CHAPITRE 1, partie 2 - Croyez-moi

       Soudain, je rouvris les yeux.

Une petite musique se jouait, dans la minuscule salle où je me trouvais. Les battements de mon cœur reprenaient leur cadence habituelle, car je me retrouvais enfin dans un endroit connu. J'étais à la maison.

"Mon Dieu... mais qu'est-ce qu'il vient de se passer?" je me répétais, terrorisée. J'avais l'impression d'être revenue le matin même... et c'était le cas.

J'avais ma peluche entre les mains, prête à l'engouffrer dans ma valise. Je venais de m'arrêter en pleine action. Mais je ne bougeais pas. Ma tête tournait, et je remémorais en boucle ce qu'il venait de se passer. Je venais de revenir dans le passé... dans le passé! Comment est-ce que j'avais fait ça? Je n'en savais rien, mais je me trouvais pourtant le matin même, lorsque je préparais mon sac.

Mes jouets que j'avais cherchés la veille... mon carnet de dessins... tout cela était là, et me semblait à présent futile. "Mais qu'est-ce que je fiche là?" je murmurais, car j'avais des choses bien plus importantes à faire à présent que faire une valise. J'étais bien en vie, dans mes vêtements frais, ma robe qui venait d'être repassée, assise sur mon lit... j'avais une chance de survivre. Et une idée d'enfant innocente me vint à l'esprit : Prévenir mes parents de ce qui allait se passer, pour ne plus revivre cette horreur une seconde fois.

- Papa! Maman! Je hurlais.

Je courrais dans toute la maison, sursautant à chaque porte poussée, inquiète de ne pas les voir. Peut-être que j'étais finalement la seule survivante? Puis j'arrêtai de penser lorsque je les vis, préparant ensemble leurs affaires dans leur chambre. Ils me regardaient, effarés par tant de mouvements chez une enfant d'habitude calme et obéissante. Je ne trouvais plus mes mots, complètement apeurée, et j'étais en même temps heureuse de les voir, la peau rosée par ce sang qui coulait toujours dans leurs veines.

- Papa, maman, un homme va exploser, juste à coté de nous, quand on va prendre l'avion!

Je suffoquais, crachant chaque mot avec un flot de larmes. Ma mère vint prendre mon visage entre ses mains.

- Mais... mon cœur, qu'est-ce que tu racontes?

Elle inspectait mes pupilles, sentait mon poud, vérifiant si j'étais en bonne santé.

- Je.. je le sais! Croyez-moi! Par pitié, écoutez-moi! Je viens du futur, et je l'ai vu, de mes propres yeux, ce feu qui brûlaient lentement dans l'air...

Ils ne m'écoutaient pas, plutôt inquiets par mon état mental.

- S'il vous plaît, je ne veux plus partir.

Mon père me fixait. Lui me croyait. Me voyant insister, il n'attendit pas une seconde de plus pour empoigner son téléphone et composa un numéro qu'il connaissait sur le bout ses doigts.

- Oui... Écoutez-moi... Non... Non... Écoutez-moi je vous dis! aboya-t-il. Il va y avoir une explosion à la MTA, cette après-midi, vers 14h... Merde... Mais je vous dis qu'il va y avoir un attentat à la bombe!... Sa voix se calma, il déglutit. Combien il va y avoir d'hommes?

Je levais l'index devant ses pupilles écarquillées

- Un... Un seul, précise-t-il... Combien de morts? Mais comment voulez-vous que je vous le dises, ce n'est pas encore arrivé! il s'énerva, parcourant la pièce sans s'arrêter... Mais... je le sais grâce à ma fille, mais vous ne me croirez p... Non... Non, je n'ai pas d'arme chez moi... Souffla-t-il. Ne... ne dites pas ça. Je ne suis pas fou!

Soudain, mon père écarta le téléphone de son oreille et le jeta sur la table.

- Ils ont raccroché... pour eux, il est impossible qu'une personne face cela...

Il prit ma mère entre ses bras pour la rassurer.

- Ma puce... Tu es sûre que ce n'était pas un rêve? ... Tu sais, la police à raison... il y a peu de chances qu'un tel événement se produise un jour, surtout ici, à Octalia.

- Oui maman, je n'ai jamais rien vu d'aussi réel... je peux même te dessiner un plan des rues que nous avons traversées, te dire ce que j'ai vu depuis la navette qui nous a conduits jusqu'à la MTA.

Ma mère courra me prendre une feuille, et dès que je traçai une rue, la nommant, sans n'avoir jamais pu la voir sans sortir, elle se mit à pleurer. Ce que je disais était donc vrai, ils en étaient persuadés, et cela les rendait encore plus angoissés. Mon père s'assit pour ne pas défaillir, posant ses coudes sur la table de verre, la tête entre les mains.

La seule bonne nouvelle est que nous étions, et que nous serions tous les trois. La pire était n'y avaient pas d'autres solutions pour arrêter cette bombe à retardement. Nous n'arriverions jamais à temps à l'aéroport pour l'arrêter, déjà que nous étions partis, dans cet ancien futur, avec du retard, nous aurions encore moins de chances d'arriver avant que la bombe n'explose en quittant la maison maintenant.

C'était foutu... Mon père appela alors la plus importante sécurité de la MTA. On ne faisait que le transmettre à d'autres numéros, pour se débarrasser de son appel, car personne ne le croyait. Il avait même finit par avouer que j'avais pu revenir dans le passé. Il racontait ma vie, celle de cette petite fille qui n'avait jamais pu récolter aucune information sur l'extérieur et qui, pourtant, pouvait dessiner les plans de sa ville à l'identique... Il voulut même appeler l'armée, les personnes les plus hautplacées, mais on finit par raccrocher avant qu'il n'ait pu dire un seul mot.

Et nous restions dans le salon, tous les trois. Pendant que papa cherchait de l'aide, en vain, maman et moi étions en état de végétations, assises, le dos droit, les mains jointes sur le canapé. Et le moment vint où tout se confirma, où je ne pus plus faire marche arrière.

Les sirènes sonnaient dans la ville... la bombe venait d'exploser. Mes yeux se mirèrent vers la baie vitrée. Et le ciel, rouge, était déchiré par la venue de centaines d'avions qui se précipitaient vers la MTA. C'étaient des avions de sauvetage, à larges hélices, ceux qu'on ne voyait jamais, ou du moins, que je n'avais jamais vu, dans ce monde parfait qui n'était censé jamais rencontrer de problèmes.

C'est alors qu'un bruit vint de l'entrée.

- Monsieur, ouvrez-nous!

Des mains toquaient le plus fort possible sur cette porte que je n'avais jamais osé toucher, cette séparation entre ma maison et Octavia, cette frontière que je vénérais et qu'ils souillaient si facilement.

- Ouvrez-nous, ou nous défonçons la porte!

La police était là, rien que pour nous. J'étais paniquée devant toute cette agitation, et mon père, qui voulait que cela en finisse au plus vite, alla leur ouvrir.

Trois types, armés, entrèrent dans la pièce comme on pénètre chez un dangereux criminel. Un premier pointa son arme sur lui tendis qu'un autre lui tendit ses menottes. Notre projet venait de se retourner contre nous... et tout ça, c'était de ma faute.

- Monsieur, vous êtes le seul à avoir été prévenu de cet incident avant qu'il ne se produise... Vous allez nous suivre, nous allons identifier tout lien que vous puissiez avoir avec cet individu.

- Mais...

- Ne dites rien. Nous savons que vous travaillez dans la conception d'humanoïdes... n'est ce pas? Toutes vos paroles pourraient se retourner contre vous, et ne faites pas subir cela à votre fille et à votre femme, ajouta-t-il avec un air de pitié en nous apercevant.

- Mais c'est ma fille qui m'a prévenu. Elle vient du futur, et elle m'a averti pour sauver ces pauvres personnes, mais vous ne nous avez pas écoutés! Par pitié, écoutez-là, elle, au moins!

- Du futur, vous dites? répète celui qui referme les menottes, en se tournant vers son semblable, celui-ci, c'est pas qu'en prison qu'il devrait séjourner... chuchota-t-il avec un brin de sarcasme.

Comment pouvait-il se moquer de lui comme ça? Mon père n'était pas fou, et s'il y avait bien une personne de tarée dans cet appartement, c'était moi!

Sans les connaître, je détestais déjà ces policiers. Je sentais une douleur me brûler au creux de mes poings, que je serais de toutes mes forces. La vive chaleur qui naissait en moi devenait de plus en plus forte. Je me sentais puissante, aussi invulnérable que le Soleil. Et de la lumière fusait de mes doigts. Une lueur bleuté, plus brûlante que des flammes. Un cercle bleuâtre apparut dans l'air, planant, juste en face de nous, au milieu du salon. Et je voyais alors la bombe exploser, comme si nous y étions, mais nous étions protégés par cet écran transparent qui ne laissait rien passer. La fumée rendait l'ensemble gris, et les policiers étaient subjugués devant ce spectacle. Leurs mâchoires tombaient, et leurs yeux se débridaient entièrement, laissant paraître les prunelles brillantes de leurs yeux. Mais un d'eux revint plus vite à la réalité.

- Nous allons l'emporter... dit-il à mes parents, sans détacher son regard noir du mien, c'est une question de sécurité nationale...

Les hommes se précipitèrent vers moi. Que voulaient-ils me faire? Où avaient-ils l'intention de m'amener?

J'étais terrifié.Je piétinais en rond, me retrouvant prise au piège entre ces grands individus qui tentaient de m'attraper sans gestes brutaux. Peut-être redoutaient-ils de me brusquer, où avaient-ils plutôt peur que j'utilise mes pouvoirs contre eux... C'est alors que mon père, hurla, sanglotant :

- Reviens dans le passé Circée!... Trouve une autre solution, je ne veux pas te perdre!

Les hommes m'avaient attrapée, et me séparaient des seules personnes qui avaient une place dans mon cœur. C'était un déchirement... Et, avec la force qui me restait, je perçais de nouveau me source de pouvoir, formant de nouveau une faille dans l'espace-temps. Une seule chose apparut : cette larme qui coulait sur la joue de mon père, souffrant. Je ne vis plus rien, éblouie par tant de lumière. Comme si mon corps se carbonisait pour se reformer dans une autre dimension. Une douleur insupportable, mais je ne pouvais y échapper, car ressentir ce mal était la seule clef pour revenir dans le passé.

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