Épisode 40 : Seul à seul
Insistons, jusqu'à tout connaître, même ce qui n'est pas nécessaire, mon amour.
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MARINETTE
Je referme la porte, puis commence à m'avancer. C'est chez moi, mais j'ai du mal à m'y sentir bien. Le silence qui règne dans cette maison est froid, presque étouffant. Il reproche dans son bourdonnement, toutes nos fautes, toutes nos erreurs. Il pousse au suicide tant il est nocif.
Il faut vite que je trouve Adrien, pensé-je brusquement après avoir inspectée le salon et la cuisine.
Cependant, en entrant dans le salon, je me repasse tous les évènement qui s'y sont produits avec un léger goût d'amertume dans le bouche. Savoir que tout cela n'est plus que des fragments du passé, me rappel qu'aujourd'hui, Adrien et moi, ne sommes plus les mêmes.
Je ne sais pas... J'ai mal de savoir cela.
Quant à la cuisine, la pénombre qui y règne me plonge un peu plus dans un chagrin que j'essaye de combattre de toutes mes forces. Mais oublier quelque chose qui fait désormais parti de nous est impossible.
Avec toutes ces morts, ces changements, ces peines et ces joies... Comment rester la même ?
J'aimerais, quelque part, qu'Alya ne soit pas morte. Du plus profond de mon coeur, je voudrais que ma meilleure amie soit auprès de moi. Pourtant, elle n'est plus là depuis longtemps, et pour me substituer à la douleur qu'est de venir lui apporter des roses, je n'y suis plus jamais retourner après l'enterrement.
C'est vrai, si je suis dans les dernières lignes droites de mon histoires, autant tout dire et ne plus rien ravaler. Parce que moi, j'en ai marre de jouer, de mentir sur ce que je ressens, de cacher des secrets qui me grignotent de l'intérieur lors qu'ils ne sont même pas à moi.
Dans la voiture avec Nino, j'ai tenté de positiver et comme il était avec moi, prêt à me soutenir, j'ai naïvement cru que j'arriverais à surmonter tous les murs qui sont dressés devant moi. Seulement, la vérité, c'est que tout le mal que l'on m'a fait est bien ancré dans mon âme. Et n'est pas destiné à disparaitre : à mon plus malheur...
Juste après, je m'engage déjà dans les escaliers. Et puis, arrivée en haut, je regarde tout autour de moi, à la recherche d'un bruit qui pourrait m'aider à identifier la position d'Adrien. Mais il n'y a vraiment pas un bruit.
Bon, bah, je vais devoir chercher. Ça risque de me prendre un plus de temps vu que je dois fouiller trois pièces, mais ça devrait aller.
Engagée dans le couloir gauche, je me rends d'abord dans la salle de bain et m'y arrête pour y revoir tous les moments que j'ai pu passer à l'intérieur. J'abaisse la tête et regarde le sol contre le mur, et me ressasse le jour ou j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
Et c'est pour Adrien que je pleurais. Encore et toujours pour lui, pour qu'il me mène la vie moins dur. Enfin, je relève la tête et tombe pile face au miroir. Pendant un instant, en regardant mon reflet, je peux revoir la fille paumée que j'étais quelques mois auparavant et qui se regardait dans ce miroir, pour s'apitoyer sur son misérable sort.
Mais cette fois-ci, bien que mon reflet ne me pousse pas à éclater de rire, je m'autorise à sourire. Les yeux dans les miens, je m'offre à moi-même un large sourire qui sait réchauffer mon cœur d'une chaleur qui le consume aussitôt.
Plus tard, je me recule et referme la porte derrière moi. Une nouvelle page de tourner, et une. Quand je marche en direction de ma chambre, je m'arrête devant la porte. Il ne fait aucun doute que derrière elle, je vais retrouver Adrien, et une partie de moi s'arrête en réalisant qu'une page peut elle aussi être sur le point de se tourner.
Qui aurait cru qu'un jour, je sois là, dans cette maison, pendant cette période de ma vie, toujours amoureuse du même garçon, et sur le point de tirer une croix dessus contre mon grès...
Il m'est arrivé de me demander ce qu'aurait été ma vie si je n'avais pas rencontré Adrien il y a trois ans. Quelle vie je vivrais aujourd'hui, si mon chemin n'avait jamais croisé le sien. Et c'est marrant parce qu'à chaque fois, je tombe sur la même conclusion : trop différente pour que je puisse l'imaginer. Parfois, il nous arrive de vivre des aventures qui ne sont pas là par hasard, qui ont pour but de nous endurcir, de nous faire grandir.
Par conséquent, il n'existe pas une vie ou Adrien et moi ne nous serions pas rencontrés : c'était le destin, le notre. Et aucune équivalence n'existe, même pas dans un autre monde. Mais est-ce que cela concerne aussi l'amour que nous éprouvons l'un pour l'autre ? Oui, je le crois. Rien que lors de notre rencontre, j'ai ressentis des choses incroyables : bonnes comme mauvaises, j'ai su dès le premier jour que rien ne serait plus jamais comme avant. Mais consciencieusement, je pense que j'étais d'accord dès le début : de continuer avec lui qu'importe qu'en soit le prix.
Et maintenant que nous arrivons à la fin de cette aventure, je me surprends à en regretter les débuts. Nos erreurs me manquent, nos débats aussi, et toute notre insouciance. Je voudrais remonter dans ce temps, ou les seuls efforts que nous faisions étaient ceux de cacher nos sentiments. C'est avec un sourire nostalgique, que je pose ma main sur la poignet et ouvre la porte, le coeur lourd et léger à la fois.
Tous les deux, nous nous sommes tellement aimés, tellement haï. Toujours l'un contre l'autre ou l'un avec l'autre, dans les deux cas nous étions ensembles : encore une fois réunis dans le bon comme dans le mauvais. On s'aimait en se détestant. On s'haïssait en s'aimant du plus profond de nos coeurs. Justement, il n'est pas passé un jour ou nous ne nous sommes pas aimer à la folie.
Alors, en fin de compte, ne serait-ce pas notre amour brisé que nous aimons ? N'est-ce pas justement cette fêlure qui nous relie indéniablement ?
Dans la vie, il faut toujours être soi-même, dans n'importe quelle circonstance car c'est ce qui nous sauvera. Vivre ses émotions et penser ses paroles est un luxe qui perd de sa valeur au court du temps. L'amour sincère est lui même en voie d'extinction, par conséquent, si nous arrivons à le maintenir en vie à travers des filament de larmes, ne serait-ce pas le début d'une nouvelle histoire qui serait cette fois-ci, plus grande, plus forte, plus... légitime ?
La fin est toujours méprisée, fuit, et persécutée : mais pourquoi tant de haine ?
Avec ce que j'ai vécu, je peux affirmer que dire adieu à certaines choses n'est qu'un mal pour un bien. Cependant, je comprends la douleur, je la saisis, et la ressens encore plus fortement que les autres. J'ai plus que conscience que de voir son coeur se déchirer en deux n'est pas facile, que d'être déçue par ceux qu'on aime n'est pas non plus facile à surmonter. Les pentes sont toujours durs à monter, et plus facile à descendre.
Les débuts plus insouciants que les fins.
Les adultes plus menteurs que les enfants.
Les apparences plus importantes que les états d'âmes.
Mais si après tout ce bain de sang, il n'en écoulait pas une fin heureuse, qu'elle en serait la moral ? Bonne ? Ou mauvaise ? Vous savez, il suffit d'une fois pour savoir. Mais il n'est jamais garantie que l'inconnu ne soit pas une bonne marge de paix et de bonheur.
Avec Adrien j'ai été lâche, je l'ai abandonné alors que je lui avais promis et juré le contraire. Et lui a tout sacrifié pour moi, pour enfin arriver au point de non retour : à celui qui détruit tous les repères, et efface tout ce qui nous entoure. Pour sauver les miettes du coeur qu'il me restait, je lui ai rejeté toute la faute sur le dos. L'accusant de m'avoir abandonnée, l'affligeant d'injures dont il était innocent.
Et à la place de le sauver, je l'ai noyé.
Quand on pense trop bien faire, c'est là que l'on fait tout de travers, qu'on échoue, qu'on rate.
Mais comme je m'en doutais, il est bien là. Assit sur le lit, face à la fenêtre encore couverte du rideau blanc épais qui empêche le jour de rentrer mais qui l'éclaire de ses quelques cristaux à la chute de ce mur blanc trouble. Et mes yeux redécouvrent les courbes de son corps avec attention, et chagrin. Un poids s'impose dans mon ventre, mais je laisse la porte s'ouvrir seule dans un grincement qui lui révèle ma présence.
— Pardonne-moi, pour tout le mal que je t'ai fait, Marinette. Lâche-t-il doucement, d'une voix suave.
Je soupire faiblement et marche jusqu'au lit, puis je m'assois à côté de lui et prend sa main dans la mienne, je la ramène sur mes cuisses en silence.
— Je te pardonne, Adrien. S'il faut, je te pardonnerais toujours tout si c'est le prix à payer pour être avec toi. Lui indiqué très calmement en finissant par tourner mon visage vers lui alors qu'il me regarde déjà.
Avec un léger sourire aux lèvres et d'un regard triste, je tente de garder espoir. Rien n'est perdu... Alors que les dernières lignes de notre histoire résonnent déjà en écho dans nos voix.
— Si tu savais comme je t'aime de tout mon coeur... Cette histoire avec Kagami n'est rien du tout pour moi. La seule qui compte c'est toi, Marinette je te le jure. Explique-t-il en se mettant à pleurer et je le prends aussitôt dans mes bras.
— Ne pleure pas, Adrien. Ne pleure pas tout va bien. Lui soufflé-je tendrement en lui caressant chaleureusement le dos pour l'apaiser.
— Je ne veux plus te perdre... Ton absence creuse en moi un vide que j'ai tenté de remplir, et je me combattus avec acharnement pour être celui que tu mérites. Pourtant je sais que... j'ai tout gâcher... Sanglote-t-il la voix tremblante.
— Mais non, tu n'as rien perdu, regarde la preuve je suis toujours là. Le rassuré-je.
— Marinette ne me prend pas pour un con, je sais pourquoi tu es là, et ce n'est pas pour jouer aux cartes. Il rétorque les sourcils froncés, d'une voix un peu ronchonne et il se recule.
J'esquisse un léger sourire, qui disparait malgré tout aussi vite qu'il est apparut. Nous nous regardons dans le blanc des yeux avec attention, et le silence replonge alors. Ni Adrien, ni moi n'osons le dire mais : ce qu'il dit est vrai.
Doucement, je pose ma main sur sa joue et essuie ses pommettes du revers de mon pouce, puis je me penche et dépose un baiser sur son front. Et contre sa peau, je murmure :
— Tu as raison, excuse-moi de te mentir si ouvertement, mais je refuse d'en finir. Croit-le ou non, mais cette situation m'est insupportable.
Je me recule et me rassois en face de lui.
— Dans mon coeur, j'ai mal de te perdre pour toujours. Je souffre à un point que tu n'imagines même pas. Et je voudrais te garder auprès de moi pour l'éternité. Mais ne rend pas les choses plus difficiles qu'elles le sont déjà, et laisse-nous n'avoir pas plus de regrets. S'il te plaît... Ajouté-je la tête baissée dans un murmure épuisé.
Il pose ses mains sur mes joues et relève mon visage ainsi que toute mon attention. Ses yeux humides s'enfoncent dans les miens et les harcèlent d'un amour étouffant et vif.
— Entends-moi pour une fois, s'il te plaît. Je te dis que je t'aime, Marinette. Et ce n'est pas un continent ni une discussion qui y changera quoique ce soit. C'est toi que je veux, et que j'aurais même si cela se limite à mes rêves. Je suis dingue de toi depuis le premier jour, et maintenant que je te sens m'échapper pour de bon, j'ai l'arrogance de te dire que tu es à moi. M'avoue-t-il plus sincère qu'il ne l'a jamais été auparavant, j'en ai le souffle coupé. Et bientôt, aussi les larmes aux yeux.
— Adrien , j'ai essayé de ne plus t'aimer, mais je ne le peux pas, c'est au-dessus de mes forces. Seulement... tu dois comprendre que je ne suis pas passée forte pour surmonter à chaque fois aux coups que tes erreurs m'infligent. Je n'y survivrais pas, je le sais... Je ne suis pas assez forte, pas assez endurante pour toi. Mais je t'aime tellement... Bon sang, je pourrais vivre un enfer pour toi plutôt que de mourir lâchement en te laissant dans un monde ou tu souffrirais de ta propre solitude. Adrien... ai pitié de mon coeur, je t'en prie... L'imploré-je, la voix tremblante, les lèvres sèches.
Tout d'abord, il ne me répond rien et se morfond dans un silence brûlant à vif. Puis quand je commence à penser qu'il se moque de moi, deux larmes s'échappent de ses joues et longes ses joues lentement avant de s'écraser dans le vide. Et tout ça se passe sans un mot, sans un geste.
Mais il ne rompt pas notre contact visuel et le garde en vie. Si ce n'est plus que lui qui puisse nous relier à cette réalité qu'il nous traumatise encore un peu...
Adrien se déchire, il s'effondre devant moi en morceaux et s'émiette dans mes yeux... Et moi, je le regarde tomber : impuissante de sa chute dont je suis la cause.
C'est moi la responsable de son plus grand malheur, je suis la seule et unique responsable de ses larmes.
C'est moi qui le rend malheureux alors que je l'aime de toutes mes forces...
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