Chapitre 8 : Repos de courte durée

La soupe est délicieuse ! Les vermicelles se font plutôt discrets et le bouillon révèle sur mes papilles un goût et un parfum des plus exquis !

Nous sommes moins bavards que d'habitude ce soir. Nous avons décidé de simplement profiter de ce repas. La salade de fruit qui suit est tout aussi riche de saveurs que le plat précédent.

Le soir. Après avoir tout débarrassé. Farys décide de rompre le silence :

- Pour vous occuper demain, il doit me rester des vieilles bandes dessinées, des jeux de société et même une ancienne console de jeu.

- Vous ne souhaitez pas que l'on vous aide à la ferme ? Demande Jaze d'un air curieux.

- Même si ma ferme est isolée, je préfère ne pas prendre trop de risque en vous exposant. Vous pourrez toutefois prendre l'air de temps à autre bien entendu. Mais j'aimerais vraiment éviter que l'on se fasse remarquer. Répond alors Farys d'un air inquiet.

- Ce plan me va. Réplique Calua d'un air sympathique, même si je sais qu'au fond de lui, moins il en fait, mieux il se porte !

- Mais si toutefois vous avez besoin de quelque chose... Je commence à expliquer d'un air insistant.

- Ne vous en faites pas ! Plus de vingt ans que je gère cette ferme, je sais me débrouiller. Me coupe-t-il en forçant un sourire.

Nous hochons la tête en signe d'approbation. Il n'a pas tort.

Peu avant dix heures du soir, nous nous sommes reclus dans nos chambres respectives pour s'apprêter à dormir. Je me retrouve donc avec Calua dans l'ancienne chambre d'Adréa et de Léo.

Jaze est rapidement aller se reposer dans l'autre pièce, et ne nous a même pas laissé le temps de lui souhaiter une bonne nuit.

Empli d'une soudaine curiosité pour l'ancienne chambre de mes nouveaux amis, je décide de fouiner mon nez dans les armoires et les meubles.

Je n'ai trouvé que des vieux lego, des habits pour enfants Humen qui pourrait presque être à ma taille ainsi que des anciennes photos de famille.

Calua n'a pas l'air intéressé par les habits que je lui montre. Il faudra que je demande à Farys si je peux utiliser ces vieux vêtements. Ceux que je porte commencent à être sales.

Alors que je me positionne sur le lit en enlevant ma veste et mon pantalon, Calua, qui s'est bien mit à l'aise sur son lit, me lance en regardant le plafond :

- Dis-moi Rei, vu qu'on est dans une sorte de monde parallèle... Crois-tu qu'il existe des versions alternatives de nous-même sous la forme d'Humen ?

- Je ne pourrais clairement pas supporter deux Calua, je te préviens ! Je me mets à rire subitement avant de reprendre mon sérieux et de lui répondre pour de bon : Je ne pense pas. Même si ce n'est pas impossible ! Si ça se trouve on les a déjà rencontrés sans nous en rendre compte !

- Tu penses à qui en particulier ?

- Toi et Léo !

- T'es un grand malade toi. J'n'ai rien à voir avec ce lion fatigué !

- Je trouve que vous avez le même air justement ! Je plaisante, ne t'en fais pas !

- Adréa et toi vous avez pas mal de points communs d'après ce que j'ai pu observer.

- Tu... tu crois ? Je lui réponds d'un air surprit, ça ne m'est jamais venu à l'esprit.

- Oui, vous êtes deux gros tas. Il éclate de rire.

- Ta gueule. Je ronchonne en recouvrant mon corps de la couette épaisse du lit. Retrouver un tel confort après les tapis de sol dur de chez Joey m'empli d'une joie sans pareil. Au moins ici, il n'y a pas de loup !

- Aller, boude pas, je ne le pense pas vraiment tu le sais bien.

- Oui je sais...

- Et sinon, Rei, désolé pour tout à l'heure quand on s'est moqué de toi. C'n'était pas malin.

- Tu... t'excuses ?! Merde ! Je n'ai rien pour immortaliser ce moment historique ! J'éclate de rire. Ne t'en fais pas, c'est déjà pardonné, j'ai l'habitude de me faire tacler gratuitement avec vous. J'ai fini par me persuader que ce n'est rien de plus qu'une manière de déstresser de tout ça...

- Ouais, on en a bien besoin. Bon, je te souhaite une bonne nuit. Me lance Calua avant de s'endormir doucement dans son lit en gardant ses habits sur lui. Je décide de suivre son exemple et de fermer mes paupières.

Le lendemain, nous nous réveillons vers neuf heures pour prendre le petit déjeuner.

Farys a déjà installé les couverts et les bols en avance sur la table. Il est toujours habillé de la même tenue et semble à nouveau exprimer une sorte de gêne sur son visage. Jaze, qui nous rejoint au même moment, demande alors d'un air inquiet :

- Farys ? Quelque chose ne va pas ?

- Eh bien... Commence à nous dire le dromadaire. J'ai peur de ne pas trop savoir ce que vous aimez manger au petit déjeuner, Gahar ne m'a rien dit.

- Ne vous cassez pas la tête avec ça, on s'adaptera ! Je lui dis en arborant un visage agréable.

Farys semble rassuré et nous invite à nous asseoir. Il commence à faire chauffer du lait dans une casserole. Il nous montre du pain frais, de la confiture, du jus d'orange qu'il vient de presser ainsi qu'une vieille boîte de chocolat en poudre.

N'ayant aucune raison de nous plaindre, nous nous asseyons tranquillement. Jaze attaque de suite son repas en nous versant à chacun un verre de jus d'orange. Il lance à Farys qu'il ne prendra pas de lait chaud. Puis, il attrape le pain et découpe plusieurs tartines. Il a beau avoir un air sombre et des préférences bizarres en termes d'habillement, Jaze est vraiment quelqu'un qui a le goût du partage et de la communication.

Moi et Calua nous mangeons tranquillement. Mais histoire que tout ne se passe pas à nouveau dans le silence comme hier, je décide d'ouvrir une conversation tout à fait banale :

- Vous avez bien dormi ?

- Plutôt oui. Me répond Calua.

- J'ai fait un rêve étrange... Lance alors Jaze d'un air neutre.

- Ah ? De mon côté je n'ai aucun souvenir du mien. Je rétorque alors.

- Je commence à l'oublier mais je sais qu'il n'avait aucun sens. Me dit Jaze me montrant un visage légèrement effrayé.

- De quoi ça parlait ? Je lui demande, curieux, ce n'est pas souvent que je vois Jaze faire cette tête.

- Je crois que j'ai rêvé qu'un loup me traquais et... je ne vais pas te faire un dessin, c'était le même loup. Sa respiration change alors brusquement, elle est plus forte et témoigne une légère panique. Ayant remarqué cela avec stupeur, je pose ma main sur son épaule. Jaze à malheureusement une tendance à cacher ses émotions...

- Il n'est plus là Jaze. Ne t'en fais pas, il ne viendra jamais nous trouver ici. Je lui dis en essayant de le rassurer. Pendant le voyage dans la Renault, j'ai tenté d'oublier cette bête. Mais il est difficile d'oublier un tel monstre aussi facilement...

- Vous avez eu des problèmes avec un Humen loup ? Nous demande Farys, légèrement inquiet.

- Oui, avant de venir ici, un vrai malade... Je ne pensais pas que les Humens pouvaient être aussi chtarbés que certains Humains... Lance alors Calua d'un air gêné.

- Vous comprenez mieux pourquoi j'ai décidé de m'isoler ? Réplique le dromadaire d'un air calme.

Nous hochons la tête tous en même temps. Bien sûr qu'il ne faut pas faire de généralités. Mais quand on vit ce genre d'expérience, il est plutôt dur de rester subjectifs face au reste de la population. Ça nous marque au fer rouge et on commence à avoir peur de la foule. Car on sait que, à l'intérieur, quelque part, se trouve un grand malade dangereux. Ce qui m'a le plus bluffé chez le Loup, c'est son côté bestial. Je n'ai jamais rencontré d'Humain agissant ainsi. Est-ce que leur trait animal peut influer sur leur comportement ? Est-ce là la vraie différence entre Humains et Humens ? Est-ce que les préjugés et autres clichés concernant chaque race dans ce monde sont justifiés ?

Ma tête surchauffe. Je dois arrêter de me tourmenter et de chercher des réponses aux choses que je ne comprends pas. Pour le moment, Mes amis et moi-même, devons survivre à ce monde nouveau. Et par chance, il y a de grandes ressemblances avec ce que nous connaissons déjà.

Après s'être régalé. Nous nous installons dans le salon pendant que Farys repart dehors pour nourrir les animaux et s'occuper de sa ferme.

Je décide d'allumer la télévision afin de m'intéresser un peu plus aux programmes Humens, Calua est le premier à me rejoindre. Jaze se plonge dans les vieilles bandes dessinées de Farys.

Farys possède vingt-deux chaînes : Les six premières ont l'air d'être des chaînes d'informations avec chacune sa particularité : Nationale, régionale, départementale... Les autres sont des chaînes de divertissements diverses et variées. A chaque zapping, nous tombons sur une émission différente parlant d'Humens qui tentent d'élucider l'apparition soudaine des Humains : Théorie du complot, extra-terrestre, intra-terrestre mais aussi des témoignages d'Humens qui raconte que nous sommes des êtres immondes qui leur veulent du mal... Calua commente :

- Tu vois Rei ? Monde différent, mêmes emmerdes.

- Il fallait s'y attendre. Je soupire.

- La manipulation de masse par les médias c'est tellement efficace. Qui n'y penserait pas ? Nous lance alors Jaze qui écoute vaguement la télé sur le canapé en relevant ses yeux de sa bd.

- Mais pourquoi nous faire passer pour les méchants de l'histoire ? Je me demande alors.

- Pour liguer les gens contre nous et ainsi faire une sorte de chasse aux sorcières pour ensuite nous tuer ? Ça arrangerait beaucoup le gouvernement ! Explique Jaze en éclatant de rire.

- Mais ces gens-là ont l'habitude de voir des têtes différentes chaque jour, non ? Je réplique avec une envie de comprendre ce schmilblick.

- Faut croire qu'ils font déjà assez d'effort pour se tolérer eux-mêmes... Soupire Calua en haussant les épaules.

Nous restons silencieux suite à cela. Continuant de zapper jusqu'à trouver quelques témoignages qui défendent la cause Humaine. Cela me rassure un peu de voir que toute la planète n'est pas entièrement tournée contre nous.

Une petite heure plus tard, Jaze, Calua et moi sommes toujours sur les mêmes activités. Excepté le fait que mon ami aux cheveux vert est dorénavant en train de regarder les vieux cd de jeux vidéo de Farys.

Soudain, dans un grand fracas, nous entendons la porte d'entrée s'ouvrir et le dromadaire, essoufflé, rentre à l'intérieur de la maison. Nous tournons la tête dans sa direction, curieux. Il nous regarde et reprend son souffle.

« Farys ? Que se passe-t-il ? » Demande alors Jaze en rangeant la bd et en s'approchant d'un air surprit.

L'Humen halète encore pendant un court instant et s'appuie contre un mur. Calua et moi nous le rejoignons avec Jaze pour enfin comprendre pourquoi diable est-il dans cet état. Une fois calmé. Il lance d'un air affolé :

- Je viens de recevoir un appel de Gahar, sauf que ce n'était pas lui... Le CRAI pensent que vous êtes ici ! Vous devez vous en allez ou alors...

- Comment ?! Cri Calua, scandalisé et affolé.

Plus loin, nous entendons les graviers crépitant le long de la grande route, ils sont là ! Ils arrivent ! Je me mets à hurler :

- Ils font qu'on se casse ! Farys, on peut sortir par derrière ?

- Oui oui ! Je vais tenter de les retenir en faisant croire à un malentendu. Prenez mon sac à dos dans la cuisine et mettez ce que vous pouvez manger à l'intérieur ! Ensuite, il faudra vous diriger vers le nord d'après ce que m'a dit Gahar...

Sans plus attendre, je fonce vers le dit sac à dos posé à côté du frigo sans regarder ce qu'il contient avant. Calua m'aide à le remplir pendant que Jaze cherche la fameuse porte pour sortir.

Nous emportons avec nous aussi rapidement que possible : du jambon en tranche, un régime de banane, deux bouteilles d'eau ainsi que trois baguettes de pain que Calua transporte sous le bras. J'enfile le sac à dos tout en me dirigeant vers la sortie avec Calua. Jaze nous chuchote de nous grouiller.

Je cours aussi vite que je peux ! Derrière la maison se trouve un champ de blé suffisamment haut pour nous dissimuler. Je suis mes amis à la trace en étant en dernière position. Jaze ouvre la voie et Calua est entre nous deux. Je prie aussi fort que je peux pour que nous réussissons à ne pas nous faire remarquer et à sortir de là...

Plusieurs centaines de mètres plus loin, nous sortons du champ. Après avoir passé la clôture, nous sortons enfin de la ferme. Nous nous cachons dans un sous-bois pour reprendre notre souffle.

Le pire reste à venir... Qu'allons-nous faire maintenant ?

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