Chapitre deux. Nous ne formons plus qu'un.
Les nébuleuses imaginaires virevoltaient sous les paupières de la jeune femme. Lentement, chacun de ses membres s'agitaient, l'air regagnant petit à petit ses poumons. Pourtant, ce premier ne parvenait pas à assouvir sa soif d'Oxygène. Il était au contraire écrasant et étouffant. Ses esgourdes percevaient des milliers de bruits parasites. Des sirènes de Police. Des murmures de voix. Massives. Une foule dense rampant entre les boyaux de Bâton rouge. La capitale de la Louisiane toujours ainsi possédée par les démons de la nuit. Les paupières d'Alice papillonnaient et s'ouvraient sur deux prunelles presque rougies, veines éclatées et iris dilatées ... Parmi les brouhahas, un autre son parvenait jusqu'à la jeune femme. Des pas. Pressants et constants. Ils semblaient aller et venir, comme si le propriétaire de ces petons impatients n'avait de cesse de faire les cents pas. Un râle s'échappait d'entre les lèvres d'Alice, et les pas cessaient d'un coup. Ses sens revenant graduellement, la blonde percevait ensuite plusieurs odeurs. D'autres plus agréables, certaines bien moins. La pisse infectait les lieux. Ses doigts encore endoloris la guidaient et lui permettaient d'en savoir davantage. Une vielle ruelle. Alice sentait même les effluves d'une benne à ordure nauséabonde. Pourtant, dans cette vague de senteurs putrides, un léger parfum à la fois doux et brut détonnait. Un parfum d'homme. Ce dernier devait tenter en vain de créer de nouvelles tranchées dans les dalles de la ruelle. le souffle de l'homme semblait saccadé, une odeur de fines perles de sueur souillait sa chair chaude. Alice pouvait le sentir comme elle reniflait à la moindre petite goûte de rosée matinale. Comment diable pouvait-elle savoir tout cela ? Ses émeraudes à demi-ouverte observaient le plafond pavé d'étoiles entre deux bouts d'immeubles. Oui, son corps jonchait le sol dans une ruelle sordide, tandis qu'un homme louche lui tournait autour. Les souvenirs des événements de la veille lui échappaient, se refusant cruellement à son esprit embrouillé. Il y avait eu ce type étrange qui l'avait alpaguée. Retenue. Distraite. Puis la terreur l'avait figée sur place. Un étau de fer polaire s'abattant sur sa silhouette fine. Une main glacée comme rempart sur ses lippes prêtent à hurler de terreur. La sensation de geler sur place la privant de ses défenses. Ses pouvoirs eux, ne s'étaient pas manifestés pour autant. L'emprise froide avait anesthésié tout son corps.Tous ses sens.
Sens à présent à l'affût du moindre petit pas de souris. Sans euphémisme. Des petits pas minuscules semblables à un troupeau d'éléphants courant pour fuir une menace. La respiration devenant difficile, Alice se braqua et sentit chacun de ses membres frémir, ses cheveux blonds lui tombant sur le visage en une cascade moite. Trempée jusqu'aux os, la sorcière lâchait un nouveau râle douloureux tout en tentant se déplier pour gagner une position assise. La ruelle semblait l'aspirer comme un vortex sans fin. Au sommet de ce tunnel morbide, pourtant, l'astre irradiait. Mais ce qu'Alice prenait pour des étoiles n'étaient en vérité que des milliers de linges pendus à plusieurs fils. Les immeubles eux, étaient si hauts que leurs ombres recouvraient son corps tout entier. Plusieurs passants allaient et venaient au bout de ce boyau puant sans même remarquer qu'au fond, une femme trempée et dans un état déplorable tremblait d'effroi. Depuis quand était-elle ici ? Durant une fraction de secondes, elle avait oublié les pas et l'odeur d'homme, pensant les avoir rêvé. Pourtant, ses prunelles distinguaient une ombre à sa gauche, sans même y penser, Alice était déjà sur ses pieds pour jauger le grand brun/roux qui se tenait face à elle. Le type de la veille ... D'un pas prudent elle reculait, ses lèvres se retroussant automatiquement sur ses dents blanches.
- Toi ! qu'elle persiflait sans plus le lâcher de ses émeraudes perçantes et fatiguées. Son index planté dans sa direction.
Il n'avait pas l'air en meilleur état qu'elle. Alice l'observât un moment, les narines dilatées. Sa chemise était froissée sur sa peau légèrement hâlée, et y on devinait plusieurs stigmates d'une nuit longue et éprouvante. Il ne semblait pas vouloir réagir à son assaut. La vision de ses traits à présent durs la paralysait sur place. Alice était frigorifiée. La jeune femme baissa les yeux sur sa main tendue, moite et blafarde. Elle était pâle. Bien trop pâle. Les lèvres longues et fines de l'homme étaient fermées et pincées à tel point qu'on ne les voyait à peine. Et deux prunelles de glace, d'un bleu hypnotique , la jaugeaient comme si elle n'était rien. Du mépris pur. Bien loin d'être impressionné par son élan, le fameux Sam ( s'il s'appelait bien ainsi ) approchait alors à pas de loup en sa direction. Jeu de mots involontaire, car elle se souvenait soudainement de la nature de l'être. Il était discret. contrairement à ceux des rongeurs, les pas du Lycan étaient à peine audibles. Alice ne tremblait pas malgré la sensation de froideur qui ne la quittait plus. Pourtant, une brise légère d'air tiède dansait dans l'air jusqu'à leurs deux silhouettes. Ce Sam n'avait toujours pas pipé mot. En vérité, il était angoissant, et l'état de la jeune femme laissait à désirer au point qu'elle ne sentait plus la terre sous ses pieds. A vrai dire, Alice ne sentait plus rien d'autre qu'une immense panique, une angoisse si détestable qu'une boule se formait au creux de son ventre. Immense, tel un trou noir emportant toute joie et toute insouciance sur son passage. Il était à présent tout près d'elle, immense et féroce. La sorcière sentait la chaleur qui se dégageait de son corps. Sans pouvoir se l'expliquer.
- C'est ta faute ... qu'il grondait, sans plus de cérémonie. Sans prévenir, les bras bandés de l'homme se mouvaient d'une célérité qu'elle ne pensait possible que chez les Nosferatus, avant de planter ses griffes solides dans sa chair froide. Ses mains étaient brûlantes comme la braise. La colère sourde s'ajoutait alors à l'effroi. Pour former un Cocktail d'émotions qu'elle ne pensait plus pouvoir supporter encore bien longtemps. Les doigts du Lycan plantés dans sa peau d'albâtre allant jusqu'à la faire saigner. Mais Alice ne voyait rien d'autre que deux billes azure rivées sur elle.
Une légère odeur de fer ondula jusqu'à ses narines, presque sucrée et âpre à la fois. Elle n'y comprenait rien, son menton ricochait de gauche à droite dans un mouvement spasmodique. Elle n'avait rien fait. Cet homme l'angoissait, ses pouvoirs ne voulaient pas se manifester et, la chaleur de Sam ne parvenait pas à réchauffer ses membres. La Evans avait froid, tellement froid !
- N-Non ... soufflaient les lippes de la blonde, tandis qu'elle tentait de se dégager. Trop de questions, pas réponses.
Un semblant de courage la réanimait enfin, ajouté à la colère sourde qui se mélangeait à l'inquiétude et l'angoisse. D'un geste fluide, et si précis qu'elle en fût elle-même choquée, son poing s'abattait sur la joue du loup. Pourtant, comme un écho à ce geste plus désespéré qu'enragé, Alice sentit une violente répercussion sur sa propre mâchoire. Tout comme l'homme, la silhouette de la blonde partait en arrière, ses fesses tombant les premières sur les dalles souillées.
Nouveau râle.
La blonde se redressa alors maladroitement pour observer le loup. Ses coudes retenaient sa silhouette échouée au sol. Elle seule semblât surprise, mais prête à se relever pour s'échapper de ce bourbier.
- NON !
Le cri venait du grand toutou, furieux et ... Inquiet ? La blonde ne s'arrêtait pourtant pas en si bon chemin, ses filets blonds dansant dans on dos tels des vagues furieuses. L'éclat de lumière l'appelait dangereusement tandis qu'Alice la rejoignait avec entrain ...
Pour reculer aussitôt.
Hurlant de douleur et de surprise. Sa joue brûlait, comme chauffée à l'acide. Elle sentait sa chair rouler sur sa peau et s'effriter, l'odeur de l'épiderme cramée lui fila la nausée. Incompréhensible, l'événement lui tirait plusieurs larmes douloureuses tandis que Sam la rejoignait. Sans qu'elle ne l'entendre, le cri de l'homme avait fait écho au sien. Plusieurs questions lui vinrent alors, en même temps que des réponses dont elle ne voulait pas. Ce qui arrivait était impensable, et un sors devait avoir été jeté sur ... Eux.
Car en se redressant, protégée par l'ombre glaçante de la ruelle, Alice se tournait brusquement vers le loup-garou. La moitié de son visage était elle aussi calcinée, guérissant plus lentement que celle d'Alice. Un bleu s'était formé sur sa mâchoire et, à chaque épaule large de l'homme et presque de manière symétrique, des tâches de sang souillaient le tissu fin de son T-Shirt. Ils portaient les mêmes stigmates ...
... Exactement les mêmes.
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Merci encore à AmethysteLucinda pour la première relecture !
J'espère que ce chapitre vous a plu. J'attends vos retours sagement. =)
Bonne journée/Soirée.
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