LE DERNIER SOUFFLE DES ÉTOILES

〝ℑ'𝔳𝔢 𝔟𝔲𝔯𝔶𝔢𝔡 𝔪𝔶 𝔩𝔬𝔳𝔢, 𝔦𝔫 𝔱𝔥𝔢 𝔪𝔬𝔬𝔫𝔡𝔲𝔰𝔱〞

Yoongi était un passionné de l'espace, Hoseok un passionné de lui.

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» go watch Interstellar «
<3

- Tu veux me parler de lui ?

J'adorais parler de lui, tu le savais. Tu me le demandais souvent, pour que je puisse me rappeler de lui, de ses gestes, de ses mots.
Qu'il soit toujours un peu avec moi

Alors je te l'avais encore raconté.

Je l'avais pour la première fois aperçu dans le café de Seokjin, aux abords de la bibliothèque.

Je venais d'emprunter des livres, et je m'étais arrêté là-bas pour une simple boisson à emporter. Et, en l'attendant, je l'avais vu. Il était là, fixant son ordinateur avec passion, une tasse fumante à ses côtés. À ce moment là, je ne savais pas encore s'il révisait où s'il faisait autre chose.

" La clochette sonna, alors que je poussais la porte en bois. Trois livres encombrant mon bras, je me dirigeai immédiatement au comptoir quasiment vide, où un homme charmant m'accueillit.

- Bonjour, qu'est-ce que je vous sers ?

- Bonjour, hum, une limonade, à emporter s'il vous plait.

L'homme me fit signe d'attendre, un sourire commercial plaqué aux lèvres, et je m'assis sur un des tabourets à proximité afin de patienter.
Mon regard s'égara sur l'endroit. C'était franchement joli, j'allais revenir ici, pour sûr. Il fallait bien alterner avec le Starbucks un peu plus loin.

Une famille mangeait dans un coin, un couple dans un autre, et, contre une vitre, un joli garçon était concentré sur son ordinateur portable, un café fumant à ses côtés, semblant absorbé par l'écran. Deux écouteurs le reliaient à l'engin, et ses mèches noires tombaient en cascade sur son front. Son profil était plutôt pas mal, sa face sûrement aussi, et... pourquoi est-ce que je le fixe comme ça ? Je dois passer pour un psychopathe...

Un bruit derrière moi me fit sursauter, et je me tournais pour faire face à l'homme de tout à l'heure.
Puis on m'avait servit, et j'étais parti. "

À vrai dire, je ne saurais dire pourquoi ce garçon m'était resté dans l'esprit. Il n'avait rien de particulier. C'était un humain, perdu dans une masse d'humains. Parmi tant d'autres, aussi simple et fade qu'eux.
Pourtant, j'aurais juré avoir vu quelque chose de différent.

J'avais pensé à lui pendant un mois durant.

Entre temps, ma grand-mère mourut. Elle avait rejoint les étoiles, elle qui les aimait tant, et pour l'enterrement, j'avais décidé d'aller lui acheter des fleurs. Elles les aimait beaucoup aussi.
Il y avait un petit fleuriste au coin de la rue Yangjae-dong. J'étais déjà passé devant, mais ce jour là, je m'y était arrêté. En entrant, j'avais croisé des yeux passionné. Il était là, rayonnant, des cheveux noirs en désordre, des pupilles grisées brillantes.

" - Bonjour Monsieur, me salua le vendeur.

J'écarquillais les yeux en reconnaissant le garçon du café, mais ne fis aucune remarque - en même temps, ç'aurait été foutrement étrange. Il n'empêche que j'avais eu raison, et que même son visage de face était agréable à regarder.

- Bonjour, je viens me renseigner pour un bouquet...

- Bien sûr. C'est pour une occasion particulière ?

- Oui, un enterrement.

L'homme sembla perturbé par la facilité avec laquelle j'avais déclaré ça, alors je fis un petit sourire pour détendre l'atmosphère.

- J'aimerai quelque chose qui signifie l'admiration, le respect, les condoléances... Vous auriez quelque chose comme ça ?"

Ce fut notre premier dialogue.

Alors il m'avait sourit, m'avait conseillé. Nous avions parlé, des minute durant. Je me rappelle encore de ces échanges. Nous parlions de fleurs, mais aussi de nous. Une alchimie s'était crée.
Et j'étais parti déposer les fleurs sur la pierre grise.

Je travaillais à la bibliothèque quand tout cela c'était passé. Lorsque j'en sortais, avec ou sans livres, il m'arrivait de faire une halte au café à la devanture verte.
C'était un endroit chaleureux, à quelques mètres de la géante bibliothèque. Le gérant était un homme de mon âge, devenu ami avec le temps. Fait de bois, de plantes et de sérénité, l'endroit était devenu mon havre de paix.

J'y croisais souvent cet homme. Yoongi, s'était-il présenté, une fois. Nous parlions dès que nous nous croisions, sans que je ne comprenne pourquoi. Je l'avais aperçu au café pour la première fois, et lui de même, m'avait-il apprit. Lorsque j'étais sorti, il m'avait vu passer.

Interstellar.
C'était le film qu'il regardait, à ce moment là. Il l'avait décrit comme son film préféré, indétrônable. Je lui avait appris ne jamais l'avoir regardé parce qu'il était trop long à mon goût, et il s'était aussitôt affolé, disant qu'il fallait que je le voie. Alors, un après-midi, je m'étais retrouvé chez lui. Nous aurions pu avoir l'air de parfaits inconnus, mais un lien puissant nous reliait mystérieusement. J'avais une aveugle confiance en lui, et c'était réciproque. Un sentiment indescriptible.

" - Vas-y, entre ! J'emmène les gâteaux dont je te parlais l'autre jour !

- Ah, t'aimes cuisiner ?

- Je vis seul, je suis bien obligé, sourit le noiraud.

J'étudiai du regard l'appartement, contemplant depuis la baie vitrée du salon la vue que donnait le lieu.

- C'est trop classe le dernier étage !

- T'as vu ça ! Ah, si tu veux t'installer dans ma chambre c'est la deuxième porte à gauche.

Je parcourrai alors le couloir, franchissant ladite porte. Il y avait des posters partout, du plafond au mur, qui mélangeaient groupes de musique et films. Pulp Fiction, Arctic Monkeys, Iron Man, Daughter, il avait des goûts incroyables !
Son lit deux places était au milieu du mur blanc du fond, une fenêtre de toit pile au dessus. Il y avait un bureau en bordel dans un renfoncement et une fenêtre à ses côtés, une armoire incrustée dans le mur puis une commode à droite - et merde, cette pièce était quasiment la même que la chambre de Chloe dans Life Is Strange, est-ce que c'était fait exprès ? Yoongi avait-il des centres d'intérêts parfaits à ce point ?

Ledit Yoongi arriva bientôt, et me proposa de s'asseoir sur le lit. La télévision, positionnée juste en face, s'alluma, et le noiraud vint y insérer le DVD d'Interstellar. Il alla fermer les volets, nous plongeant dans un noir quasi-total. Je m'étais assis dans le lit, mes chaussures déjà retirées au pas de la porte, et il était venu s'asseoir à mes côtés, posant un bol de gâteaux entre nous.
Une vieille dame apparue à l'écran, et Yoongi commençait déjà à frétiller d'excitation, me faisant silencieusement pouffer. "

Il avait pleuré à la fin, comme apparemment à chaque fois- et je devais avouer que moi aussi, je n'avais pas pu retenir deux trois larmes.

Puis, les semaines, les mois d'après, lorsque nous nous retrouvions au café, nous faisions les quatre cent coups au propriétaire, ami de nous deux. Yoongi venait aussi me voir à la bibliothèque, passionné par le rayon astrologique qui s'y trouvait.

" Mon regard alterna entre les deux bouquins que je tenais. Bordel, ils ne pouvaient pas faire plus simple que d'en plus de les classer par auteur, les classer par titre ?
Si j'avais bien révisé mon alphabet, "La librairie des cœurs brisés" passait en premier. Mais alors, pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à trouver le fichu rayon de l'auteur ? J'allais finir par le mettre avec les autres, tant pis.

Mais alors que j'étais concentré dans ma tâche, des pas précipités retentirent dans l'allée, me faisant me tourner.

- On ne cours pas s'il vous pl-

Je m'arrêtais de suite en voyant Yoongi trottiner jusqu'à moi, un grand sourire scotché aux lèvres.

- Hoseok, regarde ! Chuchota-t-il en freinant brusquement devant moi.

Il sautillait comme un enfant, un roman entre les mains. La couverture grise n'était pas très accueillante, mais je pris le temps de lire le titre. "172 heures sur la lune".

- Oh, il est bien celui-là je crois.

- Je ne savais pas que vous aviez des livre sur l'espace !

- Si, on a aussi celui de Jules Verne, on a même la BD où Tintin va sur la lune.

- Oui, je suis tombé sur le rayon astrologie en te cherchant !

Je souris doucement, et renchéris :

- Tu n'as qu'à l'emprunter. D'ailleurs, pourquoi est-ce que tu me cherchais ? On n'avait pas convenu que je passais te voir à la boutique ce soir ? D'ailleurs, tu n'y es pas ?

- Oh non, mon assistant s'en charge, faut que je t'annonce la bonne nouvelle ! Un monsieur hyper friqué est venu, il a fait une énorme commande pour le mariage de sa fille, on va presque doubler notre chiffre d'affaire de cette année !

- C'est incroyable ! Je m'enthousiasmai, réellement heureux pour mon ami.

- Oui ! Bon, hum, je vais réserver ce livre et je retourne travailler, à ce soir !"

Et effectivement, ses revenues avaient doublés, il m'avait même invité au restaurant pour fêter ça.

Il m'avait appris à aimer les étoiles et leur environnement. Il en connaissait tellement, avait une multitude de romans à leurs sujets, des DVD innombrables sur l'espace. J'avais trouvé cette passion fascinante. Dans la chambre de son appartement, une fenêtre menait au toit où il allait souvent s'asseoir pour contempler le ciel, lorsqu'il n'arrivait pas à dormir.

" - Grimpe ici.

- Hein ?

- Vas-y, montes sur le lit et tire sur tes bras.

- Mais jamais d'la vie, j'vais me casser la gueule ! J'arrive même pas à faire une traction sur les barres pour enfants et là tu veux que je grimpe sur ton toit depuis une fenêtre ?

- Rooh, tafiole va.

- Eh, on avait dit pas les gays.

- Nan mais ça passe, j'suis à moitié une tafiole théoriquement.

Je lui lançais un regard blasé, et il rigola fortement avant d'attraper ladite fenêtre qui trônait au-dessus de son lit et de se hisser. Il disparu, puis sa tête repassa juste pour qu'il me lance :

- Si même moi j'peux le faire, tu peux, aller !

Je fronçais les sourcils en lançant :

- Sur quels critères tu te bases ?

- Tes muscles, allez !

- Mais non mais c'est du vent, te fie pas à ce que tu vois.

- Je plain ton prochain mec, tu pourras même pas le plaquer contre le mur, s'amusa-t-il en me lançant un regard faussement désolé.

Je me retenais de lui relancer une autre pique - ça pouvait durer très longtemps avec lui, puis grimpai sur son lit. Je sautai pour attraper le rebord de la fenêtre, et força désespérément sur mes bras. Après avoir réussi à passer une de mes jambes, j'utilisai mes dernières force pour réussir à me hisser et rouler sur quelques centimètre sous le rire moqueur du noiraud.

- Même mon petit frère y arrive, et il a treize ans, pour te dire.

- Ta gueule.

L'autre partit dans un fou rire tandis que je m'asseyais sur les tuiles. Yoongi lança un "Alexa, éteint les lumières de la chambre" et nous finîmes dans un noir presque complet. Le noiraud n'avait pas beaucoup d'immeubles en vis-à-vis, c'était un grand parc, mais ceux plus loin n'éclairaient pas tant que ça.

Il ne faisait pas froid, même plutôt chaud, et une légère brise nous tenait compagnie. Les étoiles étaient discrète mais certaines se voyaient plus, et Yoongi commença à me donner leurs noms, cherchant quelques fois sur Internet pour savoir s'il avait bon."

Interstellar, c'était un film dont il ne se lassait pas. Il avait beau le regarder, encore, encore, et encore, il découvrait toujours de nouvelles choses, il comprenait toujours de nouvelles énigmes. Certains disaient que ce film était ennuyant, mais il pensait qu'il fallait juste réussir à comprendre son sens. Il est si complexe qu'il en devient incroyable, m'avait-il déclaré.
Et j'était d'accord avec lui.

Une fois, six mois après notre rencontre, il m'avait offert un cadeau. C'était un simple projecteur d'étoiles électronique, mais je l'adorais. Des soirs, je l'allumais, et je pensais à lui.
Yoongi était un garçon anxieux pour rien, enthousiaste mais taciturne. Pourtant, lorsque j'abordais le sujet de l'astrologie, il devenait passionné, bavard et souriant. Il devenait heureux.

" - Oh, anecdote. Tu sais que chaque constellation a une légende mythologique ?

- Ah ? Tu peux m'en raconter une ?

Je tournai la tête vers lui. Nous étions assis sur son toit, et il eut un grand sourire, comme s'il attendait cette question, puis se lança:

- Celle de la grande ours ! Hum, en fait Zeus avait du descendre sur Terre à cause de Phaéton, et il y rencontra Callisto, c'est la fille d'un Roi. Il en est tombé amoureux, et ils ont eu un enfant nommé Arcas. La femme de Zeus a apprit ça, et du coup elle a transformé Callisto en ours qui est partie errer dans les bois.

- J'ai déjà vu des manières plus poétiques de raconter des histoires, me moquais-je doucement.

- Ta gueule, j'essaye de me souvenir de la suite. Donc après Arcas il grandit et tout, et il finit par devenir chasseur, puis un beau jour où il chassait dans les bois un ours lui fonça dessus. En fait c'était sa daronne qui voulait l'embrasser sauf qu'elle avait oublié que c'était un ours. Donc l'autre il l'a tué en lui tirant dessus parce qu'il l'a pas reconnu, et Zeus il regardait tout depuis l'Olympe. Donc il a eu pitié de Callisto et a transformé Arcas en ours à son tour et il les envoyèrent dans le ciel pour qu'ils puissent y vivre heureux.

- Donc si j'ai bien compris, Callisto c'est la grande ours et Arcas la petite ?

- Exact. Bah tu vois que je raconte bien !

- Je doute que les dieux utilisent le mot "daronne", mais ouais tu racontes bien, ris-je à gorge ouverte tandis que Yoongi répliquait des mots sans sens pour se défendre."

Nous étions, avec le temps passé ensemble, devenus de très bons amis. Nous nous confiions tout et rien, et pourtant, j'avais déjà senti que quelque chose n'allait pas.

Ses cernes grandissaient, sa fatigue aussi, sans que je puisse rien y faire.
Alors, un jour, j'avais abordé le sujet. Il m'avait ignoré.
Plus tard encore, j'avais retenté. Aucune réponse.

"- Yoongi ?

- Mh ?

Le garçon somnolait sur mon canapé, et je secouai doucement son épaule.

- Le film est terminé.

- Ah merde, désolé, murmura-t-il en se frottant les yeux.

- T'inquiète, ça se voyait que t'étais fatigué. Tu veux aller dormir dans mon lit ?

- Non c'est bon, le canapé me va.

- T'es sûr ? Yoongi, t'as l'air de plus en plus fatigué... Tout va bien ?

Il ne me répondit pas tout de suite, perdant son regard sur le générique de fin d'Avengers. Je posai ma main sur sa joue, la caressant doucement du pouce, puis il tourna la tête vers moi et tenta un sourire que je vis de suite faux :

- T'inquiète. Je fais juste des insomnies ces temps-ci.

- On peut dormir ensemble si tu veux ? Dans les histoires ça permet toujours de bien dormir.

- Si seulement, souffla l'autre.

Je laissa un petit blanc s'installer, avant de lui répondre :

- Il y a un truc dont tu ne me parles pas, je le sais. Mais n'hésite pas.

Yoongi tourna la tête vers moi, et me fit un sincère sourire :

- Merci."

Deux mois plus tard, presque deux ans après notre première rencontre, il m'avait réveillé au beau milieu de la nuit.
Nous allions souvent dormir chez l'un ou chez l'autre pour regarder des films ou les étoiles, c'était devenu un rituel. Ce soir là, nous dormions dans son lit. J'avais bien remarqué qu'il ne s'endormait jamais avant moi, pourtant, je n'avais jamais fait de remarques. Mais à ce moment, il m'avait réveillé, et il s'était mit à pleurer dans mes bars pour finalement me lâcher une révélation fracassante.

" - J'ai une insomnie familiale fatale."

Je ne savais pas ce que c'était. La notion m'était vague, le nom m'indiquait que ce n'était pas joyeux.
En fait, il ne pouvait pas dormir, m'avait-il expliqué. C'est pour ça qu'il aimait regarder les étoiles. Elles lui tenaient compagnie. Cela expliquait aussi pourquoi il avait de temps en temps des spasmes inexpliqués.

Et quand on ne peut pas dormir, on ne peut pas vivre.

Il l'avait su avant notre rencontre. J'avais été détruit en apprenant ça. Mes yeux me piquaient, et je me souviens encore de la manière dont il m'avait pris dans ses bras alors que ç'aurait dû être à moi de le réconforter. Nous commencions à peine à nous aimer, que notre relation voyait déjà sa fin.
J'aurais aimé pouvoir lui dire que tout allait bien se passer, que nous aurions encore l'occasion de regarder les étoiles ensemble. Mais je savais. Il me l'avait dit, qu'il n'en avait plus pour longtemps.
Six mois, avait-il murmuré.

" - Tu mets la table ? L'interrogeais-je, tandis que je touillais lentement le bouillon dans la casserole.

- Yep.

Je l'entendais trifouiller les couverts derrière moi, tandis que j'attrapai les rondelles de carottes et les ajoutai à la mixture.
J'ouvris un tiroir non loin des plaques, et en sortis quelques flacons d'épices. Alors que je commençai à aromatiser le plat, un gros fracas retentit derrière moi.
De surprise, je lâchai un des pots qui alla rouler sur le plan de travail, et je me tournai pour voir Yoongi debout, les lèvres pincées d'énervement et observant le sol.

M'approchant de lui, je vis une assiette brisée en petits morceaux au sol, et le noiraud murmura juste :

- Désolé.

C'était la troisième de ce mois-ci, mais je ne lui en tint pas rigueur. Je savais qu'il voulait que je le laisse faire les tâches qu'il aurait fait sans être malade, comme faire la vaisselle ou passer l'aspirateur, alors je ne le traitais pas comme un malade. Parce qu'il ne le voulait pas.
C'était pour cela qu'il avait mit tant de temps à me le dire. Il ne voulait pas que je le quitte. Il ne voulait pas que mon comportement change.

J'enjambai les débris, et me posai face à lui. J'attrapai doucement ses mains tremblantes, et les embrassai tendrement.

- C'est pas grave. Tu t'es blessé ?

Il secoua la tête de droite à gauche. Je vis des larmes pointer aux coins de ses yeux, alors je le tirai doucement contre moi. Il attrapa ma taille tandis que j'encerclai ses épaules, le berçant doucement entre mes bras.

- Désolé.

- C'est pas grave, je répétai.

- Je m'en veux.

- Et moi je ne t'en veux pas.

Il appuya plus fort sa tête contre mon épaule, et je passai délicatement une main dans ses cheveux. Tout son corps tremblait, et j'en voulais à cette foutue maladie de lui pourrir la vie.

- Tu veux aller t'asseoir le temps d'arrêter de trembler ?

Il secoua la tête, et me serra plus fort. J'avais compris le message, alors je restai cramponné à lui, ne le forçant pas à me montrer ses joues pleines de larmes.

- Merci.

En réponse, j'embrassai doucement le haut de sa tête."

Six mois, au cours desquels sa descente aux enfers avait commencé. Je l'aidais, je faisais mon possible, moi et ses amis. Mais je voyais qu'il perdait de la force. Qu'il n'arrivait plus à coordonner ses mouvements, et que parler trop longtemps l'épuisait.

Il aimait le basket, m'avait-il raconté, une fois, sur son lit d'hôpital. C'était un joueur hors pair, et au lycée, il avait même participé à des tournois. Mais il n'avait pas pu jouer une dernière fois. À cause de sa maladie, il n'avait pas vraiment pu choisir un métier précis. Alors il s'était rabattu sur fleuriste. C'était simple, ça ne demandait pas beaucoup d'efforts physique, et il appréciait les fleurs.

Il avait eu une vie heureuse, finalement.

Un dimanche, j'étais venu lui rendre visite à l'hôpital. J'avais fermé tout ses rideaux, et, au beau milieu de la pièce, j'avais allumé la petite boite noire.
Là alors, une multitudes d'étoiles factices s'étaient mises à briller contre le plafond blanc.
Il avait pleuré, cette nuit. Il ne pouvait plus voir les étoiles, alors je les lui avait emmené.
Il avait tellement pleuré, qu'on s'était embrassé. Ce soir là, nous nous déclarâmes.

" - Ferme les yeux ! M'exclamai-je tout en entrant dans la chambre qu'il avait renommé Genius Lab. J'avoue que la première fois, ça nous avait fait rire, les infirmiers et moi.

Il sursauta, sourit doucement en me voyant, et me salua avant de s'exécuter.

J'étais venu directement après mon travail, alors il allait bientôt faire nuit, mais j'allai quand même fermer ses rideaux et éteindre sa lumière.
Au milieu de la chambre d'hôpital, je sortis la petite boite de ma poche et la posai sur un tabouret en bois qui traînait là.

- Qu'est-ce que tu fais ? M'interrogea-t-il.

- Attends.

- J'ai pas grand chose d'autre à faire.

- Chut, te fatigues pas.

Je le vis sourire doucement. Même s'il ne le disait pas, il aimait que je prenne soin de lui.

- Vas-y, dis-je en m'asseyant à ses côtés, tu peux ouvrir les yeux.

Il les ouvrit doucement, puis les écarquilla.
J'avoue que je m'étais attendu à un sourire, mais il se mit à pleurer, attrapant doucement ma main.

Devant nous, la chambre terne était emplie d'étoiles aux teintes violettes et roses, tournant lentement et venant frôler nos visages.

- Pourquoi ?

- Je me suis dit que tu devais leur manquer, souri-je doucement.

- Bordel Hoseok, il rigola doucement mais se fit couper par un de ses sanglots.

- Arrête de parler, recommandais-je encore une fois alors qu'il serra ma main plus fort, et que j'entremêlais nos doigts.

Puis il tourna la tête vers moi, et comme si c'était le seul moyen pour lui de m'exprimer sa gratitude, il s'avança doucement vers mon visage.
J'aurai pu reculer, mais nous nous aimions depuis si longtemps que tout ce que je voulais était d'avancer encore plus vite.

Nos lèvres se touchèrent. Explosion de sentiments, les violons rythmeurs de nos vies s'accélérèrent; et j'appuyai tendrement ma main libre contre sa joue. Ç'avait un goût de larmes salées, d'amour amer et de trop peu.
Nous avions passé les heures restantes à nous enlacer sous les étoiles, nous embrasser éperdument et nous murmurer des mots d'amour, d'à quel point je l'aimais et d'à quel point il me chérissait."

Souvent, lorsque nous passions nos soirées ensemble, il m'arrivait de m'endormir. Je culpabilisais, mais il m'assurait que ça ne le dérangeait pas. Il aimait me voir dormir, ça le reposait, me disait-il.
Interstellar était devenu mon film favori. Je l'avas vu, encore et encore, Yoongi à mes côtés.

Les mois défilaient, il perdait sa force, restait allongé, ne parlait presque plus. Une sourde douleur persistait au fond de moi.
Je ne voulais pas qu'il parte. Je voulais être égoïste, une fois dans ma vie, et lui hurler dessus. Lui dire à quel point j'avais mal, à quel point je souffrais de le voir dans cet état.
À quel point je voulais qu'il reste avec moi.

"- Je te promet de t'emmener voir des étoiles filantes"

Il m'avait promis ça au début de notre relation. Et un soir, il m'avait pointé du doigt le ciel. Des étoiles couraient de droite à gauche, fusant dans le ciel. Je m'étais retourné vers son visage creusé et souriant, et je lui avait souris en retour.
On avait, par je ne sais quel miracle, réussi à obtenir une autorisation pour aller jusqu'au parc de l'hôpital. Là, moi dans l'herbe, lui sur son fauteuil, nous observions les étoiles.

" - N'entre pas docilement dans cette douce nuit, avait soudainement prononcé Yoongi.

Je le sentais, mes larmes menaçaient de couler, et pourtant, j'avais continué. Nous avions récité cette réplique, et Yoongi m'avait confié :

- Je suis d'accord avec beaucoup de choses dans ce film, tu sais, Hoseok ? Je deviendrai ton fantôme. Les parents deviennent ceux de leurs enfants, mais je pense aussi que, dans un couple, l'amant qui meurt trop tôt devient celui de son aimé.

- Reste."

Je n'avais pu murmurer que ce mot. Je me sentais comme Murphy, à ce moment là. Je voulais que Yoongi reste.
Pourquoi ? Seul l'amour transcende les dimensions temporelles et spatiales. Je n'avais jamais vraiment compris cette phrase.
Pourtant, lorsque sa main se desserra doucement de la mienne, j'avais comme le sentiment que son amour étai toujours là, qu'il resterait en moi.

J'avais pleuré, ce soir là. Même les étoiles ne m'avaient pas réconfortées. J'avais hurlé, supplié de rester, j'avais la respiration coupée, le cœur tambourinant. Yoongi m'avait laissé, et pourtant, je l'aimais toujours.

hurler, hurler à l'agonie de la lumière.

c'est cours, pas joyeux et pas tant travaillé que ça, mais j'ai eu l'idée à quatre heure du matin :')
c'était un vrai challenge pour moi d'écrire à la première personne du sing., parce que d'habitude j'utilise la troisième; j'arrêtais pas de me mélanger mdrr

j'espère que vous avez aimé ! Interstellar est mon film préféré, je ne peux que vous le conseiller eheh <3

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