Episode 41 : Oublier le passé

Des remords immortels...

ADRIEN

Alors c'est ça le vide ? La déception ? L'enfer ?

Je l'aurai penser différent, autre que comme ça. Etrangement, il me fait moins mal que de regarder Marinette et de l'écouter me dire que nous sommes toxiques l'un pour l'autre alors que je cherche à la garder à mes côtés de toutes mes forces. C'est elle que je veux, que j'aime, qui m'aspire à vivre dans ce monde que je hais et que je ne quitterais peut-être jamais.

Etre ange, n'est pas un titre qui permet de se reposer. C'est même tout le contraire, il est archi crevant et lourd.

Petit, je n'aurai jamais pu pensé que moi : Adrien Agreste, j'allais avoir à porter un tel destin et à souffrir autant.

— Laisse-moi une dernière chance, Marinette. Je peux changer pour toi, être différent et n'importe qui que tu veux que je sois ! Lui dis-je.

— Adrien je ne veux pas que tu changes, je t'aime comme tu es. Seulement, malgré l'amour que je te porte, mes sentiments pour toi n'arrivent pas à me protéger de toi. Elle me répond désemparée.

— Pourquoi dis-tu que tu m'aimes alors que tu es en train de rompre avec moi ! Je n'y comprends plus rien, ce n'est pas ce que je veux moi ! Après tout ce qu'on a vécu, tu m'abandonnes encore ? Qui je suis pour toi, moi ? Un mec comme ça ? Parce que pour moi, t'es la femme de ma vie ! Tu es celle avec qui je veux construire un futur, une vie de famille, et une histoire digne des plus grands contes de fées ! Je hausse la voix en me levant brusquement, piqué à vif, démunie, et en même temps indéniablement brisé.

Marinette se lève à son tour, et fronce les sourcils : elle aussi est en colère à présent. Nous marchons désormais sur le même pieds d'étal.

— Aimer quelqu'un ce n'est pas le tromper avec quelqu'un d'autre, Adrien ! A chaque fois, tu répètes la même chose, et j'aurais beau reconnaitre mes erreurs, toi rien ne t'empêchera d'en commettre d'autre, encore et encore ! Mais comprend-moi, et cesse de ne penser qu'à toi : je ne peux plus en supporter davantage ! Mes sentiments pour toi sont beaucoup trop forts pour me construire un bouclier contre tes coups bas, alors arrête de me faire passer pour la méchante : je sais déjà que tout est de ma faute ! Crie-t-elle violemment. Sa voix se brise à la fin et elle baisse la tête, vaincue, effondrée.

— Marinette... Murmuré-je en posant une main sur son épaule, mais elle se retourne.

— Non... ! Laisse-moi prendre mes distances avec toi, afin qu'une bonne fois pour toute, nous cessions de nous faire autant de mal. Cette situation ne peut plus durer, elle va finir par avoir raison de nous, et nous tuer. Rétorque-t-elle désarmée, d'un ton feignant le murmure.

L'amertume de ses mots s'enracine avec peine dans le fond de sa gorge. Brûlée. Cramée jusqu'à la racine par ce qu'elle ressent, ses yeux fuit l'amour. Ils l'éliminent d'un coup d'œil. Le broie à l'aide de ses mains. L'exil de son âme.

En tant que femme, elle me déteste. Mais en tant que Marinette : elle brûle d'un amour trop sincère pour moi. Et c'est de là que se tisse tout ce charme qui fait d'elle : la femme de ma vie.

Par conséquent, elle peut bien dire m'haïr : temps que je connais la vérité, le reste n'a pas d'importance.

Elle et moi, elle le sait aussi autant que moi : c'est une histoire d'amour éternelle.

Franchement, quel vœu pieux que d'espérer de nous voir séparer l'un de l'autre. Jamais plus cela ne pourra arriver, pas alors que je serais encore dans ce monde avec elle près de moi.

— J'en ai assez... Je suis à bout de force. Tout ce que je veux... C'est tout reprendre à zéro. Personne ne devrait avoir à souffrir et pleurer tous les soirs parce qu'il ne supporte pas sa vie. Aucune fille ne devrait avoir à se détruire pour les beaux yeux de la personne qu'elle aime, et personne ne devrait être aussi cruel face à la douleur des autres. Quand on prétend que le bonheur existe, ce n'est vraiment qu'un euphémisme qu'on ne perçoit que par accroche. Parfois, c'est un oui. D'autre, c'est un non... J'ai envie, pour une fois, de me détacher de la prunelle de mes yeux, de l'homme que j'aimerai toujours, et de l'ange qui m'offre de longues années de tentation, de drames... de larmes. Une minute de bonheur pour des années de souffrances. Adrien, comprends-tu qu'on ne peut pas bâtir d'avenir sur de telles fondations ? Elles sont en morceaux, nous sommes détruits et fissurer, aussi épuré qu'un vase brisé et recoller des milliers de fois. M'indique-t-elle d'une voix calme en décortiquant chacun de ses mots avec précautions. Puis elle lève enfin sa tête et plante ses yeux dans les miens. Puisses-tu accepter mes peurs et faire parvenir mes douleurs jusqu'à ton coeur ? Accepte que je ne sois pas aussi forte que je te l'ai toujours prétendu : accepte le fait que je t'ai mentis. Tranche-t-elle brusquement.

Je sais qu'elle dit vrai, que du plus profond de moi, je me bats dans le vide car elle a déjà pris sa décision. Cependant, peut-elle aussi saisir le fait que je suis incapable de me détacher d'elle ? J'ai besoin de l'avoir dans ma vie.

Elle est la balance qui régule mes émotions, qui me garde équilibrer et qui m'empêche de tout foutre en l'air comme je l'ai toujours fait. Quand elle est près de moi : je me sens en sécurité. A mes yeux, pour moi, ma vie prend enfin du sens : j'ai réellement le sentiment d'être vivant.

— Tu sais quoi ? On va arrêter les bonnes manières. C'est bon, j'en ai ras le cul d'être courtois, poli et de bien parlé. Tu comprends ce que je veux, j'ai pas besoin de te faire un dessin, si ? Lui lancé-je brusquement, les nerfs commençant à lâcher : la colère sur le point de monter et d'exploser une nouvelle fois.

Marinette me regarde avec de gros yeux, et c'est la goutte d'eau qui fait déborder mon vase. Subitement, je me lève du lit et commence à crier.

— Toi et moi, ok ? On s'est dit que c'était pour la vie, on se l'est promis ! On a vécu plein de trucs, et c'est pas une erreur de plus qui va tout gâcher. Je t'ai perdu plein de fois, mais cette fois : je ne veux plus de ça. Lui avoué-je le cœur battant, la respiration haletante.

— Adrien, rien n'est plus comme avant, essaye d'être compréhensif et pas égoïste pour une fois ! Aboie Marinette en se levant, les sourcils froncés.

— Je ne suis pas égoïste ! J'essaye de te faire entendre raison, putain ! Parce que là, tu ne penses qu'à toi en prétextant que c'est pour mon bien, mais tu m'as pris pour un con ou quoi ?! T'as cru que t'allais pouvoir me faire gober des merdes aussi grosses ! Hein ?! Je renchéris plus fortement, en commençant à gesticuler les bras.

Marinette s'arrête un instant et garde le silence quelques secondes pour réfléchir. Puis elle m'assène sans prévenir une énorme claque. Ma tête fait 180° dans les délais. Et plus vite qu'il n'en faut pour le dire, je lui rends sa claque.

Ce n'est que quand je reprends le dessus sur mes esprits, que j'écarquille les yeux.

— Oh merde... ! Mari je suis désolé, je ne voulais pas te faire de mal... Je m'empresse en bafouillant.

Mais elle lève sa main et m'arrête dans mon élan. Je sens déjà la couille arrivée, celle où je suis piégé dans une impasse et où elle a le dessus sur la situation. Maintenant que le coup est parti de lui-même : je ne peux plus rien dire.

J'ai tellement honte de ce que je viens de faire, que je préfère m'enterrer vivant maintenant, plutôt que d'assumer les conséquences de mes actes.

— Ça suffit. Lâche-t-elle d'une voix humble. Ça. Suffit. Répète-t-elle en décortiquant chaque syllabe de ces deux mots.

Je me mords la lèvre, terriblement gêné, et mal à l'aise. Elle n'a pas l'air énervée, ni heureuse pour autant. En fait, il n'y a aucune émotion sur son visage : c'est vide, et pâle. J'ignore complètement ce qu'elle ressent, et d'être dans le floue comme ça m'effraie d'une terreur avide.

J'ai peur de la perdre. De me perdre avec elle.

Elle possède l'entièreté de mon cœur, mon âme est à elle, et si je pouvais lui offrir ma vie: je n'hésiterai pas à le faire. Si seulement, elle pouvait s'imaginer tout ce que je serais capable d'endurer pour elle.

C'est grave d'aimer aussi fort. De délirer aussi sévèrement au sujet d'une fille qui n'est d'autre que son âme-sœur éternelle.

Toutefois, pour ne pas complètement abandonné ma fierté qui essaye tout de même de se défenestrer dans ma tête, je décide de prendre la parole.

Allez, tentons le tout pour le tout, j'ai plus rien à perdre de toute façon...

— En fait non pas désolé, je n'ai fait que te rendre ce que tu m'as donné. Et c'est pas sous prétexte que tu sois une fille que j'ai à m'excuser. Tu n'avais qu'à pas commencé, voilà tout ! Déclaré-je en haussant les sourcils et les épaules, l'air insensible et sur de moi.

La réalité, c'est que je douille grave. Elle est à un millénaire de s'imaginer le nombre de scénarios que mon cerveau fait défiler dans ma tête. C'est affreux et très... étrange ? Je ne sais pas. Pouvoir et savoir que j'arrive à me faire des films me rassure: j'ai l'impression d'être une cause moins perdue que ça. D'être moins con, aussi.

— Vraiment ? Tu ne regrettes rien du tout ? Répéte-t-elle lentement, et elle croise ses bras contre sa poitrine.

— Non, tu ne m'as pas bien compris. Ce que je viens de te dire, c'est que je viens juste de te rendre ce que tu m'as donné. Mais ça n'a rien à voir avec autre chose que la gifle. Lui expliqué-je.

Elle fronce un sourcil, et aussitôt sans me comprendre, je poursuis. M'enfonçant, encore et encore. Toujours plus loin...

— Tu dis qu'on se fait trop de mal, mais ce n'est que pour toi. J'ai l'impression que tu essayes d'entrer dans ma tête dans mon coeur. Cependant, je suis le seul à savoir ce que je veux. N'essaye pas d'anticiper des événements que tu ne contrôles pas. Déclaré-je plus sérieusement. Je ne suis pas une poupée, ne cherche pas à me manipuler.

— J-Je ne cherche rien, mais regarde tu t'es scarifié pour moi quand ton père à chercher à tout détruire. Tu as fait du mal à beaucoup de gens, tu t'es sacrifié pour moi alors que tu n'en avais pas besoin. Adrien, je suis désolée si tu me penses égoïste, mais j'ai le sentiment d'avoir gâché ta vie. Est-ce que tu peux t'imaginer ce que c'est, de vivre en ayant la certitude d'avoir détruit la vie de la personne que l'on aime plus que sa vie ? Elle me lance plus doucement, d'un air triste, qui troue mes barrières et adoucit ma colère.

Ses yeux se mettent à briller d'une lueur déchirante. Elle baisse la tête pour m'empêcher de voir une larme couler, mais son sanglot rappelle mes intuitions, et tout de suite, je m'avance et la plaque contre moi. Dans mes bras, même si je ne suis pas invincible, j'ai la certitude d'être assez fort pour la protéger.

— Tu réfléchis trop. Arrête de tout le temps ressasser des blessures qui font mal. Ne te force pas à garder en tête des périodes noires de nos vies. Marinette, tu as le droit de vivre, ne te considère pas responsable. Je prends mes décisions seul. J'ai ma part de maux qui m'arrache souvent le coeur. Indiqué-je d'une voix douce.

Je me recule, et elle prend de ses mains légèrement tremblante mon visage entre ses mains avant de plonger ses lèvres sur les miennes. L'explosion d'émotion qui jaillit dans mon estomac, anéantit la colère que j'avais pour de bon.

Ses lèvres bougent lentement contre les miennes, et pour poursuivre cet échange d'une tendresse délicate, je caresse à l'aide de ma langue la barrière de ses lèvres. Elle se recule, et j'avance jusqu'à ce qu'elle cogne contre le lit. Elle commence à s'asseoir, et je poursuis en l'allongeant doucement.

Mes mains s'appuient de chaque côté de sa tête tandis que ses doigts caressent mes pommettes. Et je ne peux que profiter de ce moment dont la chaleur m'a terriblement manqué.

Son parfum qui se mélange au mien. Sa peau contre la mienne. Son coeur face au mien.

Si mon père a réussi a me gâcher une partie de ma vie, il a échoué dans l'idylle de me voir seule pour l'éternité. Car contrairement pour lui, je l'ai rencontré : mon âme-soeur. Par conséquent, il a eu beau essayé par tous les moyens de déchirer mon coeur, mon esprit, et de fragiliser la personne que j'aime, notre amour n'a jamais flanché. Toujours fort, et bruyant en silence, il est resté à même la tête. A même le ciel.

Et face aux cieux, que ma mère en soit témoin, je le jure solennellement que jamais je n'hésiterai à recommencer : encore et encore...

Au début, comme à la fin, je t'aime toujours Marinette Dupain-Cheng.





***

2270 mots.

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