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Azilis n'ose pas se retirer de cette étreinte qui mêle inquiétude et chaleur réconfortante.

Elle a besoin de parler, de vider son sac, de balancer toutes ses peurs. Ces peurs qui lui bouffent et l'empêche de vivre comme elle le voudrait tant.

Cette impression d'avancer d'un pas et de reculer de six autres. Cette sensation désagréable de ne pas savoir quoi faire. Avoir la peur des remords, ou pire, des regrets.

Comme si le monde lui faisait la guerre constamment et la faisait culpabiliser de quelque chose dont elle n'est absolument pas fautive.

Azilis inspire profondément et expire un peu plus pour essayer de maintenir son rythme cardiaque et contrôler sa respiration qui ne cesse de s'accélérer par la présence de François mais aussi ses angoisses qui prennent l'ascenceur mais qui redescendent par les escaliers.

- Tu veux que je fasse quelque chose ? Il demande souhaitant couper le blanc.

La bretonne se retire de son étreinte et se lève du canapé pour s'asseoir sur une des chaises autour de la table. Elle se penche et met sa tête dans ses mains. François, quant à lui dépose sa main gauche sur le poignet droit de la jeune femme. Sentant un mouvement, il la retire d'aussitôt et s'assied de manière plus confortable dans le canapé.

- J'ai peur. Peur de l'autre.

Il ne dit rien mais la comprend, comprend cette peur qui crée des angoisses constamments et surtout une méfiance sans aucune mesure possible. Incontrôlables, elles tuent plus qu'elles n'aident. Un peu comme une relation nocive au fond de soi qui se bat constamment contre lui-même.

- L'autre incarne une ombre au-dessus ma tête constamment. J'ai peur de la trahison, de la moquerie.

Azilis inspire un grand coup pour se redresser sur sa chaise et croiser sa jambe par-dessus l'autre.

- La moquerie de mon corps, de mes pensées, de mes angoisses, la minimisation de tout ce qu'il y a de plus traumatisant pour moi.

Elle baisse son regard sur sa cuisse droite qui se met à trembler.

- J'ai l'impression que le monde me déteste autant que je le déteste. Je déteste tout ça, ce manque de respect du trauma de chacun, cette constante envie de démolir l'autre sans penser aux répercussions que cela peut engendrer..

Azilis détourne le regard sur la gauche et avale sa salive.

- Je déteste ces connards parce qu'ils m'ont brisés à jamais, leurs mains sur ma poitrine, mon entre-jambe...

Le coeur de François se brise en entendant ces mots, cette violence dont elle a été victime lui amène un goût amer et de colère dans la gorge. Il aurait aimé être là ce soir-là, prendre sa défense, empêcher cette agression sexuelle d'arriver.

- Je me déteste de ne pas avoir réussi à me défaire de leur emprise et...

Azilis lève ses manches et le bas de jogging dévoilant des traces de scarifications aux différentes lignes et profondeurs.

- Je me déteste parce que je suis impuissante et que mon corps est devenu une épave constante que je promène.

Les larmes aux yeux, ses yeux marrons ancrés dans ceux de François, elle avale sa salive difficilement.

- Je me déteste car je suis incapable de t'aimer comme tu le mérite.

Il ne sait quoi dire face à ça, il sent son cœur se brisé de plus en plus. Sa peine est bien plus profonde qu'il ne le pensait. Azilis se porte une haine sans nom à elle-même. Mêlant culpabilité et rejet de quelque chose dont la faute ne devrait pas reposer sur elle mais ces monstres qui l'ont agressés.

Alors, en signe d'écoute, le brun se contente juste de poser sa main sur celle d'Azilis et de la pressée gentiment.

- J'ai peur de l'amour, de ne pas t'aimer comme il se doit, j'ai peur d'échouer...

Elle inspire un grand coup et retient les larmes qui menacent de rendre incontrôlable ses propos et ses tremblements.

- J'ai peur de te faire du mal comme ta mère t'en a fait durant ton enfance et ton adolescence à cause de moi et mes peurs illégitimes au possible. J'ai peur, peur... Peur de te blesser et de te faire mal comme elle t'en a fait...

Azilis n'arrive plus à contrôler ces tremblements, ces tremblements qui l'affaiblissent. Les larmes lui échappent et l'affiche dans sa vulnérabilité la plus sincère. Elle s'était déjà montré comme tel il y a de cela plusieurs jours mais, là, elle venait de vider son sac comme la brune ne l'avait jamais fait auparavant.

Mais sa peur du jugement la ramené à la réalité et au regard de François qui ne dit rien.

- Désolée, je... Je

De manière brusque, Azilis se lève et se dirige vers la porte d'entrée et dépose sa main sur la poignée qu'elle enclenche sous le regard interrogé de François qui se lève directement et saisit, quand à lui le poignet de la bretonne.

- Je te crois.

La brune se place face à lui, les lèvres tremblantes.

- Je te crois et tu n'es absolument pas fautive de ce qui t'es arrivé.

Ce n'est pas des paroles en l'air qu'il prononce, les pensants de la manière la plus sincère qui soit.

- Tu n'as pas à être désolée d'avoir ouvert ton jardin secret. Tu n'as pas à t'excuser de traumatismes dont tu n'es absolument pas fautive, Az. Et surtout, tu es capable de m'aimer de la manière la plus saine qui soit.

Les mots lui manquent, Azilis ne sait quoi dire face à cette compassion dont il lui fait preuve. Il aurait pu s'en moquer, l'ignorer où se casser mais à la place, François reste là, devant elle, à faire au mieux pour la rassurer et la faire déculpabiliser. Et surtout, le brun l'a croit sur cette agression, ne remet pas son témoignage en doute.

- Allons, nous assoir si tu es d'accord ? Demande François.

Elle acquiese et tous les deux vont se poser sur le canapé. Laissant un silence s'émettre pendant de très longues minutes.

- Je vais te préparer une boisson chaude, d'accord ?

Tandis que François se lève et commence à lui préparer un chocolat chaud, Azilis, le regarde et essaie de comprendre la raison de sa présence encore aujourd'hui après tout ce qu'elle lui fait. Comme si, il était prisonnier de quelque chose dont elle n'a pas conscience.

Elle prend le plaide posé sur le canapé et s'enroule dedans tendant ses mains pour récupérer la tasse qu'il lui a préparé.

- Pourquoi tu restes ? Après tout ce que je t'ai fait...

- Parce que je te fais confiance. Et, malgré tout j'ai peur de l'autre mais je me force à avancer et à regarder d'un autre oeil les gens. Je ne me jette pas à corps perdu mais, comme toi, j'y vais avec mon rythme et j'accepte de ne pas bien aller...

La brune boit et tente au mieux d'afficher un léger sourire.

- On ne dirait pas mais ces traumatismes, quand j'étais dans l'appartement, seul, ils se manifestaient par des crises de paniques constantes, des insomnies qui ont fait que j'ai du arrêter les cours car mes notes chutaient plus qu'elles ne montaient.

Elle avale de grand coup de son chocolat chaud et pose sa tête sur l'épaule de François.

- J'ai peur d'aimer aussi, peur de ne pas savoir ce qu'est une relation saine entre un homme et une femme. Une peur de te blesser et de reproduire ce que ma "mère" faisait à mon père.

Azilis se contente de se lever et de déposer la tasse sur la table pour fixer le regard de François.

- Si tu avais voulu me faire du mal, tu l'aurais fait depuis longtemps, crois moi.

Elle retire son plaide et le dépose sur les épaules du jeune homme avant de s'accroupir devant lui et de prendre son visage entre ses mains.

- On va s'en sortir, comment ? Je ne le sais pas mais on va s'en sortir.

Un sourire s'affiche sur le visage de François, lui aussi avait eu besoin de vider son sac. Bien sûr, ces traumatismes ne s'effaceront pas comme ça, en un cliquement de doigt. Cependant, pour la première fois il a un peu d'espoir.

L'espoir s'est montré quand elle ne l'a pas juger mais accueillit avec ses peurs et ses actions.

- Je suis là, et François je ne te lacherai pas.

Il acquiese et embrasse son front faisant sourire à son tour Azilis. Déposant sa main sur celle de la brune, il s'approche de ses lèvres faisant palpiter le cœur de celle dont il est amoureux.

- Merci d'être toi.

En guise de réponse, la brune ne dit rien et se contente de se lever et de lui tendre la main.

- Allons dormir, demain est un autre jour.

François lui saisit à son tour la main et tous les deux se dirigent vers une nuit de sommeil, après avoir éteint la lumière de la pièce et allumer celle de la chambre.

Azilis retire son sweet-shirt et glisse dans sa couette laissant François éteindre et la rejoindre pour se blottir l'un contre l'autre.

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BONSOIR !
comment allez-vous ?

Voici donc un nouveau chapitre ce soir, j'espère que cela vous plaît ?

Comment ressentez-vous leurs pensées vis-à-vis de l'un et de l'autre ?

Les peurs dévorantes d'Azilis ?
La réaction de François ?

Les peurs de celui-ci ? 

Speak to me.
DEPECHE MODE.

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