Chapitre 8


Jamais de sa vie Stiles n'aurait imaginé qu'il fuirait la meute ainsi alors qu'il la considérait, quelques jours plus tôt, comme une seconde famille. S'il avait bien évidemment conscience du fait que seul Scott avait tenté de l'agresser lors de la précédente réunion de meute – la dernière en date –, le jeune homme s'était résolu à ne parler à personne. Lydia elle-même, la grande Lydia, n'avait pas droit à un mot, ni un regard. Stiles l'évitait, elle aussi, comme la peste. Il ne lui en voulait bien sûr pas personnellement, disons simplement... Qu'il prenait le temps de se remettre de ce qu'il avait vécu tout en faisant en sorte de n'être importuné d'aucune manière. D'une autre façon, il ressentait également le besoin de montrer que sa décision de quitter la meute n'était pas à prendre à la légère. Son agression mise à part, Scott s'était si mal comporté avec lui que Stiles ne se voyait pas revenir – du moins tant qu'il était comme ça. Et puis il était clair qu'il ne lui pardonnerait pas de sitôt. Une dispute, il pouvait accepter. Une engueulade aussi, à la limite.

Mais une agression physique ? Même avortée, elle lui apparaissait si grave qu'il était difficile pour Stiles de faire comme d'habitude et de juste... Passer outre. Cette fois-ci, l'humain se refusait la solution de facilité. Il n'avait peut-être pas vraiment confiance en lui, n'était pas certain de sa valeur... Mais il se respectait suffisamment pour ne pas s'agenouiller devant une telle violence, laquelle venait d'une personne pour qui il avait sacrifié nombre de choses. Du temps, des larmes, des nuits, et son amitié – sincère et profonde depuis le début.

Stiles resserra ses doigts sur son sac. Toute cette histoire provoquait chez lui un stress incroyable. Il avait beau essayer de se convaincre qu'on n'irait le piéger d'aucune façon, le jeune homme prenait tout de même la précaution de regarder régulièrement autour de lui. Dès qu'il apercevait un membre de la meute, il fuyait. Le seul moment où il ne le faisait pas, c'était lors des cours. Là, il ne pouvait techniquement pas les éviter... Il faisait juste en sorte de ne pas les regarder et, la boule au ventre, de sortir de la salle aussi vite que possible. De se cacher à des endroits différents à chaque fois, de ne revenir qu'au prochain cours, en passant toujours au milieu d'un tas de gens. Il voulait être vu en cas de problème. Stiles savait que penser de cette façon était sacrément triste, mais cela restait instinctif – il ne pouvait pas s'en empêcher.

Et ses précautions, il les trouvait d'autant plus importantes que les regards que lui lançait Scott – lorsqu'il les voyait par inadvertance – étaient réellement mauvais. Empreints de ce qu'il jugeait comme une malveillance certaine. Enfin en tout cas, c'était de cette façon qu'il interprétait la chose... Il n'arrivait pas à faire autrement. Puis Scott était l'alpha contre la meute, son dirigeant. Il avait... C'était lui qui avait réuni des gens de toutes sortes et créé cette meute hétéroclite. Il avait du charisme et cette aura qui donnait naturellement envie de le suivre : alors s'il décidait un jour d'évincer Stiles de façon un peu plus définitive, on l'y aiderait. Voilà pourquoi l'hyperactif avait choisi de prendre les devants en quittant la meute lors de la réunion. Il s'était évité un moment qui aurait sans doute été plus désagréable que celui qu'il avait vécu. Il se disait que cela aurait été peut-être un peu plus qu'une simple agression. Et si, sur le moment, on avait retenu Scott, c'était parce que celui-ci avait agi d'un coup. Si l'on connaissait son motif à l'avance, on l'aurait suivi.

Et même si ça faisait mal, il s'agissait d'une façon pour Stiles d'avancer, de faire son deuil quant à ces amitiés si spécial qu'il imaginait... Plus ou moins à sens unique. Ça, c'était une habitude qu'il avait depuis tout jeune. Il s'agissait d'une espèce d'instinct de protection, histoire de s'éviter le pire, dans un sens. De ne pas ressentir les choses trop fort.

Quoiqu'il continuait, dans un sens, d'être sidéré. Partiellement détaché de ses émotions, ressentis et compagnie. C'était son instinct de survie qui primait, le poussait à éviter le danger que pouvait éventuellement représenter la meute. Enfin, tout était bien compliqué pour sa petite tête, laquelle pensait toujours beaucoup... Et tout le temps.

Autant dire que mentalement, Stiles ne se laissait pas de répit. A réfléchir. A faire attention à tout. A analyser son environnement dans son entier. A penser aux chemins de fuites les plus courts, les endroits dans lesquels il pourrait passer ses pauses sans être dérangé. Manger sur le campus du lycée ? Même pas en rêve. Stiles avait bien envie d'augmenter ses chances de survie, pour une fois. Risquer la mort ne l'intéressait plus vraiment, maintenant qu'il l'avait hypothétiquement frôlée. Enfin, penser que Scott serait allé jusque-là était peut-être dû à un accès de paranoïa... Ce qui ne serait pas si étonnant venant de l'humain soucieux perpétuellement soucieux qu'il était.

Enfin, tout ce que retenait Stiles lorsqu'il était au lycée... C'était qu'il ne s'y sentait pas en sécurité. Il s'agissait là d'un problème de taille puisque sa concentration en pâtissait.

Il n'y avait qu'une fois de retour chez lui qu'il réussissait à faire quelques petites choses concrètes – après avoir bien sûr verrouillé chaque porte, chaque fenêtre. Même si cela ne servirait techniquement pas à arrêter un loup-garou énervé en pleine possession de ses moyens, Stiles trouvait que c'était déjà pas mal pour sa tranquillité d'esprit.

Ainsi, trois jours s'écoulèrent sans qu'il ne rencontre le moindre problème. Stiles n'eut à subir aucune agression, vit ses cours aussi tranquillement que possible – sans toutefois baisser sa garde.

Mais voilà, vint un moment où, de son point de vue, les choses se gâtèrent.

Puisqu'il reçut un message en plein milieu de son cours de littérature.

Au départ, il n'y fit pas attention. Il avait senti son téléphone vibrer dans sa poche mais s'était dit que ce n'était pas urgent. Il était en classe... Alors il n'avait pas à regarder son petit écran – il aurait le temps de le faire une fois que la cloche numérique aurait retenti. Enfin, il pourrait le faire. Il ne s'en serait même pas privé si tout allait bien pour lui, s'il compartimentait chaque chose aussi efficacement que d'ordinaire. Or, ce n'était pas le cas. Mais la curiosité le titilla longuement, si bien qu'après avoir été le premier à se retrouver dans le couloir à la fin du cours, Stiles s'empara de son cellulaire... Et devint blanc comme un linge.

Il agit d'instinct. Ne marcha pas – il courut. Se ficha complètement du fait qu'il bouscula quelques personnes qui se trouvaient malencontreusement sur son chemin. N'eut ni la force, ni l'envie de perdre du temps à s'excuser... Surtout parce qu'il se serait justifié – c'était ce qu'il faisait toujours. Et une fois qu'il se lançait, on ne l'arrêtait plus, alors... Il ne s'en laissa pas le temps, ni l'occasion. Son idée ? fuir, bien sûr, mais pas exactement pour la même raison que ces derniers jours.

Les deux avaient un lien mais celle-ci était un peu plus... Pressante par nature.

Pourtant, il n'y avait objectivement aucune raison de s'inquiéter. Si Stiles avait pris le temps de lire correctement le message, il aurait vu que rien ne lui était imposé. Qu'il était libre de ses choix, et pas menacé pour un sou. Pourtant, c'était bien de cette façon qu'il avait pris la chose : agressive. Parce que Derek grognait tout le temps et l'amabilité n'était pas son fort – avait-il seulement déjà essayé de se montrer agréable ? Avait-il fait montre d'un semblant d'inquiétude pour lui ? Non, jamais. Alors le fait qu'il soit l'auteur du message qui avait fait détaler Stiles avait de quoi alarmer, selon ce dernier.

Ainsi, Stiles ne se soucia, sur le coup, pas de l'absence qu'il aurait à justifier auprès de son père. Le besoin de rentrer chez lui, de se mettre en sécurité était plus fort que tout le reste. C'était là son instinct de survie qui prenait le pas sur la raison.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top