15 # CONFRONTATION
c o n f r o n t a t i o n.
Le blond est installé dans son canapé. Il attend depuis des heures le retour de celui qu'il héberge et qui a mis les voiles depuis la veille. Peut-être que George espère ainsi lui échapper, mais cela ne sera pas le cas. Juliette est couchée depuis un long moment et il n'entend plus Angelina à dans la chambre d'amis. Sa maison est quasiment plongée dans le noir. Seule une petite lumière tamisée lui permet de lire sans souci le livre d'aventures qu'il a entamé quelques jours plus tôt. Celui-ci conte les péripéties d'espions. Ceux-ci portent des pistolets et se battent avec des couteaux.
À travers les œuvres c'est un monde complétement différent qui s'ouvre au sorcier, celui des moldus. C'est pour cette raison qu'il en lit énormément depuis qu'il s'est installé en France. Cela lui permet aussi de s'améliorer dans la langue de Molière. Une télévision moldue a fait depuis peu fait son apparition dans son salon. Il y regarde des films sur des dvd, une étrange technologie de ce monde qui coule pour partie dans son sang. Sa fille est particulièrement fan de celle-ci et ne cesse d'en demander. Il en achète ou emprunte régulièrement. Les images y sont moins vivantes que dans les choses magiques, mais les histoires lui plaisent toujours. Il ne peut s'empêcher de rire lorsque la magie est présente. Il se demande alors toujours si les moldus ont conscience qu'elle existe ou s'imaginent une force supérieure pour expliquer certains éléments de leur quotidien.
La porte de l'entrée grince légèrement et l'ancien gryffondor se redresse dans son fauteuil. Les pas résonnent doucement dans son couloir et se rapprochent chaque seconde alors que celui-ci reste plongé dans le noir.
« Bonsoir George, je t'attendais. »
Son regard est sombre lorsqu'il se pose sur le rouquin après avoir appuyé sur l'interrupteur de la pièce quand il y a mis les pieds le faisant sursauter. En face de lui, le jumeau restant se fige. Il peut lire sur ses traits sa surprise. Il reste silencieux, comme s'il savait à quoi il devait s'attendre. Oliver n'avait jamais évité les confrontations et si précédemment celles l'opposant aux Weasley étaient toujours liées au quidditch il fallait croire qu'aujourd'hui était le début d'une nouvelle ère.
« J'espère que tu es fier de toi et du massacre que tu as provoqué. »
D'un mouvement de doigt, il allume la télévision derrière lui. Les voix s'élèvent alors, racontant inlassablement ce qu'il s'était produit. Sur l'écran, on peut voir le sang coulant sur le carrelage de la gare. Les visages broyés, les membres manquants, la panique sur les traits, les pleurs dans les yeux d'enfants. Les hurlements résonnent, les pas des secours battent le pavé, les cris de détresse s'élèvent suivis par ceux à broyer le cœur de ceux à qui on annonce le pire. Ses orbes glacées se plantent dans celles au sein des quelles ne semblent exister aucune émotion. Alors que le regard bleuté du rouquin était jadis vivant et un vrai livre ouvert en direction des sentiments traversant l'esprit du blagueur, celui qui lui fait face est vide, comme si rien n'était désormais présent en lui.
« Tu ne peux pas comprendre. Il fallait qu'on le fasse. »
Il se redresse et se rapproche du rouquin. Ses poings sont serrés et il se contrôle pour ne pas lui envoyer un coup de poing en pleine figure. Rarement quelqu'un l'a autant dégouté. Il sent ses mains trembler alors que la rage pulse à chacun de ses battements de cœur. Le sang bat dans ses tempes et résonne dans son esprit à chaque fois que son cerveau se fait irrigué par le liquide carmin. Il aurait pu y être. Juliette aurait pu être. N'importe quel innocent aurait pu y être. Il avait ciblé un lieu peuplé d'inconnus, de familles partant en vacances, de travailleurs, de moldus et sorciers qui n'avaient strictement rien demandé et qui s'étaient faits broyés.
« Éclaire-moi dans ce cas, parce que non, je ne comprends pas comment on peut en arriver à de telles extrémités et j'aimerai beaucoup comprendre en quoi la mort d'enfants de l'âge de ma fille servent à quelque chose. »
Sa voix tremble légèrement alors qu'il termine sa fille. Depuis la veille, il ne cesse d'imaginer Juliette à la place de l'un d'eux. Les traits défigurés et le sang tachant ses vêtements et s'étalant autour d'elle sur le sol. Il est heureux d'être ici, dans son coin paumé de Bretagne, là où il ne sera certainement pas la cible de telles atrocités car il n'y a pas suffisamment de personnes au mètre carré. Il penche légèrement la tête vers la droite, jaugeant le rouquin qui reste bien silencieux. Il se demande si c'était parce qu'il n'avait rien à lui répondre ou parce qu'il réfléchissait aux choix de ses mots. Pour une personne qui les avait toujours maniés à la perfection, il croit plutôt à la seconde option. Mais le George qu'il connaissait n'aurait jamais été le cerveau derrière un tel massacre alors il n'est plus certain d'être capable d'identifier ses réactions.
« On avait besoin du Royaume de France et après l'attentat du ministère, il ne fallait plus grand chose pour les pousser à s'allier à nous. Les mangemorts auraient attaqué un jour ou l'autre Oliver, on sait depuis des mois que la France est vue comme un ennemi pour eux. On a juste donné un petit coup de pouce au destin en prenant le contrôle du moment en créant une alliance avant qu'ils ne soient réellement prêts à lancer leur attaque ici. »
Les mots prononcés, les explications le laissent sans voix. Il ne sait pas quoi répondre alors que tout lui parait trop. Trop tragique. Trop violent. Trop machiavélique. Trop différent de ce que les méthodes de l'Ordre auraient dû être à ses yeux. Il se demande une seconde s'ils savent qu'ils sont responsables de ce massacre ou si le Weasley a caché cela aux membres. Est-ce qu'ils étaient tous d'accord avec ces actions ? Est-ce que certains se seraient levés contre s'ils ont été prévenus en amont ? Est-ce que George était allé contre ? Est-ce que le destin de centaines d'innocents dans cette gare n'avait été décidé que par quelques hauts placés de l'organisation ?
« Un coup de pouce au destin. »
Les quelques mots lui échappent en un murmure alors qu'il secoue la tête, emprunt d'une incompréhension le laissant sous le choc. Il finit par se ressaisir et braquer ses yeux clairs orageux dans ceux qui ne montrent toujours rien d'autre que de l'irritation d'avoir été gêné avant d'aller se coucher. Sa colère s'en accroit fortement.
« Est-ce que tu regrettes au moins ? Est-ce que tu t'en veux pour tous ses innocents que tu as assassinés ? »
Seul le silence lui répond. Les prunelles bleues restent fixes, le visage presque fier, comme si l'action menée n'avait rien de problématique. Comme si assassiner des innocents étaient quelque chose de naturel en lui car ce n'était pas la première fois qu'il le faisait. Et c'était certainement le cas.
« C'est bien ce qu'il me semblait. Tu ne vaux pas mieux que celui qui a abattu Alicia. »
Les mots sont crachés en direction de celui aux yeux bleuâtres desquels toute lueur semble avoir disparue. Il l'observe une nouvelle fois. Petit à petit, il prend conscience d'autres éléments. Des éléments qui font qu'il lui en veut encore plus. En habitant chez lui, George faisait de lui un complice. Il faisait également un témoin et venait de fixer une cible dans son dos que ce soit de la part des mangemorts qu'il fuyait depuis des années mais également du royaume français si la réalité venait un jour à être découverte. Par ses actions, l'un des plus puissants du réseau de la résistance mettait en danger ce qui comptait le plus pour lui alors qu'il savait les raisons de son exil dans ce lieu si calme.
Il ne dit rien, espérant qu'il finisse par lui dire quelque chose. Qu'il regrette, qu'il est désolé, qu'il s'excuse. Pourtant ce n'est pas le cas. Il ne sait pas s'il est soulagé de ne pas avoir à l'entendre se justifier piteusement ou énervé qu'il ne montre plus rien. L'épaule du gardien s'enfonce dans celle du rouquin qui recule sous le choc.
« Demain matin quand je me lèverai pour emmener Juju à l'école, tu ne seras plus chez moi, je ne veux pas d'un assassin sous mon toit, ni de quelqu'un mettant ma famille en danger. Tu n'auras qu'à chercher auprès des tes contacts dans ta résistance, vous vous assemblerez bien mieux que dans ma famille bien rangée. »
Il quitte les lieux, monte les escaliers. Il glisse dans le couloir. Quand il entrouvre la porte de la chambre de sa fille, la blonde dort à poings fermés. Il l'observe de longues minutes, le cœur serré à l'idée que leur paradis illusoire volerait bientôt en éclats parce qu'il a été incapable de virer le rouquin tant qu'il était encore temps. Il ne parvient pas à fermer l'œil de la nuit et il espère qu'en bas, dans la chambre d'amis, c'est également le cas du rouquin dont les actions devraient l'empêcher de dormir. Pourtant, après cette absence de conversation, il ne voit pas pourquoi ce serait le cas.
Quand il se lève ce matin-là après avoir fini par s'endormir pour quelques heures, la maison est silencieuse. Il traverse le couloir de l'étage pour aller réveiller sa princesse.
« Hey Juju, c'est l'heure de se lever pour aller à l'école. »
Sa fille ouvre les yeux après plusieurs dizaines de secondes à la secouer doucement. Il descend les escaliers juste derrière elle. Il est soulagé quand il découvre la chambre d'amis vide. Son cœur se serre une seconde quand il pense qu'Angelina ne sera plus présente. Mais il ne voit pas comment il aurait pu continuer à être au contact du fils Weasley. Il n'amenait que de la noirceur dans sa vie, quand il avait besoin de remonter la pente. Si sa femme était une bouffée d'air frais et qu'il regretterait leurs conversations toujours utiles, il ne pouvait se permettre de mettre la prunelle de ses yeux en danger en restant en contact avec le responsable d'un tel attentat. Encore plus qu'il avait eu connaissance de l'idée avant qu'il ne la mette à exécution faisant de lui un complice.
Quand il revient chez lui quelques dizaines de minutes plus tard, une silhouette se trouve assise sur son perron. Il se fige quand il reconnait Angelina. Elle semble s'en apercevoir car elle se lève doucement pour s'approcher de lui.
« Il est pas là, t'inquiète pas. »
Un soupir de soulagement lui échappe alors qu'il franchit les quelques pas le séparant d'elle. Il finit par se laisser tomber à côté d'elle sur son petit escalier. Les yeux sombres de la brune se posent sur lui et il a l'impression d'être détaillé. Il ne sent aucun jugement dans le regard qui lui est lancé.
« Je comprends tu sais. Je comprends vraiment. »
Une légère moue déforme son visage alors qu'il peut entendre une certaine tristesse et résignation dans la voix normalement joyeuse de l'ancienne capitaine des gryffons. Il ne sait pas quoi lui répondre. Il a mal au cœur à l'idée de ne plus pouvoir passer du temps en sa compagnie, mais c'était à Juliette et lui qu'il pensait avant tout. Avec les deux membres de l'Ordre dans les parages, ils seraient nécessairement en danger.
« Moi aussi j'aurai protégé ma fille dans ta situation. »
Les mots prononcés sont tout ce dont il a besoin, tout comme le ton sans le moindre reproche utilisé. Les prunelles qui lui font face brillent de larmes et il sent les siennes pointer. Parce qu'ils savent tous les deux, qu'en cet instant précis, il s'agit peut-être d'adieux. Il observe la brune avant de venir la serrer fortement contre lui.
« Tu vas me manquer. Prends soin de toi. »
Il marque une légère pause alors qu'un sanglot résonne dans son oreille et qu'il sent l'emprise dans son dos se faire un peu plus forte.
« Et veille sur lui. »
Pendant plusieurs secondes, il n'y a pas d'autre réponse qu'une étreinte qui semble vouloir s'étirer encore et toujours. Elle finit par s'éloigner. Il la regarde fouiller dans ses poches et en sortir un tout petit objet. Il est glissé dans sa main et la main sombre replie ses phalanges dessus.
« Si tu as besoin de me joindre. C'est intraçable et seul toi pourras le déclencher. »
Il baisse ses yeux vers le petit objet à l'éclat doré. Il reconnait un petit écusson portant les armoiries des gryffondors et les sigles des gardiens. Il finit par relever la tête et plonge ses prunelles dans celles autant brouillées de larmes que les siennes. Le visage de sa cadette est légèrement flou à cause de celles-ci.
« Faites attention à vous, tu vas me manquer, mais on se reverra je n'en doute pas. Et j'espère que tu arriveras à retrouver l'amour de ta magie Oliver, parce que tu étais un magnifique sorcier et la magie a besoin de plus de gens comme toi pour la faire briller. »
Elle se lève, serre une dernière fois sa main et transplane. Il reste assis de longue minute sous son porche. Il observe le petit objet, en effleure les contours, en admire les détails. Bientôt, les étincelles dorées et rouges s'en échappent et se mêlent les unes aux autres. Il les observe émerveillé avant de refermer ses doigts dessus pour les stopper. Une vague puissante de confort lui est transmis, faisant disparaitre sa tristesse. Et pendant quelques secondes, le blond se demande comment l'objet fonctionnait et comment la sorcière avait pu comprendre à distance que ce flot de réconfort l'enveloppant telle une étreinte était tout ce dont il avait besoin.
désolée pour les délais, j'étais partie à d'autres histoires... j'essaie de m'y remettre mieux (c'est beau les rêves). le prochain chapitre est une republication donc il aura moins d'attente que pour celui-ci (et puis mine de rien j'approche petit à petit de la suite déjà écrite).
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