9 # EMFERMÉ
E m f e r m é.
Marcus n'avait que peu fermé l'œil de la nuit. Il s'était réveillé plusieurs fois en sueur, les joues humides. Et à chaque fois, il avait pris de longues minutes à se rendormir. C'est finalement un rayon de soleil éclairant doucement sa chambre à travers les légères ouvertures dans ses volets qui achève de le réveiller. Il regarde l'heure sur sa montre trainant à côté et se redresse avec difficulté.
Comme souvent, son crâne le faisait souffrir. Chaque mouvement est un supplice. Il ferme les yeux un instant, ne sachant pas s'il avait envie de quitter son lit sachant que cela voudrait dire retrouver Pansy. Il finit par sortir de sa chambre et descend péniblement les escaliers. Il commence par se servir un verre d'eau qu'il avale rapidement. L'eau fraiche lui réhydrate la bouche et ses lèvres asséchées. Il prend ensuite sa baguette et se lance un rapide sortilège pour supprimer son mal de crâne lancinant.
« Trop d'alcool ? »
La voix de la brune est douce, mais elle le fait malgré tout sursauter. Il se retourne pour voir le visage épuisé de sa binôme. Il soupire, ne prenant pas la peine de répondre à sa question.
« Tu veux un thé ? »
Elle hoche doucement la tête en réponse. Pendant que l'eau chauffe dans la théière posée sur un feu rapidement allumé, il se laisse tomber sur une chaise. La plus jeune prend place en face de lui.
« T'as quand même réussi à dormir ? »
Il peut sentir un vrai intérêt dans sa question, comme si elle s'intéressait vraiment à lui.
« Non. Toi ? »
Sa tête s'agite de la droite vers la gauche. Il observe ses cheveux ébouriffés du matin, ses yeux à moitié bouffis et rougis. Et il sait qu'il ne doit pas être bien mieux. Ses habits laissent voir ses jambes élancées alors qu'elle porte le T-shirt et le short qu'il lui a prêtés.
« La salle de bain est en haut si tu veux prendre une douche après. »
Elle ne lui fait qu'un faible sourire en réponse. Son visage semblait fermé, la lumière s'en était éteinte. Et il se dit que ça commençait toujours comme ça. Les mines sombres, les sourires absents. La mort ne détruisait pas seulement les amis des disparus. Elle brisait tout sur son passage. Et chez ceux qui aimaient ça, c'était la folie qui s'installait.
Il finit par déposer deux tasses de thé sur la table et ils prennent leur petit-déjeuner en silence. Il allume d'un coup de baguette sa radio sorcière dans un coin de la pièce. L'heure était aux informations et il voulait savoir ce qu'elles allaient dire.
« Le bilan des attentats en France est de 52 moldus tués et 532 blessés dont beaucoup restent dans un état grave. L'attaque sur le ministère a quant à elle fait 26 morts et 76 blessés. Parmi les victimes se trouve le Prince Jérôme, fils ainé et héritier du Royaume. Le roi et la reine ont déjà commenté en annonçant qu'ils ne plieraient pas contre ce qu'ils disent être une attaque visant à désunir leur pays et mettre un terme à la collaboration entre moldus et sorciers. Tout de suite, retrouvez notre correspondante à Paris. »
Il sent le sang qui bat dans ses tempes, la panique qui s'insinue un instant en lui. Elle lui retourne les tripes alors qu'il comprend. Si la France n'avait pas plié, il leur faudrait recommencer, encore et encore, jusqu'à ce que ce soit le cas. Et alors les visages s'entasseraient dans ses nuits. Les cauchemars les peupleraient. Est-ce qu'il finirait par devenir un véritable monstre ? Il pensait que oui, il espérait que non.
Il sent un contact sur ses mains. Il prend alors conscience qu'il était figé. Les doigts de Pansy sont doux sur ses poings fermés. Il les desserre. Lorsqu'il finit par les ouvrir, il peut voir les marques rouges en forme de lune marquées dans ses paumes. Ongles enfoncés bien trop profondément dans sa chair. Il lit l'inquiétude dans le regard de celle qui avait été désignée comme sa binôme.
« Ça va aller, t'inquiète pas. »
Des mots vides de sens qu'il entend et oublie. Parce que non, ça n'irait pas. Ça n'irait jamais et ça serait de pire en pire. Mais il n'avait pas le choix. Il était marqué. Sa famille serait en danger s'il désertait. Il deviendrait une cible. Il était enfermé dans un cercle vicieux dont il ne pouvait sortir. Son esprit était séquestré depuis bien longtemps, appartenant à Voldemort et ses sbires. Il n'y avait plus que son corps qui était libre.
Oui il pouvait faire du quidditch, chose que certains ne pouvaient plus faire. Non, il n'était pas un fugitif. Mais il était voué à ne pas réussir à sortir de cette situation qui le détruisait. Les missions corrompaient toujours un peu plus son esprit. Elles le brisaient intérieurement. Le sang, les sorts, les coups, les blessés, les morts. Il ne voyait plus que ça, tout le temps. La sauce tomate prenait des teintes différentes à chaque fois qu'elle était présente dans un plat. La magie ne lui paraissait plus belle depuis qu'il avait pris des vies grâce à elle.
Il se détestait. Et il semblait n'y avoir personne pour le comprendre. Tous autour de lui paraissaient accepter la situation. Ils en étaient fiers. Ils aimaient les missions. Il n'aimait que son sang pur, le secret magique et les opportunités que ça pouvait lui apporter.
« J'ai pas envie de me battre Pansy. »
Il observe le vide à travers la fenêtre du lieu. La main reste sur la sienne, la pressant doucement. Maigre tentative de réconfort.
« Je sais. »
Il la regarde alors que, pour la première fois, il a l'impression que quelqu'un le comprend. Ou tout du moins, un peu.
« Tu crois que je pourrais partir ? »
Un rire las s'élève en retour.
« Ne sois pas naïf Marcus. Il te retrouverait. Il nous retrouve toujours. »
Sa gorge est nouée alors qu'il se sent pris au piège. Peut-être que ce serait plus simple s'il désertait et qu'il était rattrapé. La mort ne serait que douce. Il secoue la tête. Ce ne serait pas elle qui l'attendrait et c'était bien pour cette raison qu'il n'avait pas encore dit stop à tout ceci. Parce qu'il pouvait accepter de mourir si cela signifiait ne plus avoir à commettre les atrocités qu'on le forçait parfois à faire. Il ne l'était pas à être enfermé et torturé sans relâche comme c'était le destin des traitres. La mort était alors trop douce pour ce qu'il serait devenu à leurs yeux.
« Attends de voir ce qu'il se passe. Tu pourras trouver une mission différente, peut-être. »
Mais il ne voulait pas de mission, aucune. Il voulait que tout cesse, que rien ne commence. Il voulait oublier, pouvoir dormir la nuit. Il voulait qu'aucun nouveau regard le hante. Il voulait que les cris ne résonnent plus dans son esprit.
« Et s'il n'y en a pas ? »
Le silence s'est installé dans la pièce. Il reprend une gorgée de thé pour prendre conscience qu'il était désormais tout juste tiède.
« Je veillerai sur toi, si tu veux. »
Il glisse ses mains dans les siennes.
« Je... »
Les yeux qu'il croise sont déterminés quand il plonge les siens dedans.
« Tu guides les troupes ou tu prétends le faire, je fais le sale boulot. Après tout, apparemment, c'est moi le monstre entre nous deux. »
La voix se brise sur la fin. Il peut voir les yeux clairs qui se peuplent de larmes.
« Pansy...
— Je vais me doucher. »
Elle coupe court à la discussion, disparaissant en direction de l'étage. Et il sait que ça ne sera pas suffisant. Parce qu'il aura toujours les actions de ses sbires sur la conscience. Même s'il devient qu'un sous-fifre de la fille Parkinson, il saura qu'il ne dit rien et accepte la situation et les actions menées. Et tant qu'il le fera, sa culpabilité ne pourrait disparaitre.
Elle finit par redescendre. Ses vêtements colorés sont à l'encontre de ce qu'elle est. Son sourire est léger malgré ses traits fatigués. Elle récupère les deux baguettes trainant dans l'entrée de la pièce.
« Tiens. »
Il la prend sans comprendre la raison.
« Je veux que tout ce qu'on a dit reste entre nous. »
Il rit. Evidemment que ça allait rester entre eux. Il n'allait pas aller s'en vanter. Il n'était pas suicidaire.
« Evidemment.
— Jure le moi Marcus. »
Il s'avance d'un pas, prend sa main dans la sienne et braque ses yeux dans les siens.
« Je te le jure Pansy. »
c'était la fin de la discussion entre marcus et pansy et on retrouvera oliver dans le prochain chap qui va voir son passé le rattraper !
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