Chapitre 3 : Visages amicaux

Après m'être extirpé de cette voiture, je sentis l'air frais et doux de la nuit me caresser le visage et me faire voltiger très légèrement mes cheveux courts.

C'est fort agréable... et tandis que je me réjouis d'être enfin dehors, je décide d'examiner la demeure de Gahar :

Il s'agit d'une maison plutôt imposante avec un étage, elle est large et m'intimide quelque peu. Comme quoi : tel propriétaire, telle maison ! Les murs sont jaune clair, les volets en bois sont marrons et le toit, quant à lui, est constitué d'ardoises très foncées.

Cette habitation me rappelle un peu celle où j'habite. Si on enlève la grandeur et les couleurs, la forme est quelque peu similaire.

En regardant aux alentours, je remarque que la forme des maisons se ressemble trait pour trait, j'en conclus donc rapidement que je me trouve dans un quartier sans pour autant identifier un quelconque style particulier aux habitations. Ce qui les rend tout à fait banales.

Jaze, les mains dans les poches m'invite à rentrer rapidement à l'intérieur de la maison pendant que Gahar été en train de regarder les alentours afin de vérifier si personne ne nous observe actuellement.

Mon ami ouvre la porte d'entrée rapidement et discrètement puis m'ordonne de rentrée, ce que je fais immédiatement, Gahar se trouve derrière moi et s'apprête à rentrer juste après.

Une fois à l'intérieur, l'homme-dragon referme rapidement la porte derrière lui puis souffle un gros soupir de soulagement. Son visage change et devient beaucoup plus amicale et souriant, il respire un bon coup avant de lancer à voix haute :

- Adréa, Mona, Léo ! Je suis rentré !

- On arrive ! Lui répondit aussitôt une voix enjouée qui semble se rapprocher.

Je n'ai même pas le temps d'observer l'environnement dans lequel je me situe que quelqu'un semble descendre l'escalier se trouvant en face de moi d'un pas pressé. Après avoir posé ses pattes sur le palier, cette personne qui ressemble quelque peu à Gahar dans ses traits excepté le fait qu'elle semble dépourvue de corne, nous salut en s'inclinant doucement et en fermant les yeux avant de se remettre bien droite. Elle est plus fine mais plus grande que l'homme-dragon. Sa peau est d'une couleur verte pomme et ses yeux sont bleu azur, elle est habillée d'une chemisette bleue à manche longue ainsi qu'un pantacourt rouge-clair. Je remarque qu'elle est pourvue d'une poitrine de taille moyenne, ce qui m'étonne quelque peu. J'en ai vite conclu à sa voix, et à son physique qu'il s'agit d'une femme.

« Enchanté de faire ta connaissance petit être ! Mon nom est Mona. Comment appelles-tu ?» Me lance-t-elle d'une voix aimable. Timide, je lui retorque une formule de politesse similaire tout en lui annonçant mon nom.

Jaze me tapote l'épaule afin de me rassurer et m'aider à déstresser.

J'entendis par la suite dés pas provenant d'en haut, Mona se décale alors pour laisser descendre les personnes appelé plus tôt par Gahar.

Une autre femme-dragon, au corps un peu plus large, à la poitrine plus imposante ainsi qu'à la peau rouge et aux yeux orangés descendit les escaliers avec attention mais rapidement. Elle est suivie par ce qui semble être un homme-lion aux airs fatigués et à la crinière rousse très épaisse. Ils sont tous les deux habillés d'une tenue décontractée simple. Quelqu'un d'autre semble se trouver derrière eux mais je ne parviens pas à distinguer ce dernier individu.

Mona se tourne vers l'escalier et lance d'un air remplit de sympathie :

- Adréa, Léo, je vous présente Rei.

- Bon... bonjour. Je réponds doucement.

Celle qui se fait appeler Adréa me regarde d'un air curieux mais légèrement méfiant, elle s'est arrêtée en plein milieu des escaliers. Léo, qui se trouve donc derrière elle, commence à perdre patience et se met à râler :

- Bon par-contre Adréa, t'es gentille, mais ne reste pas plantée dans les escaliers s'il te plait...

- Oui Léo j'ai compris ! Retorque aussitôt cette dernière en prenant un air légèrement ennuyé avant de se remettre à avancer.

- Il a raison, on ne peut pas passer sur le côté. Commente la personne se trouvant derrière Léo, cette voix m'est d'ailleurs très familière !

- Ouais, faudrait arrêter les fastfoods. Enchaine alors Léo sur un ton moqueur. Adréa ne tarde pas à émettre un bref grognement avant d'atteindre le bas de l'escalier.

- Léo ! Ce ne sont pas des choses que l'on dit à sa sœur voyons ! surtout devant des invités ! Lance Mona d'un air plus autoritaire qui ne tarde pas à avoir effet sur le Lion qui se met à hausser les épaules.

Une fois arrivé en bas, j'aperçois finalement la personne qui se trouvait derrière Léo : un jeune homme maigrichon avec une veste à manche longue bleu, un t-shirt blanc en dessous, des chaussures et un jean rouge, des yeux noirs comme la nuit ainsi que des cheveux verts. Je le reconnais tout de suite : Il s'agit de Calua, un ami de longue date qui ne manque jamais une occasion pour en placer une ! Le voir ici avec Jaze m'emplit d'une joie sans pareil et je me mets à sourire niaisement à ce dernier. M'ayant remarqué, il croise ses bras et m'envoie un sourire narquois et empli de malice :

- Alors Rei ? C'était comment là-bas ?

- Des tripes au petit déjeuner. Lance aussitôt Jaze en se mettant à rire, tout le monde autour commence à exprimer un air de dégout.

- Tu vas arrêter avec tes tripes ?! Je réplique avec mécontentement, avant de continuer plus calmement. Ce n'était pas non plus si horrible que ça, il y avait des livres, un bon lit, de l'eau...

- Oui mais tu serais devenu fou si tu étais resté là une semaine de plus... soupire Jaze.

Je ne peux qu'agréer ce qu'il dit, je baisse la tête et expire un bon coup, rassurer. La main imposante de Gahar vient se poser sur mon épaule gauche, en tournant la tête, je vois ce dernier sourire, comme pour me soutenir.

- C'est fini maintenant, tu n'as plus rien à craindre. Me lance-t-il calmement.

- Merci... je lui réponds, ému et toujours un peu chamboulé par les événements.

Il retire sa main puis s'en va vers la fenêtre juste à côté de la porte d'entrée pour jeter un coup d'œil dehors. Mona, Adréa et Léo me regardent, curieux, sans pour autant faire le premier pas, gêné, je me gratte l'arrière de la tête.

Jaze croise les bras, il envoie un sourire complice à Calua avant de me lancer :

- Bon, sinon, ça fait presque deux jours qu'on est là et qu'on a planifié ton évasion, maintenant, il va falloir que tu apprennes les règles de ce monde, histoire que ça n'est pas servi à rien.

- On va t'expliquer, ce n'est pas sorcier. Commente Calua.

- Dans ce cas, je vous invite à monter à l'étage pour ça, Gahar et moi nous devons parler. Lance Mona en nous regardant d'un air bienveillant.

- Très bien, suivez-nous. Dit alors Adréa d'un air timide en commençant à monter les escaliers, suivit par Léo qui, malgré la rencontre, semble toujours aussi ennuyé et fatigué.

- Avant toute chose Rei, peux-tu me donner l'objet que tu as récupéré avec Jaze s'il te plait ? Lance alors Gahar en se retournant vers moi après avoir fermé les volets.

- Oh euh... oui. J'hoche la tête et lui tend l'appareil étrange trouvé dans le centre tantôt accompagné de la notice que je n'ai pas eu le loisir ni le temps de lire. L'homme-dragon me remercie et m'invite à monter à l'étage.

La maison est spacieuse et bien meublé, il y a des coffres, des buffets et divers placards non loin de l'escalier. A côté, se trouve la cuisine ainsi qu'une porte menant à une autre pièce, sûrement une chambre ou un placard. Poussé par Jaze, je ne peux malheureusement pas observer le reste plus longtemps et me mets à monter les marches d'un pas rapide.

L'étage se résume à un couloir plutôt large, d'un tapis vert clair qui le longe ainsi que quelques tableaux sur le mur pour décorer.

Adréa ouvre la porte à gauche de l'escalier et nous invite à y pénétrer.

Une fois à l'intérieur, cette chambre très spacieuse ressemble à la plus banale des pièces, elle est très peu décorée et possède peu de meuble, j'en conclus alors qu'il s'agit sûrement de la chambre d'ami.

Jaze et Calua se sont assis sur deux lits et m'invitent à m'asseoir sur un troisième qui comme les deux autres sont fait en bois massif noir, d'un matelas épais ainsi qu'un oreiller et d'une couverture bleu à motif rectangulaire.

Lentement, je marche en direction de ce dernier et m'installe dessus. Observant cette femme-dragon et cet homme-lion avec intérêt.

Ce dernier s'approche de moi et me tend sa main gauche velue d'un pelage roux et dotées de griffes acérées, puis il me lance d'un air sympathique :

- Salut, Moi c'est Léo, ravi de te rencontrer ! D'après ce que Jaze m'a raconté, nous avons le même âge c'est ça ?

- Oui ! En-enchanté ! Je bégaye un coup en me décidant finalement à lui serrer la main.

Par la suite c'est la femme-dragon qui s'avance, je décide de ne pas jouer la carte de la timidité et d'avancé ma main pour la saluer à mon tour. Je souhaite faire tout de même une bonne première impression :

- C'est Adréa c'est bien ça ? Enchanté !

Cette dernière me sourit et me répondit qu'elle est également ravie de faire ma connaissance. Elle parait moins méfiante que toute à l'heure, ce qui me met bien plus à l'aise avec elle.

Après cette courte présentation, Jaze se lève et prend une voix grave, engagée et théâtrale dans ma direction qui attire toute l'attention :

- Rei, voici le topo : Nous nous trouvons actuellement sur la Terre, elle ressemble un peu à celle que l'on connait excepté qu'on est en 2056 au lieu de l'année 2019, déjà ça... Mais comme tu as pu le remarquer, ses habitants ne nous ressemblent en rien. Ce sont des Humens...

- Homo-Bestia plus précisément. Surenchéri Adréa, son commentaire semble passer inaperçu, comme noyé dans le discours incroyable de mon ami.

- Il existe des milliers de races d'Humens, toutes différentes ! Mais on distingue des familles, comme celle des reptiles, des félins, des canidés... il y a même des poissons chez les humens ! Continue Jaze.

- Bigre ! Même des poissons ? Je commente avec des yeux écarquillés.

- C'est un vrai bazar... rajoute Calua.

- Les règles de ce monde sont à peu de chose près les mêmes que chez nous, la loi ne stipule aucune race d'Humens inférieur par rapport aux autres, mais ça n'exclus pas les éventuelles discriminations, tu t'en doutes je pense.

J'hoche alors la tête, malgré la folie que je suis actuellement en train de vivre, certains éléments restent logiques et rendent le tout cohérent. Ça ne peut pas être qu'un simple rêve, mon cerveau n'aurait jamais été aussi loin dans les explications et le contexte du monde.

Jaze, après quelques minutes, termine son speech sur les humens. Il est bref et ne veut pas s'attarder davantage là-dessus, cela se voit à son air fatigué. Doucement je lui demande :

- Dis-moi Jaze, comment toi et Calua êtes-vous arrivé jusqu'ici ? On était ensemble si je me souviens lorsque cette lumière est apparue...

- C'est compliqué, retorque ce dernier. Je ne me souviens pas de tous les détails. On s'est réveillé lui et moi sur un terrain vague avec des bâtiments en ruines, tu étais sûrement inconscient sous des décombres à ce moment-là et nous avions dû partir en courant car des mecs louches nous cherchaient, c'était, d'après Gahar, des scientifiques du CRAI qui souhaitaient nous récupérer. Tout s'est passé tellement vite...

- On s'est dit que s'ils te trouvaient, ils te boufferaient mais ça nous laisserait du temps pour nous échapper. Lance Calua en éclatant de rire.
- T'étais le seul à le dire, j'avais au moins le mérite de m'inquiéter un minimum Môsieur Calua ! Grogne Jaze en croisant les bras.
- C'est Calua, ne lui demande pas trop d'effort. Je dis à Jaze en lui lançant un sourire, ce dernier me répondit avec un haussement d'épaule.

Après une petite minute de silence quelque peu gênante, Adréa sortit de son mutisme et, en me regardant, me dit d'une voix timide mais agréable :

- Excuses-moi Rei, je peux te poser une question à toi et aux autres humains dans cette pièce ?

- Oui bien sûr ! Je lui réponds en hochant la tête, la regardant d'un air curieux.

- Je n'osais pas trop en parler avant mais, qu'est-ce que vous portez aux pattes au juste ? Je n'ai jamais vu ça, c'est une coutume humaine ?
- Oh ça ? Je lance en pointant mes godasses noirs et blanches urbaines du doigt. Eh bien ce sont des chaussures ! Peu de personne marche pieds-nus chez nous.

En jetant un œil sur les pattes d'Adréa, tout comme celle de Gahar, je remarque qu'elles sont imposantes et composée de quatre doigts dotés de grosses griffes. Timidement je lance :

- Eh bien... de votre côté je vois que vous n'en avez pas besoin...
- Pourquoi ? à quoi vous servent ses « chaussures » ? Me demande-t-elle en penchant la tête sur le côté.

- Elles nous servent à nous protéger les pieds de n'importe quelles surfaces. Elles peuvent aussi nous permettre de mieux adhérer au sol et de courir plus aisément. Réponds Jaze d'un air neutre, les bras croisé.

- La vache, c'est vachement fragile un humain en fait. S'esclaffe Léo dans son coin.

- C'est super confortable surtout ! Ronchonne Calua en imitant la posture de Jaze.

Je me mets subitement à rire à cause de la tête que fait Calua, il est très expressif et est hilarant quand il veut, même si la plupart du temps il ne fait que se plaindre. Adréa esquisse un sourire en me regardant, pour une race que je considérais encore comme des monstres il y a à peine une journée, les humens possèdent un certain charme. Adréa est épaisse des épaules mais son visage, malgré deux paires de cornes noires partant vers l'arrière de sa tête, une paire plus petite sur le haut du crâne ainsi qu'une autre paire de corne sur le côté de la mâchoire, témoigne d'une grande sympathie. Cela m'étonne beaucoup, je ne pensais pas ressentir une telle chose pour un individu ressemblant à un monstre de récit fantastique !

Nous continuons d'échanger ensemble, j'apprends alors que nous nous trouvons dans la commune de Sceaux, au sud de Paris et que les Humens, de manière générale, sont omnivores. Léo et Adréa m'ont expliqué que certaines races sont carnivores de nature mais que leur organisme s'est adapté à ingérer et digérer des aliments végétaux. Cependant, ceux qui naissent herbivores ne consomment aucune viande et n'en consommeront probablement jamais.

Après quelques minutes, la fatigue se fait sentir de plus en plus chez certains, ce à quoi Léo propose alors à tout le monde d'aller dormir afin d'être un minimum en forme pour demain.

J'acquiesce avec Jaze et Calua puis les deux Humens nous souhaitent bonne nuit avant de sortir de la chambre.

Je retire ma veste et m'installe confortablement sur le lit en m'entourant d'une couette très épaisse, mes amis ne tardent pas à faire de même. Doucement, d'une voix timide je leur demande :

- C'est... c'est fou, heureusement que vous êtes là les gars...
- De rien, nous n'avons pas le temps de nous extasier, on nous chasse comme des animaux ici, donc garde ça pour toi Rei s'il te plait... Commente Jaze d'une voix neutre sans transparaitre la moindre émotion.
- D'accord... Au fait, tu m'expliques comment un lion peut être le fils d'un dragon dans ce monde ?
- Il s'est fait adopté à la naissance après la mort de ses parents. Répond Jaze d'un ton froid, souhaitant du plus profond de son âme que je me taise que je dorme.
- Ah... Je comprends mieux merci, bonne nuit. Je termine d'une voix fatigué, tout de même surprit par sa réponse.
- Bonne nuit. Me répond-t-il.

Calua ne rétorque rien, il vient tout juste de s'endormir. Je soupir lourdement avant de me blottir davantage dans ce lit fort confortable.

Je repense brièvement à cette journée extraordinaire, mais mes paupières sont si lourdes que cela m'empêche de réfléchir plus longtemps. Je décide donc de me laisser tomber dans les bras de Morphée.

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