Chapitre 1 : La chambre
Une petite pièce blanchâtre, aux murs épais et froids. Voilà donc à quoi ressemble l'endroit où je viens d'atterrir. Assis sur une grande chaise, je me réveille tout juste, migraineux, cherchant difficilement à comprendre quel est cet endroit.
En tournant la tête je remarque un lavabo dont la propreté est pour le moins irréprochable. Rien qu'en le regardant de loin, je peux déjà voir qu'il réfléchit très bien la lumière, s'en est presque aveuglant.
Qu'est-ce que je fais ici ? Je me torture l'esprit à essayer de comprendre ce qui est en train de m'arriver.
Pas un souvenir de ce que j'ai bien pu faire pour me retrouver là. La seule chose qui me revient est cette convention très célèbre portant sur le thème du jeu vidéo. J'étais accompagné de deux très bons amis quand soudain, une explosion de lumière s'est produite et puis... plus rien. Le noir total.
Agacé, je me lève de cette chaise avec difficulté, je suis fatigué, mes jambes sont engourdies et j'ai toujours un peu mal à la tête...
En regardant autour de moi, je remarque au fond de la salle, une porte en fer ne possédant pas de poignée ni de serrure, une très grande table accompagnée de deux chaises ainsi que ce qui semble être une caméra en hauteur, dans le coin à la droite de cette porte.
Dans la structure des murs et leur couleur, cette salle me rappelle beaucoup les salles insonorisées dont j'ai déjà eu l'occasion de visiter durant mon adolescence.
Je panique légèrement, cherchant un moyen de sortir d'ici. Je cris mais rien ne se passe, un silence mortel est mon unique réponse.
Accablé, je recule et bute sur ce qui ressemble à un lit simple en métal blanc, équipé d'un matelas plutôt épais, d'une couverture et d'un oreiller blanc généreusement rembourrés de plumes. Doucement, je m'assois dessus.
C'est alors qu'à côté du lavabo, en face de moi, je pris attention à quelques livres sur une étagère en bois vernis.
Curieux, je décide d'aller les examiner, en oubliant temporairement, que je suis enfermé dans cette pièce.
En attrapant un des livres au hasard, je parviens à lire le titre de l'un d'eux : « Histoire de notre monde par Philippe de Saint Martin », écrit dans un français correct voir complexe à certains moments, j'arrive à le lire sans trop de problème et remarque très vite qu'il est organisé comme les vieux livres d'histoire avec lesquels j'ai étudié lorsque j'étais encore à l'école.
L'auteur ne me dis rien dans l'immédiat, peut-être s'agit-il d'une nouvelle édition ?
En continuant de lire ce bien étrange ouvrage, je remarque avec surprise que l'histoire qu'il conte n'a rien à voir avec celle que j'ai pu apprendre à l'école.
Je perçois des ressemblances avec des faits historique que je connais bien comme par exemple la prise de la Bastille, ou encore le débarquement, mais tout est mélangé et différent, ça ne tient pas debout. Je replace le livre dans l'étagère et je regarde les autres ouvrages que j'ai actuellement à ma disposition.
Des livres de science, de physique... il y a également quelques livres fantastiques et même des polars ! Mais un détail viens me titiller l'esprit : Dans toutes les illustrations, sans exception, des animaux à la morphologie et aux vêtements humains y sont représentés, et pas le moindre véritable homme n'est visible !
Je recule d'un pas de cette étagère, me posant de plus en plus de questions. En tournant autour de moi je ne vois aucun autre meuble ou bibelot sur lequel m'attarder, excepté un petit miroir de poche, posé là, par terre.
En le ramassant, je remarque très vite que mon visage, bien humain pour le coup, est couvert d'égratignures et de plaies en train de doucement cicatriser. Je suis rassuré de voir que mes cheveux châtain clair, ma tête insupportable et mes yeux verts sont toujours là... Mais très vite, je me rends compte avec terreur que si je suis capable de les voir avec autant de détails, cela veut donc dire que je ne rêve pas ! Rendant mon emprisonnement encore plus réel et terrifiant.
En ce qui concerne mes vêtements, je porte toujours mes vieilles chaussures urbaines noires et blanches, mon jean bleu-marine, ma veste noire et mon t-shirt blanc tâchée de matières grasses. Elles proviennent sûrement de mon dernier repas, je ne m'en rappelle plus vraiment.
J'ai peur.
Et alors que je tremble comme une feuille, j'entends une voix très grave, roque et calme qui semble sortir de derrière un haut-parleur dont j'ignore la provenance me parler :
« Ne paniquez pas... vous êtes en sécurité ici. »
Cette voix m'intrigue et me force à regarder dans toutes les directions pour trouver son origine, calmant légèrement mon angoisse. Soudain, la voix apaisante résonne une nouvelle fois dans la pièce :
« Êtes-vous capable de parler ? De nous comprendre ? »
Je reste perplexe mais calme. Il y a bien une chose dont je suis sûr actuellement : c'est de sortir d'ici. Je respire un bon coup puis réponds à cette voix :
- Je... vous comprends très bien, qui êtes-vous ? Où suis-je ?
- Bien, nous allons venir à votre rencontre, ne faites pas de gestes brusques et tout se passera bien.
Lance la voix d'un air satisfait.
Je recule d'un pas, je frissonne sur place, comme si rien de bien ne va arriver.
Timidement je m'avance, nerveux, tandis que la porte devant moi s'ouvre doucement en coulissant sur le côté.
Je m'arrête, le stress monte et rend la chose insupportable. Je détourne timidement le regard de l'individu qui vient tout juste de rentrer dans la pièce, ne trouvant pas le courage de le regarder en face.
Du coin de l'œil, je n'aperçois qu'une blouse blanche, je recule apeurer.
J'entends alors l'une des chaises en face de moi se faire tirer accompagnée d'un bruit sourd. Prenant mon courage à deux mains, je décide de finalement regarder cette personne.
Son visage n'a rien d'humain, il est noir, allongé, recouvert d'écailles et des cornes à quelques endroits précis ! Un... Dragon ! Oui ! Il a une tête de dragon ! Cette créature chimérique qui me fascine depuis mon enfance !
J'ouvre grand mes yeux et ne bouge plus face à ce monstre.
Je suis toutefois rassuré de constater que le reste de son anatomie est bien humaine, si on oublie ses ailes, sa queue, ses griffes, ses énormes pattes aux griffes acérées qui lui font office de pieds et son imposante carrure...
Cet individu hors du commun me sourit doucement, comme pour me dire que je ne risque rien, puis de sa voix grave et calme il me lance :
- Bonjour petit être.
- Bon... Bonjour ! Je lui réponds aussitôt, non sans bégaiement.
- Ne t'en fais pas, tu es en sécurité ici. Tu n'as rien à craindre ! Viens donc t'asseoir. Lance alors cet homme-dragon d'une voix amicale et rassurante.
La table étant plutôt grande mine de rien. Je constate alors qu'une fois assis, je ne serai pas trop près de cet être hors du commun, m'assurant ainsi une distance de sécurité non négligeable. Je suis terrifié mais je sais que si je recule, la situation n'avancera pas. Prenant sur moi, j'attrape doucement la chaise, la tire et viens m'asseoir tranquillement toujours un peu nerveux et tétanisé. La personne en face de moi esquisse alors un doux sourire avant de répliquer :
- Qui es-tu ? Tu arrives à t'en souvenir ?
- Ou... Oui ! Je m'appelle Rei... Rei Martin.
- Comment l'écris-tu ?
- Eh bien... R, E et I Mon... monsieur...
L'individu sortit de dessous sa blouse un carnet ainsi qu'un petit stylo, il y note alors mon nom rapidement, comme pour ne pas l'oublier. Il rajoute :
- Tu prononces ça « Raille » et non « Ré » c'est ça ? Curieux...
- Je... préfère...
- Bien ! C'est très bien ! Et te souviens-tu d'autres choses Rei ?
Je marque un léger temps d'attente avant de finalement répondre :
- Eh bien... de mon âge... j'ai 20 ans et...
- Plutôt jeune ! Je vois...
M'ayant coupé, l'homme-dragon continue de marquer les quelques informations que je viens de lui donner sur son carnet. Timidement mais curieux, je lui lance doucement :
- Mais... Qui êtes-vous ? Et où suis-je ?
- Je me nomme Gahar. Et tu te trouves actuellement dans la S2EI : La Section d'Enrichissement sur les Êtres Inconnus, qui lui-même fait partie du Centre de Recherche Avancée International, ou le CRAI si tu préfères.
Je n'ose rien dire d'autre devant tant d'informations qui, malheureusement, ne me dise rien du tout. Le CRAI ? Jamais je n'ai entendu parler d'une telle organisation. Et cette créature en face de moi, qui est-elle ? Quelles-sont ses intentions ? Je tremble, entremêlant mes doigts entre eux sur la table, tête baissée.
Doucement, toujours un peu chamboulé, une question qui me torture l'esprit depuis un moment me force à demander à cette étrange personne :
- Et pourquoi je suis... ici ?
L'individu soupire très légèrement. En relevant la tête je remarque qu'il reste patient et souriant à mon égard, cela m'apaise pendant un instant. D'une voix toujours aussi calme il me répond alors :
- Tu es ici pour que l'on t'étudie Rei. Car tu es unique.
Unique ? Il s'est regardé ?! Ce n'est pas vraiment la réponse que j'attends, et l'incompréhension laisse doucement place à la colère, je serre les poings et rétorque :
- Unique ? Comment ça « unique » ?!
- Eh bien oui, tu ne ressembles à aucun autre voyons.
Le comportement de cette personne me rappel énormément celui de ce psy que ma mère m'obligeait à aller voir, ce type de comportement ne m'énerve guère, au contraire, me sentir écouter m'aide à me détendre un peu. Je lève la tête et le regarde dans les yeux :
- Expliquez-moi ce qu'il se passe... s'il vous plaît !
Juste après ma phrase, l'expression faciale du monstre change radicalement pour laisser place à une gêne sans précédente. Il se gratte un peu la tête d'une main imposante mais délicate puis soupir lourdement :
- Je suis navré mais... je ne peux te répondre pour le moment.
Il attrape ensuite son carnet et arrache une des feuilles, puis il me la tend délicatement avec son stylo en reprenant un doux sourire. Délicatement et timidement, j'attrape les deux objets avec curiosité.
- Tu peux utiliser cette feuille pour t'occuper, tu as également les livres sur ton étagère, je ne peux pas te donner plus que ça malheureusement... Je reviendrai te voir, Rei.
Il me fait un rapide clin d'œil avant de se lever. Je fais des yeux énormes en constatant que la taille de Gahar fait deux têtes de plus que la mienne, et pourtant je fais quand même un bon mètre quatre-vingts ! Il m'intimide avec sa carrure et sa musculature imposante cachées sous sa blouse. Doucement, je baisse à nouveau la tête, la feuille et le stylo entre mes mains. Puis, l'homme-dragon quitte la pièce par la porte qu'il a emprunté auparavant en la fermant derrière lui, me laissant seul à nouveau, chamboulé par cette rencontre.
Je tremble toujours autant, mais où est-ce que je suis tombé ?! Un centre de recherche ? Un homme-dragon ? Suis-je devenu fou ? Je me lève très vite de ma chaise, la faisant tomber en arrière dans un léger fracas. Des frissons parcourent tout mon corps et me pousse à aller m'allonger sur le lit au fond pour tenter de me ressaisir. J'ai froid et peur... Serrant ce stylo et cette feuille contre moi.
Je ne comprends pas, cela ne peut être qu'un rêve ! Je dois me réveiller !
Très vite j'empoigne le stylo de ma main droite puis je viens piquer mon bras gauche avec ce dernier pour vérifier encore une fois que je ne rêve pas, cela laisse sur le membre une petite trace noir.
La douleur est brève et je la ressens avec horreur... Qu'est-ce que je vais devenir ? Qu'est-ce qui va m'arriver ?!
Je respire un grand coup puis je décide de m'asseoir sur le bord du lit, saisissant la feuille que Gahar m'a donné il y a peu. Je l'inspecte avec intérêt, elle est jaune avec de petits carreaux, mais en la retournant je peux apercevoir un petit mot écrit en noir, en tout petit, au centre de la feuille.
« Garde espoir, c'est bientôt fini ! - l'Ombre »
Très vite, un petit sourire s'inscrit sur mon visage, je connais ce surnom. « L'Ombre » est un pseudonyme que j'ai toujours trouvé ridicule, mais l'ami en question qui le prenait sans arrêt me regardait à chaque fois avec des yeux noirs lorsque je me moquais de lui.
Cet ami c'est Jaze. Et c'est l'un de mes meilleurs amis, il était à mes côtés lors de la convention. Le savoir prêt à me sortir d'ici me comble de bonheur, même si j'ignore comment il compte s'y prendre. Serait-il de mèche avec ce Gahar ? Ce n'est pas impossible étant donné qu'il me regardait avec gentillesse et bienveillance. Je suis un peu perdu avec toutes ses révélations, je décide de m'allonger sur le lit et de tenter de trouver le sommeil. Savoir que je vais sortir bientôt d'ici m'a un peu rassuré et apaisé, mettant mon stress et mon anxiété de côté. Je ferme lentement mes yeux, et à cause de cette fatigue qui se fait de plus en plus lourde. Je m'endors rapidement sans trop de soucis, les lumières de ma pièce s'éteignant par la même occasion.
Après de longues heures, je me fais réveiller par le puissant éclairage du plafond constitué de néons, j'entrouvre un œil, encore un peu fatigué.
Que ça soit dans un laboratoire ou chez moi, j'ai toujours du mal à me lever, j'ai tendance à avoir le sommeil très lourd.
Je m'assois au bord de mon lit, les yeux mi-clos, baillant un coup.
Soudain, le silence se brise et j'entends soudainement la voix de Gahar résonner dans la pièce.
« Bonjour Rei. As-tu bien dormi ? Je vais t'apporter ton petit déjeuner ».
Puis, la porte au fond de la pièce, à côté de la table, s'ouvre à nouveau, laissant rentrer encore une fois ce monstre qui dépasse de très loin tout ce que j'ai pu voir d'extraordinaire dans toute ma vie !
Il m'apporte un plateau avec un verre d'eau, ce qui semble être une pomme ainsi qu'une tranche de pain.
Péniblement, je me lève, m'approchant doucement vers la table, puis je m'assois à la chaise en face de Gahar, ce dernier venant déposer le plateau devant moi avant de s'asseoir à son tour.
Doucement j'attrape la pomme et mort un coup dedans. Elle est bien rouge et sucrée comme il faut, tout bonnement délicieuse. Je la dévore d'une traite avant de manger le ridicule morceau de pain qui traîne d'une bouchée puis je finis par le verre d'eau.
- J'aurais quelques questions à te poser concernant ton régime alimentaire Rei. Dit-il en me regardant finir mon verre d'eau.
- Pourquoi donc ? Je lui réponds tout en reposant ce même récipient sur le plateau, plutôt intrigué par sa question.
- Eh bien, nous ne savons pas réellement ce que ton espèce à l'habitude de manger, nous pensons que ce repas que nous te fournissons actuellement est le plus approprié par rapport à ce que nous avons pu observer de ta dentition.
Je me mets à regarder Gahar avec des grands yeux ronds, ne comprenant plus grand-chose, je lui réponds aussitôt intriguer :
- Et bien... je mange de tout, mais comment cela se fait-il que vous me posiez la question ?
L'homme-dragon me regarde avec un œil bienveillant et inquiet, il soupire puis me lance sur un ton sec :
- Car nous n'avons encore jamais vu quelqu'un de ton espèce sur notre planète Rei. Et nous pensons que tu ne sois pas le seul.
Je reste figé, accablé et tétanisé par cette révélation qui ne fait aucun sens ! Je regarde la créature, horrifié, ne sachant plus quoi dire. Et alors que je compte lui poser davantage de questions, Gahar se lève d'un coup en emportant le plateau avec lui et me dit qu'il reviendra plus tard. Me laissant seul avec mes problèmes et mes questions.
Je baisse la tête, les yeux rivés sur la table. Cette dernière ne présente aucune rayure, ce qui, quelque part, ne m'étonne pas vraiment en imaginant le type de bâtiment dans lequel je dois me trouver, très stricte sur l'hygiène et l'entretien...
Doucement, après quelques minutes de non-réflexion, perdu dans mon questionnement et mon inquiétude, je décide finalement de reprendre la feuille et le stylo que m'avait donné la créature il y a de cela longtemps.
En repassant sur le message que m'a laissé Jaze, je décide de le rayer et de le rendre illisible au cas où des gens d'ici, autres que Gahar, souhaitent me prendre cette feuille. Car je le pense toujours, cet homme-dragon doit être de mèche avec mon ami et peut être dissimule-t-il son plan pour le moment, car après tout, je suis surveillé et filmé par cette caméra dans le coin en hauteur de la pièce. Cette dernière possède une petite lumière rouge sur le côté gauche de l'objectif, sûrement pour indiquer qu'elle est en état de fonctionnement...
Pour m'occuper et tenter de me calmer, je décide de déstresser un peu en tentant d'écrire un poème... sur quel sujet ? Je l'ignore, je laisse juste les mots défiler en essayant de faire rimer le tout.
On peut trouver ça idiot de rédiger une telle chose dans ce genre de situation, mais la lecture ne me calme pas assez et je n'aime pas tant lire finalement... un argument ridicule venant de quelqu'un qui aime écrire...
Je mets longtemps avant de finir ce poème, voici donc ce qu'il en est une fois fini :
Froid, lumière.
Rouge, mystère.
Je n'ai rien à cacher
Ils me dissimulent la vérité
On est tous unique.
De certains, On subit tous la hantise.
Mais voilà qu'un jour, on panique.
Et voilà qu'un soir, on agonise.
Même les mystères peuvent s'épaissir.
On se fait alors submerger par la mer...
... Cet océan, que rien ne peut éclaircir.
Et je me retrouve noyé, suis-je encore sur ma Terre ?
Soudain, j'entends la porte coulisser lentement. Et me revoilà à trembler de peur...
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