Aux Portes de L'Enfer
Point de vue de Mélissa :
Après m'être reposé dans mon bain, j'étais partie dans la chambre de Malone, cherchant des vêtements plus confortables et plus pratique que mes robes. Si je devais affronter des chiens de l'enfer, je doutais qu'une révérence les fasse plier. Je pris deux pantalons noirs et deux chemises blanches, pour moi et Alize qui attendait dans ma chambre. Je mis la main sur deux lames qui traînaient dans un de ses tiroirs, puis je retournai auprès d'Alize. Elle était assise sur mon lit, regardant par la fenêtre qui donnait sur la mer, je sentis son inquiétude quand je croisai son regard.
-Tu penses qu'elle va bien ? me demanda alors Alize pensive.
-Oui, je ne la connais pas autant que toi, mais Gabriel m'a dit qu'elle était forte et de plus très têtue. Je pense que ceux qui l'ont enlevé, ont du soucis à se faire, lui répondis-je sur un ton rassurant, en lui donnant les vêtements de mon frère.
Je vis un petit sourire se formait à la fin de ma phrase.
-Tu as raison, elle doit probablement chercher le moyen de s'enfuir, me dit Alize convaincu par ses propres mots.
Nous nous habillons toute les deux, j'enfilai le pantalon rapidement puis la chemise. Les vêtements, étant un peu trop grands pour nous, je pris des ceintures corsets en cuir noir dans mon placard. Et deux paires de bottes hautes noires. Une fois prêtes nous nous dirigeâmes vers l'entrée du palais, les guirlandes de coquillages, suspendus dans le hall, tintaient sous le vent salé de la mer. Quand soudain, plusieurs flashs assourdissants retentirent, provenant de la plage. J'accélérai le pas avec Alize à mes talons, suivis des cinq gardes qui devaient nous escorter.
Gabriel et Alec, qui étaient installés dans les hamacs, se précipitèrent eux aussi vers le bruit, quant à Félix qui discutait avec Sun se téléporta aussitôt près de nous. Une dizaine de silhouettes se dessinaient au loin, marchant dans notre direction. Nous étions tous parés à accueillir les intrus, quand je reconnus l'une d'elles, je me sentis soulagé. C'était mon frère, suivis d'Eden, Chen et Sam. À mon plus grand étonnement Celia les accompagnés. Derrière eux se tenaient cinq gardes démons.
-Comment avez-vous su, que nous étions ici ? les interrogea Gabriel surpris de leurs présences.
-Tu n'es pas le seul à avoir l'ouïe fine, répondit Eden qui se mettait face à Gabriel. Célia a tenu à m'accompagner, quand je lui ai raconté ce que j'avais entendu. Sam, Chen et Malone sont venus nous rejoindre, juste avant notre départ. Nous t'avons suivi jusqu'à ton palais par les airs, nous sommes arrivés juste une heure après votre départ. Je me suis donc permis de t'emprunter cinq gardes, qui nous ont téléporté jusqu'à la côte, où nous avons dû attendre qu'ils récupèrent, avant de nous emmener ici. Mais ne t'inquiète pas, nous sommes venus vous aidez à retrouver ma fiancée, ajouta Eden, avec un sourire prétentieux.
-Pourquoi tu ne m'as rien dit ? me cria Malone la voix pleine de reproche en s'approchant de moi.
-Je ne voulais pas t'inquiéter, je suis désolé, rétorquai-je en innocemment.
Malone soupira bruyamment, puis mon regard se porta sur Célia qui se rapprochait de Gabriel. Même si je ne l'appréciai pas, je savais qu'elle était puissante et que ses talents, nous serons sûrement d'une grande aide.
-Pour quelle raison êtes-vous venus ? demanda Gabriel à Chen et Sam.
-Notre mère t'a entendu, et nous a ordonné de retrouver ta sœur, en se joignant à Eden, c'est l'héritière légitime du Royaume des Cieux, répondit Sam en posant son doigt pointé vers le ciel contre son front, en signe de respect à la tradition ancestrale des Premiers Anges.
-Saches que je ne suis pas d'accord avec ma mère et que je veux aider à retrouver ta sœur, intervint Célia d'une voix mielleuse.
Ses manières m'agaçaient, rien qu'à la regarder j'en avais la nausée.
-Je vous remercie, d'être venu m'aider, si tout le monde est prêt, allons-y maintenant, déclara Gabriel avant de se tourner vers l'un de ses gardes. Léon, par en éclaireur avec Gaspard, vous nous attendrez sur place, lui ordonna-t-il.
Léon rejoignit l'un des gardes qui venait d'arriver et ils disparurent en un instant. Eden siffla un grand coup et les Pegasus accoururent vers lui. Les quatre gardes restants, s'approchèrent et déployèrent leurs ailes. Puis tous les anges firent de même, sauf Sun qui était le plus jeune, il se dirigea vers les Pegasus avec Félix et les quatre autres démons. Une fois que tout le monde était prêt, Gabriel décolla le premier et nous le suivirent tous ensemble. Nous volions comme prévu environ trois heures avant d'apercevoir la terre au loin, où se trouver la porte des Enfers. Je remarquai Célia qui volait près de Gabriel, ce qui avait le don de m'énerver encore plus. Malone était près de moi, avec son air de renfrogné, il ne m'avait pas adressé la parole de tout le voyage. Visiblement, il m'en voulait encore. Le soleil se couchait sur l'horizon, colorant les nuages d'une teinte orange.
-Vous avez un plan ? Rassure-moi Gabriel ? demanda alors Eden, pas très serein.
-Félix m'a dit, que notre principal souci serait les chiens de l'enfer, on devait seulement être dix, donc ce sera plus simple. Ils sont trois, j'ai pensé que nous pourrions former trois équipes, moi, Alec, Alize, Sun, Mélissa et Félix. Vous n'avez qu'à prendre un garde avec vous et le restant des gardes formeront la dernière. Chaque groupe, s'occupera d'un chien. Il faut seulement qu'on puisse les neutraliser pour franchir le portail, expliqua Gabriel confiant.
Je l'écoutai avec une certaine admiration, sa voix était pleine de déterminations. Son visage si parfait reflétait le courage, il ne semblait pas éprouvé la moindre peur, contrairement à moi. J'étais terrifié à l'idée, qu'il puisse lui arriver quelque chose.
On arriva enfin sur la terre ferme, sur le sommet d'un énorme cratère d'un vieux volcan éteint. Léon et Gaspard nous attendaient, comme prévu, tandis que les Pegasus répartirent vers le ciel étoilé. Plusieurs sphères de lumières, étaient disposées sur les parois rocheuses du gouffre. Des crânes et des squelettes noircis, étaient éparpillés sur les roches noires volcaniques, l'odeur âcre de soufre se répandait dans nos narines. D'après l'histoire, ce fut ici, que le père de Gabriel dû se sacrifier, afin de sceller la porte entre nos deux mondes. Je ne sais de quelle manière, mais le bouclier avait visiblement disparu. J'observai les trois énormes chiens, tournant en rond au centre du cratère, autour du grand portail de l'Enfer. La porte ressemblait à une trappe immense en forme de cercle. Les chiens étaient impressionnants, des flammes émanaient de leurs corps noirs, deux fois plus gros que des Pegasus. Leurs yeux rouges leur donnaient un air menaçant, tout comme leur large gueule, aussi grande que celle d'un requin-pèlerin.
Quand Gabriel plongea en premier vers le fond du volcan, les molosses se mirent à aboyer, crachant des boules de feu dans notre direction. Je tentai d'envoyer un puissant jet d'eau, dans ma descente, afin d'éteindre les projectiles enflammés. Alec lançait des couteaux part la pensée, les faisant revenir comme des boomerangs sur l'un des chiens enragés. Gabriel et moi fîmes jaillir une puissante cascade, sur le cabot entaillé, diminuant considérablement ses flammes.
Eden volait en esquivant des boules de feu, puis créa une énorme tornade, qui aspira le deuxième molosse, et le fit tournoyer sur lui-même. Malone vint aider le groupe de gardes, qui venait déjà de perdre un démon, déchiqueté d'un coup de mâchoire. Il créa une gigantesque vague d'eau, sur le troisième monstre, qui fut propulsé contre les parois du cratère. Célia envoyait ses rayons de lumière, aveuglant le cabot étourdi par la tornade. Alize qui était resté en hauteur avec Sun, envoyait des rafales de vent pour ralentir notre cible. Pendant que Sam et Chen firent sortir des racines d'épines du sol, s'enroulant sur le molosse des gardes. Félix réussit à se téléporter, à califourchon sur le dos de notre chien qui semblait de plus en plus agressif. Il sortit deux poignards, puis les planta de chaque côté de son cou. L'animal hurla, en se cabrant, il fit tomber Félix et se rua vers moi en crachant ses boules de feu.
J'esquivai les flammes en virevoltant de gauche à droite, mais il réussit à m'attraper la jambe, avec sa longue queue au bout pointu. D'un mouvement, il me jeta violemment contre le sol, avant de me foncer dessus. Gabriel réussit à créer un bouclier iridescent, autour de moi, avant que la mâchoire de la bête ne se referme dessus. Ses dents se brisèrent au contact de la bulle lumineuse, le chien prit de rage bondit sur Gabriel, et lui donna un puissant coup de patte. Alec réussit à envoyer une lame dans l'œil du chien, qui se mit à gicler du sang. Sam parvint à lancer une liane, autour du cou de la bête le maintenant fermement. J'accourus aussitôt près de Gabriel, qui était allongé sur un tas d'ossements. Sa veste était en lambeau, laissant entrevoir son torse entaillé. Je mis aussitôt mes mains sur sa peau pour le guérir. Pendant que les autres, continuaient leur danse aérienne, autour des deux molosses encore debout.
-Merci, tu vas bien ? me demanda Gabriel en se redressant.
-Oui grâce à toi, je t'en remercie, lui répondis-je avec reconnaissance.
Je remarquai sa plume en cristal sur son aile, et je compris qu'il venait d'utiliser le pouvoir de son père pour la première fois. Sam et Chen réussirent à immobiliser les deux chiens, de leurs racines d'épines. Tout le monde se regroupa devant le portail, épuisé par la bataille. Eden soignait une brûlure sur son bras gauche, pendant que Chen s'occupait de Félix qui était recouvert d'égratignures. Il ne restait plus que sept gardes encore en vie. Je proposai un peu d'eau, pour ceux qui souhaitaient boire dans ma gourde. Quand je la tendis à Célia, elle refusa de ses mains délicates.
-Non merci, je n'ai pas assez soif, pour boire après un garde, m'avoua-t-elle presque indigner par ma proposition.
Je la regardai exaspérée, avant de rejoindre Gabriel qui se dirigea vers le portail. Félix l'arrêta avant même qu'il n'ait touché la poignée.
-Si vous n'y voyez aucun inconvénient, je vais ouvrir le portail Votre Majesté. Je n'ai jamais emprunté cet accès, et j'ignore ce qui nous attend derrière. À par le fait que nous allons pénétrer dans le Royaume de Géhenna, l'œil de l'Enfer, intervint Félix qui s'avança et se pencha pour saisir la poignée.
Il la prit des deux mains et tira dessus comme pour soulever une enclume. Une fois ouverte un tourbillon rouge et noir apparut, nous aspirant tous à l'intérieur.
Quand j'ouvris les yeux, j'étais allongée sur un carrelage à damier noir et rouge. Gabriel et Félix étaient tous deux étendu sur le sol près de moi. Nous étions enfermés dans une petite pièce carrée aux murs cramoisis, sans portes ni fenêtres.
-Gabriel ! m'exclamai-je en mettant mes mains instinctivement sur sa poitrine.
Je sentais son cœur battre, ce qui me rassurait, il avait l'air endormi. Il ouvrit les yeux, et me regarda surpris, tout en se redressant.
-Mais où sommes-nous ? Où sont les autres ? me demanda-t-il en regardant autour de nous.
Felix semblait avoir repris connaissance, je l'entendais toussoter.
-Je ne sais pas, probablement dans une pièce similaire. Il faut qu'on les retrouve, lui répondis-je inquiète.
-Nous sommes dans le Labyrinthe Mental d'Isa. Elle a le talent de créer des illusions, tout ceci n'est pas réel et se passe dans notre tête. Le seul moyen de sortir d'ici c'est de mourir, déclara Félix en se levant.
-Comment ça mourir, tu ne vas tout de même pas me faire croire, que la solution pour sortir d'ici c'est de se tuer ? lui lançai-je complétement paniquée.
-Qu'est-ce qu'il te fait dire que nous sommes dans une illusion, et que ce que tu dis est vrai, et non pas une ruse pour que nous nous entre-tuons ? demandai Gabriel l'air méfiant à Felix, en touchant les murs cherchant une faille ou une issue.
-Je sais que Votre Majesté, possède une tache de naissance à l'intérieur du poignet droit. Vous princesse j'ai remarqué que vous aviez un grain de beauté dans le cou juste en dessous de l'oreille gauche. Et moi normalement, j'ai une grosse cicatrice sur l'avant-bras, et comme vous pouvez le voir elle n'est pas présente, nous expliqua calmement Félix en relevant sa manche droite et nous montra son bras intact.
Je regardai le poignet de Gabriel, j'avais déjà remarqué sa petite tache couleur café au lait. Et c'est vrai que je ne vis rien, là où elle devait être. Je tentais de toucher dans mon cou mon grain de beauté, mais je ne sentis rien non plus.
-D'accord, admettons que ce n'est pas réel, comment doit-on procéder ? Nous n'avons pas d'armes ? demandai-je alors à Felix, tâchant de ne rien laisser paraître de mon angoisse.
L'idée de mourir en souffrant me terrifia, mais le pire pour moi était de devoir tuer ou regarder Gabriel périr.
-Il faut que nous réfléchissions, mais peut-être que vous pourriez me tuer en premier, en me brisant la nuque par exemple ? proposa Félix pensif.
-Non, je ne veux pas, je ne pourrai pas tuer Gabriel ! protestai-je affolée.
-Il va bien falloir que nous trouvions une solution et vite, me répondit Gabriel en se grattant la tête.
-Mais est-ce que nous allons ressentir la même douleur, que si nous mourions pour de vrai ? Et puis nous nous sommes immortels, seule une pierre du soleil peut nous tuer, demandai-je de plus en plus inquiète.
-L'illusion n'en tient pas rigueur, j'ai entendu dire que des personnes été resté prisonnières, du labyrinthe depuis des décennies, tout ça parce qu'elles avaient peur de mourir, ajouta Félix, ce qui ne me rassurait pas vraiment.
-Je pense avoir une idée, il faudrait que nous mourions tous les trois en même temps. Comme ça le dernier en vie n'aura pas à se tuer tout seul, déclara Gabriel.
-Mais ça ne répond toujours pas à la question, comment allons-nous faire pour nous tuer, retorquai-je en essayant de comprendre où il voulait en venir.
-Nous n'avons qu'à remplir la pièce d'eau, n'ayant pas d'issues nous allons mourir ensemble noyés. C'est le seul moyen de mourir quasiment simultanément, m'expliqua-t-il sereinement.
Aussitôt, il ouvrit ses mains, laissant jaillir une cascade d'eau, qui s'écoula sur le sol. Sa détermination, était déconcertante, mais il avait raison. Je me ressaisis, et fis de même afin d'en finir plus vite.
-Tu as raison finissons-en rapidement, plus vite nous sortirons d'ici, plus vite, nous pourrons retrouver ta sœur, lui répondis-je en tentent de me convaincre à la fois.
Son regard était à la fois désolé et en même temps je voyais son inquiétude dissimulée.
L'eau monta rapidement, jusqu'à arriver à notre gorge, puis progressivement nous nous rapprochions du plafond. Je sentais mon pouls s'accélérai, j'étais tout proche de Gabriel, il me prit la main sous l'eau et me regarda droit dans les yeux.
- Ça va aller ne t'inquiètes pas, ce n'est pas réel, me dit Gabriel en ne me lâchant pas de son doux regard, nos visages au même niveau.
Nos têtes touchèrent enfin le plafond, je regardai Félix qui ne semblait pas éprouver la moindre peur. Puis comme un reflex nous prime une dernière bouffée d'oxygène. Avant de nous retrouver totalement immergés sous l'eau. Au bout de quelques secondes, Félix commença à avaler l'eau en se tortillant dans tous les sens, tel un serpent. Puis vint le tour de Gabriel, je serrai sa main instinctivement et je pris celle de Félix. Je ne pouvais pas les regarder souffrir sans rien faire. Mon don de guérir me permettait aussi d'absorber la douleur de quelqu'un au contact de sa peau. Je sentis soudainement ma poitrine s'embrasait. Juste avant de lâcher ma respiration et de boire l'eau, j'aperçus le visage de Gabriel, les yeux fermés et l'air apaisé. Ce qui me soulagea tout en me brûlant intérieurement.
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