Chapitre 4 : Environnement familier
Une agréable odeur de pain grillé éveil doucement mes sens, me tirant lentement de mon doux sommeil. Une grande main posé sur mon épaule me réveille complètement, j'ouvre les yeux péniblement et regarde à ma droite. J'aperçois Adréa, me fixant d'un air toujours aussi curieux et bienveillant. D'une voix sympathique et douce elle me lance :
- Bonjour Rei ! On m'a dit de venir te réveiller, bien dormi ?
- Oh euh... oui ! J'ai très bien dormi ! Je lui réponds d'un air matinal en restant aimable.
Je ne lui mens pas, le lit n'est ni trop moelleux, ni trop dur et les plumes rembourrées à l'intérieur de mon oreiller m'ont donné l'impression de dormir sur un nuage ! Ce réveil fut si doux que je me crois encore en train de rêver, je me frotte les yeux et regarde plus attentivement Adréa. Ses formes sont assez jolies vu de près, et sa morphologie et son anatomie ne sont pas si déconcertantes que ça. Honnêtement pour une dragonne, elle n'a pas l'air si monstrueuse que ça, cela me rassure.
- Oh, c'est super que tu aies bien dormi malgré ce que toi et les autres vivent en ce moment, je n'aurais sans doute pas fermé l'œil à ta place... Me dit-elle avec une voix moins enjouée.
- J'ai pu mettre ça de côté avant de dormir je suppose...
- Ou alors c'est la fatigue. S'esclaffe-t-elle.
- Probablement... Je me mets à lui sourire, me sentent d'humeur curieuse. Au fait, comment tu vis tout ça ? Tu n'as pas peur toi ? Son avis m'intéresse, elle a le même âge que moi après tout.
- Oui, déjà qu'avant que vous soyez là le monde partait déjà en couille, voilà que des Humains qui ressemblent à des Humens-singes débarquent sans prévenir ! Donc oui, il y a de la terreur des deux côtés tu peux me croire.
- Je suis rassuré de voir que vous n'êtes pas des monstres sanguinaires mais que vous agissez vraiment comme des gens normaux...
- Je te retourne le compliment !
Sa dernière phrase nous fait sourire, on finit par se regarder dans le blanc des yeux pendant qu'un long silence gênant prend place. Après deux longues secondes, tout doucement, Adréa me propose de descendre pour prendre le petit déjeuner. Ni une ni deux, j'attrape ma veste et l'enfile à nouveau avant de remettre la couverture bien comme il faut. Adréa est déjà en bas, je suppose que je devrais faire de même...
Une fois descendu, je remarque que la pièce est très sombre, personne n'a ouvert les volets, il y a juste deux lumières au plafond qui éclaire le séjour et la cuisine. M'ayant remarqué, toute la famille me salut excepté mes amis qui m'accueillent à grand coup de « Salut feignasse » et autres sobriquets du genre. Je lance un « Bonjour » souriant et réponds à Jaze et à Calua en leur tirant la langue. Ensuite je viens m'installer à côté d'eux pour manger un morceau. Timidement je lance à Gahar qui est dos à moi en train de s'occuper de la cuisine :
- Monsieur Gahar, que mangez-vous au petit déjeuner ? Ça sent rudement bon !
- Du bacon grillé avec des œufs au plat, sinon ça reste du pain beurré et café pour Léo et Adréa. Il m'arrive de manger aussi des sardines à l'huile sur du pain grillé. Me répond l'homme-dragon.
- Tu vois, ça ne te dépayse pas trop Rei ! Haha ! Surenchère Calua avec le sourire.
Légèrement surprit, j'attrape une tartine et commence à étaler du beurre dessus. J'ai tellement faim... mais autre chose attise ma curiosité : Le bacon et les œufs ! Ces aliments proviennent-ils d'Humens ? Je murmure ma question à Jaze qui, avec un large sourire, me répond qu'il y a des animaux tout comme dans notre monde. Rassuré, je mords serein dans ma tartine.
À la suite de ce repas. Moi et les autres nous nettoyons la table pendant que Gahar sort un grand ordinateur portable un peu archaïque. Il aimerait avec Mona organiser une petite réunion pour faire le point sur la situation. Nous ne montrons aucune objection et écoutons attentivement ce que le père de famille a à nous dire.
« Tout d'abord, notre but numéro un est d'empêcher le CRAI ou la police de vous mettre la main dessus, hier j'ai imaginé un plan d'action que l'on pourrait suivre afin de vous cacher en attendant que la situation se tasse.
Le problème c'est que d'après ce que j'ai pu entendre avant-hier, c'est que vous n'êtes pas les seuls humains présents sur le globe, il y en a même bien plus ! Une partie s'est faite enfermée dans divers centres éparpillés à travers le monde, très certainement pour être contenu et étudié.
Cela veut aussi dire que le monde est au courant de votre existence, car certains humains se baladent encore dans la nature. »
D'un air débité, Jaze interromps momentanément le discours de Gahar :
- Excuses-moi, mais j'aimerais comprendre : Comment est-ce qu'on a pu arriver jusqu'à vous ?
- Une erreur de calcul ? Un dysfonctionnement ? Une pièce mal usinée ? Qui sait... Dans tous les cas la machine à l'origine de votre venu servait à la base à voyager à travers des mondes parallèles. Les scientifiques du CRAI de Paris se sont intéressés à la manipulation du temps et de l'espace et voilà où nous en sommes... Répondit l'homme-dragon en soupirant un coup.
- 'Fallait bien que ça merde à un moment, les gars s'amusent à manipuler quelque chose qu'ils ne connaissent pas... Soupire lourdement Léo.
- Le retour du boomerang fait plutôt mal ! S'esclaffe Calua en ricanant.
- En effet, ça a foutu une sacrée pagaille... Lance Mona en lâchant un soupire plus léger.
- Oui, mais ne vous en faites pas, j'ai une solution de secours ! Enchaîne Gahar, un sourire rassurant inscrit sur son visage. On peut vous cacher chez Farys, vu qu'il habite en pleine cambrouse, vous pourrez vous cacher pendant un temps. J'en ai parlé avec lui hier.
- Farys ? Je demande immédiatement avec intérêt.
- Mon parrain, me rétorque Adréa d'un air neutre, il habite dans le massif central et gère une grande ferme.
- Mais ça ne le dérange pas ? De son point de vue c'est comme si vous lui demandez d'héberger des extra-terrestres. Demande Jaze d'un air méfiant.
D'un air calme, Gahar nous explique que Farys a montré beaucoup de curiosité et souhaite en savoir plus sur les Humains. Toutefois, il a encore besoin d'y réfléchir, il préfère rester éloigné des problèmes d'habitude.
Adréa nous rassure en indiquant qu'en cas d'urgence il restait toujours un ami à elle qui pourrait éventuellement nous cacher !
Après un court moment de réflexion, Gahar nous signale qu'il va devoir aller travailler. Nous sommes un Jeudi et il pense que l'on pourra partir se cacher en pleine campagne ce week-end si tout se passe bien.
Une fois l'homme-dragon massif partit, Mona, se sentant un peu gênée, nous demande à moi et à mes amis ce que nous souhaitons faire pour nous occuper. Il est vrai que sans la possibilité de sortir dehors, les journées vont être plutôt longues. J'hausse les épaules, n'importe quelle activité me conviendra. Je regarde Adréa puis Jaze et enfin Calua qui semble perdu tout autant que moi. Soudain, mon ami à la chevelure verte rétorque d'un air neutre :
- Monopoly ?
- Tu es sérieux ?! On n'va certainement pas jouer au Monopoly ! Abruti... Lance Jaze en se mettant à grogner.
- Pourquoi ? Ce n'est pas comme si on allait jouer au UNO ! S'esclaffe Léo qui ne semble pas avoir de meilleures idées.
- Car il nous saoulera à vouloir faire la banque et à inventer de fausses taxes pour nous piquer notre argent. Je réponds avec amertume, je n'ai clairement pas envie de me prendre la tête avec ça.
- Quoi ? Moi ? Mais non je n'ai jamais fait ça ! Lance Calua pour sa défense, il croise les bras et nous regarde en se retenant de pouffer de rire.
- Sinon on peut tout simplement parler des différences entre nos deux mondes ? Propose Adréa en tentant de relever le niveau de la conversation.
- Honnêtement, à part les habitants, je ne vois pas vraiment de grandes différences. Lance Jaze en haussant les épaules, je le rejoins sur cet argument.
- Hmm.. Par exemple, est-ce que dans votre monde vous avez le même système politique que nous ? C'est-à-dire un système démocratique avec un président, des députés, une déclaration des droits de l'homme... Je demande avec curiosité.
- Oui, nous avons la même chose... enfin, sur le papier du moins, car la démocratie ce n'est pas vraiment ça. Et oui ! On à une déclaration des droits Humen, il y a des généralités afin de regrouper les Humens sous une même identité. Mais il faut croire que cela n'a pas suffi, il y a pas mal de discriminations et de racismes. Explique Mona calmement et d'une voix agréable malgré un semblant de sarcasme par moment.
- C'est marrant parce que c'est la même chose chez nous, sauf que dans le cas du racisme, vu qu'il n'y a qu'une seule race d'humain sur Terre. Les gens ont quand même réussi à inventer des races et à se massacrer entre eux. Soupire Calua en haussant les épaules.
- Mais à quoi ça sert de faire ça ?! Demande Léo d'un air déconcerté.
- Je n'en sais rien, faut croire qu'une couleur de peau différente suffit à déclencher des guerres... Lui répond son interlocuteur en mettant les mains dans les poches.
À la suite de cette dernière phrase, je décide discrètement de m'installer sur le canapé, laissant les autres discuter entre eux de tout et de rien. Mona me rejoint, curieuse, habillée comme hier et avec un léger sourire patient dont chaque mère a le secret.
Elle me dit :
- J'espère qu'on ne vous effraie pas trop.
- Au début oui, mais seulement en apparence, donc j'arrive à relativiser.
- Nous pensons la même chose mon mari et moi ! C'est pour cela que nous avions décidé de vous cacher en prenant un grand risque. Nous pensons que c'est injuste de vous traiter de la sorte sous prétexte que vous êtes différents.
- C'est vraiment gentil de votre part madame.
- Tu peux m'appeler Mona, ne t'en fais pas ! Oh ! Et j'aimerais savoir : Qui a été le tout premier Humen que tu as aperçu ? Quel a été ton ressenti ? Pardonne-moi, je suis vraiment curieuse.
- C'était votre... mari, et j'ai cru qu'il allait me manger. Je lui réponds quelque peu gêné tout en gardant un sourire que je force un peu.
Mona se met à rire en toute franchise. Elle me dit que son mari peut faire peur aux premiers abords et de ne pas m'inquiéter, que Gahar se comporte la plupart du temps comme un gros nounours. Cette dernière phrase me fait échanger mon faux sourire contre une expression bien plus franche et sympathique.
Je continue de parler avec Mona pendant dix bonnes minutes, cette dame-dragon est d'une gentillesse et d'une tolérance attendrissante ! Cela me met d'autant plus à l'aise avec la situation actuelle.
Vers Midi, Adréa est sortie nous acheter à manger, elle souhaite nous faire goûter la nourriture de fast-food de son monde. Léo l'a encore une fois raillé à propos de ça et Calua n'a pas pu s'empêcher de le rejoindre dans sa moquerie. Ils font la paire tous les deux...
Une fois Adréa rentrée, elle pose sur la table des sacs en papier gris fumant d'une odeur forte agréable de friture et de viande.
Tout le monde, moi y comprit, nous nous précipitons vers les sacs.
Ce qui me frappe le plus c'est la taille de ces derniers ! On aurait pu croire que l'Humen dragon avait acheté à manger pour dix mais il n'en est rien ! Le fast-food a seulement différents menus qui correspondent à différentes morphologies et taille.
« Pour vous, je ne savais pas trop quoi prendre alors je vous ai pris des grands menus tout comme moi et Léo, comme ça, je pourrais finir vos parts si vous n'en pouvez plus ». Nous dit-elle avec un air malicieux.
Je rêve où elle me met au défi ?! Pour ce qui est de manger je suis un champion toute catégorie ! Ni une ni deux, j'attrape un sac et m'installe confortablement en face d'Adréa, cette dernière me nargue du regard avec un sandwich à trois étages. Je lui envoie un air déterminé et attaque mon gros hamburger. Les autres nous regardent avec énormément de gêne. Mais je ne compte pas me laisser faire ! Estomac de dragon ou non, je ne me laisserais pas vaincre aussi facilement !
La bataille est rude et les plats s'enchainent ! Le second sandwich plus petit est entamé et presque terminé mais il reste encore la grande barquette de frite, une grande boisson et 9 nuggets de poulet. Adréa a l'air habitué de manger beaucoup on dirait... C'est une adversaire redoutable ! Mais je ne m'avouerai pas vaincu aussi facilement ! Ni une, ni deux, je termine d'une traite mon second sandwich et mes frites, je commence à sentir mon estomac qui pèse de plus en plus lourd...
Mais pas de pitié ! Il reste les nuggets et la boisson !
Je ne lâche pas Adréa du regard, elle a presque fini et attaque ses nuggets ! Non ! Je vais perdre ! Comment on en est arrivé à faire un concours comme ça ?! Je n'en sais rien !!! Même si ça m'amuse beaucoup !
Finalement, je termine de manger et sirote mon soda en même temps qu'Adréa, nous nous regardons dans les yeux d'un air frustré par cette égalité. La compétition m'a permis de mieux m'habitué à la tête particulière des Humens, mais pour être honnête, dans notre monde, j'ai déjà pu visionner des fictions avec des hommes animaux. Ça aide beaucoup.
« Vous êtes... de vrais gamins ». Commente Léo en se retenant de rire.
A part nous, tout le monde mange son repas dans le calme en nous jugeant moi et Adréa discrètement du regard. Gêné, je rougis un coup et ma concurrente croise les bras comme pour bouder.
Pendant le reste de la journée jusqu'au soir, nous avions regardé la télévision, qui au passage n'est pas si différente et propose les mêmes programmes. J'ai aussi pu jeter un coup d'œil à la collection de vieilles bandes dessinés de Mona, où j'ai pu trouver un Spirou écureuil ou encore un Gaston Lagaffe en chat noir, ce qui m'a beaucoup fait rire !
Le soir, nous retrouvons Gahar qui nous explique que son directeur adjoint soupçonne un peu tous ses employés dont lui à propos de mon évasion d'hier. Il nous avoue son inquiétude et attrape son téléphone pour appeler son ami Farys.
Après avoir mangé un repas bien moins copieux que celui de ce midi, nous prenons la décision de nous coucher tôt afin d'être en forme pour n'importe quelle éventualité qui pourrait survenir demain. Le stress revient petit à petit mais malgré cela, je parviens à trouver le sommeil.
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