Chapitre 7
_ Ils partent.
Une voix résonne dans ma tête mais je me force à ne pas lever la tête. J'astique mes armes avant de m'en servir à nouveau, assise au bord du lit. Pourtant un poids enfonce mon côté du lit et la personne me secoue le bras.
_ Nam, aller. Ils lèvent le camp, en haut.
Mes yeux se ferment, puis s'ouvrent avec beaucoup de mal et ma vision devient de moins en moins floue. Je cligne plusieurs fois des paupières et je me redresse. La main de Kasey retombe à plat sur la couverture blanche du lit.
_ Ils partent, Nam. C'est l'heure.
Je regarde Kasey. Il est déjà prêt à partir. Il est déjà habillé. Je lui demande de sortir de la chambre pour que je puisse préparer mes affaires. Il me laisse seule et je m'avachie dans le lit. Il faut aller récupérer son frère à Acropolis. Et je me suis engagée à le faire. Je me déteste parfois.
Quelques minutes plus tard, je me retrouve devant le miroir. Je suis enfin habillée. Je soupire en voyant mon reflet. Je ne fais pas trop peur. Et puis, je m'en fiche. Si je peux faire éloigner un crabe géant à tête pourpre, je ne dis pas non. Mais j'opte quand même pour arranger mes cheveux, qui ne veulent pas vraiment coopérer. Mais j'arrive à dompter ces foutus épis.
Je saisis mon gilet et l'enfile pour y glisser mes différents couteaux et armes diverses. Je glisse mon Wheellock dans ma main et vérifie le chargement. Je le range et referme tous mes sacs pour ensuite les mettre en position sur mon corps. Fin prête, je sors de la chambre et descends les escaliers. A l'entrée de la tente de Kara se trouve Kasey, Tobias et Tania. Ils discutent et sourient. Lorsque Tania me voit, elle accoure vers moi pour me serrer contre elle. C'est la première fois que quelqu'un fait ce genre de chose avec moi. Depuis toujours. Malgré ma surprise, je referme mes bras autour d'elle. Elle s'éloigne de moi et me tend un bijou.
_ Tiens, c'est pour toi.
Je baisse le regard vers sa main et remarque une chaine pendre de son index. Au bout, un arbre doré aussi, encerclé par un anneau de la même couleur, se balance en dessinant des cercles dans le vide. L'arbre de Faniath, leur symbole. Je souris en saisissant l'objet de deux doigts. Un petit rictus se dessine sur mon visage. Puis mes yeux s'aventurent dans ceux de Tania.
_ Tu me le mets ?, lui demandé-je en souriant.
Elle sourit encore plus et je me tourne pour qu'elle le glisse autour de mon cou. Une fois le bijou attaché, je me redresse et glisse la relique dans mon débardeur pour le cacher au plus profond de moi.
C'est un cadeau. Et c'est encore la première fois que l'on m'en fait un.
_ Je le chérirai jusqu'à mon dernier souffle.
Cette fois-ci, c'est moi qui la sers contre moi. Nous restons comme ça quelques secondes puis je me dirige vers Tobias, qui me regarde avec un air de tristesse. Tania ne regarde pas le visage peiné de Tobias, et heureusement. Sinon, elle s'inquiéterait. Et je ne le veux pas. Tobias me serre la main.
_ Reviens-nous, je t'en prie.
Je lui souris et tape mon épaule contre la sienne. Au même moment, je glisse à son oreille :
_ Tu n'as pas fini de me supporter, mon vieux.
Tobias rigole, et je l'imite. Il a été le premier à m'accepter ici, à Faniath. Et je compte bien le lui faire payer encore longtemps.
_ Ils sont partis à l'instant, en direction du Sud. Une fois dans l'échelle, attendez encore cinq minutes pour remonter à la surface. Je vous ferai signe quand vous pourrez y aller. Il va bientôt faire nuit. Vous n'aurez pas trop à vous cacher. Et...
_ Tobias ?, le coupé-je en posant ma main sur son épaule. Tout ira bien. Ne t'inquiète pas.
Tobias secoue sa tête et me prend dans ses bras. Etre enlacée par un homme et encore plus bizarre que d'être enlacée par une amie. Trop de nouveauté d'un coup, ce n'est pas bon. Je soupire et lui frappe le dos amicalement. Il se sépare de moi et masse mon trapèze gauche en signe d'amitié. On leur sourit une dernière fois et on dit au revoir aux autres, qui venaient de se regrouper autour de l'estrade du marché du village.
Faniath est un endroit que je tiens dans mon cœur. Jamais je ne les oublierai. Et c'est très bizarre. Depuis que Kasey a croisé ma route, je deviens plus sentimentale. Il faut que j'arrête ça, tout de suite.
Kasey se trouve à ma droite et nous avançons jusqu'à l'escalier menant à l'échelle. Mon sang bat à mes tempes et la respiration de Kasey se fait entendre.
_ Si mon frère n'était pas là-bas, je serai bien resté ici, confesse-t-il en arrivant en haut des escaliers.
Je me retourne une dernière fois sur Faniath. Je croise les silhouettes de Tania et Tobias, qui me disent au revoir de leur main. Je fais de même avant de continuer ma route vers l'extérieur.
_ Aller, ne trainons pas.
*
Une fois en haut de l'échelle, nous attendons le signal de Tobias. Kasey se trouve au-dessus de moi. Me reposant dos à la paroi de la cavité étroite et bras croisés, je me demande encore si c'est une bonne idée de l'accompagner. Après tout, je ne le connais pas plus que ça, ce gars. Mais une parole est une parole.
Je ferme les yeux quelques minutes pour me reposer un peu avant de retrouver la nuit dangereuse d'Atorn. Cependant, Kasey en a décidé autrement.
_ Qu'est-ce que tu penses qu'il y a, vers Acropolis ?
_ Le danger. Peut-être même une mort certaine.
C'est peut-être un peu exagéré mais je pense que ça va le freiner dans son envie de poser d'autres questions. Je me trompe souvent, en ce moment.
_ Tu as peur ?
Cette question m'horripile. Bien sûr que j'ai peur. Tout le monde a peur. Je n'ai juste pas envie de le montrer. Il faut quelqu'un de fort, pour montrer l'exemple en cas de crise. Et comme Kasey n'a pas dénié prendre ce rôle à cœur, je m'y colle.
_ Tais-toi Kasey, dis-je en soupirant nonchalamment.
En dessous de nous, une lumière inonde le couloir vertical. Je baisse les yeux et aperçoit une lumière blanche qui s'éteint et qui s'allume deux fois de suite. Le signal.
_ On y va, dis-je en tapotant la cheville de Kasey.
Il souffle un bon coup et monte encore deux barres de l'échelle avant d'ouvrir la trappe. Le soleil se couche, laissant apercevoir les couleurs roses et rouges qui pénètrent au sommet de Faniath. Kasey dépasse la surface à partir de la taille et regarde aux alentours.
_ C'est bon, dit-il en sortant d'un coup.
Je commence à monter et Kasey me présente sa main. Je donne une claque sur ses phalanges et monte toute seule, comme une grande, à la surface. Nous refermons rapidement la trappe et nous nous retournons vers le Sud, le soleil se couchant à gauche. Mon regard se perd sur les feuillages de la forêt. Je reste statique pendant quelques secondes et Kasey me secoue de sa voix stressée.
_ Aller, viens !
Je me retourne sur lui et nous partons dans le sens opposé. Nous dépassons l'arbre de Faniath et nous courrons vers la forêt voisine qui est à peine à cent mètres de nous. Je regarde par-dessus mon épaule si personne ne nous suit ou nous surveille. La voie est libre.
Je continue de courir à la hauteur de Kasey et nous nous engouffrons quelques secondes plus tard dans la forêt voisine. Après plusieurs arbres passés, nous nous arrêtons pour reprendre notre souffle. La forêt est tellement dense que le soleil ne perse plus à notre hauteur. Le ciel se laisse voir que par de petits interstices dans le plafond de feuillages au-dessus de nos têtes.
_ Il fait sombre, ici, commente Kasey. Comment on va faire ?
_ Il faut avancer en silence. La planète satellite d'Atorn est très proche de la planète, la nuit. Elle illuminera mieux à travers les arbres. On pourra voir. Il faut juste être patient, dis-je en ouvrant la marche.
Kasey me suit à la trace pour ne pas se perdre lui-même dans cet endroit. C'est déjà assez difficile de se sauver soi-même alors si on doit être responsable de quelqu'un d'autre, c'est encore moins évident. Voilà que je parle seule, maintenant ! Je fais du grand n'importe quoi.
Après quelques minutes, nous nous retrouvons au milieu d'une clairière. Un disque en terre où rien ne pousse. Rien du tout. Il y a assez de place pour faire un petit endroit où dormir. Je m'arrête à la rupture entre l'herbe haute et les grains marron. La lumière du satellite perce le sommet des arbres. C'est assez tranquille. Cependant, j'en connais un qui l'est moins. Kasey, tremblant comme une feuille, se tient juste à côté de moi.
_ On continue d'avancer.
_ Non, le contredis-je. On va s'installer là, quelques minutes. Tu as besoin de repos. Vas t'installer, je vais glisser des pièges un peu partout pour les animaux de la forêt.
Je laisse Kasey seul. Je l'entends marmonner derrière moi mais je fais tout pour couvrir ses paroles. Je n'ai pas envie de l'entendre geindre et se plaindre à tout bout de champs.
Je prends mon sac à bandoulière et regarde à l'intérieur. J'extirpe la corde que j'ai acheté plusieurs heures plus tôt à Faniath et la fait défiler tout autour du cercle de terre dans lequel nous allons nous installer. Je dispose mon piège à plus de trente mètres de la séparation entre la forêt et notre refuge. Je joins les fils au cercle de tissu autour des troncs d'arbres, tout disposé à cinq ou six centimètres du sol. Puis, je reviens au centre de l'endroit où Kasey a posé les sacs et a commencé à s'installer pour piquer un somme.
_ Qu'est-ce que tu as fait ?
_ Je nous ai créé une porte de sortie. Dors.
Je sais qu'il n'arrivera pas à dormir de suite alors je m'installe à côté de lui pour le rassurer, toujours en tenant le bout des fils des différentes directions dans ma main. Je les enroule autour de mes doigts et je soupire en regardant Kasey, qui a toujours les yeux grands ouverts. Je secoue la tête et son regard croise le mien.
_ Tu ferais mieux de faire ce que je te dis au lieu de me défier à tout le temps !
_ Tu arriverais toi, à dormir alors qu'on est cerné par des dangers inconnus ?, me rétorque-t-il.
Il n'a pas tort. Même si pour dormir, le mieux serait d'être en hauteur. Seulement, les premières branches de ces arbres sont à plus de quatre mètres de haut. Impossible d'y accéder, même en faisant la courte échelle sur la tête de Kasey. Et soudain, un air me vient en tête. Au plus profond de ma mémoire, cet air a toujours demeuré. Mais il ne surgit que maintenant.
Je fredonne l'air que j'entendais quand j'étais toute petite. Je ne sais plus où je l'ai entendu la première fois mais il est resté. Il est tellement envoutant. Je me le chantais pour dormir quand j'avais huit ou neuf ans. Je tombais raide dans mon lit ensuite.
Ça fait quelques secondes à peine que j'ai entamé la chanson que Kasey modifie déjà sa respiration. Elle devient régulière, calme, sereine. Et quand il dort, il a ce même visage reposé que je lui envie tant. J'ai tellement de tourments dans mon esprit que je n'arrive jamais à avoir une nuit complète de sommeil. Soit je dors mal, soit je fais des cauchemars. Le pire, c'est quand les deux surgissent à la fois. Et comme quand j'étais petite, mes yeux se ferment tout doucement, au son de cette mélodie d'antan.
*
Quelque chose tire sur ma main. Une fois. Deux fois et je me réveille. Puis, je regarde autour de moi. Nous sommes toujours au même endroit. Et enfin, j'aperçois les trous de pattes énormes que je n'ai pas remarqué toute à l'heure. La lumière du satellite ne permettait pas de les voir, avant. Mais maintenant, le satellite est juste au-dessus de nos têtes.
Des empreintes de pas deux vingt centimètres de long. Puis on tire encore deux fois sur la corde. La corde venant de l'est.
Mon sang se glace et je suis totalement réveillée. Je pose ma main sur la bouche de Kasey et il se réveille en sursaut, les yeux grands ouverts. Dès qu'il me voit, il se détend et me regarde d'un air féroce. Mais quand je lui fais signe de se taire, il redevient sérieux et regarde autour de lui. Je retire ma main et me relève doucement en récupérant mes affaires dans le silence le plus total. Kasey m'imite et nous reculons vers le Nord, pour éviter de nous faire massacrer.
Un autre fil se tend, venant du Sud. Ils sont plusieurs. J'essaie d'accélérer le pas mais Kasey s'arrête. Je le regarde mais un autre fil se tend, celui du Nord. Kasey relève son pied et remarque une substance gluante et fluorescente sous la semelle de sa botte. Les fils de l'est et du Nord se secouent encore une fois et je fais signe à Kasey d'aller à droite. Je sens des perles de sueurs déferler sur ma nuque. Il faut que l'on s'éloigne le plus vite possible de cet endroit.
Nous atteignons enfin la lisière du bois quand les trois monstres sortent de leur cachette et entre dans la lumière, tandis que nous regagnons l'ombre. Kasey s'empare de mon bras et me force à reculer plus. Sa bouche s'approche de mon oreille.
_ C'est quoi ?
_ Ce sont des singes hybrides.
On dirait des babouins géants, aux dents longues comme des canons de Glocks, à qui on a greffé des queues et des pattes de lions. Je n'en avais jamais vu en chair et en os. La seule fois où j'ai entendu parler d'eux, c'était quand j'avais pénétré dans une conversation avec Léo l'épicier et l'ami d'un défunt chasseur qui s'était fait bouffé par une de ces créatures parce qu'il avait fait respirer trop fort à trois mètres de lui.
_ Là où nous étions... C'est leur nid, Kasey...
Kasey s'agrippe davantage à mon bras et me force à reculer encore plus vite. Les singes hybrides commencent à renifler et à lancer des cris dans l'obscurité de la nuit. Ils ont senti nos odeurs. Ils savent que nous étions là, quelques secondes plus tôt. Kasey me fait basculer en arrière et mon pied fait craquer une brindille.
Les trois créatures se retournent sur nous d'un seul homme et crient ensemble pendant quelques secondes.
_ Kasey ?
_ Oui ?, dit-il haletant.
_ Cours !
On se met à courir vers l'Ouest le plus vite possible. Les branches fines des arbres griffent nos visages. Le satellite a réussi à passer à travers les feuilles. Nous pouvons voir clairement où nous allons, même si ce n'est pas encore parfait totalement. Les singes hybrides continuent de nous prendre en chasse en hurlant. Je réfléchis à toute vitesse, seulement je ne vois aucune solution à part courir ou alors s'arrêter et nous faire dévorer.
_ Viens !, me crie Kasey en virant à gauche.
On continue de marteler le sol à toute vitesse, avec la mort sur les talons. Je ne sais pas où va Kasey mais sûrement qu'il a un plan. Et un plan vaut mieux que pas de plan du tout. Sauf s'il est foireux.
Kasey regarde derrière et remarque que nous avons un peu distancé les singes. Etant donné qu'ils sont énormes, leur poids ne leur permet pas d'aller plus vite que nous.
Kasey s'arrête au niveau d'un arbre aux branches assez basses pour pouvoir y accéder à courte échelle. Il se baisse et me présente ses mains.
_ Monte, allez !, hurle-t-il pour surpasser le volume des cris des singes.
Ils ont dû réveiller toute la forêt comme ça. Je me hisse grâce à ses mains et attrape la branche et me retourne pour monter dessus. Une fois en haut, je me rabaisse pour pouvoir lui tendre la main pour monter à son tour mais il continue de courir vers le Nord.
_ Kasey ? Kasey !
Il court et les singes le prennent en course poursuite. Cependant, Kasey réussit à monter sur l'arbre voisin et à se mettre en sécurité. Il tourne la tête vers moi et me demande si je vais bien. Je lui fais oui de la tête.
Les singes sont à dix mètres et ils se regroupent autour de nous, tournant autour des arbres, comme des vautours tournant autour de leurs proies. Mes yeux se perdent sur l'un d'eux. Des yeux rouges sang luisent, comme le Haze.
_ Reste où tu es, Nam. Je vais venir jusqu'à toi !
Il se décale et passe entre les branches. Kasey perd soudain l'équilibre.
_ KASEY !
Mais il arrive à se rattraper et à se tenir à la branche de mon arbre. Ses pieds passent facilement au mien et, deux secondes plus tard, Kasey se retrouve collé à moi.
_ Ils ont une faiblesse ? Genre quelque chose qui les attire ?, me demande Kasey.
Je ne réagis pas. Je suis trop paralysée par les singes qui essaient de nous attraper en sautant sur le tronc du chêne. En tapant avec mon talon les têtes des singes, j'essaie de me remémorer la conversation entre Léo, l'ami du mort et moi. Je crois qu'ils parlaient de...
_ La chaleur ! Ils ont peur de la chaleur du soleil ! C'est pour ça qu'ils restent dans la forêt ! Pour ne pas voir le soleil ! S'ils la voient pendant trop longtemps, ils perdent leurs moyens !
_ T'as un briquet, ou un truc du genre ?
Je cherche dans mon sac et je sors une boite d'allumettes, comme par magie. Kasey la prend et casse une branche du chêne pour l'enflammer aussitôt. Les singes continuent de hurler en dessous de nous. Et je commence à avoir sérieusement la certitude que nous n'irons pas plus loin que ce bois-là.
Kasey enflamme en son bout la branche et puis, plus un bruit. Le feu éclaire les iris des singes hybrides et mon sang se dérobe dans mon crâne. Un mélange de rouge et de feu. Je déglutis et je vois la lumière des flammes voler vers les animaux. Kasey bouge la branche de gauche à droite et les singes la suivent du regard. Ils sont comme captivés par les flammes.
Kasey se retourne et cogne son point sur une branche très épaisse de l'arbre. Un craquement, puis deux, puis trois. Et un gros boom retentit devant moi.
Je me protège les yeux et me tourne pour me protéger d'une soudaine attaque des singes hybrides. Je m'apprête à ressentir une morsure, une griffure. N'importe quoi.
Puis j'entends les cris de terreur des créatures qui venaient de disparaître sous mes yeux. En agrippant une branche, je regarde en bas. Plus de singes.
_ Ils sont où ?, demandé-je à Kasey, perdue.
_ Ils sont en-dessous de nous, dit-il calmement.
_ Comment ?, dis-je en me perdant dans ses yeux brillant dans la lueur de feu de la branche.
_ Un piège. Tu n'es pas la seule à aller dans la forêt, tu sais ?
Un instant. Et je me rends compte de la position qu'on a adoptée. Moi, toute proche de son t-shirt et lui me serrant de son bras droit et brandissant la « torche » improvisé. Lorsqu'on s'en aperçoit, on s'éloigne d'un seul coup et en même temps, faisant comme si de rien n'était. Une gêne s'installe et Kasey se racle la gorge.
_ Bon... Euh...
_ On redescend ?, suggère Kasey, gêné.
_ Ouais ! Bonne idée !
Quel grand moment de solitude !
Une fois à terre, Kasey continue de marcher en direction du Nord et je le suis. Mais une question me turlupine.
_ Comment ça se fait que tu sois déjà venu dans cette forêt ?, lui demandé-je curieuse.
_ Je suis déjà venu parce que même avant, je comptais me rendre à Acropolis. Je ne sais pas où était exactement mon frère, jusqu'à il y a quelques jours. Et là-bas, il possède une base de donnée qui sert à indiquer où se trouvent les prisonniers.
_ Attend, quoi ?, dis-je abasourdie. Ton petit frère est un prisonnier d'état ?
_ Plus maintenant. Tous les prisonniers ont une puce injectée dans le bras avant de partir dans leur cellule. Un système GPS qui permet de les localiser à tout moment.
_ Tu veux le faire évader, c'est ça ?
_ Oui, dit-il en s'arrêtant l'air désolé. Je suis venu dans la forêt pour poser des obstacles aux soldats de l'Armée qui pourraient nous suivre, si jamais on se faisait prendre en chasse. Mais maintenant, je sais que mon petit frère est en vie.
_ Comment il s'appelle ?
Un silence s'installe et Kasey baisse les yeux. Il soupire et regarde les feuilles brûler au bout de sa main.
_ Cole. Il s'appelle Cole.
Un joli prénom. Au bout de quelques secondes, je souris à Kasey.
_ On retrouvera Cole. Je te le promets.
Kasey ne sourit pas. Il se contente juste de secouer la tête de haut en bas. Et nous poursuivons notre chemin encore pendant quelques mètres.
_ Et donc, du coup tu peux fabriquer des pièges dans le sol ?, ris-je.
_ Oui, tu verrais tous ceux que je fais tu n'en croirais pas tes... ARGHHHHHH !
Je ferme les yeux alors que mon corps se laisse propulser en l'air. On se fait tirer par les pieds pour se retrouver tête en bas. Kasey lâche sa torche qui atterrit dans un minuscule point d'eau. La flamme est à moitié éteinte. Ma tête se cogne à la sienne. Je me retrouve dos à dos avec Kasey.
_ Encore un de tes pièges ? Bordel !, scandé-je.
_ Je n'ai pas posé ça, Nam !
_ Oui c'est ça ! Et moi, je suis une soldate de l'Armée !
_ Putain, je te dis que ce n'est pas moi ! Tu vas me croi-...
On entend des bruits de pas, puis des lasers rouges nous viser. Et des voix.
_ Ce sont eux ?, dit un homme.
_ Ouais. Bon boulot, les gars !, dit un second.
Le second s'approche de moi et s'accroupie pour me regarder dans les yeux.
_ Le patron va beaucoup vous apprécier, je le sens !
Kasey se reçoit un coup sur la tête et son corps se détendit direct. Le second, vêtu de rouge, se redresse en riant sadiquement et je perçois une douleur atroce à la tête.
Puis, plus rien.
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