Quand j'ouvris les yeux, je vis seulement les quatre murs blancs immaculés qui m'entouraient. La seule source de lumière provenait, de trois sphères enflammées qui flottaient à travers la pièce. J'étais assise sur une chaise, les mains attachées dans le dos, seule, face à une porte noir métallique. Je tentai de me mouvoir, mais mes bras restaient immobilisés contre le dos du siège, mes ailes s'agitèrent brassant l'air autour de moi, mais sans résultat. Je ne sentais plus l'énergie de mes dons, couler dans mon corps, comme si elle était entravée par des liens invisibles. Les cris de la soirée, retentissaient dans mon esprit : « Ignominie, abomination... Démon... » Chaque mot avait eu l'effet d'une flèche empoisonnée, planté dans ma chair. J'espérai que Stella, Gabriel et mes amis soient tous sains et saufs, ainsi qu'Hadès. Il avait disparu lorsque les démons étaient arrivés, je refusai de croire qu'il était mort ou pire qu'il m'avait trahi. J'allai enfin connaître la vérité sur mes origines, mais rien ne se passa comme je l'avais espéré. Des larmes se mirent à rouler le long de mes joues, déferlant tel un collier de perles s'éparpillant sur le sol. Le silence pour seule compagnie, je restai dans l'attente de ma sentence. Recroquevillant mes ailes, afin de recouvrir mon visage du bout de mes plumes.

Après un long moment, la porte s'ouvrit enfin, le démon de l'attaque surgit, les yeux toujours teintés de sang. Une aura obscure émanait de lui, imprégnant toute la pièce. Une couronne en or parsemé de pierres noires sur sa tête m'indiquait son statut de roi. Je déployai brusquement mes ailes vers lui, afin de le dissuader d'avancer plus près. Son visage aux traits fins, était menaçant, mais ne m'effrayait pas. Les trois flammes s'immobilisèrent dans les airs, d'un geste de sa main décoré de plusieurs bagues. Deux démons le suivaient, lorsque je croisai le regard de l'un d'eux, je sentis mon cœur se tirailler. Hadès, s'avança d'une démarche majestueuse, vêtu d'un uniforme royal noir, des motifs ébènes en satin grimpaient sur sa veste, des pierres obsidiennes étaient incrustés le long de son col, rappelant ses yeux. La beauté cruelle de son visage était encore plus étincelante, il se positionna à droite du démon couronné.

- Bienvenue au Royaume des Cendres, je me présente, je suis le roi Asmodée, annonça le démon aux iris écarlates. Voici Lucius, mon premier-né et tu connais déjà mon second fils pas besoin de faire sa présentation, ajouta-t-il un sourire se dessinant sur ses lèvres.

Je les fixai tous les trois, avec un regard plein de haines, m'arrêtant longuement sur Hadès avant de détourner les yeux. Je m'étais inquiétée pour lui, le voir du côté de mes ravisseurs, me révolter. Mon cœur se noyait lentement dans ma colère dont il était devenu la source. Son frère se tenait adossé contre le mur en face de moi, les mains dans les poches, le visage décontracté avec des cheveux ébènes plus longs coiffés en arrière. Ses cornes incurvées comme celle de son père, étaient ornementées d'une sorte de bagues en or. Je remarquai deux symboles sur le dos d'une de ses mains, ressemblant à des pointes de flèches encerclés.

-Nous ne sommes pas tes ennemis, tu n'as rien à craindre de nous, me confia le roi.

-Alors dans ce cas, pourquoi suis-je attaché ? demandai-je avec rage.

-Disons que c'est simplement par mesure de précautions, le temps que tu t'acclimate à la situation, nous te libérons une fois que tu auras acceptez de nous aider, rétorqua Asmodée les yeux plissés.

-Et si je refuse ?

-Princesse, c'est dans l'intérêt de nos deux mondes, intervint Hadès qui était jusqu'à présent silencieux.

- Et c'était dans l'intérêt de qui, d'abuser de ma confiance et de mon intimité ? ripostai-je en le défiant du regard.

-Nous t'avons rendu un service, Lilith avait prévu de te kidnapper aux aurores. Et crois moi Bélial est un ange à côté d'elle. De plus après cette surprenante révélation, aux yeux de tes semblables tu n'es plus qu'un démon. Je pense que sans notre intervention, une mort lente et douloureuse t'attendait dans les deux cas, rétorqua le roi avec sérieux.

-Je devrai vous remercier ? Vous avez tué et attaquez des innocents ! criai-je avec mépris.

-Des innocents ? s'esclaffa le roi. Ne crois pas que tous les anges le soient, tu as dû t'en rendre compte quand tes ailes se sont dévoilées.

Les paroles blessantes continuaient de résonnés dans mon esprit : « Ignominie, abomination, démon... » Même si ça me faisait mal de le reconnaître, il avait raison, à part mes proches, presque tous m'avaient observé avec dégoût. Je n'avais pas le courage, d'affronter de nouveau leurs regards accusateurs. Je ne pouvais plus rentrée chez moi, je risquai la peine de mort, du simple fait d'exister. Ma place était peut-être ici en Enfer ?

- Qu'est-ce que vous attendez de moi ? demandai-je résignée.

-Nous avons besoin de toi, pour mettre fin au règne de Lilith, répondit Hadès avec sérieux.

Je le fixai un long moment sans rien dire, la tension dans la pièce était devenue insupportable. Je remarquai avec déception, l'absence du collier autour de mon cou, celui que Gabriel m'avait offert avant mon départ au Royaume des Roses du Désert. Surement perdu durant ma cérémonie, tout comme mon espoir de connaitre la vérité sur mes origines...

-Nous allons vous laissez un moment, vous avez surement pleins de choses à vous dire, lança Asmodée avant de disparaître avec Lucius dans un flash.

Hadès s'approcha de moi, mais je le repoussai aussitôt d'un coup d'aile.

-Je suis désolé, me dit Hadès d'une voix profonde en restant à distance.

Son visage assombri semblait ressentir une peine immense.

-J'avais confiance en toi ! Tu m'as menti depuis le début ! lui criai-je les larmes aux bords des yeux.

-Je n'avais pas le choix, j'aurais préféré que les choses se passe autrement. Depuis la fin de la guerre L'Enfer est divisé, Lilith tente de prendre le contrôle de tous les royaumes. La collecte des âmes se fait de plus en plus rare, l'équilibre de nos deux mondes est sur le point de s'effondrait. Mon père a réussi à convaincre Bélial de se rallier à nous, après son échec au Royaume des Roses du Désert. Je ne connais pas les détails des plans de Lilith, juste qu'elle veut se servir de toi et te tuer, m'expliqua Hadès la voix pleine de regret.

Je sentais ma tristesse se transformer en colère, comme si je me noyai de l'intérieur.

- Détache moi, lui ordonnai-je.

Il hésita instant, puis enleva les anneaux de mes poignets. Mon énergie se libérera au même moment.

Les mains endoloris et le corps chancelant, je me redressai lentement, Hadès était debout face à moi. Je fus prise d'une pulsion, mon poing se serra et parti tout seul vers le visage d'Hadès. Voyant le coup venir, d'un geste vif il bloqua ma main dans la sienne. J'étais sur le point d'implosé, tel un volcan endormi qui se réveille.

-Je n'ai pas l'intention de te blesser, me dit Hadès en relâchant ma main.

-Tu l'as déjà fait... lui répondis-je amèrement.

Aveuglé par la haine, j'utilisai mon pouvoir afin de le projeter violemment contre le mur, qui s'effondra à l'impact de son corps. Je me ruais alors sur Hadès, qui était allongé, légèrement sonner, de l'autre côté de la faille. Je l'assénai de coups appris durant mes derniers entraînements. Nous fûmes face à son père et son frère visiblement amusés par le spectacle dont ils étaient témoins.

-On devrait peut-être intervenir ? proposa Lucius sans conviction à son père.

-Non il s'en sort plutôt bien je trouve, répliqua Asmodée sur un ton moqueur.

Hadès finit par nous téléporter dans une chambre, il reprit le dessus et par une technique des plus habile, me plaqua contre le mur. Mes poignets étaient emprisonnés entre ses mains et la paroi en marbre. Nous étions face à face et essoufflés.

-Tu te sens mieux ? susurra Hadès d'un regard intense.

-Quand tu m'auras lâché ! lui dis-je en détournant son regard.

-Je vais te lâcher mais tu dois d'abord te calmer, m'avertit-il.

-Je suis très calme, répliquais-je en tentant de réprimer mes émotions.

-J'aurais espéré que les choses se déroulent autrement mais voici ta chambre, dit-il en me relâchant délicatement.

Après avoir repris mes esprits j'observais la chambre plus attentivement. La pièce était immense, les mêmes sphères enflammées flottaient entre le sol et le plafond. Un grand lit à baldaquin blanc incrusté de rubis, remplissait le centre. Dans un coin, un large fauteuil ivoire était disposé avec une table basse en marbre, près d'une bibliothèque. Une salle de bain était entre ouvert derrière un rideau en lin. Au fond de la chambre, une grande porte fenêtre menait sur un balcon. Je sentis une odeur familière, qui me chatouillait les narines, en m'approchant du lit, le parfum épicé mêler à la cannelle d'Hadès.

-C'est ta chambre ? demandai-je aussitôt.

-Oui, ça ne te convient pas ?

Je lui en voulais terriblement, et devoir dormir dans sa chambre m'agaçais au plus haut point.

-Où vas-tu dormir ? lui demandai-je aussitôt.

-Ne t'en fais pas pour moi j'ai deux autres chambres, me répondit-il.

-En vérité ça m'est égal, je ne veux pas que tu me déranges, lorsque je dormirai, sous prétexte que c'est ta chambre.

-Très bien, avant de partir je préfère te laisser un bracelet d'améthyste, dans le cas où tu te téléporterais accidentellement, pendant ton sommeil, me confia Hadès en me tendant un anneau en cristal violet.

-Même si je le voulais, je ne pense pas en être capable, lui dis-je les sourcils dressés en lui donnant ma main.

Hadès caressa du bout de ses doigts, ma peau en enfilant l'anneau violet, sur mon poignet.

-On ne sait jamais, tous les démons peuvent se téléporter, les nouveau-nés portent des bracelets, jusqu'à l'âge de dix ans, pour être sure qu'ils ne se perdent pas durant leur sommeil. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je serai dans la chambre juste à côté m'expliqua-t-il avant de disparaître en un flash.

Je me dirigeai vers la porte fenêtre et sortie sur le balcon, je regardais par-dessus le muret blanc fait de plusieurs petites colonnes en marbre, des dunes de sables noires remplissaient la vue jusqu'à l'horizon. Bien que l'absence de soleil ou de lune me surpris, l'air y était doux, les couleurs parme de ce qui ressemblaient à un ciel, me faisaient pensée que c'était la nuit. Ma vision avait changé, je pouvais à présent voir dans l'obscurité aussi clairement qu'en plein jour, comme un démon. L'endroit était magnifique, je devais être dans l'une des chambres les plus hautes. J'en profitai pour observer le palais, d'un blanc étincelant qui faisait contraste sur le sol de sable noire qui scintillait comme un ciel étoilé.

Après un long moment je retournai à l'intérieur pour aller dans la salle de bain. Une grande baignoire nacrée était disposée sur la droite, face à un grand miroir. Je vis pour la première fois mon reflet avec mes ailes, je les touchai impressionnée à l'idée qu'elles m'appartenaient. Les cris résonnaient de nouveau dans mon esprit : « Ignominie, abomination... Démon... »  J'essayai de les faire disparaître, mais sans succès, j'enlevai ma robe puis m'allongeai au milieu du lit. Enveloppée dans les draps noirs en satin, parfumés d'épices et de canelles, la même senteur que celle d'Hadès...

Le lendemain je fus réveillée par trois petits coups sur la porte. Je m'enroulai dans les draps avant de répondre. Hadès montra le bout de son nez suivis d'une servante, elle tenait un plateau avec d'après l'odeur un plat chaud, qu'elle déposa sur la table du petit salon. Puis s'en alla dans la salle de bain.

-Tu as bien dormis ? me demanda Hadès avec un air de chien battu.

-Ne fais pas comme si tout allait bien, soupirai-je. Je te rappelle que je n'ai pas demandé à être ici.

-Mon père aimerait que tu t'entraînes, à utiliser tes nouvelles capacités, me dit Hadès.

-Il ne craint pas que je m'en prenne à vous une fois que je maitriserai mes nouveaux talents ? lui dis-je.

-Je t'ai dit que nous ne te voulons aucun mal, c'est mieux que tu saches te défendre ou cas où nous serions dans l'incapacité de te protéger, me répondit Hadès en s'installant dans un fauteuil.

-Je vais manger un morceau avant et me changer, lui répondis-je en me dirigeant vers la table basse.

Je pris une pomme rouge dans une corbeille de fruit posé sur le plateau. Puis je me dirigeai vers la salle de bain, la servante était en train de nettoyer le miroir, elle avait déposé des vêtements noirs sur une chaise. Je me changeai puis retournai vers Hadès, il me tendit la main et en un flash nous nous retrouvions dehors, sur un grand terrain d'entrainement. Le soleil était toujours absent mais l'air était brûlant, le ciel avait une teinte saumon. Des mannequins de bois se dressaient sur les dunes de sables noirs, certains noirci par le feu, des gardes tiraient sur des cibles criblées de trous. Un flash retenti le frère d'Hadès, s'approcha de nous les mains dans les poches. Il était habillé d'une chemise noire à demi ouverte, et un pantalon fluide noir.

- Je pense que tu pourrais essayer d'enflammer un mannequin, proposa Hadès en me pointant l'un d'eux.

Je m'approchai de l'une des silhouettes ressemblant à des démons en bois, et me concentrai la main tendue. Je tentai de retrouver la même chaleur, que j'avais ressenti lors de ma cérémonie. Quand je la sentis se répandre dans mes veines et s'étendre jusqu'à mes doigts. Je réussi à envoyer une petite flamme timide sur la cible. Elle s'évapora presque instantanément au contact du bois. Le frère d'Hadès s'esclaffa de rire, même Hadès avait un sourire en coin. Je pointai ma main sur Lucius puis le projeta sur une cible, à quelques mètres derrière lui. Il se téléporta aussitôt relever, devant moi.

-Il ne faut pas le prendre comme ça princesse, me dit Lucius avec un sourire narquois.

Puis il regarda le mannequin que j'avais tenté d'incendier, il souffla sur sa main une énorme flamme se jeta sur le bois qui se mis à bruler ardemment.

-C'est comme ça qu'il faut faire, me dit-il fièrement.

Un nouveau flash retenti, une femme démon fit son apparition et nous rejoignit d'une démarche féline. Elle était magnifique, son visage en forme de cœur, avec des yeux en amandes. Ses longs cheveux rouges comme le feu flottaient dans l'air, quelques mèches s'enroulèrent autour de ses cornes. Elle était vêtue d'un corset écarlate et d'un pantalon noir laissant passer sa queue pointue. Elle se jeta dans les bras de Lucius et l'embrassa langoureusement. Je détournai le regard vers Hadès, qui semblait autant mal à l'aise que moi.

-Recommence, imagine que c'est moi, ajouta-t-il sur un ton de défi.

Lucius et la femme s'arrêtèrent de s'embrassé et me regardèrent. Je pris une profonde respiration et je me mis à repenser à Hadès, son visage se dessina sur la tête du mannequin. Un souvenir surgit, lorsque nous étions tous les deux, dans la cuisine du Royaume de Fer. Un frisson parcouru mon corps, tel une traînée de poudre, je ne parvenais pas à oublier, le contact de ses lèvres sur les miennes. La chaleur que j'avais ressentis, était encore plus brûlante, que celle de ma cérémonie. Mais la trahison d'Hadès surgit, rendant mes souvenirs douloureusement amers. Mes pensées s'emmêlaient dans ma tête, formant un nœud avec mes sentiments, ou je tirai sur le fil de la haine. Mes mains s'embrasèrent, puis une énorme boule de feu, apparut et fis exploser le mannequin.

-Elle à l'air de vraiment t'en vouloir, dit Lucius en rigolant avec sa compagne.

-Je pense que les mots ne sont pas assez forts pour dire ce que je ressens quand je te vois, dis-je à Hadès, en regardant les restes du mannequin. C'est dommage, j'ai loupé ma cible... Maintenant j'aimerais essayer de voler si personne n'y voit d'inconvénient.

-Je vais t'accompagner, puisque c'est ton premier vol et que tu ne connais pas la région, me répondit Hadès avec entrain.

-Et tu penses que je vais te porter comme une princesse ? lui lançais-je.

Lucius et son amie rigolèrent de plus belles. Un flash retenti Hadès avait disparu sous un nuage de fumée noir, quand la fumée se dissipa un corbeau noir apparut.

-Je vais te suivre sous cette forme, me répondit le corbeau avec la voix d'Hadès.

J'étais à la fois surprise par sa nouvelle apparence et agacé, encore une facette de lui que je ne connaissais visiblement pas. Je déployai mes ailes en grand, et commençai à les agiter de plus en plus vite. Elles étaient imposantes et lourdes, j'avais beaucoup de mal à décollé du sol. Quand mes pieds quittèrent la terre ferme, je pris une profonde inspiration et me concentra sur le rythme des battements de mes ailes. Après plusieurs tentatives je réussi enfin à m'envoler.

Voici la carte afin de se situer dans les différents royaumes de l'enfer... (talents très limitées ^^) (<3)

Et la magnifique carte faite par
SosoChamcham
(<3)

Petit organigramme de L'enfer fait aussi par SosoChamcham
🥰🥰😈