III - Walls

réécrit en mai 2022


Chapitre 3 - Walls


-Harry-


janvier 2020


« - Je suis contente de te voir mon chéri ! »


Ma maman, avec ses magnifiques cheveux bruns se tourna vers moi et me sourit. J'avais atterri ce matin à Londres.

Onze heures nous séparait ma famille et moi depuis que j'avais emménagé aux États Unis. J'avais succombé aux charmes américains, surtout la belle ville de Los Angeles. J'aimais y faire la fête, siroter des cocktails près de la plage, manger bien et rigoler avec mes amis. Pourtant, l'appel de ma terre, mon pays, revenait sans cesse. J'étais bien à L.A., mais encore plus en Angleterre, que ce soit à Londres, ou ma très chère ville Holmes Chapel.

Depuis l'aéroport, j'avais mis encore trois bonnes heures pour arriver dans ma ville natale. Je profitais du calme avant la tournée Love On Tour pour rendre visite à ma maman. Je ne restais que quelques jours, repartant pour Londres, puis Los Angeles. A la capitale anglaise, j'irais voir Gemma, si elle n'est pas débordée par tous ces merveilleux projets. Ma grande sœur était une vraie entrepreneuse. Elle avait des milliers d'idées toutes farfelues, mais innovatrices, belles, et surtout en raccord avec ses valeurs, nos valeurs, celles des Twist. Elles ont été entretenues par une Selley et deux Styles, mais elles ont été transmises par un Twist.

Mon papa de cœur me manque tout le temps...


« - Moi aussi maman ! Lui répondis-je en souriant.

J'étais bien auprès des miens. J'avais besoin du contact humain plus que personne. J'aime les sorties entre amis, les repas de famille, les anniversaires, les fêtes, les concerts.

J'aime les gens.

- Tu commences quand ta tournée déjà ?

- Début mars, normalement. Ce virus en Chine ne présage rien de bon.

- Oh Harry, même si je ne voudrais pas que tout soit reporté et que cela te porte préjudice, j'avoue que t'avoir auprès de moi m'irait bien. On ne se voit quasiment plus... Dit-elle les yeux brouillés.

- Je sais maman...

- Mais je suis fière de toi chéri, vraiment. Je comprends. Je t'aime Harry.

- Moi aussi maman.

- Je vais aller préparer le dîner.

- Tu as besoin d'aide ?

- Pas pour l'instant. Je t'appellerais quand les patates seront cuites.

- D'accord. » Dis-je en lui souriant.


Je partis m'installer à l'étage, dans ma chambre d'enfant. J'ouvris ma valise et en sortis une enveloppe avec son écriture, sa façon de faire les « u » ou les « v ». Ils étaient illisibles. J'avais réussi avec les années à les déchiffrer, puisqu'on se connaissait par cœur.

J'avais emmené sa lettre dans mes bagages. Elle était arrivée le jour de mon départ pour le Royaume Unis. Je l'avais alors glissé à la hâte entre deux chemises aux motifs et teintes excentriques, même électriques. Je m'étais dit que je la lirais dans l'avion. C'était ce que j'avais fait, une bonne dizaine de fois. Puis je m'étais assoupi, et j'avais dormis une bonne partie du vol.

Je devais lui répondre.

Je m'installais à mon ancien bureau, lui seul savait l'énergie que j'avais mis dans mes dissertes ou exposés lors de mes études. J'identifiais une vieille trousse tachée d'encre d'un stylo plume, taguée par les noms de mes amis d'enfance au blanco. Dedans, j'y trouvais un stylo qui ferait l'affaire pour ma réponse à Louis.

J'entrepris d'écrire.



Louis,


Je suis content que tu m'aies écrit, même si ta réponse a tardé. Cela me tente bien de parler du commencement.

C'est vrai que l'on était jeune. On avait le monde à nos pieds. Moi aussi, avec du recul, j'aurais aimé savoir tout ça. Est-ce que cela aurait changé quelque chose ? On ne le saura jamais. Cela ne sert à rien de ressasser le passé, alors que nous pouvons améliorer notre présent et construire notre futur.

Ne te blâme pas pour des choses que tu ne peux plus changer. Et puis, je suis sûr que tu as toujours fait de ton mieux.

Je suis aussi désolé de t'avoir blessé.

Bizarrement, je t'en veux sans t'en vouloir. Je serais capable de tout te pardonner, malgré la douleur que j'ai ressentie. En plus, moi aussi, j'ai fauté. J'ai négligé tes sentiments, tes angoisses. Pire, je les ai minimiser...

Je ne sais pas si je te déteste. Le mot me paraît trop fort... Disons que j'ai des remords, de la rancœur. Je sais, que je suis quand même amer de comment notre relation s'est finie. Je suis, bien évidemment, venu aux enterrements par respect et amour pour tes proches et pour toi. Mais cela m'a énormément coûté.

J'ai souffert avec toi, comme j'ai aussi vécu les meilleurs moments de ma vie. Car tu étais tout pour moi, tout. Mais tout est différent à présent, oui.

Moi aussi, toi et moi, c'est ce que j'ai toujours connu.

J'aurais voulu que tu ne cèdes pas à cette pression du management, du label et du reste. Mais qui suis-je pour te jeter la pierre, alors que moi aussi, j'y ai cédé d'une certaine manière ?

Je crois que oui je suis en colère contre toi, je t'en veux d'avoir coupé court à notre amour. Pour me libérer en plus ? Mais qu'elle idée saugrenue t'es passée par la tête ? Je voulais notre liberté à tous les deux. Ne plus vivre notre amour dans le secret.

Pourtant, je n'arrive pas à t'en vouloir, car pour toi, tu ne voyais pas de meilleure solution. Tu avais de bonnes intentions, tu ne voulais que mon bonheur. Cela me touche Louis.

Je n'arrive pas à être plus méchant que ça dans mes mots. J'aimerais pouvoir t'envoyer te faire foutre. Te dire que tu as merdé. Que je croyais en toi, en nous et que tu as tout gâché. Mais ce serait mentir sur mon implication aussi dans notre chute. Car comme je te l'écrivais plus haut, moi aussi, j'ai merdé. Je suis en contrarié, mais je ne peux m'empêcher d'espérer.

Oui, je pourrais dire que tu étais influençable. Qu'il ne fallait pas les écouter. Mais je ne le dis pas. Déjà c'est hyper positif que tu t'en rends compte aujourd'hui.

Ah bon, je t'ai époustouflé dans « Dunkerque » ? Tais-toi. C'est toi qui es magnifique Louis.

J'ai aussi essayé de trouver de meilleurs mots pour m'exprimer. Je ne suis pas sûr d'avoir réussi.

C'est moi qui m'excuse de ne pas avoir été assez patient, à l'écoute dans un moment clef, qui aurait pu changer le court de nos vies, de ta vie.

Je m'excuse de t'avoir blessé Louis.


Harry



J'avais besoin d'une enveloppe. Je partais en quête de cette dernière dans les couloirs de la maison. Je scrutais le papier peint vieillissant, le bois craquant sous mes pas, les photos encadrées au mur de nous. Je souris en voyant certaines de Gemma et moi dans des positions bizarre, ou faisant des grimaces. Nous étions de vrais petits farceurs.


Victoire !


L'ancien bureau de mon beau-père en aurait forcément. Je poussais la porte délicatement, comme si j'avais peur de déranger quelqu'un. Je découvris ses bibliothèques remplies de livres sur le développement personnel, sur la religion chrétienne et bouddhiste, ainsi que des romans feel good. Au mur, on pouvait y apercevoir tous les posters des différentes associations auquel il avait participé. Robin, mon deuxième papa, était comme moi, le cœur sur la main. C'était un véritable philanthrope, dévoué à sa communauté, mieux encore, dévoué à l'Humanité.

Je m'approchais d'un beau bureau en bois massif avec de petites étagères intégrées au-dessus du plateau. Dans l'une des cases je trouvais le contenant que je voulais. Je quittais alors son espace, le sourire aux lèvres, bien qu'un peu triste, refermant délicatement la porte.

J'enfermais le papier pour Louis dans l'enveloppe tout juste trouvée. J'apposais le timbre international que j'avais acheté à l'aéroport. Je n'en reviens pas que j'ai pensé à en acheter un, mais pas une enveloppe ou du papier. Je pense que mon inconscient savait que je trouverais de tout à la maison. Était-ce mon papa qui m'envoyait un signe de là-haut ?

Qui sait ?


« - Harry ! Les patates sont prêtes ! Tu vas pouvoir m'aider à mettre la table et préparer la salade ! » Appela ma maman du rez-de-chaussée.


Ni une, ni deux, je descendis en trombe retrouver ma maman.


-Louis-


Un timbre international, le cachet de la poste anglaise.

Harry était rentré ?

Je fixais la lettre, songeur. Je l'avais bien évidemment lue. Dès que je voyais le facteur la déposer dans ma boîte aux lettres, je me jetais dessus. J'avais besoin de ses mots, besoin de savoir ce qu'il pensait.

Que faisait-il en Angleterre ? Rendait-il visite à sa maman ou sa sœur ? Rentrait-il pour de bon ?

Tant de questions...

Surtout que ce fichu bout de papier à l'intérieur n'avait rien fait pour répondre à ces interrogations. Cette missive dans son ensemble était chaotique, comme si Harry ne s'était pas décidé, comme si il ne savait pas exactement ce qu'il ressentait.

Je devrais bientôt partir en tournée. Ce sera beaucoup plus complexe d'entretenir cette correspondance. Ais-je bien fais ? Il y a encore tant de mystère... En plus, il y aurait possiblement cette femme, cette actrice. Était-ce trop tard ?


Non, Louis ! Tu ne dois pas avoir de regret, surtout pas.


Au contraire, j'ai suivis mon cœur. J'ai tout tenté. À voir si Harry sera réceptif par la suite.

Je sortis une bière du frigo et mon paquet de Malboro. J'ouvris la fenêtre en face. La pièce dans quelque minutes ayant retrouvé le froid de l'hiver sera glaciale, mais cela ne fera pas de mal d'aérer. Bien que je sois un gros fumeur, je ne supporte pas que mes meubles aient l'odeur de la cigarette.

Je me mis au comptoir de la cuisine. Pris le stylo qui me servait à écrire la liste de course chaque semaine. Bon, je mens, c'est plus tous les trente-six du mois... Mais en même temps, je ne sais pas cuisiné... Ah, la, la...

Je pris aussi du papier étant resté sur le comptoir pour la même tache et me mis à écrire.



Harry,


Moi aussi, je suis content que m'aies écrit. J'aime échanger avec toi de cette manière.

Oui, malheureusement ou heureusement nous ne le saurons jamais. J'espère réellement que nous pourrons améliorer notre présent et construire notre futur. Je le veux de tout mon cœur.

C'est dur de ne pas me blâmer pour ces choses que je ne peux plus changer, de ne pas avoir de regrets. Surtout quand je vois à quel point, cela nous a fait du mal.

J'espère qu'un jour, tu seras capable de me pardonner.

Moi aussi, je suis amer par rapport à notre rupture. J'ai eu l'impression que ce n'était pas totalement notre décision. Même si je sais que nos fautes pèsent aussi énormément dans la balance.

Je t'en serais toujours reconnaissant d'avoir pris de ton temps et de ton énergie pour me soutenir dans ces épreuves qu'ont été les morts de mes proches. J'imagine bien que cela t'a énormément coûté.

Moi aussi, j'ai souffert avec toi, comme j'ai aussi vécu les meilleurs moments de ma vie. Car pour moi aussi, tu étais tout pour moi, tout.

C'était vraiment dur Harry, vraiment. Je regrette d'avoir cédé à la pression du management, du label et du reste. Mais j'ai fait au mieux sur l'instant. J'aimerais tellement que tu ne m'en veuilles pas, mais je comprends pourquoi en même temps.

Oui, sur le moment, je ne voyais pas de meilleure solution. Je me sens tellement mal si tu savais d'avoir tout gâché. Mais en même temps, je n'étais pas prêt. Et j'ai préféré me sacrifié pour toi, car tu mérites ce bonheur et cette liberté. Tu as peut-être merdé, mais tu as essayé jusqu'au bout.

Moi aussi, je ne peux m'empêcher d'espérer.

Bien sûr que tu m'as époustouflé dans « Dunkerque »

Ne t'inquiète pas, tes mots étaient très bien.

Tu as fait de ton mieux, toi aussi. Je ne t'en veux pas.

J'accepte tes excuses.


Louis



*


Un jour était passé. C'était toujours la semaine de Briana. Freddie était là-bas, donc l'appartement était silencieux. Je lançais mon tourne disque mettant le vinyle Escapology de Robbie Williams. J'étais tout de suite mieux. Je n'aimais pas le silence, je m'y sentais bien et savais l'apprécier que le matin avec Harry, quand on était embrumés et qu'on avait veillé toute la nuit.

J'ai très mal dormi, je n'ai pas arrêté de me lever. J'ai l'impression de ne pas lui avoir tout dit hier dans ma lettre. Que je suis resté sur ma faim. Et puis j'ai fait un rêve étrange, plutôt un cauchemar d'ailleurs... C'était après la tournée de Made in the A.M. : On the Road Again.

Je m'en rappelle comme si c'était hier. J'avais rêvé d'un souvenir. C'était après la « pause » du groupe, enfin sa séparation. Juste, nous n'avons jamais mis les mots dessus, de peur de décevoir les fans. J'étais rentré au manoir, à Princess Park. Là, où Harry et moi habitions. Il n'était plus là. Une partie de lui avait disparu de la maison. Pourtant, il était partit à la hâte, laissant ses affaires un peu partout. À chaque changement de pièce je voyais un pull, des bottines, un jean déchiré, des chouchous, un stylo, une veste. J'étais mal, vraiment mal. Pourtant, à ce moment-là, j'étais persuadé que c'était pour le mieux. Quitte à en souffrir, à vivre le martyre, j'aurais tout fait pour la liberté d'Harry. J'aurais tout fait pour son bonheur. Car il le méritait plus que n'importe qui à mes yeux.

Aujourd'hui, je me rends compte que je me suis sûrement trompé. Mais ce soir-là dans notre lit, seul, pleurant, mon nez contre un de ses t-shirt, j'étais persuadé d'avoir fait le bon choix.

C'est pour cela que cette nuit, je n'ai pas vraiment trouvé le sommeil. Ce flash-back de notre rupture n'arrêtait pas de revenir dans ma tête. Cette séparation qui m'a aussi rappelé à quel point Harry détestait dormir seul, et encore moins se réveiller dans le lit vide, sans chaleur corporelle autour de lui, ou sur les draps.

Je tournais en rond depuis tout à l'heure, comme un lion en cage. Ce mirage était dans mon esprit, je me torturais, une cigarette à ma bouche, la fenêtre ouverte. J'avais froid et elle s'était consommée depuis un moment, à force de réfléchir à tout ça. Je devais lui écrire mes maux. J'en avais besoin.

En plus, au fond, il n'y avait que lui qui voyait aussi bien en moi, qui me comprenait. Alors, je fermis la fenêtre, écrasa la Marlboro dans mon cendrier, pris une de mes feuilles de courses et lui écris, à nouveau.

J'en avais tellement besoin.



Harry,


Rien ne te réveille comme le fait de te réveiller seul. Je me souviendrais toujours à quel point tu détestais cela quand je te laissais le lit tout froid.

Aujourd'hui, tout ce qui reste de nous, c'est un placard plein de vêtements.

Le jour où tu t'es éloignée et que tu as pris de la hauteur, fut celui où je suis devenu un homme, celui que je suis toujours aujourd'hui. Certes, cela ne m'a pas empêché d'être un lâche et de céder, mais je pensais quand te laissant partir, quand rendant les armes, tu serais plus heureux, plus libre. Je ne vais pas te dire que je j'étais heureux que tu sois parti, car je t'ai poussé à le faire, car ce serait te mentir. Mais je ne vais pas non plus te culpabiliser, car cela a été mon choix, et je l'assume complètement. Sache tout de même que je suis fier de m'être relevé et d'être cet homme-là aujourd'hui.

Mais ces hauts murs, ils sont devenus tous petits, ridicules, avec les années passées. Ces fameuses barrières qu'on se mettait, et que les autres nous imposaient. Maintenant, je suis plus grand qu'eux. Ces hauts murs n'ont jamais brisé mon âme. Et moi, je les ai regardés tous s'écrouler, les uns après les autres. Je les ai regardés tous s'écrouler pour toi, pour toi.

Rien ne te fais mal comme blesser qui tu aimes. Et cette personne-là, c'était moi. Je t'ai blessé, tu m'as blessé.

On a bien merdé tous les deux, non ?

Moi, en te repoussant, toi, en me poussant trop fort.

Je n'étais pas prêt.

Et aucune quantité de mots ne sera jamais suffisante pour arrangé les choses. Pourtant, j'ai espoir qu'on ait un futur, tous les deux.

Plus jeune, je n'avais qu'à te regarder dans les yeux et pour chaque question « pourquoi », tu étais mon « parce que ».

Alors cette lettre est un remerciement pour toi pour ce que tu as fait pour moi.

Pourquoi ces remerciements sont-ils souvent doux-amers ?

J'espère que je te verrais un jour, et que tu me dira :

"Oops !". Et que je te répondrais : "Hi"

Ce jour-là, je saurais que nous serons de nouveau Larry

Rien ne te réveille comme le fait de te réveiller seul.


Louis



Hey !

J'espère que vous allez bien

Qu'avez vous pensez de ce chapitre réécrit ?

Harry qui retourne chez sa mère en Angleterre ?

La douleur toujours présente de la mort de son beau-père ?

Louis ?

Les souvenirs de leur rupture ?

Prenez-soin de vous

Saphira


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top