PROLOGUE

Les vingt premières années de ma vie, je ne m'étais jamais posé la question sur ce que la liberté pouvait signifier pour un homme. Être libre est bien trop abstrait pour une personne quelconque et j'étais sûrement trop immature pour le comprendre. Chaque matin, l'Homme se lève, est libre de prendre ce qu'il désire au petit déjeuner, libre de s'habiller comme il le désire. Il choisit la station de radio qu'il veut à écouter dans sa voiture, qu'il a été libre de choisir en telle ou telle couleur.

Il peut décider de ce qu'il est, de ce en quoi il veut croire et tout ce qui fait sa personnalité. Il est libre d'aimer le vélo, ou les films en noir et blanc, les pop-corn salés ou sucrés. Il est libre de collectionner des timbres, ou un tout autre objet aussi déprimant.

Durant toute ma vie, je ne me suis jamais senti libre. J'ai toujours eu l'impression d'être étouffé par mon devoir de chef de famille, enchaîné par le rôle que je devais jouer au sein de BOD. Je me mettais trop la pression, que ce soit pour ma famille ou même pour moi. Je me refusais de vivre libre, je me refusais de vivre sans prise de tête, sans contrainte car ma vie était remplie de responsabilités et de galères.

Avant que je ne devienne un tueur, jamais je n'avais pris le temps d'apprécier ces petits moments de la vie qui faisaient de moi un homme libre. Vraiment libre. Et depuis presque cinq ans, j'ai pris conscience que j'avais tort. J'aurais dû profiter de la vie, j'aurais dû tenter de vivre une vie. Ma vie.

Quand on est enfermé, on reconsidère la liberté. Chaque jour, on me dicte à quelle heure j'ai le droit de sortir de ma cellule, à quelle heure je dois prendre ma douche ou à quelle heure je dois manger ou même ce que je dois bouffer. Comment je dois m'habiller et quand j'ai le droit d'ouvrir ma gueule.

J'ai eu tout le temps d'y réfléchir, allongé sur mon lit, dans ma minuscule cellule de 6 mètres carrés. Maintenant, ma vie se résume à 24 heures sur 24 de réflexion sur cette putain de liberté. Je ne suis plus libre désormais.

J'ai voulu devenir le chef des Brothers Of Death, pour faciliter ma vie, mais aussi celle de mes proches. J'ai fait la connerie de prendre la solution de facilité et ça a été ma première erreur, ma principale erreur que je ne devrai jamais reproduire.

Car accepter de devenir un BOD m'a mené directement à ma perte. "Allez en prison. Avancez tout droit en prison. Ne passez pas par la case départ et ne recevez pas cette putain de thune que je piquais quand même dans la caisse de la banque quand je jouais avec mon frère. "

La vie n'est clairement pas un jeu et ce putain de Monopoly est juste un putain de leurre pour édulcorer la vie des gosses, leur faire croire que la vie peut être belle. Mais la vie est une chienne qui aime nous envoyer tout un tas d'épreuves à surmonter les unes après les autres. Je crois que je suis plutôt bien placé pour le savoir...

Dans 42 mois, je sortirai. Dans 168 semaines, je vais pouvoir prendre un nouveau départ et tenter de ne pas reproduire mes erreurs. Je compte les jours qui me mènent lentement vers mon nouveau départ.

Quand je redeviendrai un homme libre, je ferai les choses autrement. Je prendrai ma mère et ma soeur, mon frère s'il est prêt à nous suivre et nous referons notre vie tous ensemble loin de cette ville que je déteste tant. Je quitterai enfin Ironwood mais ce ne sera pas pour finir enfermé entre quatre murs, dans le fin fond du Colorado.

J'ai l'espoir de tout recommencer à zéro, loin de tout ce que j'ai toujours connu. L'espoir de quitter cette ville de merde qui m'a toujours donné la gerbe, loin de ma galère quotidienne te tenter de joindre les deux bouts pour faire bouffer les miens.

Mais j'ai surtout l'espoir que ce nouveau départ m'éloigne des Brothers Of Death...

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