yeux un instant avant de les rouvrir brièvement sur des à-coups pour voir où je vais. C'est très difficile, d'ailleurs.
Soudain, je sens la corde lâcher et je tombe en allumette, les pieds en avant. Ma main cherche la corde alors que je suis en chute libre entre les buildings à la frontière entre les quartiers chics et le bidonville. Je crie à plein poumons et saisis enfin le bout de la corde. Mes mains me brûlent vivement, j'en laisse même un cri. Je m'y tiens et elle me balance vers l'avant. Je rouvre les yeux et remarque que je fonce dans un mur de briques rouges. Je lâche la corde et fais une chute libre pour atterrir sur des poubelles.
Ma blessure au ventre me lance encore. Je me lève péniblement en me tenant l'estomac et regarde autour de moi. Plus loin, deux gardes s'arrêtent et me reluquent.
_ Bonsoir !
Faites que ça passe ! Faites que ça passe !
Ils lèvent leurs armes vers moi et déclenche le crescendo.
Ben non, ça ne passe pas !
Je me mets à courir. J'ai deux secondes pour m'abriter de leurs coups de feu. Je vois une petite ruelle et m'y engouffre au moment où j'ai senti la chaleur d'une balle me frôler la tête. Je cours aussi vite que je peux et tourne à droite dès que j'en ai l'occasion. Je fonce au milieu des gens – des pauvres surtout – et me dépêche pour atteindre l'immeuble de Gio. Il pourra m'aider, sûrement. Etant donné que j'ai perdu les autres, je ne peux me tourner que vers cette option.
Je tourne encore à droite sous de nouveaux coups de feu et croise enfin la route de Martin.
_ COURS, NAM ! VITE !
Je fonce sur lui et il me projette avec lui dans une salle et referme la porte avec son pied. Je me relève et vois Gio, Iori, Jera et Masana me regarder avec l'air le plus soulagé qui soit. Je me tourne vers Iori et fonce sur elle pour la prendre dans mes bras.
_ J'ai eu tellement peur pour toi !, murmuré-je à son oreille.
_ J'ai l'habitude avec Gio !
Nous rigolons et je serre la main de Gio.
_ Il faut que l'on se dépêche ! Les gardes vont nous retrouver et nous n'avons pas une minute à perdre !
Après avoir parlé, Jera se tourne vers une autre porte, donnant sur une autre rue au Sud. Je l'arrête avec une main posée sur l'épaule.
_ Où est Kasey ?
Jera pose son regard sérieux sur moi et pendant une seconde, j'ai peur.
_ Il nous attend à l'entrée de la ville ! On doit bouger, vite !
_ Allez-y ! On les retiendra, ici, nous rassure Gio.
Son sourire et celui d'Iori me confortent et je me précipite à l'extérieur, avec mes amis. Nous courrons vers la sortie, dans le sens inverse des pauvres armés de Gio. A l'entrée d'Acropolis, je vois deux corps girent au sol et la carrure de Kasey au-dessus d'elles.
_ On a trente secondes ! Bougez-vous !, nous crie-t-il.
_ On va où ?, nous demande Martin.
Je lève les yeux en courant et remarque le trou géant des galeries.
_ Là-dedans !, dis-je en pointant du doigt la falaise.
_ Jamais de la vie !, m'assassine Masana. Je suis sortie de l'enfer pour y échapper, pas pour y retourner !
_ Masana, tu n'as rien à craindre là-bas, crois-moi !, s'écrie Kasey en s'élançant sur la gauche.
Nous courrons à travers le petit bois et nous nous précipitons sur les rochers pour monter dans la grotte. Des lampes torches éclairent le sol de bandes blanches mouvantes.
_ Vite, ils sont là !
Lorsque l'on grimpe enfin sur les rochers, Masana se tient devant moi. Quand son pied se pose en mauvaise prise, elle glisse mais je la rattrape avant qu'elle ne tombe à la renverse.
_ Merci !
_ Tu le feras plus tard !, lui dis-je. Bouge !
Nous nous engouffrons dans la pénombre de la grotte et Kasey mène la marche avec un fumigène rouge. Nous accélérons le pas. Près d'une heure plus tard, nous arrivons enfin à voir la lumière du feu de la grotte.
_ Hemming ?, s'écrie Kasey.
_ Kasey ? Mais qu'est-ce que...
Lorsqu'Hemming nous voit débarquer en masse, il s'immobilise.
_ Eh bien ! Que me vaut tout ce monde ?, demande l'hôte.
_ Hemming !
Je m'approche de lui et lui fais une accolade chaleureuse. Il me la rend et en fait une à Kasey également.
_ Je suis content de vous revoir ! Alors, comment ça s'est passé ? Où est ton frère ?
Kasey se racle la gorge et me regarde avec un air triste.
_ Hemming, ce n'est pas le moment. On a un problème et il faut que tu nous aide à sortir d'ici.
_ Euh ok... D'accord... Mais vous me raconterez tout, hein ?
On fait oui de la tête et Hemming siffle. Furie débarque, en provenance de la cuisine. Je m'abaisse pour lui ouvrir mes bras. Dès qu'il me voit, il me saute dessus en me léchant le visage.
_ Il était triste de vous quitter, la dernière fois, nous avoue Hemming. Prenez-le pour retrouver votre chemin et...
_ Ils sont dans les galeries ! Dépêchez-vous !
Une voix sombre vient de s'abattre sur nous. Des gardes sont entrés dans les tunnels.
_ Hemming, faut que vous veniez avec nous !, le prévient Kasey.
Hemming tape dans ses mains deux fois et je lâche Furie pour qu'il se transforme en la Terreur qu'il est au fond de lui. Les trois personnes derrière nous reculent machinalement. Ils sont impressionnés.
_ N'ayez pas peur, il ne vous fera rien !, les prévient Hemming en s'éclipsant.
Furie hurle pour ralentir les gardes et s'installe sur le sol pour nous faire monter sur son dos.
_ Montez ! Il peut prendre trois personnes ! Je peux prendre deux personnes avec moi !, dit Hemming en revenant avec un paquetage.
_ Comment ?
Hemming repart dans une galerie, puis se rapproche de nous avec une vieille moto, un side-car. Il l'enjambe et allume le moteur.
_ Je vais avec Hemming ! Les autres, montez sur le chien !, nous crie Jera en se plaçant derrière Hemming.
_ Je viens aussi, dit précipitamment Martin en montant dans le side-car.
_ Trouillard !, lui hurle Masana en montant derrière Kasey.
Je me hisse derrière Masana. Furie s'élance suivi de près par Hemming avec sa moto. Quelques coups de feu derrière nous nous préviennent que les gardes nous ont repérés. Furie accélère de plus en plus, tout comme Hemming. Le vent bat mes cheveux. Nous sommes tous accrochés les uns aux autres. Et au bout de quelques minutes, une pente abrupte nous ouvre les portes de la nuit étoilée d'Atorn.
Enfin, je reviens !
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