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François debout dehors ressent quelque chose qu'il n'a jamais ressenti.

Une forme de tristesse mélangée avec un fond d'espoir.

Il ne sait pas ce qu'il s'est passé mais cette nuit est différente des autres, cette pulsion qui l'a eu, son coeur qui lui hurle de pousser se planter devant cette porte et de ne pas bouger.

Son coeur qui lui fait comprendre que des sentiments différents se créent, non pas de l'amour mais une sorte d'attachement à quelque chose dont il ne connait rien.

Ni identité, ni voix, rien, juste une apparence lointaine. Chose qui fait penser à tout sauf à la normalité des "rencontres".

Un sourire idiot gagne ses lèvres, le froid de cette nuit gagne et le replace un instant dans le monde réel. Le brun met ses mains dans les poches de sa veste et marche quelques mètres fixant cette fenêtre.

Malgré l'absence de lumière il se souvient de chaque détail, ce rideau rouge vif qui à la tombée de la nuit apparaît différent, mystérieux comme cette ombre.

Purée, qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Cette question qui ne cesse de se poser lui bouffe littéralement le peu de place dans son inconscience, le reste étant occupé par cette ombre et ces tracas de tous les jours.

Faisant demi-tour, toujours avec ce sourire idiot sur son visage. Il voit encore cette scène en boucle. Celle de cette porte qui s'est ouverte et refermée aussi tôt.

Ce regret que François a, celui de ne pas avoir garder les yeux sur cette porte, peut-être que c'était elle ?

Qui d'autre hormis cette ombre est réveillé à une telle heure ? Personne d'après lui.

Une fois de plus, le brun reste planter sur le trottoir de son immeuble, une route, rien qu'une route les séparent tous les deux.

Cette distance ridicule l'agace, François veut la voir et ce, de plus en plus mais il ne peut rien faire hormis attendre.

Vient alors une idée, peut être pas la meilleure mais peut être que ça pourrait accélérer le pas. Il réfléchit et se décide.

Le brun regagne son immeuble et monte doucement les quelques étages avant d'atteindre son appartement.

Inspirant un grand coup, il inspire et rentre sa clé dans la porte la tournant délicatement. Il ne veut pas réveiller son père. Non par peur des questions parce que le cinquantenaire ne lui en pose pas vraiment. Plus par crainte de devoir s'expliquer sur ses agissements étranges comme il le remarque tous les jours.

Rapidement François pénètre sa chambre et allume la lampe de son bureau puis s'assoit et prend le premier papier qui lui passe sous le coude.

Une lettre, une lettre adressée à cette ombre. Ne savant pas encore comment lui donner ou comment elle peut l'avoir. Le brun ne détaille que ce qui lui semble important en essayant de ne pas passer pour un fou.

Au fond de lui il espère que cette façon de "s'engager" va faire bouger les choses mais il doute.

Fermant les yeux et inspirant profondément les mots lui viennent doucement mais sûrement à mesure qu'il écrit.

Chère ombre.

Chaque soir je t'aperçois sans te connaître. Mon esprit se triture en essayant de deviner qui tu es, à quoi tu peux ressembler. Je sais que ça paraît flippant et complétement folle comme idée et manière de faire... Et pourtant, je suis persuadé, quelque part que tu n'es pas une hallucination nocturne, du moins je l'espère.

François, l'ombre des étoiles.

Pliant cette feuille en deux. François ressent une peur comme il n'a que très rarement, cette peur de l'inconnue. Celle de donner son nom à une personne dont il ne connait rien. Qui sait ? Peut être que ce sera la véritable personne qui lira ou bien un voisin un peu trop intéressé ?

Redoutant tout ça, le brun met cette lettre dans la poche de sa veste et quitte à pas discrets son appartement pour redescendre dans la rue.

Je te laisserai des mots
En-dessous de ta porte
En-dessous de les murs qui chantent
Tout près de la place où tes pieds passent

Par instinct il vérifie la fenêtre de cette ombre. Toujours aucune lumière.

Peut-être qu'elle dort ? Il suppose.

Au fond, il espère que non chose qui ne peut réellement décider.

Un coup de folie avec un soupçon de courage lui vient. Sa tête ne dirige plus rien laissant ses jambes marcher vers l'entrée de cet immeuble, celui qu'il regarde tous les soirs.

François sort la lettre de sa poche de sa veste en jean et la déplie. Sa main tremble terriblement, son regard fuit de tous les côtés.

Une drôle de sensation le traverse. Comme si quelque chose ou quelqu'un venait de plus en plus près de lui.

Au fond de lui le brun espère la voir ce soir, non pas une ombre mais elle, en chaire et en os.

Un bruit le sort de son monde et son coeur rate un battement.

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Musique :

* Je te laisserai les mots de Patrick Watson *

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