EPISODE #2
Chacun doit assumer ses propres fardeaux et ses propres responsabilités.
Dicton afghan
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2 septembre 2015
Garage de Dan
Les caisses ! Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours adoré les voitures. Enfant, je pouvais y jouer pendant des heures et je me souviens de mon père qui me sermonnait quand je faisais glisser mon jouet sur la nappe blanche de la grande table de la salle à manger, pendant les repas. Pourtant, cette passion, elle me vient de lui. De mon père. Wilson Ezra Thomas.
Avec les tatouages, les bagnoles et la mecanique sont les seuls souvenirs que j'ai de lui. Enfant, je passais souvent du temps dans le garage avec lui, à réparer sa vieille Camaro. J'avais la responsabilité de lui donner les outils et je prenais ce rôle très au sérieux. Je me rappelle aussi qu'il me faisait toujours monter sur ses genoux pour que je conduise quand j'avais cinq ans. Je me souviens de son rire quand je tournais le volant de sa voiture, concentré et convaincu que c'était moi qui conduisait réellement alors que nous remontions l'allée jusque chez nous. Ma mère riait aussi, amusée de me voir aussi heureux et aussi complice avec mon père. Je me souviens aussi de son sourire et de ses yeux qui pétillaient quand il regardait ma mère. Ils s'aimaient. Passionnément. Ça fait des années que je n'ai plus vu cette petite lueur dans le regard de ma mère.
Les paroles du dernier titre de The Weeknd crachent dans mes oreilles. J'aime travailler en musique. Ça a toujours été mon truc. Je suis dans ma bulle quand j'ai les mains sous le capot, les écouteurs aux oreilles, je suis un peu comme Allyson qui évolue dans la sienne. Quand j'ai les mains pleines de cambouis, j'ai l'impression d'être encore plus proche d'elle. Je la comprends mieux et je pige comment elle peut être imperturbable.
- Devon ! J'entends alors.
Je relève mon visage vers Dan, debout dans le bureau, tenant le combiné du téléphone. J'arrache les écouteurs de mes oreilles et l'interroge du regard.
- C'est pour toi !
Je me redresse du moteur, attrape un chiffon pour m'essuyer les mains de ce cambouis et pars le retrouver dans son bureau. C'est une petite pièce sans fenêtre qui mériterait un bon rangement. Et un bon nettoyage. Les murs sont jaunis par la fumée de nicotine et ça pue le renfermé. Dan est un vrai bordélique et comme sa femme s'est tirée avec les gosses il y a trois mois, elle ne s'occupe plus de sa compta. C'est lui qui se tape la corvée maintenant. Je l'entends souvent râler et pour rien au monde, je lui proposerais mon aide. Je ne suis pas fait pour ce genre de conneries.
Ce bureau nous sert aussi de salle de pause. Ici, on y boit notre café, on fume nos clopes et on y parle de tout et de rien. Dan est mon patron depuis cinq ans maintenant. C'est lui qui m'a tout appris sur les moteurs, même si j'avais quelques notions. On s'entend bien et pour un patron, il n'est pas chiant. Au contraire, il est cool.
- C'est qui ? Je chuchote à mon patron.
- Le lycée.
Bordel ! Il fait chier ! Hudson a sûrement dû faire des siennes. Encore ! Il bat des records. Nous sommes le lendemain de la rentrée et je sens que je vais en avoir marre de taper des aller-retours dans le bureau de Finoza tous les dix jours.
Je saisis le combiné de la main de Dan et le porte à mon oreille. Mon patron se laisse tomber sur son fauteuil et se concentre à nouveau sur sa paperasse en se prenant la tête entre ses deux mains. Je saisis mon paquet de clopes sur le bureau et allume une cigarette.
- Allo ?
- Monsieur Thomas. C'est le proviseur Finoza.
Je me retiens de jurer quand j'entends le ton agacé de Finoza. Je vais le tuer !
Quand j'ai un appel du proviseur, ce n'est jamais pour m'apporter de bonnes nouvelles. Et je doute que Hudson vient de décrocher un prix de sciences ou d'écriture. Ce gamin va me faire devenir fou un jour. Il ne s'attire que des emmerdes.
- Bonjour Madame Finoza.
- J'aimerais que vous passiez au plus vite pour récupérer votre frère.
Je sens l'irritabilité dans le son de sa voix. Et elle ne s'est pas emmerdée avec les formalités, elle a été cash. Ça a toujours été comme ça entre nous, du temps où j'étais moi-même au lycée ou pendant les nombreux entretiens dans son bureau au sujet de Hudson.
- Putain ! Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
- Je vous expliquerai à votre arrivée mais je ne peux plus tolérer son comportement au sein de mon établissement.
- Putain, je vais le butter.
- Pardon ?
- Non, rien, je me reprends. J'arrive.
- Très bien, je vous attends. Je n'ai pas besoin de vous indiquer le chemin ?
- Non. Je le connais.
Malheureusement !
- Je suis là dans une vingtaine de minutes, je reprends.
Elle ne dit rien d'autre et raccroche. Je crois que Finoza est à bout. Je la comprends. Gérer mon frère n'est pas une mince affaire. J'ai déjà du mal à le gérer moi-même à la maison. Je tire sur ma clope et relève mon visage vers Dan.
- Qu'est-ce qu'il a encore fait, cette fois-ci ?
- Sûrement la même chose que la dernière fois. Et l'avant-dernière fois.
Dan secoue la tête, navré.
- Tu dois canaliser ton frère, Devon. Il va finir par vraiment s'attirer des emmerdes bien pire que des heures de colle.
- Je sais Dan. Je sais.
Et c'est ce qui me fait le plus peur. Voir mon frère mal tourner. Finir en taule ou pire, avec un coup de couteau dans le bide.
Ironwood n'est pas une ville des plus tranquilles. Ici, c'est drogues, sexe et trafic en tout genre. Disons qu'Ironwood n'est pas la destination première pour des vacances ou pour y fonder sa famille en banlieue. Seuls ceux qui y sont nés y restent. Par connerie ou par obligation la plupart du temps. C'est d'ailleurs mon cas. Condamné à rester à Ironwood.
Mais ce n'est pas ce que je veux pour Hudson. J'aimerais qu'il parte à l'université, qu'il voit autre chose que cette ville où les trafics et les emmerdes sont omniprésents. J'aspire à autre chose pour lui. Lui n'est pas condamné à rester ici. Lui, il peut partir.
- Je dois aller au lycée.
- Je m'en doute.
- Je reviens après.
Je prends une nouvelle latte puis écrase ma clope dans le cendrier déjà plein. Il faudrait qu'on songe à le vider de temps en temps. Un peu plus que deux fois par mois du moins. C'est ce que je me dis à chaque fois que je pose mes yeux dessus mais ne fais rien pour autant.
- Non, t'emmerde pas. C'est calme en ce moment. Et la compta me gonfle. Je m'occuperai de l'alternateur de la Dodge.
- Merci boss.
Il se lève du fauteuil de son bureau en laissant échapper un rire.
- Profite de ton après-midi pour te reposer un peu. Tu fais peur à voir, Devon.
C'est à mon tour de rire. J'hoche la tête puis dégage rapidement mon bleu de travail que je dépose sur le canapé défoncé qui a dû être posé là bien avant ma naissance. Je retire mon débardeur, sali par le cambouis et tente de nettoyer mes mains du mieux que je peux avant de prendre la route.
Il ne me faut qu'une dizaine de minutes pour rejoindre le lycée public d'Ironwood. Et je déteste toujours autant ce lieu. Je n'y suis resté qu'une année dans ce lycée, avant de ne plus aller en cours et de décider que je n'y avais pas ma place. J'ai quitté l'école à quinze ans, pour subvenir aux besoins de ma famille. Il faut avouer que je n'ai jamais été doué à l'école. Le lycée, ce n'était pas pour moi. Et je n'en pouvais plus de voir ma mère trimer entre un boulot de serveuse et faire les chambres dans un des hôtels de la ville, se tuant à la tâche tout en voyant que sa maladie évoluait. J'ai donc pris mes responsabilités, celles d'aider et de participer aux revenus de la famille.
Je me souviens du jour où j'ai annoncé à ma mère que je quittais le lycée. Elle était anéantie. Elle qui espérait que je puisse entrer à l'université, elle est tombée de haut. Il lui a fallu quelques mois pour accepter mon choix et pour s'y faire.
Je souris quand je passe devant mon ancien casier. Je me souviens de la fois où Dallas et moi, on avait pété la gueule à Johnny Myers qui avait osé ploter Camryn. J'étais fou ce jour-là, que ce connard touche mon amie. Et Dallas, en bon ami fidèle m'avait donné un coup de main. On s'était fait expulser pendant dix jours mais pour voir ce connard de Myers avec une dent en moins toute l'année, ça en valait le coup.
Arrivé devant les bureaux administratifs du lycée, j'aperçois mon frère, assis face à la secrétaire, à travers la vitre de la porte. Les coudes sur ses genoux, il fixe le sol. Son visage est impassible mais je le connais trop bien pour savoir qu'il est énervé. D'un côté, ça me rassure. Se retrouver dans le bureau du proviseur ne l'enchante pas plus que moi.
Quand je pousse la porte, son visage se relève et je le mitraille du regard. Hudson sait qu'il ne doit jamais faire le malin devant moi. Et il sait qu'il ne doit pas déconner. Mais il se croit intelligent et aime détourner l'autorité. Que ce soit la mienne ou celle de Maman. Je le pointe du doigt, le visage sévère, mais je ne dis rien. J'aurai bien tout mon temps d'avoir une conversation avec lui. Je me contente de serrer la mâchoire. Il roule des yeux, ce qui me donne envie de le baffer.
Hudson est provocateur. Une tête brûlée, loin d'être remplie. Il n'est pas con, loin de là mais il est trop rebelle et influençable. J'aimerais parfois qu'il soit plus mature, qu'il comprenne ce que c'est de devoir gérer un ado en crise, une petite soeur différente et une mère malade. Mais Hudson se fiche de tout ça. Il a dix sept ans et ne pense qu'aux filles, à s'amuser ou à se rebeller. Et il ne m'aide pas beaucoup à la maison.
Je toque deux coups brefs à la porte de la direction et entre sans attendre que l'on m'y autorise. Finoza est au téléphone, assise derrière son bureau. Elle relève son regard vers moi et lève son index pour me faire patienter.
Ce putain de bureau ! Je le connais par coeur. J'y ai tellement passé de temps, aussi bien quand j'étais moi- même au lycée mais encore plus depuis que Hudson y est. Il est en terminale et je suis soulagé de savoir que bientôt, je n'aurai plus besoin de venir. Allyson n'ira jamais dans ce lycée, elle restera dans son école spécialisée qui me coûte un putain de bras.
- Asseyez-vous, Monsieur Thomas.
Je m'exécute sans un mot et fixe le proviseur. Même si ça fait cinq ans que je ne suis plus scolarisé, je ne peux m'empêcher de me revoir assis dans ce bureau, quand j'avais fait une connerie. Je n'en menais souvent pas large. J'ai toujours agi sous l'impulsivité. Je peux être cool comme gars mais il ne faut pas me provoquer. Dans ces cas-là, je sors souvent les poings. Et c'était un peu mon passe temps préféré avec Dallas quand nous errions dans les couloirs du lycée.
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Monsieur Thomas. Hudson a eu beaucoup trop de "deuxième chance".
Bordel ! Je vais le tuer. Finoza est furax, bien plus que je ne le pensais.
- Qu'est-ce qu'il a fait cette fois-ci ?
- Il a agressé une personne.
- Et vous comptez l'exclure pour une bagarre ? Ce n'est pas la première fois. C'est juste un gamin impulsif.
Comme moi. Ce trait de caractère, il nous vient de notre père. Lui aussi n'hésitait pas à sortir ses poings mais il n'a jamais levé la main sur ma mère ou ses enfants. Il nous aimait, même si parfois, il était dur dans ces propos. Un peu comme Hudson ou moi.
- Ne prenez pas à la légère les actes de votre frère, Monsieur Thomas. Hudson a un véritable problème avec la violence. Et cette fois-ci, il a agressé Monsieur Robinson, son professeur d'algèbre, sous prétexte, et je le cite, que c'est "un gros connard qui ferait mieux de baiser plutôt que de le faire chier avec ses conneries".
Je retiens mon sourire. Je ne cautionne pas que mon frère ait agressé son prof bien sûr mais pour avoir supporté ce connard pendant un an, je sais que c'est un vrai fils de pute. Ce prof a le don de jouer avec nos nerfs et c'était souvent houleux entre nous. Il a prit Hudson en grippe dès son arrivée au lycée, sous prétexte qu'il était mon petit frère.
- Monsieur Robinson a une fracture au nez. Hudson lui a mis un coup de tête avant de lui cracher dessus et de quitter la salle de classe. Ce sont les membres de la sécurité de l'établissement qui ont dû intervenir. Croyez-moi, Monsieur Thomas, j'ai été suffisamment conciliante pour ne pas appeler la police et faire arrêter votre frère. Je connais votre situation familiale, je n'ai pas voulu en rajouter mais je ne peux pas accepter qu'un élève agresse une personne dans mon établissement, et encore moins un enseignant.
Je prends une grande inspiration et tente de rester calme. Hudson a été trop loin, c'est clair ! Qu'il se batte avec un autre gosse est une chose, qu'il foute des coups de boule à son prof, aussi connard soit-il, ça, je ne l'accepte pas.
- Merci pour votre faveur.
Je ne sais pas quoi répondre d'autre. Finoza nous a fait une fleur mais je vois que Hudson a trop tiré sur la corde. Et là, elle semble bien cassée.
- Oh mais je ne pense pas que Hudson soit tiré d'affaire. Monsieur Robinson veut porter plainte contre votre frère pour agression. J'ai réussi à le convaincre de bien y réfléchir mais il semble déterminé.
Et merde !
- Hudson est donc exclu du lycée. Je dois voir pour fixer la date du conseil de discipline. Hudson devra s'y présenter.
- Vous croyez qu'il a ses chances ?
Finoza grimace. Sa réaction parle pour elle. Hudson va se faire exclure définitivement.
- Je pense que vous devriez chercher un nouvel établissement prêt à recevoir votre frère. Le conseil des parents d'élèves me met la pression. Et la rentrée vient à peine de débuter donc il a peut-être une chance de poursuivre ses études. Mais plus à Ironwood High. Et je ne compte pas statuer en faveur de Hudson.
Je grimace à mon tour. Putain ! Il s'est foutu dans une sacrée merde. Et c'est encore à moi de devoir le sortir de tout ce bordel.
- Mais je vais être honnête, avec son dossier, je crains qu'il ne soit admis nulle part.
- Putain !
Nerveux, ma jambe se met à trembler. Qu'est-ce que je vais pouvoir faire de lui ?
- Je sais que je vous demande beaucoup, mais n'y a-t-il pas un moyen de...
- Non, me coupe-t-elle.
Je me frotte ma barbe de deux jours. Putain, comment je vais annoncer ça à Maman ?
- Je comprends votre situation, Monsieur Thomas, mais je ne peux vraiment pas garder votre frère ici. Je me suis permise de vous réunir quelques documents. Ça peut vous aider.
Elle me tend un petit dossier cartonné marron que je saisis du bout des doigts.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une alternative pour Hudson.
J'ouvre le dossier et pose mes yeux sur une brochure.
- Des cours à domicile. C'est une option que vous ne devez pas négliger si Hudson souhaite passer ses examens de fin de cursus, pour espérer rentrer dans une université un jour.
Impuissant, je continue à fixer la brochure sur les cours à domicile. Putain ! Il fallait bien qu'une nouvelle tuile me tombe sur le coin de la gueule. Je ne sais pas comment je vais gérer ça.
Bordel de merde !
Face à moi, Finoza se lève de son fauteuil. Je l'imite aussi, comprenant que notre entrevue est terminée. Je sais que j'aurai beau tout tenter, la proviseur ne reviendra pas sur sa décision. Je ne peux pas lui en vouloir, je la comprends en réalité.
La proviseur me raccompagne jusque la porte. Hudson est toujours assis, un bouchon de marqueur coincé entre les dents. Il dessine sur son avant-bras qu'il colorie, concentré. Hudson a reçu le même don que moi. Nous sommes très bons en dessin, un don reçu de notre mère.
Mon frère finit par lever son visage vers nous. Je ne dis rien, me contente de le fixer. Cet abruti étire ses lèvres, en bon provocateur qu'il est puis se relève de sa chaise. Il ne paie rien pour attendre.
- Merci à vous, proviseur Finoza, je dis en lui serrant la main.
- Bonne chance, Monsieur Thomas. Sachez que j'en suis desolée. Réellement. Hudson, je...
Mon frère lève son majeur en direction du proviseur. Bordel ! Il me fait honte ce con ! Je lui mets une claque derrière la tête et mon frère pivote sa main, son majeur toujours tendu, vers moi. Il saisit son sac à dos et quitte le secrétariat en poussant la porte de son pied qui claque contre le mur.
- Hudson ! Je m'écrie.
Il m'ignore et je le regarde s'éloigner dans le couloir. Je m'excuse rapidement auprès du proviseur et suis mon frère.
- Hudson !
Il m'ignore toujours et fout un coup de pied dans une poubelle dont son contenu s'éparpille au sol. Il semble bien remonté mais ce n'est rien comparé à moi. Ce con à quand même réussi à se faire virer du lycée !
- Hudson ! Je m'écrie à nouveau.
Il passe les portes du lycée, sans oublier de les faire claquer. Je soupire. Putain ! Quand il est comme ça, il est impossible de le raisonner. J'en ai ma claque de cette semaine et pas le coeur à me prendre la tête avec lui une énième fois. Pourtant, c'est ce qui va finir par se passer.
J'arrive à le rejoindre une fois sorti du lycée. Hudson est sur le parking, adossé à ma voiture. Il patiente en se grillant une clope. Je déverouille ma voiture et mon frère y monte sans attendre, balançant son sac à dos sur la banquette arrière.
Sans un mot, je démarre mon moteur. Je m'apprête à ouvrir la bouche mais mon frère coince des écouteurs dans ses oreilles puis cale sa tête contre le carreau de la portière.
Durant tout le trajet jusque la maison, aucun de nous ne parle mais nous fulminons tous les deux.
Bordel ! Il s'est fait virer ! J'ai déjà du mal à le gérer quand il allait au lycée alors maintenant qu'il restera à la maison toute la journée, je n'ai pas fini de m'inquiéter. Et je ne compte pas les tracas que ma mère va avoir quand elle connaîtra la situation.
À peine arrivés devant la maison, Hudson bondit hors de la voiture. Je dois presque lui courir après pour le rattraper et je finis par le retenir par le bras à quelques mètres du perron. J'arrache les écouteurs de ses oreilles et le fixe.
- Tu es viré du lycée, Hudson.
Il laisse échapper un rire. Cette situation ne semble pas le toucher et ça, ça m'emmerde.
- Oh merde alors. Trop dur, répond- t-il, sarcastique.
- Ne joue pas au con avec moi, Hudson. Tu as conscience de la merde dans laquelle tu es ?
- Non. Mais j'ai conscience de la merde dans laquelle je ne suis plus.
Je serre les poings et souffle d'agacement. Il ne comprendra jamais rien. Mes proches disent de moi que je suis trop raisonnable. Trop responsable. Mais c'est mon rôle de l'être.
- Putain, Hudson. Si Robinson veut porter plainte, tu...
- Mais il ne le fera pas, ce connard. Ce mec n'a pas de couilles.
Il prend trop la situation à la légère. Il n'a pas conscience des conséquences de ses actes. Hudson est un gamin immature, incapable de raisonner avec intelligence. Et beaucoup trop impulsif, bien plus que moi.
- Rien à foutre, Hudson. Qu'il porte plainte ou non, tu lui dois des excuses.
Son visage pivote vers moi. Il me fixe, abasourdi par ce que je viens de lui dire.
- J'espère que tu n'es pas sérieux là ?
- Pourtant, je le suis.
- J'irai pas m'excuser auprès de ce fils de pute. Tu peux aller te faire foutre. En même temps que lui.
Il s'apprête à se diriger vers la maison mais je le retiens à nouveau par le bras. Il sape mon autorité mais il oublie que je suis le plus obstiné des deux. Alors si je décide qu'il présentera des excuses à Robinson, il le fera !
- Et moi, je te dis que tu le feras, je gronde, le plus sérieusement possible.
Les yeux bleus de mon frère, semblables aux miens me fixent. Il fouille dans mon regard, jugeant si je suis sérieux ou si je compte céder. Mais ça, il en est hors de question. Céder face à Hudson, c'est une faiblesse dont il profitera à la première occasion.
- Va te faire enculer, Devon.
Mon poing se serre mais je ne fais rien. Je le saisis pas le col de son tee-shirt.
- Eh ! Tu ne me parles pas comme ça, je le menace.
- Je te parle comme je veux, siffle mon frère. Tu n'es pas mon père.
- Putain, si je l'étais, je t'aurais déjà déchausser une dent.
- Bah vas-y ! Qu'est-ce que tu attends ?! T'en crève d'envie.
- Ne me chauffe pas, Hudson ! Tu n'aimerais pas me voir quand je suis énervé.
- Ah ouais ?! Tu veux jouer à ça !? Vas- y papa, frappe ! Frappe ! Ça te fera du bien. Depuis le temps que tu en rêves.
Sans m'en rendre compte, mon poing s'abat contre sa pommette. Quand je comprends que je viens de le frapper, je le regrette aussitôt. Putain de merde ! J'ai abusé là, mais jamais je ne le reconnaîtrai. Mon frère tombe au sol sous mon coup et je le fixe, sa main sur sa joue, me regarder avec effroi. Putain ! J'ai vraiment merdé là ! J'ai tabassé mon frère et là, il ne s'agit pas d'une petite bagarre de gamins.
Pris de remords, je tends ma main vers lui pour l'aider à se relever, qu'il balaie en la dégageant.
- Tu es vraiment qu'un connard, dit-il en se remettant sur ses pieds.
Il me considère, son regard sombre. Ouais, je sais que je suis un connard mais jamais je ne lui avouerai. Ça lui ferait trop plaisir.
- Tu es vraiment un putain de malade !
- Maintenant, tu vas m'écouter. Tu iras présenter des excuses à Robinson et tu expliqueras à Maman que tu t'es fait virer.
- Je t'emmerde, Devon. Je suis plus un gosse. Je fais ce que je veux.
- Alors c'est que tu n'as pas compris ce qu'est être un adulte. Un adulte ne fait pas ce qu'il veut. Il fait ce qu'il doit faire. Il prend ses responsabilités et assume ses erreurs.
- Va te faire foutre avec tes grands discours, Devon. Va bien te faire foutre.
- Les garçons ?
Je tourne mon visage vers la porte d'entrée. Ma mère est sur le seuil et nous observe, inquiète. Je n'aime pas ça.
- Il y a un problème ? Demande ma mère.
Je reporte mon attention vers mon frère qui continue à me fusiller du regard.
- Ça va maman. Ne t'inquiète pas.
- Tu as déjà fini le lycée, Hudson ? Tu rentres drôlement tôt.
Je ne quitte pas le visage de mon frère.
- Hudson a quelque chose à te dire, maman.
Hudson secoue la tête. Il ne veut pas prendre ses responsabilités, je le forcerai à le faire. Il doit assumer ses actes. C'est lui qui s'est fait virer. C'est à lui d'expliquer à Maman la situation.
- Ah oui ? Quoi ?
Je pointe mon frère du doigt, le regard menaçant.
- Conduis-toi comme un homme, Hudson. Prouve-moi que tu es un adulte et prends enfin tes putains de responsabilités.
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Hello mes Broth'Addict !
Comment allez vous aujourd'hui ? Bientôt le week-end ? Qu'avez vous prévu ?
Et si on parlait de ce petit chapitre ?
Hudson Vs Devon : ça clash ! Hudson est un gamin impulsif qui donne du fil à retordre à Devon. Le pauvre ! Il a pas assez d'emmerdes comme ça peut être. Huddy en rajoute une couche.
Ouais, je sais ce que vous vous demandez tous...
50 nuances de Laurie va t-elle pointer son nez prochainement ?
Et bien ouais, j'avoue. Je n'ai pas été tendre avec certains personnages de mes autres histoires et bien sachez que je compte monter d'un cran pour BOD. Sadique un jour, Sadique toujours.
À vos risques et périls !
Mais vous me connaissez à force, vous savez que j'aime faire passer mes personnages par pas mal d'épreuves avant qu'ils accèdent enfin au bonheur... Ou pas ! Mdr
Allez, je vous laisse. On se retrouve lundi pour un point de vue différent. Je pense que vous avez deviné lequel.
Bisous
L
(DeathWriter)
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