Épisode 28 : Bleue
✪ Chapitre corrigé ✪
Même si tu as menti. La vérité est toujours révélée.
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MARINETTE
J'ouvre les yeux sans bouger dans mon lit. Avec les bras recroquevillés contre moi et les yeux figés dans le vide face à moi. J'ai envie de tout casser.
Hier soir j'ai laissé Adrien et Kagami tout en sachant que c'était une mauvaise idée.
Et je me suis endormie en pleurant, parce que je n'avais plus que mes yeux pour occuper ma peine.
Mais maintenant que la nuit est passée et que mon chagrin est devenu une haine bien viscérale, je ne veux pas me lever par peur de commettre une erreur irréparable.
Je me demande même si Kagami est restée dormir cette nuit.
Peut-être qu'ils ont dormi ensemble ?! Me souffle ma conscience étonnée.
Aussitôt je me retourne et vois Adrien. Il dort à poings fermés à côté de moi.
J'esquisse un tendre sourire en le voyant. Et d'un seul coup, toute ma colère s'apaise. C'est vraiment un ange... Mon ange. Posant une main sur mon cœur, je le regarde avec un tendre sourire. Il n'a pas dormi avec Kagami cette nuit.
J'avais tort de m'inquiéter, il m'aime.
Après avoir pesé le pour et le contre, je finis par me lever et sors de la chambre. D'un pas lent et encore endormie, je descends les escaliers et arrive dans le salon.
En tournant la tête, je découvre Kagami allongée sur le canapé. Elle semble épuisée.
Toujours vêtue de ses vêtements, elle a simplement retiré ses chaussures. Et malgré la nuit, elle est encore coiffée.
La chance. Moi j'ai une tête de folle.
Après ça, je reprends ma route et décide d'aller me faire un café. Je m'attèle à sortir le café en poudre avec une tasse en repensant à la veille. J'ai vomi, mais ce n'était pas à cause de l'alcool ni de la nourriture.
J'espère simplement que ce n'est rien de grave.
Par la suite, je fais bouillir de l'eau et prends un petit filtreur. Je le mets à l'intérieur de la tasse en le tenant pour ne pas qu'il bouge et récupère la bouilloire quand celle-ci bip pour m'indiquer que l'eau est assez chaude.
Alors que je verse l'eau, mes yeux revoient les événements d'hier, mais aussi les révélations des jours précédents.
- D'après certaines personnes, une femme était présente. Seulement, elle n'avait pas l'air d'avoir leur âge. M'explique Kagami alors que nous sommes toutes les deux assisses sur le canapé.
Elle vient à peine de rentrer et pourtant, elle me parle déjà boulot. Mais elle a raison, cette affaire reste notre priorité.
- Comment est-elle ? La questionné-je en sourcillant.
- Une blonde avec des yeux verts, plutôt grande je dirais. Peu de personnes l'ont vue. Mais le peu a su la retenir. Elle paraîssait plus âgée sans trop l'être. M'explique-t-elle pensive.
Je bois une gorgée de mon café en fixant un point fixe dans le vide devant moi. En même temps, j'essaye de me rappeler de tout ce que je sais, mais c'est plus dur que je ne l'aurais cru.
Adrien et moi sommes amoureux. Et très heureux ensemble. De plus, pour le moment aucun de nous deux n'a commis de faute et tout roule comme sur des roulettes.
Qu'il n'est d'ailleurs toujours pas fait de faux pas me réchauffe le coeur. Cela veut dire qu'il a changé pour moi, et que malgré sa nature il essaye de devenir un homme bien pour notre nous.
Rapidement, je termine mon café et pars poser ma tasse dans l'évier. Après l'avoir lavée, je l'essuie et la remets dans le placard. Mon cœur bat vite, peut-être à cause de mon envie d'encore aller dormir. Après tout, je n'ai dormi que quelques heures, et après avoir vomi tout mon repas hier soir, il est normal que je sois affaiblie.
Je soupire en me détournant. D'un pas lent, je remonte les escaliers en m'aidant de la rambarde en bois. De la pulpe de mes doigts, je m'appuie dessus sans vraiment en avoir besoin. Et si je le fais, c'est juste pour être certaine de ne pas tomber en arrière.
Car suite à mes vomissements d'hier, j'ai peur d'avoir des vertiges et de me blesser. D'ailleurs, je me demande bien à quoi est-ce que cela est dû ?
Dans mon enfance j'ai toujours mangé du riz cantonais et jamais je n'ai eu envie de le vomir. Peut-être que celui d'hier n'était pas frais ? Mais si c'est ça, je devrais avoir la diarrhée ou des maux de ventre. Pourtant, je n'ai rien de tout cela. Juste des forces en moins.
C'est très étrange...
Finalement, quand j'arrive dans la chambre, je ne veux plus me recoucher. Un plan dans ma tête se crée et devoir essayer de retrouver le sommeil me semble bien trop rude. À la place, j'attrape des vêtements et pars m'habiller dans la salle de bain. Mais avant de me vêtir, je prends une douche.
L'eau coule sur ma peau et détend mes muscles. Et pendant que je me frotte le corps avec un gant et du savon, je repense à ma vie et à tout ce qu'elle résulte.
Évidemment, la mission n'est pas épargnée. Le fait que je n'ai presque rien sur ce violeur me tourmente. Je n'ai peut-être pas assez cherché. Ou alors pas au bon endroit. Si ça se trouve, il est tout prêt. À quelques mètres de ma maison et derrière moi en classe.
Quand je pense que Jana a eu affaire à lui... J'ai le ventre qui se retourne et j'ai à nouveau envie de vomir. Ma tête tourne et j'ai l'impression que mon cerveau cogne contre mon crâne à chaque battement effréné de mon cœur.
Elle a dû avoir tellement mal. Cet événement a dû la briser les jours qui ont suivi. Je me demande comment est-ce qu'elle a fait pour tenir. Et même, quel a été la source de son combat. Pour qui s'est-elle battue ? Pourquoi s'est-elle ressaisie ? A quoi pensait-elle pendant cette période ?
Évidemment, je ne le poserais jamais la question. Jana a suffisamment souffert. Mais il est vrai, que cette fille m'a toujours fortement intrigué. Car malgré sa joie de vivre se cache de sombres secrets qui détruiraient le monde d'autres. Je la trouve courageuse. C'est une fille forte qui s'est battue contre ce qu'elle a été ; une victime.
Parce que malgré les apparences, d'être la victime n'est pas évident. Le regard rempli de pitié que les autres braquent sur vous. Et même les sourires brisés que certaines s'efforcent à vous montrer pour vous rassurer alors que ça vous donne l'effet inverse.
Je ne dis pas que je connais. Mais elle m'en a parlé quelques fois. Me révélant des fragments de ses souvenirs qui sont plus que abominables. L'argent a détruit sa famille. Et un prédateur l'a détruit elle. Tout ce qui lui restait après son viol était... Cameron.
Bon sang. Et moi qui ne suis plus jamais allée la voir... Quelle amie suis-je ?
Je n'ai même pas le droit de me considérer comme telle. Une amie n'aurait jamais fait cela. Ce qui veut dire que je ne suis pas une amie, mais une ennemie. Elle m'a fait confiance et moi je l'ai abandonné pour m'occuper égoïstement de mes affaires. Tout en sachant qu'elle avait besoin de mon aide pour remonter la pente.
Franchement, je devrais avoir honte. Et j'ai honte. Je m'en veux terriblement. Mais on ne peut pas remonter dans le temps... Et je ne suis même pas sûre qu'elle accepte de me pardonner un jour.
Des flash-backs me reviennent alors que j'éteins l'eau et enroule une serviette autour de mon corps. Je me sèche et m'habille.
Et alors que je termine en enfilant ma chemise à carreaux, j'entends sonner à la porte. Rapidement, j'attache mes cheveux et le relève en une queue de cheval.
Je sors de la pièce tandis que je ne peux m'empêcher de me demander l'identité de la personne. Descendant les escaliers, la curiosité au fond de l'âme, j'approche de la porte et déverrouille celle-ci. Puis, la porte s'ouvre.
Une jeune fille rousse avec de grands yeux bleus apparaît devant moi.
- Euh... Bonjour ? Lui dis-je incertaine.
- Bonjour, vous êtes Marinette ? M'interroge-t-elle presque aussitôt.
- Oui, c'est moi. Que puis-je faire pour vous ?
- Il faut que je vous parle de votre enquête... Me répond-t-elle un peu à voix basse après avoir épié les alentours pour être certaine que personne ne l'entende.
- Je vous demande pardon ? Lui réponds-je d'une voix douce, très calmement.
Elle me fixe quelques secondes en restant silencieuse. Et j'en fais de même, ne sachant que faire d'autre.
Et ce qui a le malheur de me titiller sont ses vêtements. Son jean est délavé et ses chaussures ne semblent guère non plus très propres. Sans vouloir être méchante, elle semble pauvre.
La réflexion suivant cette remarque me souffle que c'est peut-être une sans-abri. Mais juste après, elle reprend la parole en se reculant d'un pas.
- À vous de voir. Mais j'ai connaissance de ce que vous cherchez. Me répond-t-elle les mains dans les poches de son sweat.
En entendant ses mots, je fronce les sourcils. Puis, je m'avance et referme la porte derrière pour ne pas que Kagami ou Adrien ne se réveille.
- Qui êtes-vous exactement ?
Je viens enfin à lui demander en croisant les bras en dessous de ma poitrine, sourcillant légèrement très intriguée et dérangée par ses mots.
- Je m'appelle Bleue. Répond-t-elle en pâlissant un peu.
Son prénom tourne dans ma tête et je me mets à chercher l'identité de cette fille et surtout, d'où je la connais. Quand soudain, l'ignorance s'envole pour laisser place à une brusque vérité qui manque de m'assommer.
Bleue ! L'ancienne petite amie de Adrien !
Mon sang se glace alors que mes yeux sont ancrés dans les siens. Quant à ma respiration, celle-ci se fait de plus en plus courte. Des bouts de son histoire me reviennent à l'esprit, mais j'ai beaucoup de mal à comprendre.
Et pourtant, malgré toutes les questions qui jaillissent dans ma tête, je n'en pose qu'une qui n'y était pas.
- Comment connaissez-vous l'affaire ? L'interrogé-je, en la fixant d'un regard suspicieux.
- Les gens parlent beaucoup sous l'emprise d'alcool. Mais je peux vous montrer ce que je sais ou non ?! Commence-t-elle en serrant les dents.
- Que savez-vous ? Lui demandé-je en la regardant avec méfiance.
Cette fille me paraît étrange. Elle garde en permanence ses mains dans les poches de son sweat et semble préoccupée par ce qu'il y a dans ses celles-ci.
- Qui est le violeur. Déclare-t-elle en me fixant droit dans le blanc des yeux.
Je reste paralysée. Une vague de frisson envahit tout mon corps. Ses yeux bleus m'observent sans vaciller, analysant ma réaction. Comme si elle voulait s'infiltrer dans ma tête pour lire mes pensées. Mais heureusement pour moi, elle ne le peut ; je pense que dans le cas contraire, j'aurais eu de vraies raisons de m'inquiéter.
- Qui est-il ? M'enquiers-je d'une voix douce presque pâle.
- Pour le savoir, il faut que vous veniez avec moi. L'endroit se trouve à Miami. Elle m'annonce.
- Miami ?! Mais pourquoi ne me dites-vous pas simplement qui est l'identité de cette personne ?
- Vous aurez plus de réponse là-bas que je ne pourrais jamais vous en donner. M'explique-t-elle en empruntant une certaine émotion qui me donne.
Partir avec une inconnue qui déclare connaître l'identité d'un violeur ayant détruit la vie de nombreuses personnes. Ou rester pour peut-être louper la chance d'avoir pu épargner d'autres victimes.
Le compromis qui s'offre à moi est lourd de conséquences. Car je pars alors que tout le monde dort. Avec cette jeune fille que je trouve étrange et qui est néanmoins sûre d'elle.
Mais qui sait ? Peut-être que c'est elle la violeuse. Peut-être même que je suis en train de tomber dans un piège dans lequel je ne pourrais plus ressortir une fois la proposition acceptée.
Seulement, tellement de gens ont souffert. Je ne peux pas me permettre de louper cette chance simplement parce que j'ai peur.
Non. Il faut que je pense à toutes ces victimes et amis que j'ai vu s'écrouler. A toutes ses vies chamboulées que j'ai relevé malgré mon peu de force. Et surtout, à Jana qui ne méritait par un tel sort. Elle est mon amie, et toute personne lui faisant du mal doit le payer.
Alors si je le paye de ma vie. C'est que ça devait arriver.
Je relève les yeux vers elle, plus que décidée. Le regard que je pose sur elle est décisif ; je vais le faire.
Je vais la suivre au péril de ma vie, car c'est ça le courage, c'est s'engouffrer dans un danger étouffant. Puis en sortir si la force était assez puissante pour le combattre.
Mais le plus important, c'est que je suis chargée de cette affaire, et j'ai déçue suffisamment de personnes comme cela. C'est est assez.
- Je vous suis.
Ses lèvres étirent suite à ma réponse un petit sourire en coin qu'elle accompagne d'un regard fier et sombre.
Au pire des cas, ça ne sera pas très long. Si je fais vite, je serai rentrée avant ce soir. Bleue m'attend à l'extérieur alors que je récupère les clés de ma voiture et referme la porte en me reculant.
Bleue me suit et nous avançons jusqu'à la voiture. On entre dans la voiture et j'ouvre la portière. Bleue en fait de même de son côté. J'actionne le moteur et me mets en route.
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Hey hey !!!
Vous allez bien ? ✨
J'espère qu'il vous a plu !! N'oubliez pas de me donner vos avis en commentaire 💖
Bisous.
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