La chaleur du bain, me rappela la nuit que je venais de passer avec Hadès. L'espoir de débuter une relation avec lui, laissait place à ma crainte de ce qu'il pourrait arriver, si mon frère le découvrait. Si seulement Hadès n'était pas un garde, qui plus est, un démon, les choses seraient différentes. Lucie me fit sortir de mes pensées et m'aida à me préparer pour la cérémonie. J'enfilai une élégante robe blanche au dos nu, ajustée au corps avec des longues manches transparentes. Après avoir tressé mes cheveux en couronne et fini de me maquiller Lucie sortie de ma chambre. Hadès vint frapper à ma porte juste après.

- Vous êtes magnifique princesse... me dit-il d'une voix profonde.

- Je vous remercie, répondis-je les joues rougissantes. Vous n'êtes pas mal non plus pour un Démon.

Il s'approcha de moi un sourire en coin. Ses mains glissèrent le long de mon dos nu, les joignants au creux de mes reins et déposa un baiser sur mes lèvres.

- Je tenais à vous parler avant le départ, me dit-il l'air sérieux.

Sa mâchoire se crispa sous mes doigts, son regard devint encore plus intense.

Quand soudain, Alize surgit, parer d'une somptueuse robe dorée, ressemblant à une tornade de tissus. Je me détachai subitement des bras d'Hadès.

-Je suis désolé... Je ne pensais pas que... nous dit Alize embarrassée.

-Promet-moi de ne rien dire... la suppliai-je.

-Ne t'inquiète pas, je n'en ferai rien. Au fond, je me doutais qu'il se passé quelque chose entre vous. J'espère au moins, que tu sais ce que tu fais, me répondit-elle dans le plus grand des calmes.

La porte se mit à vibrer, nous figeant tous les trois sur place.

- Je finis de me préparer et j'arrive ! criais-je à travers la porte.

- Où est encore passé ton garde ? demanda la voix de Gabriel.

- Il vient juste d'emmener Alize là-haut, improvisais-je.

- Ah d'accord... Je vais monter dans ce cas, vient immédiatement lorsque tu seras prête, répondit-il avant de partir.

- Hadès, il faut que tu fasses monter Alize tout de suite ! lui ordonnais-je.

A ces mots il prit la main d'Alize et disparurent tous les deux.

Je finissais de rassembler mes affaires dans un sac en attendant le retour d'Hadès. Quand il réapparut, il nous téléporta au sommet de la tour. Un grand carrosse blanc orné de plumes dorées nous y attendait, attelés par quatre grands chevaux blancs ailés. C'étaient des Pegasus, des créatures immortelles beaucoup plus grandes et imposantes que des chevaux normaux. Je n'en avais jamais vu auparavant, seulement en illustration dans des livres.

- J'ai fait venir le carrosse du Royaume des Cieux, pour que le voyage soit plus confortable. Il y a des couvertures si vous avez froid, dans une trappe sous les sièges, me dit Gabriel, en prenant ma main pour me faire grimper dans le carrosse.

Je pris place aux côtés d'Hadès et Sun s'installa en face de moi avec Félix.

Quelques minutes plus tard, je sentis le carrosse se soulever dans les airs. J'observai par la fenêtre l'océan de nuages se dessinait jusqu'à l'horizon. La robe d'Alize formait des vagues dorées au grès du vent. Alec tenait sa main, vêtu de son uniforme royal gris, aux lourdes épaulettes d'argent. Ils étaient tous deux entourés d'une dizaine de gardes. Gabriel était en avant, avec ses cheveux blonds virevoltant, ses vêtements se confondaient dans le bleu du ciel. Huit heures de vol étaient nécessaires, pour traverser le continent. Après avoir fait une courte pause, il nous restait encore quatre heures, à parcourir avant d'arriver au Royaume des Neiges Éternelles. Pendant que je lisais, Sun avait passé son temps à embêter Félix, en le bombardant de questions. Je savais désormais, que Félix avait vingt-six ans, qu'il était né pendant la guerre dans le Royaume des Ombres, que sa mère était une tailleuse de pierre et son père un mineur. Sa couleur favorite était le vert et il était toujours vierge. Sun avait arrêté son interrogatoire, quand nous aperçûmes au loin, le sommet des montagnes enneigées dépassait des nuages.

- Ca va Nora ? Tu as l'air nerveuse, me dit Sun, qui semblait voir mon stress que je tentais de dissimuler.

-Je t'avoue que l'idée de me retrouver devant tous les royaumes réunis, me mets un peu mal à l'aise. C'est aussi ce soir, que ma mère me révélera la vérité sur mes parents, lui répondis-je.

-Tu as affronté un Ancien Démon, de quatre mètres de haut et repoussé quatre anges qui ont tenté de te kidnapper, la cérémonie n'est rien en comparaison. Et puis pour tes origines tu seras toujours la fille de Stella, ajouta-t-il afin de me rassurer.

-Merci Sun, tu as raison, lui dis-je en souriant.

Je commençais à ressentir le froid me piquait les joues au fur et à mesure que nous approchions du nord. Hadès sortit une couverture de la trappe et me recouvrit avec, laissant glisser sa main à l'intérieur, pour tenir la mienne. Sun s'était endormi, la tête posée contre Félix qui semblait somnoler. Je me blottis contre Hadès avant de m'assoupir à mon tour.

Il était cinq heures, quand le carrosse se posa au milieu des montagnes enneigées.

- Nous sommes bientôt arrivés, mais les Pegasus ne peuvent pas atterrir avec le carrosse devant l'entrée du palais, annonça Gabriel en commençant à détacher les chevaux.

Pendant que les gardes prenaient nos affaires, Sun enfourchait en premier sa monture, l'air ravi. Félix commença à s'approcher de la sienne avec réticence. Je n'étais jamais montée sur un cheval, alors à dos de Pegasus me semblait encore plus impressionnant. Hadès m'aida à grimper sur le mien avant de se téléporter sur le sien. Gabriel s'envola et nous le suivîmes dans une nuée de battement d'ailes.

Nous atterrissions à quelques mètres de l'entrée du palais, le sol était glissant et en pente. Je compris alors pourquoi, les Pegasus ne pouvaient pas atterrir avec le carrosse. Nous étions bien plus haut que le sommet de la tour argentée, la vue était à couper le souffle. Le château dressait face à nous était sculpté dans la glace, avec des tours circulaires en spirales, les bords des nombreuses fenêtres étaient recouverts de stalagmites. Un grand escalier transparent menait à l'entrée, où une rosace aux verres multicolores était dessinée au-dessus des portes. Une cinquantaine de gardes en uniforme blanc et aux épaulettes argentées, se tenaient en rangs. Deux d'entre eux nous firent entrer dans un immense hall. La hauteur du plafond me donnait le vertige, un gigantesque lustre décoré de cristaux dominé l'espace. La rosace reflétait sa lumière en forme de fleurs, sur le sol semblable à du verre. Nous traversions le palais, décoré de magnifiques sculptures de glaces. Des servantes nous attendaient avec des fourrures dans un grand salon. Elles nous remirent à chacun un manteau blanc sauf à Hadès et Félix. Un garde les emmena afin de leur remette un uniforme plus chaud. Ma mère arriva au côté de Gérald et me prit aussitôt dans ses bras.

- Joyeux anniversaire ma chérie, tu m'as terriblement manqué, me dit-elle de sa douce voix.

- Vous m'avez aussi manqué, lui répondis-je.

- Tu es vraiment sublime, la robe te va à merveille, ajouta-elle.

La reine et le roi vinrent nous salués, accompagnés de leurs deux enfants, Neva et Joran.

- Vous êtes les bienvenues, une servante va vous conduire jusqu'à vos chambres, nous expliquâmes la reine Chioné.

Elle avait un regard bleu glacial, son teint laiteux se confondait avec sa longue robe blanche brodée de flocons de neige. Sur ses cheveux bruns ondulés, se dressait une couronne d'argent avec des cristaux transparents en forme de stalagmites. Sa fille lui ressemblait comme une goutte d'eau gelée. Et son fils était le portrait de son père, avec le même visage fermé.

Nous montâmes dans l'une des tours circulaires, jusqu'au troisième étage. Ma chambre était grande et luxueuse, une coiffeuse ornée de flocons de neige se trouvait près d'une fenêtre. Le lit à baldaquin était immense, décoré d'un voilage parsemé de diamants. Les couvertures étaient en fourrures de renards blancs, douces et chaudes. Gabriel était resté avec moi pendant qu'Alize, Sun et Alec se dirigèrent vers leurs chambres.

- Mère va mettre en place son bouclier autour du château. La cérémonie devrait commencer vers vingt-trois heures. Profites-en pour te rafraichir et te reposer, je viendrai te chercher quand ce sera l'heure, me dit-il avant de ressortir.

***

Quand l'heure approcha, Gabriel revint comme promis pour m'accompagner, dans la grande salle de réception, suivi par Félix et Hadès. Toutes les familles étaient présentes et me regardaient arriver en haut de l'escalier central en verre. La salle était immense, des colonnes en spirales grimpaient jusqu'au plafond, recouvert de milliers de cristaux, qui reflétait sur le sol semblable à un miroir. Je sentais la pression montée, j'aurais préféré sauter du haut de la tour argentée, plutôt que de descendre cet escalier devant tout le monde. Heureusement, Gabriel était là, il me tenait par le bras ce qui me rassurait. Un garde annonça notre arrivée, mon frère me chuchota à l'oreille :

- Le prince Eden m'a demandé la permission de danser avec toi, pour la danse d'ouverture.

Je sentis encore plus de stress à ces mots, j'avais oublié ce détail. Arrivée en bas de l'escalier, le prince Eden s'avança vers moi, fit la révérence et me tendit sa main.

- Princesse Nora, voulez-vous me faire l'honneur de danser avec vous ?

Il portait un uniforme royal blanc avec des broderies en or et des épaulettes dorées. Son visage angélique me fixait avec ses yeux azur d'une étrange lueur. Je répondis d'un sourire, suivie d'une révérence et pris sa main. Des musiciens, au fond de la salle, commencèrent à jouer une musique douce. Eden posa sa main droite sur ma taille et m'emmena au milieu de la salle. Tournant au gré de ses mouvements, je me concentrai afin de ne pas commettre un seul faux pas. Je sentais le regard de la foule silencieuse nous observer. J'aperçus Hadès vêtu en blanc, en bas de l'escalier, me regarder avec le même regard que lorsque je l'avais recouvert de neige.

- Vous êtes magnifique, princesse, m'avoua le prince.

Je ne savais pas comment réagir. Il était très beau avec ses mèches dorées, ses traits parfaits ne me laissée pas indifférente, mais je ne pouvais m'empêcher de penser à Hadès.

- Je vous remercie Votre Altesse, lui répondis-je poliment.

Puis il fit un geste aux musiciens, la musique s'arrêta. Eden posa un genou à terre, sorti de sa poche une petite boîte en cuir doré. Il l'ouvrit en me la tendant, révélant une plume blanche. Je retenais ma respiration, il m'offrait l'une de ses plumes, pour me demander en mariage. Je fus tellement surprise qu'aucun son ne sortit de ma bouche, je pris la boite qui attendait d'être cueillie.

-Je vous offre ma plume, en espérant que vous serez mienne pour l'éternité, me dit le Prince en déposant un baiser sur ma main.

Sa déclaration m'embarrassait au plus haut point, mais je tentais de ne rien laisser paraître. La musique reprit, Eden se redressa et continua de me faire danser. Peu à peu, des couples se formaient autour de nous. data-p-id=fbb294820a73d51f0897c6e63827136b,Alize dansait avec Alec, la reine Chioné, était au bras de son mari, Gabriel faisait tournoyer la princesse Mélissa. Quand la musique s'arrêta enfin, à mon plus grand soulagement, ma mère vint me chercher accompagné de son garde Gérald et de Hadès.

Le moment que j'avais tant attendu, était sur le point d'arriver. Des gardes ouvrir une porte au milieu du mur transparent, laissant place à une immense terrasse couverte, surplombant un jardin recouvert de neige. Un autel en verre était au centre, je reconnus la coupe sacrée posée dessus. Une fois devant, je m'agenouillais sur un tapis de fourrure. Tout le monde était rassemblé face à moi et m'observait, dans un silence de glace. Ma mère prit la coupe et la remplit d'eau puis la porta à mes lèvres, ensuite elle commença à parler dans la langue des premiers anges. Je sentis une sensation de chaleur étrange se répandre dans mon corps, mon dos se mis à me brûler. Quand elle prononça les derniers mots du serment, je sentis mes ailes se déployaient pour la première fois. Ma joie fut de courte durée, interrompu par des cris stridents venant des spectateurs. Des flammes jaillirent de mon corps provocant un cercle enflammé tout autour de moi. La foule me regardait avec effroi, comme si je m'étais transformée en une bête hideuse. Je découvrais mes ailes, qui semblaient être à l'origine de l'agitation de certaines personnes, elles étaient noires telles les plumes d'un corbeau.

Soudain, des flashs retentir sur la terrasse, des centaines de diablotins et de démons communs apparurent, provoquant une vague de panique dans la foule. Stella créa un bouclier autour de nous deux, tandis que Gérald dégainait son épée devant nous. Je cherchai désespérément du regard Hadès qui semblait avoir disparu.

Gabriel combattait trois démons au côté de Félix, Alec paré de sa lame, protégeait Alize et Sun derrière lui. La reine Chioné glaça deux diablotins qui tentaient de s'en prendre à la princesse Neva. Eden envoya valser plusieurs démons, en créant une puissante bourrasque protégeant sa sœur Célia. Mélissa et son frère Malone lancèrent des jets d'eau propulsant les diablotins par-dessus la balustrade. Sam et Chen firent apparaître des racines d'épines autour de certains démons. Les gardes tombaient un à un, sous les lames de nos ennemis, qui continué d'arriver de nulle part. Le chaos régnait, c'était censé être le plus beau jour de ma vie, je l'avais rêvé des dizaines de fois mais ce rêve, ce moment tant attendu se transforma en un terrible cauchemar. Les cris de panique, l'odeur du sang qui coulait sur le sol, ce spectacle dont j'étais témoin, me semblait irréel.

Je vis Eden tenté de me rejoindre mais soudain le sol se fendit entre lui et moi. Un démon cornu apparut au milieu de la crevasse, que je reconnus aussitôt. C'était Bélial, avant qu'il n'ait pris sa forme de monstre géant, il était armé d'un arc immense. Un deuxième fit son apparition, le regard sévère, ses yeux étaient rouges vifs et ses cheveux noirs, habillé d'un uniforme sombre aux épaulettes dorées. Bélial sortit une flèche au bout noir brillant, c'était sans nul doute une pointe en pierre de soleil. Mon corps se glaça, à l'idée que l'un d'entre nous, prenne cette flèche en plein cœur. Une violente secousse survint provenant du pied de Bélial, le sol se mit à trembler me faisant perdre appui avec Stella. Il pointa sa flèche sur la reine Céleste mais un garde s'interposa et prit la flèche en plein cœur s'écroulant instantanément.

Bélial envoya une seconde flèche, cette fois ci dans notre direction. La pointe brisa le bouclier nous protégeant, Stella tomba par la force du contrecoup. Des dizaines de démons commençaient à foncer sur nous. Gérald réussi à en tuer deux de sa lame, je tentais de repousser les autres assaillants en les projetant dans les airs. D'autres apparurent, aussitôt sans nous laisser le moindre répit. Quand l'un d'eux me sauta dessus, je réussi à l'esquiver puis lui donnai un violent coup de pied au visage, fendant ma robe avec le mouvement de ma jambe.

Trois démons se jetèrent sur Gérald l'immobilisant au sol, et trois autres m'encerclèrent. Je parvins à en éjecter un par-dessus la terrasse. Je sentis la chaleur qui m'avait consumé durant la cérémonie, mon corps brûlait de nouveau comme lorsque Hadès me caressait la peau. Je mis mes mains brûlantes en avant, du feu jaillit du bout de mes doigts brûlant mes deux agresseurs gravement. Un flash retentit derrière moi, je n'eus pas le temps de me retourner et pris un violent coup sur la tête, m'effondrant sur le sol gelé. Je fus plongé dans le noir, seuls les cris de terreur me parvinrent aux oreilles, puis plus un son.