Chapitre 19
Vawari. Une ville morte. Comme si c'était le jeu d'un enfant laissé pour compte dans un grenier vieux et poussiéreux.
Je respire un bon coup, recommence à courir et dévie sur la droite légèrement. Le vent bat dans mes cheveux et mes yeux. Je suis obligée de les fermer plusieurs fois. La sensation de sécheresse sur mes iris est insupportable. Mais je prends mon mal en patience.
Le satellite continue d'éblouir le chemin et les petits bouts de fenêtres encore accrochés sur les différents étages.
Si je me souviens bien, à Vawari, il n'y a que quelques rues. Ce n'est pas une très grande ville. J'ai traversé la ville quand je suis partie d'Acropolis. J'avais trop peur de croiser des gens malhonnêtes, qui m'auraient sûrement fait du mal. J'ai dû passer par les toits pour être incognito.
Mais aujourd'hui, c'est différent. J'ai un neuf millimètres, un Wheellock, un fusil de chasse, une arbalète à répétition, deux couteaux, deux machettes et un sac en bandoulière rempli de munitions. Ils peuvent se ramener quand ils veulent, je les allumerai un par un.
Une demi-heure plus tard, j'arrive enfin à l'entrée de la ville fantôme. Un panneau à côté attire mon attention. Je passe la main sur la poussière et lis :
Bienvenue à Vawari
Dernier arrêt avant Acropolis,
La Capitale des Capitales
Je secoue la tête, me décale du panneau et m'aventure dans l'avenue principale de Vawari. Je retire mon arbalète de mon dos et l'arme comme il faut. Je la laisse, ballante le long de mon corps, au bout de ma main.
J'avance à pas feutrés dans la rue. Je regarde au-dessus de moi et longe le mur de gauche. On ne sait jamais s'il y a des soldats, ou même des gens mal intentionnés, aux fenêtres. Ils voudraient peut-être tendre une embuscade à n'importe quel inconnu qui ose se montrer ici.
Je regarde les étages de l'immeuble en face. La moitié droite a volé en éclat à cause d'une frappe. Mais personne ne s'y cache, semble-t-il. Mais ils peuvent bien vous prendre par surprise.
Je vois une ruelle entre l'immeuble que je longe et le suivant. Je m'arrête et laisse passer le haut de ma tête jusqu'à mes yeux pour voir s'il y a un homme prêt à me bondir dessus.
Je ne vois rien. Je continue et me retrouve en plein centre de l'allée sombre quand je me sens tirer en arrière. J'allais crier mais la personne plaque sa main sur ma bouche. Mon sang se glace quand elle me force à lâcher mon arbalète. La personne me retourne et me plaque le dos contre le mur. Ma tête frappe de plein fouet les briques et je suis désorientée pendant quelques secondes.
J'entends une voix sourde, lointaine. Me disant de me reprendre. Je cligne plusieurs fois des yeux et je reprends peu à peu mes moyens.
Je regarde l'homme qui m'a conduite ici et je ne le reconnais pas. J'ai du mal à le cerner dans le noir mais il est grand. Près de deux mètres de bras et de jambes aussi fines que des brindilles me bloquent la route. Il paraît jeune. Sa voix a mué mais il est peureux, ça se voit.
Je décide de faire quelque chose. Je lève mon genou aussi brutalement que lui m'a amené dans ce coin sombre. J'étouffe son cri avec ma main quand il s'effondre à genoux par terre, en se tenant les parties. Je saisis mon couteau, le retourne et frappe son crâne avec le manche pour l'assommer.
Son corps est posé doucement par mes soins au sol et je reprends mon arbalète. Je le fouille et trouve un flingue. Un Magnum 44. Comment un gamin peut-il en avoir un si gros ?
Je le coince dans mon sac en bandoulière et continue ma route.
Coupant dans des petites rues, j'arrive vers un grand immeuble, au bout d'une ancienne rue commerçante. De la lumière s'échappe au premier étage. Je me dirige vers un immeuble adjacent à celui qui a l'air occupé.
C'est un petit immeuble délabré. Rien de bien surprenant dans cette ville. Vous en avez vu un, vous les avez tous vus, sans vouloir les vexer.
Je monte au premier étage en fouillant partout s'il n'y a personne qui pourrait me surprendre.
Lorsque je remarque que le champ est libre, je me poste au premier étage et regarde par une fenêtre pour voir qui se trouve en face.
Deux hommes en encadrent un troisième, plus officiel, assis sur une chaise en bois. Un quatrième est assis en face, tête baissée. Il a l'air mal en point, d'ailleurs. Il est attaché, les mains derrière le dos. Un autre homme, habillé comme un gars qui n'a pas de toit, s'avance vers lui et le tire par les cheveux avant de lui abattre son poing sur la joue, ce qui force la victime à cracher du sang.
Je n'aime pas les inégalités.
Je remarque un homme se poster à l'entrée de l'immeuble. Il surveille les alentours.
Un bruit se fait entendre en bas de l'immeuble où je me trouve. Une personne vient de pénétrer dans le rez-de-chaussée. Je regarde autour de moi. Mais rien ne me permet de me cacher. Sauf la porte.
Sans trop faire de bruit, je pose toutes mes affaires au sol. Puis, je me glisse derrière la porte et attend que l'autre monte.
La personne entreprend de traverser le couloir pour arriver à la première chambre. Et bien sûr, comme de par hasard, c'est celle où je me trouve. Je suis une idiote accomplie.
La lumière d'une lampe torche pénètre dans la pièce, comme un serpent se glissant silencieusement au sol. Ses pas sont lourds. Il est donc imposant, ou alors rempli de muscles.
Je respire doucement. Mon cœur s'arrête de battre lorsque la personne entre. C'est un homme très corpulent, portant de moins beaux habits que celui qui frappe le prisonnier dans l'immeuble à côté.
En une nanoseconde, l'adrénaline s'empare de moi et conduit mes mouvements.
Je tape deux fois sur son épaule et il se retourne avec un air surpris. Je le frappe aux oreilles. Il titube en arrière en étouffant un cri. Je tends ma main droite et le frappe à la gorge. Je passe derrière lui et lui fais une clé de bras derrière le dos. Je continue de tenir son bras et lui mets la main sous le menton, l'autre sur la nuque et pivot. Je fais mon mieux pour le tenir et le poser doucement pour ne pas éveiller les soupçons. Ça a marché apparemment.
Je me reposte à la fenêtre et vérifie l'immeuble en face du mien. Un homme vient d'y rentrer. Il monte au premier et rentre dans une chambre. Je prends mon arbalète et tire très brièvement sur la gâchette. Il tombe au sol. Un bruit sec se fait entendre mais le gardien de l'immeuble principal n'a pas l'air de l'avoir entendu. Je vérifie le reste de la rue mais aucun signe d'autres personnes surveillant les alentours.
Je pivote et vérifie l'entrée de l'immeuble où l'homme se fait passer à tabac. Le gardien y est toujours posté. Je surveille quand le prochain coup partira. La brute lève le point et je plante mes flèches sur le torse du surveillant. Le corps s'abat sur le sol en même temps que le point de l'autre sur le visage du gars attaché. Personne au premier ne bouge.
La voie est libre. Je récupère toutes mes affaires et rejoins la sortie de l'immeuble. Je regarde à droite et à gauche. Personne. Je me précipite à l'intérieur de l'immeuble et vérifie qu'il n'y ait personne d'autre. Je pose tous mes sacs au sol et prends seulement l'arbalète.
Un escalier mène au premier. Je monte la première marche et débute mon ascension. Le chef continue de frapper. Mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps et je grimpe les marches rapidement. Les autres se retournent, surpris, et brandissent leurs armes vers moi. Cependant, j'ai calculé mon coup. Enfin, Manny l'a calculé.
J'appuie longuement sur la détente et les flèches partent à hauteur d'homme. Heureusement que l'autre est assis, sinon il y passait aussi.
Tous les corps tombent au sol. Et le silence revient. L'homme attaché à la chaise fait entendre ses gémissements. Je le vise avec l'arbalète et m'avance vers lui.
Sa carrure vibre à cause de ses soubresauts. Il respire fort. Il supplie. Une voix que je ne connais que trop bien. Mes mains commencent à trembler d'espérance. Et quand mon corps se retrouve face au visage ensanglanté de l'homme qui a subi un quart d'heure des plus durs, ma lèvre inférieure tremble et j'abaisse mon arbalète en soupirant de soulagement.
_ Kasey...
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