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Assis l'un face à l'autre autour de cette table rectangulaire François et Azilis ne disent pas un mot.
Les nerfs de la brune s'attardent sur la peau qui entoure chaque ongle de chaque doigt. Nerveusement elle se les arrache laissant apercevoir sa sous-peau et parfois quelques saignements.
Deux jours, trois jours qu'il s'est établie dans son appartement à sa demande, 72 heures qu'il tente de la déchiffrer.
Le brun ne peut cacher son inquiétude vis-à-vis d'elle. Ces deux dernières nuits il l'a entendu pleurer malgré l'excès de silence qu'elle y mettait pour ne pas montrer sa vulnérabilité.
François n'a pas dormi à ses côtés voulant la laisser tranquille malgré le fait que ça lui crevait le coeur de la laisser seule avec ses angoisses.
Azilis ne va pas bien mais ce n'est pas à lui de demander ce qu'il se passe. C'est quelque chose qu'il tient à respecter.
Encore plus avec elle. Cette vulnérabilité qui la rend si forte à ses yeux. Mais, il sent que c'est une angoisse pour elle de se montrer "faible" devant lui, la brune ne veut pas craquer une autre fois, se confier comme elle l'a fait il y a de cela trois jours.
Il ne peut supporter de ne pas comprendre ce qui lui arrive, de ne pas savoir ce qu'il se passe dans sa tête. Il l'a sent réfléchir sans cesse, être dans son monde.
Dans sa manière de la décrire, c'est comme s'ils se connaissaient depuis des années alors que cela ne fait même pas une année.
C'est étrange cette sensation, cette sensation d'avoir une personne face à nous à qui on attribue autant d'importance.
A ses yeux, Azilis est importante, plus qu'il ne peut l'imaginer. Si il le pouvait il presserait ses lèvres contre les siennes, la prendre dans ses bras tendrement, lui redonner confiance. Confiance envers les autres.
Je ne vais pas bien.
Cette phrase le fait sortir de ses réflexions amenant son regard plein de tendresse à l'encontre d'Azilis.
Depuis huit ans, huit années je ne vais pas bien et depuis cette agression ça ne s'est pas arrangé.
François comprend, comprend trop bien ce que c'est de vivre avec des traumatismes.
Depuis huit ans je ne cesse de réfléchir à la Azilis qui vieillit. La Azilis qui ne mérite rien.
Entendre cette phrase, blesse profondément le jeune homme. Bien sûr que c'est faux, bien sûr qu'elle mérite tout un tas de choses dont elle ne se rend pas compte.
Il se pince les lèvres et se retient de tout commentaire.
Un de ces jour je vais exploser et absolument tout ce qui m'entoure sera pulvérisé.
En prononçant cette phrase Azilis avale difficilement sa salive. La brune, les mains cachées sous la table s'arrache les peaux une à une, passant sa peine et sa douleur contre elle-même.
Elle ne veut pas qu'il souffre, elle refuse qu'il fasse partie de ses victimes, cette victime de sa propre bombe a retardement que sont ses angoisses et parfois ses crises.
Trop de personnes autour de elle ont souffert, trop de personnes sont parties car ils ne supporter plus tout ça.
Elle sait très bien que son cœur crèvera si elle venait à le perdre lui. Celui qui fait battre son coeur continuellement.
Azilis ne veut pas parler, ne veut pas encore dire des choses qui lui montreront une partie d'elle qu'il n'a pas besoin de connaître. Une partie noyée dans son inconscience.
J'ai été un enfant battu, toutes les nuits j'ai ce réflexe de me réveiller chaque fois qu'un moindre bruit apparaît. Que ce soit le cliquetis d'un trousseau de clefs comme une personne qui monte des escaliers.
A ces mots François n'espère rien, rien de plus que de rassurer un peu Azilis vis-à-vis de ses angoisses.
Le brun ne dort pas bien, les dernières nuits il faisait souvent les cent pas pour essayer de vider sa tête et de la concentrer sur quelque chose de plus joyeux que ses cauchemars qui remontent à la surface.
Ce poing qui arrive dans le visage de son père et lui explose le nez, ce jeune enfant qui se planque sous la table et vois le sang qui coule dans ses veines tâchait le sol.
Il se rappelle de chaque détails de cette nuit la. Cette nuit où il a découvert le visage du diable. Cette nuit où tout a définitivement changé.
François ? François ?
Cette voix le réveille de ce monde. Ce monde dont il n'a plus envie, ce monde dont il fait encore des cauchemars continuellement.
Son regard se dresse sur celui de Azilis qui s'est agenouillé à ses côtés et a pris ses deux mains dans les siennes. La brune sentait son inquiétude et savait que quelque chose s'était déclanché quand il a commencé à parler de tout ça.
Elle le comprenait, comprenait à quel point le cerveau s'amuse parfois à faire remonter à la surface des traumatismes.
Je ne te lacherai pas François, elle prononce avec un sourire aux lèvres.
La brune se lève et gagne la salle de bain pour se changer et enfiler son pyjama ressentant une tension électrique en imaginant le jeune homme dans la pièce d'a côté. Une étrange sensation qui la gagne.
Comme si, chaque parcelles de sa peau hurlait aux mains et lèvres de François de la contacter, de la baiser de tendresse.
De son côté le brun s'en veut. Il s'en veut d'avoir pris la parole sans laisser Azilis prononcer un seul mot. Peut-être qu'elle avait besoin d'en dire plus. En dire plus sur cette étrange métaphore " un jour je vais exploser et absolument tout ce qui m'entoure sera pulvérisé ".
Les évoquait-elle ? Ou bien paraît-elle de quelque chose de bien plus sombre. Une sorte de cage aux piques disgracieux ?
François, je dors dans le canapé ce soir. Tu as sérieusement besoin de dormir.
Le brun voulu tenter de négocier mais il sentait que ça ne servait à rien, confirmé par la manière dont Azilis s'est étalé sur son propre canapé avec la couverture sur elle.
Bonne nuit le farfadet.
Ce surnom le fait sourire. Il ressent quand même une certaine gêne de dormir dans un lit qui n'est pas le sien.
Sans parler de quelque chose qui lui crève le coeur. Ne pas l'avoir près de soi.
Ne pas sentir son souffle balayer sa chaire, ne pas avoir le nez chatouillé par la chevelure brune de la bretonne mais surtout ne pas avoir ce frisson, cette électricité quand leurs chaires se touchent.
Il ne sait pas s'il s'agit de désir ou bien d'une attirance physique qui ne cesse de s'accroître entre eux.
Une certaine intimité s'est installé. Un personnage à part entière dans leur histoire.
Pour François ce qui relève le plus de l'intime n'est pas le sexe mais ce qu'ils font et ont fait. Partager des choses aussi enfouies, se toucher les mains, effleurer les doigts parfois même les lèvres de l'un comme de l'autre.
Le brun a bel et bien une attirance physique et le fait de devoir se retenir d'embrasser les lèvres d'Azilis lui demande un effort surhumain.
Il ignore si du côté de la brune les sentiments sont égaux ou bien si il se fait des illusions. La seule chose est, que ses sentiments ne mentent pas.
C'est de cette manière qu'il vient réveiller Azilis dans son début de sommeil - qui ne peut s'empêcher de pousser un râle au passage - pour lui dire les choses de manière implicite.
J'ai besoin de t'avoir auprès de moi Az, de te toucher, de...
Pas un mot de plus que la brune, les yeux a moitié fermé plonge tout son être dans les bras de François qui ne peut s'empêcher d'enfuir son visage dans ses cheveux.
Oh oui il est amoureux, et oui, son corps est de plus en plus prisonnier dans la prison que lui offre la brune.
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BONSOIR !
comment allez-vous ?
Je voudrais tous et toutes vous remercier grandement pour les 8.92 milles vues !!!
Ça me motive énormément à continuer cette histoire entre nos deux protagonistes !
D'ailleurs que pensez-vous de l'évolution de leur relation ?
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