4 # ENFANT
E n f a n t.
« Papa ! »
Enfant qui se jette dans ses bras alors qu'il l'attend à la sortie de l'école. Il observe avec adoration cette enfant. Il ne peut empêcher un sourire de se peindre sur ses lèvres alors que ses cheveux volent derrière elle tandis qu'elle court dans sa direction.
« Doucement. »
Et lorsqu'elle arrive devant lui, il la soulève du sol pour venir la serrer contre son cœur. Son rire s'élevant dans le ciel lui réchauffe celui-ci. Autour d'eux, les autres parents attendant leurs propres enfants, souvent des femmes, ne peuvent s'empêcher de sourire. Mais il ne les voit pas, il ne les regarde pas. Cela faisait bien longtemps qu'il ne regardait plus les femmes. Oliver n'avait aucune envie de refaire sa vie, ni même de tenter de rencontrer une femme qui pourrait peut-être un jour remplacer Alicia dans son cœur. Sa capacité à aimer était morte le même jour que la femme de sa vie.
Il avait encore l'anneau dans sa table de nuit, celui qu'il observait parfois pendant des heures, celui qu'il avait prévu de lui offrir alors qu'il l'aurait demandé en mariage. La date était déjà fixée, la façon de faire aussi. Mais ses rêves, son futur et son bonheur s'étaient brisés ce jour-là. Autour de lui, il ne fait pas attention aux regards portés sur sa personne.
Il n'entend pas les commentaires enthousiastes de celles qui le prennent en exemple, ou en pitié, il ne sait pas vraiment. Cela fait longtemps qu'il ne les entend plus. Ça doit être pas simple d'être un père célibataire. Il est si doué avec sa fille. Regardez comme ils sont beaux. Et elle a des yeux bleus si beaux. Il ne pouvait pas les accepter.
Parce que ce n'était pas d'être un père célibataire qui était compliqué, c'était de vivre sans elle. Parce qu'il n'était pas un père célibataire, il était veuf et c'était complètement différent. Et c'était peut-être plus simple d'être un père dans sa condition que s'il n'avait rien eu. Parce qu'au moins, il avait sa fille, sa princesse, pour le forcer à continuer de vivre.
« Tu me fais un bisou ? »
Ressentir quelque chose, un peu d'amour, via sa fille. Il resserre légèrement l'étreinte quand il sent les lèvres qui se portent à sa joue. Il dépose ses siennes sur le bout de son nez la faisant rire alors qu'elle a ses bras si petits glissés autour de son cou.
« Papa, on peut aller voir les canards ? »
Ses lèvres se relèvent en un léger sourire.
« On goûte d'abord peut-être ? »
Il y a le léger hochement de tête de sa fille qui glisse ensuite sa tête dans son cou. Il se dit qu'il faudrait qu'il aille demander à la maîtresse comment la journée s'était déroulée, si des choses étranges s'étaient passées, si elle comprenait tout. Après tout, il n'était pas certain de son français. Et il n'avait pas envie d'avoir de soucis avec les autorités magiques concernant un mauvais contrôle de la magie de la prunelle de ses yeux. On ne savait jamais quand cela arriverait. Mais il était tout bambin lorsque sa magie s'était manifestée pour la première fois. Et il en était de même pour Alicia.
« Au revoir Juliet ! »
Il sent la tête qui sort de son cou pour se tourner vers un petit garçon qui se tient en bas.
« Tu veux encore jouer un peu ? »
Et il l'a fait descendre de ses bras pour qu'elle aille jouer encore un peu avec l'enfant aux yeux marron brillants dont le visage est orné d'un grand sourire. Il les observe silencieusement, se souvenant de ces temps où il était encore entouré. C'était si différent à présent. Il n'avait personne ici. Il avait ses collègues, ceux avec qui il travaillait toute la journée à la boutique, s'épuisant à des tâches répétitives. Le soir il rentrait lessivé mais au moins ça l'empêchait de penser. Mais ils n'étaient pas des amis. Ils ne savaient rien de lui, si ce n'est qu'il avait une fille en bas âge. Rien d'autre. De toute façon, ils ne pouvaient pas le comprendre. Ils n'avaient rien vécu de sa vie. Ils étaient des moldus. Il n'appartenait plus à ce monde depuis bien trop longtemps. Il l'avait laissé derrière lui après une école primaire classique le jour où il avait mis un pied pour la première fois à Poudlard. Mais alors qu'il cherchait dorénavant à échapper à celui magique, peut-être n'appartenait-il plus à aucun monde désormais.
« Martin ! Martin ? Où est-ce que t'es ? »
Il voit une brune un peu plus vieille que lui qui arrive paniquée. Elle a les cheveux retenus dans un chignon fait à la va-vite. Son visage semble fatigué. Et puis elle se précipite en direction de l'endroit où sa fille jouait en compagnie du garçon.
« Combien de fois, il va falloir te dire de ne pas partir pendant que je discute. »
Il ne peut pas s'empêcher de légèrement rire alors que l'enfant prend un air innocent attirant malgré lui son attention.
« C'est votre fille ? »
Il hoche la tête.
« Merci de l'avoir surveillé.
— Pas de souci. »
Et puis, après avoir laissé son fils repartir courir dans la cour de l'école avec la blonde, elle se tourne de nouveau vers lui.
« Elle vous ressemble. »
Son cœur se met à battre un peu plus vite. Parce qu'on ne lui avait jamais vraiment dit. Il se plaisait à s'imaginer que son sourire lui ressemblait. Mais tous avaient toujours dit qu'elle était le portrait de sa mère. Et il ne pouvait pas vraiment leur donner tort.
« Elle a votre sourire. »
Et il ne voit pas comment elle pouvait savoir. Parce qu'il souriait si peu souvent.
« Je... Merci... »
Il voit la main qui se tend.
« Marie. Nos enfants sont dans la même classe, Martin n'arrêtait pas de parler de votre fille. Je suis contente d'enfin découvrir à quoi elle ressemble. »
Est-ce que c'était normal que l'inverse ne soit pas vrai ? Qu'elle ne lui parle pratiquement pas de l'école ? Qu'elle ne dise pas vraiment ce qu'elle y faisait sauf très rares exceptions ? Pourtant, la maman ne semblait pas mentir quand on voyait les deux enfants en train de jouer et rire au loin.
« Elle me raconte pratiquement rien de l'école... »
Il baisse légèrement les yeux. Peut-être qu'il était juste pas doué pour la faire parler.
« Ça dépend des enfants. Mon ainée nous en parle très peu et Martin pourrait en parler pendant des heures. Elle n'aime peut-être pas vraiment ça. »
Il y a une légère pause de marquée.
« C'est la première fois qu'elle est séparée de vous ? »
Il soupire. Il n'avait pas recommencé à travailler avant qu'elle soit en âge d'y aller. Il ne voulait pas en être séparé. Pas alors qu'il venait de perdre si gros juste avant. Il voulait profiter de chaque seconde aux côtés de sa fille, essayer de comprendre, être là pour elle alors qu'elle avait perdu sa maman. Elle avait besoin de lui.
« Oui... »
Il observe les cheveux de la brune secoués un instant alors qu'elle a un mouvement de la tête.
« Il faut lui laisser le temps de s'habituer. C'est nouveau pour elle. »
Mais il ne peut pas s'empêcher de penser que non, ce n'était peut-être pas si normal que ça. Et si elle n'aimait vraiment pas ça ? Est-ce qu'il ferait mieux de la mettre dans une école avec des enfants sorciers comme elle le serait ?
« Vous l'élevez seul ? »
Il y a un léger silence.
« Enfin, je dis ça, c'est que j'avais déjà vu votre fille et c'est toujours vous qui venez la récupérer. Et les rumeurs vont de bon train vous savez... »
Il a la gorge qui se noue fortement, ne voyant pas le regard malicieux qui traine un instant chez la brune balayant les autres mères du regard. C'est vrai qu'il y avait des pères, mais ils restaient en minorité.
« Oui. »
Il ne rentre pas dans le détail. Il n'a pas envie d'en parler. Pas ici. Pas avec une presque inconnue. Il n'en parlait jamais de toute façon. C'était Juliet et lui et c'était tout ce qu'ils avaient à savoir. Ses yeux ne la quittent pas alors qu'elle fouille dans son sac à main et en sort un papier puis un crayon. Ils glissent sur les doigts tenant le stylo alors qu'elle griffonne quelque chose sur le morceau de page.
« Tenez. C'est mon numéro si un jour vous avez un empêchement et vous voulez que je vous dépanne concernant votre fille. »
Il s'en saisit avec un léger sourire.
« Merci. »
Et pourtant, il ne se voit pas lui confier sa fille. Il ne pouvait pas la laisser à une inconnue. Encore moins quand elle restait l'unique chose qui lui apportait un semblant de bonheur et sa raison de rester en vie.
vous avez découvert juliet, l'adorable fille d'oliver :)
je préfère prévenir, le prochain chapitre décrit de la violence. j'ai d'ailleurs fait le choix depuis la publi du prologue de rajouter des éléments pour prévenir dans les titres en mettant des petites étoiles quand la violence ne serait pas juste évoquée dans des discussions entre les personnages (⋆) avec un résumé bref à la fin des chapitres.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top