6 # BARBARIE
B a r b a r i e.
« Encore merci, je ne sais pas comment j'aurais fait. C'était pas prévu mais mon chef a insisté. »
Mais il ne lit pas d'embêtement dans le regard sombre de la brune lui faisant face.
« C'est moi qui t'aie proposé Oliver. »
Un doux rire emplit la pièce, allégeant ses craintes.
« Elle a été sage ? Il ne s'est rien passé de bizarre ?
— Très sage. Ils ont joué tout l'après-midi sans le moindre souci. »
Un léger silence s'installe qu'elle vient bien rapidement briser en ouvrant la porte du jardin.
« Juliet, ton papa est là ! »
Il voit sa boule d'énergie qui se dirige vers lui, les bras tendus dans sa direction. Il s'accroupit et elle se jette dans ses bras. Il laisse ses lèvres glisser sur sa joue, alors qu'il la tient contre son cœur. Il n'avait pensé qu'à ça tout l'après-midi, à ce qui allait se passer lors des retrouvailles. Normalement c'était à deux qu'ils passaient du temps le mercredi alors qu'elle n'avait pas école. Alors il ne pouvait empêcher son esprit de penser aux pires scénarii possibles sur les conséquences de cette journée où il avait été obligé de travailler. Et si elle lui en avait voulu d'avoir changé ses habitudes. Mais son inquiétude venait de disparaître alors qu'elle était dans ses bras.
« T'as bien joué ?
— OUIIII ! Encore ?! »
Il croise son regard bleuté un instant. La nostalgie s'installe dans le sien alors qu'il a l'impression de la voir elle. Il relève un regard interrogatif vers la brune lui souriant. Celle qui approuve d'un regard.
« Encore. »
Et la petite court immédiatement vers l'extérieur.
« Vous voulez un café ? Il reste un morceau du gâteau du goûter.
— Avec joie. »
Il ne dit pas qu'il aurait largement préféré un thé. Parce qu'il n'allait pas refuser.
« Attends je vais t'aider. »
Il prend l'assiette avec le gâteau tandis qu'elle récupère la cafetière. Télévision allumée dans le fond du salon-salle à manger à la table dans laquelle ils rentrent. Son regard s'y attarde un instant alors qu'il approche de la table. Les informations sont en train de défiler. Ici, les personnages restaient bloqués dans l'écran, mais après quelques temps où il avait trouvé cela étrange, il avait fini par s'y habituer. Il n'entend pas le son qui semble ne pas être mis alors que seules les images éclairent doucement l'appareil électronique.
Il se fige quelques secondes quand il voit les éclairs qui sillonnent le ciel, quand il voit les voitures qui se crashent les unes dans les autres et quand un mur explose dans la rue ensevelissant les passants qui trainaient là à cet instant précis.
« Impossible... »
C'est le bruit de l'assiette s'écrasant au sol qui le fait réagir.
« Je... Je suis désolé. »
Le regard chocolat est fixé sur lui. Il ferme les paupières une seconde. Il revoit les éclats de lumière, le corps qui s'effondre, et puis tant d'autres scènes. Les pierres qui tombent juste derrière lui alors qu'il file en balai à travers Poudlard, les sorts dans tous les sens, les corps qui s'effondrent au loin, les carcasses figées à côté desquels il pouvait passer. Le sang poisseux glissant le long de son bras et la douleur liée à une coupure au niveau de son front. Il y porte machinalement le bout des doigts, sentant sous ceux-ci la trace d'une petite cicatrice. Une main se posant sur son bras le fait réagir, ainsi que la voix douce et inquiète qui brise le silence.
« Oliver. Ça va ? »
Il ne répond rien. Parce qu'il aimerait pouvoir répondre oui mais les larmes brillant dans son regard faisaient rapidement comprendre le contraire.
« Assieds-toi, je vais ramasser t'inquiète pas. »
Il peut sentir les tremblements dans ses poings. Sa respiration parait être bloquée alors que sa trachée s'est violemment contractée. Il sait, ils ont frappé quelque part. Ils ont tapé chez les moldus. Ils ont tapé ici, dans ce pays où il s'était caché.
« Tiens ! »
Une tasse est tendue. Il y ajoute rapidement de sucre. Il avait tenté de se faire au café, mais il n'arrivait toujours pas à supprimer le carré de sucre qu'il mettait dedans. Cette boisson lui paraissait bien trop amère en comparaison des thés qu'il prenait régulièrement avant. Et puis une part de gâteau est déposée à côté dans une petite assiette aux rebords dorés.
« Il est presque indemne. »
Elle a un léger rire qui arrive à détourner ses pensées pendant quelques petites secondes. Il finit par comprendre qu'elle parle du gâteau qu'elle vient de lui servir et qui n'est que peu abimé suite à sa chute.
« Où est-ce que c'est ?
— Ça ? C'est à Paris. »
Son léger mouvement de tête en direction de l'écran fait qu'elle a immédiatement compris. Il ne parvient pas à calmer le tremblement de ses mains qui augmentent avec la réponse. Pendant quelques secondes, il avait cru à une autre possibilité. Il avait espéré que cela se soit produit dans un autre pays et non dans celui où il se planquait.
« Je... Ok. »
Il ne sait plus quoi dire. Il a le sang qui bat dans les tempes, le cœur dont les battements sont bien trop rapides.
« Tu es sûr que ça va ? »
Il se bat avec les larmes. Il a compris qu'il fallait qu'il lui donne une explication. Il ne sait juste pas quoi. Il ne réfléchit pas vraiment, parce qu'il n'y arrive pas.
« Ma petite-amie est décédée au cours d'une attaque. »
Il ferme une seconde les yeux, écrase une larme qui commençait à lui échapper. Il n'y avait pas qu'elle qui avait été victime de cette barbarie. Tant de proches disparus, blessés, tant de familles décimées, tant de morts à pleurer. La liste de ses amis enterrés, emprisonnés ou dont il n'arrivait pas à avoir des nouvelles était trop longue pour une vie entière.
« Je suis désolée... »
Il peut lire le choc et la stupeur sur son visage. D'un mouvement, elle éteint la télévision, coupant les images tournant en boucle. Celle de la scène de guerre qui s'était déroulée à Paris et qui le tourmentait.
« Je pensais que... »
Elle s'arrête en plein milieu de sa phrase, gênée. Il savait ce à quoi elle pensait. Il avait entendu les commentaires. Ceux dits devant l'école par toutes les mères.
« C'était la mère de Juliet ? »
Il se contente de hocher la tête. Et la suite se déroule dans le silence. Parce qu'elle ne sait pas quoi dire, pas alors qu'elle le connaît à peine. Naïvement, elle pensait qu'il s'agissait juste d'une dispute, d'un couple qui se serait séparé et il aurait hérité de la garde de la petite au moins en semaine, comme dans bien des familles séparées. Désormais, elle comprenait mieux le lien les unissant, et aussi son regard perdu et son sourire quasi inexistant. L'homme dont la cuillère était en train de prendre une part de gâteau était un homme brisé.
« C'est pour ça que vous avez quitté l'Angleterre ? »
Elle vient de briser le silence et il la regarde avec un air interrogatif.
« Pour fuir les souvenirs. »
Pensée qu'elle vient étayer. Il sent sa tête se mettre à avoir un léger mouvement du haut vers le bas, alors qu'elle agit en pilote automatique.
« En partie. »
Il ne pouvait pas lui dire. Que, là-bas, il était traqué pour son nom et son camp jadis. Qu'il pouvait y passer chaque instant et qu'il l'avait bien compris quand elle avait été lâchement assassinée. Que s'il ne mourrait pas, il serait fait prisonnier, serait torturé pour obtenir d'autres noms, d'autres lieux, d'autres informations qu'il n'aurait pas forcément. Et que s'il passait entre les mailles du filet, c'était Azkaban qui l'attendait. Il ne pouvait pas prendre de risque, pas avec une fille de cet âge-là, pas avec une fille tout court. Elle avait besoin de son père en vie.
Et surtout, il ne pouvait pas rester quand elle pouvait être ce qui lui était arraché. Parce qu'il ne survivrait pas si elle lui était enlevée.
« L'Angleterre vous manque ? »
Un soupir lui échappe.
« Non. »
Il marque une pause, une très courte pause, avant de reprendre.
« L'Écosse me manque. »
Et il la remercie silencieusement de savoir se taire, de ne pas l'interroger. Pourtant, il sait qu'il pourrait se confier s'il le voulait, elle lui faisait comprendre par ses actions. Sa fille finit par le rejoindre. Et après des énièmes remerciements auprès de la jeune femme qui l'avait gérée dans la journée, il quitte la maison.
Il ne traine pas. Il se sent épié de partout. Il a l'impression qu'ils allaient lui tomber dessus à chaque instant, comme la fois précédente. Il presse ses pas dans la rue. Les sortilèges de protection fusent une fois à l'abri dans sa petite demeure alors qu'il a bien trop peur. La guerre les avait rattrapés. Ils n'étaient plus en sécurité. Elle n'était plus en sécurité.
c'était le point de vue d'oliver sur la situation avec sa vie qu'il cherchait tranquille qui se retrouve de nouveau toute chamboulée.
dans le prochain chap, on reste du côté du gryffondor et de la rispote française à venir au chaos créé par les mangemorts.
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