12 # ATTENTAT
A t t e n t a t.
Il avait cédé. Les deux membres de l'Ordre étaient restés. Il aimait trop leur compagnie pour leur dire de partir, surtout la calme présence de l'ancienne meilleure amie d'Alicia. De plus, via l'équipe de quidditch, Angelina avait toujours été une de ses plus proches amies malgré leur différence d'âge. Ils étaient pourtant les vestiges d'un passé qu'il n'était pas sûr de vouloir retrouver.
George avait fini par s'excuser pour les mots prononcés. Il avait fait quelques tours de passe-passe à sa fille devant ses yeux attendris. Il aurait pu faire ça, dans un autre monde, faire rire les enfants. C'était ce qu'il faisait normalement avant qu'il ne parte en vrille et plaque tout. Lui se contentait de sourire en l'observant avec Angelina. Pendant ce temps-là, sa petite riait aux éclats. Ouais, il fut un temps... Ce n'était définitivement plus le leur. Ils avaient tous trop perdus pour rester les mêmes.
L'horreur déforme ses traits alors que l'émission fait la Une de toutes les chaînes de télévision magiques et moldues. Les corps, les gravats, les blessés, les destructions, les interviews en larmes. Ses ongles perforent la paume de ses mains alors que les détails de l'attentat sont énumérés. Alors que les atrocités sont expliquées, il se déteste d'avoir cédé, d'avoir cru que ce qu'il avait entendu ne serait pas suivi d'actions concrètes, d'avoir cru que George n'avait pas autant changé qu'il le prétendait.
« Depuis quand ?
— Depuis quand quoi Oliver ? »
Angelina a un énervement présent dans la voix alors qu'elle évite les images qui lui retournent le cœur.
« Depuis quand George a vraiment pété un plomb au point d'être capable de tuer des innocents ? »
Son visage est triste alors qu'elle le tourne vers lui, relevant ses yeux baissés vers lui. Mais il ne reçoit que du silence en réponse. Il finit par quitter la pièce en direction de son jardin, se laissant tomber sur une des deux balançoires.
Une gare.
Il avait fait exploser une gare remplie de personnes.
Le regard bleuté de l'ancien gardien se porte sur un massif de fleurs roses droit devant lui. Il espère que sa douceur soigne sa peur, pourtant elle engloutit tout. Il ne comprend pas comment il avait pu faire ça. Lui aussi aurait pu être là-bas, prenant son train de bon matin comme les sorciers et moldus qui avaient été lâchement assassinés sans la moindre distinction. Oliver pouvait comprendre la colère et l'augmentation de la dureté des actions envers les mangemorts. Il ne concevait en revanche pas cette violence envers de simples passants, même s'il ne doutait pas que le Weasley devait y trouver un certain intérêt.
« Je peux ? »
D'un mouvement de tête il lui indique qu'elle peut le rejoindre et elle s'assoie sur la seconde balançoire à côté de la sienne, se balançant légèrement du bout des pieds.
« Il ne voit pas le jour. Il se noie Oliver. Cette guerre lui a pratiquement tout pris.
— Il t'a encore toi. »
Elle hoche la tête de droite à gauche.
« Je ne suis rien par rapport à la colère qui le dévore. Il a perdu son jumeau, une partie de ses amis, et toute sa famille est condamnée à mort. Quelque chose s'est brisée en lui le jour où Fred est décédé et je crois qu'il ne redeviendra jamais celui qu'il fut jadis. »
Il soupire alors qu'il entend les sanglots dans la voix de la belle femme se tenant à côté de lui.
« C'était son double, ils se ressentaient, savaient quand l'autre avait besoin d'aide. Il n'y a plus que du vide à la place, un vide que personne ne pourra jamais combler, pas même moi. »
Le silence s'installe sans qu'il n'arrive à le rompre. Il ne sait pas quoi répondre à ce constat. Il est juste triste pour elle, pour lui, pour eux. Ils étaient si heureux. Avant. La brise se prend dans ses mèches bouclées blondes alors qu'il se balance doucement. À côté, il pouvait voir que c'était également ce que l'ancienne gryffondor faisait, son ombre glissant sur le sol à chacun de ses va-et-vient.
« Est-ce que tu as essayé de la remplacer ? »
La voix vient de s'élever alors qu'il se laissait bercer par le bruit de l'air se prenant dans les feuilles et il sent immédiatement les larmes qui lui montent aux yeux.
« On en a déjà parlé, j'ai pas envie de réaborder le sujet Angelina.
— Oliver... »
La main quitte la corde et se dépose doucement sur la sienne.
« Je ne ressens plus rien. Avec elle je me sentais aimé, désiré, elle égayait mes journées et me soutenait quand ça n'allait pas, on avait toujours des choses à faire ensemble ou des anecdotes à se raconter. Les autres sont fades, inutiles, en comparaison. Je ne suis pas sûr que j'arriverai à la remplacer un jour. On m'avait prêté plein d'aventures, de petites-amies à Poudlard et par la suite. Mais, tu sais, ça avait toujours été la seule. »
Le silence s'installe quelques secondes. Il sent les doigts qui pressent doucement sa main.
« Je sais tout ça, je n'y ai jamais cru parce que même quand tu commençais ta carrière et qu'elle était toujours à Poudlard, elle n'a jamais cru toutes ces rumeurs. Mais tu n'as pas répondu à ma question. »
Il écrase la larme qui ressurgit.
« J'ai essayé avec une collègue qui s'intéressait à moi depuis un moment, je pensais que peut-être ça valait le coup vu qu'on s'entendait bien, que peut-être avec elle ça m'aiderait à oublier un peu. J'ai passé tout le repas à les comparer et ensuite, c'était juste vide, surfait, physique à la rigueur. Mon cœur est mort le même jour qu'elle. Je ne suis pas prêt à la remplacer et je ne suis pas sûre que ce sera le cas un jour. Mais je ne le vis pas mal, j'ai Juliet et c'est tout ce qui compte. »
Elle lui répond par un faible sourire. Peut-être avait-elle compris qu'il n'avait pas particulièrement envie d'en parler ? Les choses étaient ainsi et elles lui convenaient de cette façon. De toute façon, qui voudrait d'une personne aussi morose que lui dans sa vie ?
« Tu crois qu'ils vont déclencher la guerre ? Tu sais pourquoi il a fait ça ? »
Il se souvenait de l'écran allumé quelques minutes plus tôt. De la marque des ténèbres s'élevant haut dans le ciel parisien, celle envoyée par un des hommes sous les ordres de George dont l'organisation avait déjà condamné l'acte à de nombreuses reprises. Il avait laissé tourner les informations des heures durant. Il voulait savoir ce qui allait se passer. À quel point il allait désormais être en danger ici. Le visage est secoué de droite à gauche par son amie.
« Non, je n'ai jamais connaissance des stratégies. Mais il a raison sur un point tu sais. Tu peux fuir autant que tu le veux, la guerre finira toujours par te rattraper tant qu'il sera à la tête du pays. Rien ne l'empêche de s'attaquer à la France, il l'a déjà montré. Et s'il la fait tomber, il ira s'attaquer à un autre pays où tu te penseras de nouveau en sécurité. »
Il soupire. Il sait qu'elle a raison mais ne veut pas l'admettre. Pourtant il devait se faire à l'idée que la guerre était déjà chez eux. L'Ordre avait mené une seconde attaque qui entrainerait nécessairement une catastrophe. La famille royale devait reprendre la parole le soir. Il n'avait pas le moindre doute qu'elle allait annoncer l'entrée en guerre du royaume français. L'Ordre avait déclenché les représailles qu'il voulait pour prendre au piège leurs adversaires et au sourire victorieux qu'arborait George ce matin-là alors qu'ils s'étaient croisés avant qu'il ne disparaisse subitement quand l'information était sortie, il ne doutait pas qu'il devait penser que c'était un succès. Oliver n'arrivait pas à savoir comment ils avaient pu en arriver là. Ou plutôt, il savait, même s'il ne voyait pas les choses de cette façon de son côté après des années à fuir la guerre et à chercher la paix ailleurs.
Et désormais, il se demandait juste comment cela se passerait. Quelle forme prendrait une éventuelle riposte ? Est-ce que la guerre le rattraperait ou les Français iraient chez les Anglais ? Comment est-ce qu'il pourrait la protéger si les mangemorts débarquaient ? Juliet n'avait rien à faire au milieu d'une guerre et elle n'avait plus que lui.
« Elle aurait voulu que tu te battes pour rendre le monde meilleur tu sais. Pour que tu laisses un futur en paix pour votre fille. »
La voix s'élève fortement alors que la colère le gagne.
« Ne me dis pas ce qu'elle aurait voulu. Je te rappelle qu'elle n'a jamais essayé de me faire intégrer l'Ordre à l'époque parce qu'elle savait très bien que Juliet était notre priorité. »
Le silence les enveloppe. Il finit par relever son regard vers elle alors que le vent caresse doucement son visage. Les larmes y brillent légèrement. Il détestait en parler. Il ne parlait plus jamais d'elle. Sa fille n'en savait pas grand-chose. Le deuil était encore bien trop difficile à faire.
« De toute façon, je ne suis pas en état de me battre. »
Il s'enfonce sur l'arrière de sa balançoire. Il se replie sur lui-même. Se convainc qu'il n'en a plus les capacités.
« Papa, t'es triste ? »
La voix de sa fille brise le silence. Quelques secondes plus tard, elle est à côté de lui. Il l'attrape pour la poser sur ses genoux et la serrer contre lui, tentant de garder son équilibre malgré tout. Il sent deux doigts se glisser dans sa bouche et tirer dessus pour l'étirer.
« Et voilà t'es content ! »
Il ne peut s'empêcher de rire devant son geste. Si seulement c'était aussi facile dans la vraie vie.
« Tu veux goûter Juju ? C'est l'heure. »
Il s'excuse auprès de son amie et s'éclipse quelques instants dans la cuisine, sa fille dans ses bras tandis que la résistante le suit à l'intérieur.
« Tu veux quoi ? »
Il ouvre tous les placards en sa compagnie et finit par sortir un paquet de gâteaux qu'il lui tend avant de retourner de l'autre côté où Angelina l'attend assise à la table de son salon.
« Et tu t'en sors ? »
Il se retourne vers la sorcière qui vient de s'exprimer et lui adresse un léger sourire.
« J'ai l'air de pas m'en sortir ? »
Il sent immédiatement sa gêne.
« Une maman d'un de ses amis m'aide parfois quand je peux pas quitter le travail suffisamment tôt. »
Un moment de flottement s'installe.
« Elle sait qu'elle est une sorcière au moins ? »
Il baisse les yeux. Il l'avait tellement mise de côté qu'il ne savait pas comment lui en parler. Il ne s'en servait plus jamais. Il attendait l'estomac noué le moment où il devrait lui expliquer.
« Tu lui as pas dit ? Elle n'a vraiment jamais vu de magie ? Mais enfin Oliver, je sais bien que t'es sang-mêlé, mais tout de même, il y a cent pour cent de chance que ta fille finisse sorcière. »
Il vient se mordre la lèvre.
« Ouais, je sais. C'est juste que c'est tellement loin tout ça... »
Et ça ne lui manquait presque pas. Il ne la supportait plus tellement.
« Tu veux que je me débrouille pour qu'elle se pose des questions ? »
Il ne peut empêcher un léger rire de franchir la barrière de ses lèvres.
« Non, je crois que je suis pas encore prêt à lui en parler. De toute façon, il y a encore du temps, elle est encore jeune.
— Tiens papa ! »
Il se fait couper par un dessin arrivant devant son visage. Elle en faisait tout le temps et il la trouvait douée quand elle lui expliquait ce qu'elle avait colorié.
« Merci Juju. C'est quoi ça ? »
Il montre une forme sur le dessin où les traits sont balbutiants.
« Ben c'est un serpent. Et puis là c'est un lion. Et ils sont copains ! »
Sourire amusé qui apparaît sur le visage de l'ancienne gryffondor.
« C'est vrai que les lions sont toujours amis avec les serpents, tu l'as bien montré pendant sept ans et même plus. »
Il lève les yeux au ciel, balayant directement de son esprit le visage de Marcus Flint qui y était immédiatement apparu. Non. Les lions ne pouvaient pas être amis avec les serpents. Ils pouvaient seulement permettre à l'autre de s'élever comme jamais il n'aurait réussi à le faire seul.
Oh oui, il haïssait Flint. Il n'empêche qu'il aurait parfois tout donné pour une confrontation digne du plus beau des romans. Ces romans, où ils étaient tous les deux les gentils et les méchants. Car il n'avait pas le moindre doute que dans l'histoire du brun, il était l'ennemi à abattre, celui l'empêchant de gagner, celui qui le faisait un peu trop saigner. Et dans le sien, c'était Marcus qui occupait ce rôle-là. Jamais personne ne l'avait autant fait dégoupiller.
Dans la guerre froide qu'ils s'étaient menée, les explosions avaient été bien trop violentes. Ils s'étaient envoyés tour à tour à l'infirmerie. Ses poings avaient ruisselé du sang versé. Son visage s'était recouvert du liquide carmin alors qu'il s'était fait frapper. Tantôt, pour le bien de la compétition. Tantôt pour apaiser le volcan de son cœur embrasé. Oui, Marcus Flint avait été le punching-ball parfait.
Et du monde d'avant, il était peut-être la personne qu'il regrettait le plus. Le jeu, la provocation. Et la possibilité de se laisser aller sans raison. De laisser la colère enfouie l'animer sans la moindre crainte. De laisser la violence faire surface et exploser. Marcus ne disait jamais rien. Il se contentait de répliquer. Ils se menaient une guerre à laquelle personne d'autre qu'eux n'avait le droit de participer.
Au plus profond de son esprit, il n'avait pas souvenir de quelqu'un qu'il aurait laissé lui faire physiquement autant de mal que Marcus. Il savait surtout qu'il n'aurait laissé personne d'autre aller aussi loin que lui. Et à l'époque, au moins, la douleur était palpable. Et à l'époque, au moins, au bout de quelques jours, la douleur disparaissait en même temps que ses plaies et hématomes.
« Il te manque ?
— Qui ? Flint ? Tu rigoles j'espère. »
Rire malicieux qui s'élève dans la pièce.
« C'est marrant, parce que je ne l'ai même pas cité. »
Les prunelles chocolat brillent en face des siennes azurées.
« Ainsi, tu es toujours aussi obsédé par Marcus Flint. »
La réponse tombe immédiatement.
« Je ne suis pas obsédé par lui. »
Le rire éclate dans la pièce. Un rire franc. Un de ceux au sein duquel la tristesse et la nostalgie n'étaient plus présentes.
« Si tu le dis. Mais tu sais, il sait peut-être qui sont les responsables pour elle. Et il est certainement le seul mangemort que tu pourrais faire parler. »
Il fronce les sourcils, grimace légèrement.
« Et pourquoi j'arriverais à le faire parler ?
— Mais Oliver, parce que de tous les mangemorts, c'est le seul que tu n'aurais aucun mal à torturer. »
L'air se coupe un instant. Jamais. Jamais il ne torturerait une personne.
« Tout le monde n'est pas empli de rancœur et de vengeance comme lui. »
La conversation s'interrompt quelques instants.
« Et tout le monde ne cherche pas toutes les situations possibles et imaginables pour se battre. Les autres ont peut-être pris ça pour une rivalité, mais il y avait bien plus qu'une rivalité en jeu entre vous deux. Ça n'était plus un jeu et on le sait tous les deux. C'était devenu un besoin, une addiction, une drogue. Tu étais obsédé par Marcus et l'inverse était tout aussi vrai. Et oui, je pense que tu es capable de le torturer dans ce petit jeu malsain qu'il y a entre vous. Je ne dis pas que tu es mauvais Oliver. Je dis juste que tu n'as aucune limite à la violence quand il est question de lui et qu'il peut être intéressant que tu t'en serves si tu veux connaître la vérité. Tu n'es pas obligé d'en faire quelque chose par la suite, mais tu sauras. »
Il ne veut pas entendre la suite. Il ne l'accepte pas. Ce n'était pas vrai. Il ne pourrait jamais le torturer. Et il n'était pas non plus obsédé par lui. C'était une rivalité sportive, une rivalité entre deux maisons et entre deux hommes. Il veut la couper mais elle est plus rapide.
« Laisse-moi terminer. Tu ne t'es jamais battu avec personne d'autre que lui, tu étais l'une des personnes les plus douces et sympathiques que je connaissais, mais tu te rends compte de ce que tu lui as fait subir parfois ? »
Il déglutit. Il se souvenait parfaitement de tout ça.
« Et ça vaut aussi pour tout ce que tu as accepté qu'il te fasse sans jamais le dénoncer parce que ça voudrait dire que ce qu'il y avait entre vous s'arrêterait. »
Il en reste bouche bée. Il n'avait jamais au grand jamais consciemment pas dit qui l'avait blessé pour que Marcus puisse continuer à lui faire du mal ou lui à le blesser. Ja-mais !
eh voilà... c'est george (même si c'est pas non plus la surprise du chef vu le chapitre d'avant).
dans le prochain chap, on part en flash-back pour développer un peu tout ce qui a été évoqué par angelina. (rédaction à la 2ème personne sur les fb - parce que les chaps datent de 2020 et je sortais tout juste de ma période rp où j'écrivais quasi exclusivement à la 2è dessus - , faudra pas vous étonner ça peut un peu surprendre au début !).
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