Épisode 14 : Maladresse brûlante

Aimer, c'est s'ouvrir en entier à quelque chose ou quelqu'un. Normalement, l'amour doit nous faire souffrir, si ce n'est pas le cas, c'est que nous n'aimons pas.

**

MARINETTE

Mon cœur bat la chamade, je panique. Mes yeux fixent la porte d'entrée sans bouger, mon corps entier est figé de peur. J'ai une trouille bleu de toquer. Ma force m'abandonne aussi vite que mon courage, et je me retrouve très rapidement désarmée face à cette épaisse planche de bois marronné.

Si je toque, ou sonne, je prends les devants. Adrien va donc, peut-être venir m'ouvrir. Nous allons nous faire face, et je vais pouvoir lui avouer ce que je ressens. Mais suis-je prête à l'affronter ?

C'est déjà compliqué pour moi d'encaisser la nouvelle, alors comment lui le pourrait-il ?

Pour moi, dans ma tête, c'est clair. Mais, sur le chemin, j'y ai réfléchis, et je me suis rendue compte que pour lui : c'est flou. La dernière fois que nous nous sommes parlés, je l'ai repoussé et arrêtée en quelques secondes.

J'ai été glaciale avec lui. Et maintenant, je me pointe devant sa porte en lui disant que je l'aime. Mais, que va-t-il en penser ? Va-t-il me mettre une claque en me hurlant de m'en aller ? Encore pire, va-t-il me rejeter ?

Encore une fois, je panique. Les muscles de tout mon corps se contractent sous ma peau, dans ma chair. Et, je ne bouge plus, paralysée par la peur d'être rejetée. Faire face à Adrien va me coûter cher, mais d'être rejeté par lui va m'anéantir. Je ne suis pas courage, je suis aussi froussarde qu'un chaton.

Je suis quelqu'un de sensible, je fais partis de ces gens qui ne montrent que très peu leur émotions, le genre lunatique. Après tout ce que je lui ai fait et dis, quelles seraient les raisons pour qu'il ne me rejette pas ?

Pourquoi ne me rejetterait-il pas ? Après tout, à sa place, je n'ouvrirais même pas la porte.

Durant plusieurs minutes, je pèse le pour et le contre. Entre temps, des questions jaillissent dans ma tête, des réponses aussi, et le doute s'installe. Encore plus lourd, plus pesant, il ravage tout sur son passage. Et c'est le regard triste, et le cœur meurtrie que je me retourne.

Il vaut mieux laisser tomber. De me motiver ne servira à rien, ça ne me sauvera pas. J'ai tout gâché avec Adrien. Encore une fois, je l'ai repoussé alors que je ne le voulais pas.

Ce que je fais n'est pas rationnel. Ce n'est pas bien, autant pour moi que pour lui. Je suis une mauvaise personne, à chaque fois qu'il fait un pas vers moi, je ne le repousse. Et lorsqu'il ne le fait pas, je le pleure.

Mais qu'est-ce que j'ai, à la fin ? Qu'est-ce que j'attends de lui, exactement ?

Même moi, je ne le sais pas. Alors, comment lui pourrait-il le savoir ? Il n'est devin, il ne peut pas deviner.

Et moi, encore de dos à sa porte. Je suis une demeurée qui n'a pas le courage de lui avouer ses sentiments. Franchement, je me demande ce qu'il m'a pris de venir. Je n'ai rien à faire ici, et ça, je le sais. Alors, pourquoi ? Pourquoi est-ce que je ne trace pas ma route ? Pourquoi est-ce que je bloque à l'idée de l'abandonner ?

Mon cœur souffre en silence, il ne veut pas que je m'en aille, et il tambourine dans ma cage thoracique pour bien me le faire comprendre. Cependant, mon cerveau me le hurle : Va-t-en, tu vas lui faire du mal... Et il me le répète encore plus fort, quand je me détourne pour à nouveau faire face à la porte.

Je vais regretter mon geste, et je le sais. Mais du plus profond de mes souvenirs, en fouillant, je me rappelle ne plus jamais avoir souris aussi sincèrement que quand il était là. C'est grâce à lui, que je suis moi, que j'accepte celle que je suis, que je m'assume complètement.

Alors, même si je pleure encore et encore à cause de lui et de moi, je fais ce choix.

Mon bras se lève de lui-même et mon index appuie contre la sonnette dans un mouvement lent. Mon regard détaille minutieusement, mon geste du regard. Il aurait suffi que je me retourne et m'en aille en courant, il n'aurait suffi que de ça, mais je n'en ai rien fait.

La porte s'ouvre presque aussitôt, comme si on n'attendait juste que j'appuie sur le sonnette. Adrien apparaît face à moi, ses yeux sont rouges et son visage est pâle. Que lui est-il arrivé ? pourquoi est-il dans cet état ?

Ses yeux verts sont voilés d'un voile de tristesse qui me brise le cœur.

Est-il dans cet état à cause de moi ?

Je ne supporte pas de le voir aussi mal.

- Adrien, est-ce que tout va bien ?

- Non, Marinette, ça ne va pas. Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Me répond-t-il d'une voix fatiguée, il est épuisé.

Depuis combien de temps est-ce qu'il n'a pas dormi ? Un peu mal à l'aise, ses paroles me blessent autant qu'elles m'inquiètent. J'ai envie de le rassurer, de le prendre dans mes bras en susurrant des mots doux, mais je ne fais rien. Par peur qu'il me repousse.

Même si j'ai pris de l'assurance en sonnant, plus les minutes passent et plus je me sens défaillir sous son regard. Et puis, je recommence à m'assaillir de questions, plus embarrassantes et lourdes les unes des autres. A la longue, je me fatigue toute seule.

- Je suis venue te dire que... te dire que...

Les mots ne sortent pas. Merde, mais pourquoi est-ce que je n'y arrive pas ?

- Me dire quoi, Marinette ?

Sa voix résonne en écho dans ma tête. La tonalité de sa voix me paralyse, elle résonne en moi à une vitesse lente mais résonnante. Je me laisse porter par le son de sa voix, et la lourdeur de ses mots me fait couler à une vitesse nonchalante. C'est douloureux, mais tellement lent. J'ai l'impression de ne rien sentir mis à part une paralysie plus que puissante.

- Je... Je crois que je vais vomir.

- Quoi ? Il rétorque en fronçant les sourcils.

Immédiatement, je plaque ma main sur ma bouche et me retourne vers les fleurs. Je gerbe tout ce qu'il a dans mon ventre, d'un coup. Mon ventre se crispe et je vomis dans les fleurs en me tenant le ventre.

Tout mon repas qui part pour faire de l'engrais, dans les fleurs. Chouette ! Notez le sarcasme.

Quand je termine, Adrien est en train de tenir mes cheveux avec sa main et m'aide à me redresser. Je n'ose même pas le regarder, trop honteuse.

Quelle poisse.

Je suis rouge tomate, mes joues me brûlent tellement qu'elles me donnent l'impression d'être en feu.

- Allez viens, je t'emmène dans la salle de bain. Il me dit en me faisant rentrer.

Il m'emmène dans la salle de bain du rez de chaussé. Nous traversons la maison dans un silence de mort, déjà car je suis trop embarrassée pour le regarder, mais aussi parce que entre nous, il y a comme quelque chose de brisé. Ce n'est plus comme avant.

- Là t'as une brosse à dent, je vais aller te chercher des vêtements propres dans la chambre de Jana et tu peux te doucher si tu veux.

Quand je baisse la tête pour voir l'était de mon t-shirt et de mon jean, je manque de m'évanouir. Je me suis presque vomis dessus, il y a des éclaboussures sur mes vêtements, c'est dégueulasse.

Oh bon Dieu, et Adrien qui est là devant moi. Il me voit dans un tel état que je me mets à fouiller la pièce du regard pour trouver un endroit où me fourrer tellement je suis gênée qu'il puisse me voir dans un état aussi déplorable.

Je savais que j'aurais mieux fait de ne pas sonner. Je le savais. Bon sang, mais pourquoi est-ce que j'en ai fait que à ma tête ? Voilà le résultat maintenant ! Raa... Ça m'énerve, je m'auto-agace. C'est insupportable d'être aussi bornée et stupide que moi.

- Merci. Je bafouille à voix basse, rouge cramoisie, extrêmement gênée.

Il se retourne sans me regarder et referme la porte derrière lui. Quand la porte se referme, je lâche un soupire de soulagement. Puis, je m'empresse de me brosser les dents, faites que mon haleine ne soit pas trop infecte.

Une fois les dents propres, je me déshabille et me glisse sous la douche. L'eau chaude me fait du bien, elle m'apaise et détend tous mes muscles engourdis. Ça fait un bien fou !

Cependant, la porte grince et éveille ma curiosité. J'ouvre les yeux en tendant la tête et mon cœur loupe un battement dans ma poitrine, quand mes yeux croisent ceux d'Adrien. Il se tient avec les vêtements dans les bras et me fixe d'un regard brûlant, ardant.

La vitre trouble de la douche brouille mon corps, mais l'ont peut clairement en deviner les formes car la vitre n'est pas assez flou. Adrien a donc, une vue presque clair de mon corps, complètement nue.

En m'en apercevant, je sens une excitation me renverser l'estomac et une vague de chaleur me picoter tout le bas du ventre. Tandis que mon regard découvre une flamme verte traverser la lueur de ses prunelles émeraudes, je serre les cuisses.

J'avais oublié à quel point ce regard pouvait me mettre dans tous mes états.

Adrien a cette emprise sur moi. Rien que de son regard brûlant, assombris, et dilaté par l'excitation, il arrive à me rendre toute chose. Il n'a même pas besoin de me toucher.


✔️

Coucou 🥵

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Bize 💋

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